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234321 octobre 2016 – « Vous êtes pratiquement en train de pleurer ! Vous êtes pratiquement en train de pleurer ! » (« You’re practically crying. You’re practically crying »), – s’exclame, excédé, William Scarborough s’adressant à William Kristol en train de geindre... Kristol se déchaîne, mais plutôt passivement, comme on se laisse emporter, parce que clame-t-il toute la presse et la TV US, ce qu’on nomme la presse-Système bien entendu, et notamment la station hyper-bobo, très-progressiste type-Clinton MSNBC où on le reçoit, a déroulé un tapis rouge sous les pieds avantageux de Donald Trump, qu’elle l’a donc favorisé outrageusement, – extraordinaire et étrange jugement d'un Kristol transporté d'une sainte-fureur... Regardez toute la scène datant de mercredi soir, avec les intervenant, Kristol donc, gourou des neocons avec son Weekly Standard, Scarborough, le présentateur-vedette de MSNBC, et avec lui Mika Brzezinski, – exactement, la fille de son père, – quasi-alter-ego de Scarborough à MSNBC.
Les deux, Scarborough et Mika, ont à “gérer“ comme l’on dit, une quasi-nervous breakdown du susdit-Kristol, absolument, paroxystiquement déchaîné devant la promotion que la presse-Système a faite du The-Donald. C’est bien cela l’affaire, vous avez bien lu, la presse-Système acquise à 119% à Hillary, accusée de faire tant de grâce et salamalecs à The-Donald. (Dans les faits bruts, on comprend l’attaque, selon la logique-fric exposée dans ce même Journal-dde.crisis, le 6 mai dernier ; mais qui ne peut comprendre que cela n’implique en rien une préférence, et que tout ce temps consacré à Trump parce que c’est un événement public et “vendeur” est ponctué de diffamations, de montages et d’insultes ?) L’échange vaut d’être vu, et même d’être retranscrit au moins en partie, simplement pour avoir une idée de son intensité, de la force du paroxysme de l’hystérie psychologique, où d’ailleurs les deux journalistes se trouvent à certains moments aussi emportés que leur invité. J’en donne la transcription, simplement pour l’atmosphère, la tension de la chose, et aussi pour l’illustration de cette tension qu’offre le contenu de l’affrontement où l’on s’insulte pratiquement (“Vous mentez. S’il vous plaît, ne venez pas à mon émission pour mentir [« You lied. Please don’t come on my air and lie. »]) ; ayez aussi et surtout à l’esprit qu’il s’agit de gens du même camp (pro-Clinton) et que tout leur dit, statistiquement et par leur conviction même, que leur héroïne l’emportera...
(Si vous trouvez cela trop long, passez la transcription pour la suite du commentaire. Je renouvelle pourtant l’explication que cette transcription a sa place ici parce que, par sa densité, sa rapidité, elle constitue une très bonne illustration du commentaire qui suit, et donc effectivement elle est chronologiquement à sa place.)
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(N.B : “fluke” signifie “hasard”, difficilement traduisible en français dans le cas présent. Kristoll veut donc dire que Trump est arrivé là où il est par hasard, sans que rien de politique ne soit fait dans ce sens ; Trump c’est une chose, si l’on veut aller au terme de la pensée, un “objet non identifié”, et c’est à cela que MSNBC, poursuit Kristoll en pleurant semble-t-il, a accordé tant d’importance en terme de temps d’antenne...)
Kristol : I think something happened that would make some people leave Donald Trump. I don’t like... yes, on style points, style was a little better in the first 30 minutes and he had a couple clever insults but that’s not the point. The headline out of this debate is obviously the failure to say ahead of time that you will accept the results of the democratic election in America. Pretty unprecedented. Doesn’t mean that there’s going to be violence in the streets, certainly not in others now say who cares what Donald Trump says. He’s going to be a failed fluke presidential candidate and he should be ignored on election night and Republicans need so say that.
Brzezinski : Failed fluke?
Kristol : Yes. he won the nomination in a flukey way.
Brzezinski : Your people nominated him. That’s not a fluke.
Kristol : I hope it was a fluke.
Brzezinski : He beat 16 people. The Republican party nominated him.
Kristol : Some Republicans refuse to support him and he’s going to lose the general election.
Brzezinski : It’s not a fluke.
Kristol : I think it was a fluke in some ways.
Brzezinski : A fluke is something no one expected.
Kristol : Ok fine the Republican party... does that make you feel better about it?
Brzezinski : Yes.
Kristol : You feel great because the Republican party nominated a guy who is really a bad guy as president and you think it’s funny and amusing.
Brzezinski : No, I actually think Republicans need to come clean on themselves.
Kristol : What does come clean on themselves mean?
Brzezinski : Just be honest about what’s right and wrong.
Kristol : What’s wrong is Donald Trump. This show... this show was very tough... this show was really tough on Trump in late 2015 and early 2016.
Scarborough : We were.
Kristol : Are you going to pretend that...
Scarborough : We were.
Kristol : If that’s your way...
Brzezinski : He wouldn’t answer a question. Do you mean when he peppered him...
Kristol : A lot of people – a lot of people accommodated Donald Trump at different times. I’m not going to get into it.
Scarborough : You just did. You lied. Please don’t come on my air and lie. You said in late ’15 early December... I can’t even believe you are doing this, I don’t know why you are so bitter.
Kristol : I’m not bitter. I’m trying to say that Republicans...
Scarborough : You’re practically crying. You’re practically crying.
Kristol : I am upset about this election.
Scarborough : Early December... in early December 2015 we compared it to Germany 1933 what he was doing.
Kristol : Really? You treated him that way when he called in, is that right?
Scarborough : We treated him tough.
Kristol : You asked the most tough questions.
Scarborough : We did.
Kristol : We don’t need to get into this.
Scarborough : It’s too late. You’re bitter — you come on here practically crying, we have it on tape, you’re screaming at Mika.
Kristol : I’m fine.
Scarborough : Why is Paul Ryan, why are Mitch McConnell...
Kristol : That’s what I was going to say.
Scarborough : Don’t attack us.
Kristol : I’m not attacking you.
Scarborough : Why is Paul Ryan still endorsing? Why does Mitch McConnell still endorse him? By the way, while you are attacking me personally I said from the beginning I would never vote for him.I said I was voting for Jeb Bush and I said I was voting for John Kasich. Then we said after the Muslim ban that this is what Germany looked like in 1933. So i don’t know.
Brzezinski : Sorry if we were easy on him.
Scarborough : If comparing him to Hitler in 1933 is going easy on him... that was three months before anybody voted, then we were easy on him.
Kristol : If you behaved in a great way more power to you.
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... Ce n’est pas du fond de cet échange dont je veux parler, bien entendu, mais du paroxysme hystérique de la psychologie qu’on y distingue. Kristol est évidemment tout l’objet de mon attention à cet égard, mais qu’on réalise bien qu’il n’est pas le seul dans cet état lorsque vous songez, par exemple, à une Power à l’ONU. Il faut également avoir à l’esprit que Kristol dispose d’une influence qui ne se dément pas malgré 15-20 années très visible et référencée où cet homme n’a cessé de se tromper, de recommander des initiatives absurdes, de faire des analyses qui sont autant de narrative dans le virtualisme, de vivre et de pérorer dans le monde parallèle deWashington D.C., etc. ; notez bien que je ne dis pas une seconde qu’il a été un menteur ou qu’il a été insincère, car je le crois de la meilleure foi du monde, et à aucun moment n’exprimant pas ce qu’il croit, qu’il juge raisonnable et rationnel, etc. Cet homme est un exemple un peu plus voyant parmi des milliers d’autres qui sont tous des zombies-Système, d’un comportement qui n’est en aucune façon, ni élaboré, ni machiavélique, ni bien entendu de type “complotiste” dans le sens premier du terme.
(Un “complot” est, au sens premier et impératif, une « entreprise en préparation formée secrètement entre deux ou plusieurs personnes contre l’intérêt d’un état, d’un groupe de personnes ou une personne. » Il n’y a jamais eu cela chez les neocons dans le cas de Kristol, et chez les autres, tous les autres, bien qu’on leur ait beaucoup prêté à cet égard ; il n’y a pas “complot“ dans un lieu de pouvoir, – Washington D.C., – où tout le monde pense la même chose en différant seulement sur la méthode ou la chronologie, l’exprime à ciel ouvert, essaie de faire avancer sa conception opérationnelle sans s’en dissimuler une seconde. D’ailleurs, les trois qui s’algaradent de la sorte, Kristol, Scarborough et Brzezinski, sont tous trois d’accord sur le fond, notamment sur ce qu’il faut penser de Trump pour le cas.)
Ce que vous voyez dans ce segment extrêmement significatif et symbolique, et pour cela je m’y arrête, c’est un débat hystérique autant par la tension psychologique que par la formidable narrative prétendant créer une réalité fantasmagorique, pure Fantasy, où il se développe (Trump-Hitler, 1933-2016) ; débat hystérique entre trois psychologies également épuisées par leur pathologie commune, – en effet, les deux qui n’ont pas l’air de l’être sont également touchées, – avec l’une des trois, la plus épuisée donc la plus vulnérable, qui attire toute l’attention en s’effondrant en une crise de nerfs à peine contenue et qui ferait presque paraître les deux autres raisonnables. Il n’y a aucune pensée là-dedans, aucun argument, rien que des tensions psychologiques différemment exprimées, autour d’un même sujet qui est une même consigne : a-t-on ou n’a-t-on pas trop prêté d’attention à la chose (Trump-fluke) ? A-t-on ou n’a-t-on pas accompli ce qui est quasiment, pour chacun des trois, le devoir civique de traiter Trump comme il doit l’être, c’est-à-dire en l’excommuniant absolument et sans retour, en le faisant Trump-Hitler ?
(Je parle absolument du “devoir civique”, et intentionnellement de “devoir civique” pour appuyer sur leur franchise et leur sens quasi-terrorisé du devoir, par rapport à ce que je nomme le Système, qui enveloppe absolument toutes ces pensées et pèse de tout son poids sur ces psychologies. Sur ce point, qui fait l’essentiel du propos, je veux apporter une précision de circonstances qui, hier soir, m’a décidé à écrire ce texte dans le sens où je l’écris. J’ai revu, enregistré de Arte du 19 au soir, le Danton de Andrzej Wajda, et nullement, en aucune façon avec l’œil de 1983 (*) qui en fait notamment, à côté d’une œuvre que je ressens comme d’une vérité historique éblouissante et d’au-delà de l’historien courant et “sérieux”, une parabole pour illustrer la situation d’alors en Pologne après le “coup” de Jaruzelski contre Solidarnosc. Dira-t-on “drôle de rapprochement-comparaison” ? Ce que j’ai vu essentiellement dans ce film magnifique, ce sont les agitations des divers acteurs-figurants de la Révolution, leurs querelles de morts-vivants, déjà zombies-Système à peine avant l'heure, leurs marches diverses mais inéluctables vers la mort, mais comme marionnettes toutes semblables, écrasées par le poids de cette entité qu’est la Révolution, préfiguration du Système ou déjà le Système lui-même dans ses premiers élans. (**) [Quelle justesse du mot de Maistre, et quelle belle illustration dans ce film : « Les scélérats mêmes qui paraissent conduire la révolution, n'y entrent que comme de simples instruments; et dès qu'ils ont la prétention de la dominer, ils tombent ignoblement. »] Certes, rien à voir dans les circonstances, les mots, les lieux, les comportements, les idéologies, les caractères, les personnalités, etc., avec la scène dont je parle ici sinon, et c’est pour moi l’essentiel, cette proximité de la masse et de la force écrasante qui les emprisonne tous, – car nos trois lascars de MSNBC, même si de “nuances” différentes, etc., sont du même et seul parti, certains disent le “parti de la guerre”, c’est-à-dire le parti du Système. Dans Danton, la Terreur est celle du sang de la guillotine de la Révolution et des pressions qu’elle exerce sur les psychologies avant de trancher les têtes, sur le plateau de MSNBC la Terreur est celle de la communication-Système et des pressions qu’elle exerce sur les psychologies sans trancher les têtes. Je parle ainsi de l’effet similaire sur les psychologies.)
Certes, si vous regardez ce débat sans être informé, non pas du fond du débat mais de la référence universelle dans ce lieu de Washington D.C. qui l’enveloppe et le conditionne absolument, vous pouvez le trouver effectivement très échauffé, très enfiévré et un peu à la limite du contrôle de soi (pour Kristol), mais nullement marqué du sceau d’une sorte de folie ; or, c’est bien le cas, c’est absolument le cas selon ma profonde conviction, qu’il y a le sceau d’une sorte de folie, au sens pathologique, dans ce débat, avec la référence universelle qui y préside. (C’est moins visible que dans le Danton, certes, mais le signe de cette folie émerge par instant, lorsque par exemple Trump est mis sur le même pied qu’Hitler-1933, ce qui est un signe de l’agression catastrophique que subissent les pensées impliquées du fait de la pathologie de leurs psychologies épuisées.)
C’est cela qui importe, puisque par ailleurs vous n’y trouvez selon moi nul cynisme, aucune construction mensongère, aucune manœuvre malveillante de l’esprit ; en effet, là encore parle ma profonde conviction, forgée par 15-20 années (gardons cette référence temporelle) d’appréciation et de perception de leur comportement de plus en plus visible et évident, en évolution très rapide durant cette séquence de temps à mesure de l’épuisement de leurs psychologies, jusqu’au paroxysme d’aujourd’hui. La seule interrogation qui reste ouverte dans ma conviction c’est, chaque fois que je rencontre un de ces moments qui montre un paroxysme encore augmentée, toujours plus fort, plus déchaîné, de chercher à deviner, à distinguer si l’on se trouve enfin au Moment pur, celui du paroxysme final qui va rencontrer et se transmuter, peut-être en participant à sa manufacture parce qu’il en est l’enfant, dans le Moment de cet “événement cosmique” que nous attendons. (« Nous attendons un événement cosmique. »)
Il me faut insister et répéter que, malgré l’apparence et l’évidence à la fois de la séquence, il ne s’agit pas du seul Kristol. Dans mon propos, je le répète après l’avoir dit accessoirement, les trois se trouvent sous la même influence qui les dépasse et les soumet à la fois, même s’ils paraissent avoir des comportements si différents, Kristol qui perd tout contrôle de soi et les deux autres réagissant en général d’une façon rationnelle avec une vivacité qu’explique justement le comportement de Kristol. Ma conviction est certes qu’ils sont tous trois sous la pression de cette même influence, comme sont tous ces gens dont nous parlons lorsque nous parlons de ce lieu maudit où trône le Système qu’est Washington D.C.
(Certains échappent à la malédiction, sans nul doute, comme c’est le cas lorsqu’une bataille se livre, parce que c’est bien le cas dans notre époque toute entière livrée à sa malédiction ; certains, – ma coutume est de les désigner antiSystème, – luttent à divers degrés de capacité et de lucidité, donc avec efficacité, contre la pression qu’exerce sur leurs psychologies cette malédiction. C’est tout ce qui fait que ce temps est celui de la Tragédie Absolue, à côté d’être, par la ruse terrible du Diable, également le temps de la “tragédie-bouffe”.)
Mon intuition est que nous ne sommes plus très loin de ce “Moment pur” dont je parle plus haut, sans que je sache s’il s’agit vraiment d’une intuition ou bien d’une espérance trop vite perçue comme une intuition. Je ne peux en dire plus à cet égard, parce que l’intuition est aussi une énigme, une épreuve initiatique à chaque fois recommencée, à laquelle l’esprit doit se soumettre.
Peut-être, sans doute et même certainement, certains jugeront-ils que c’est faire fort grand cas d’un cas finalement assez anodin et relevant plutôt de l’anecdotique plaisant. Selon mon jugement, en juger ainsi c’est s’en tenir à l’écume de l’apparence comme l’on parle de l’“écume du jour”. Au contraire, cette scène, – il y en a beaucoup du genre dans le système de la communication de la presse-Système aux USA par les temps qui courent à une telle vitesse, – cette scène est un signe de l’extraordinaire surpuissance du Système qui pèse sur toutes ces agitations, des soubresauts monstrueux de cette surpuissance soumise à son épreuve ultime, sa propre épreuve qu’elle s’impose à elle-même. Je ne peux plus me départir de cette conviction formidable que nous affrontons l’épreuve ultime, et qu’elle nous est imposée par la fureur et l’embrasement de forces qui nous dépassent, dont le Système lui-même mais comme une force parmi d’autres et contre d’autres. Cette fureur et cet embrasement qui exacerbent nos psychologies alimentent irrésistiblement nos désordre et notre chaos, et nous guettons avec fièvre et angoisse, et avec la nécessité qui interdit de ne rien faire d’autre que de l’attendre et de l’espérer malgré la souffrances qu’il nous promet parce que sans cela nous sombrerons dans le néantissement, – nous guettons la survenue de ce “Moment pur” comme annonciateur de “l’événement cosmique”... Ce “Moment pur” où le Temps n’a plus qu’une seule fonction, celle de s’arrêter à cet “événement cosmique” dont il a permis la survenue.
Notes
(*) Une chose m’a fait éclater d’un bon rire républicain dans la fiche Wikipédia consacrée au film, en imaginant la tête de Lang, chemise rose déchaînée, sortant furieusement de la salle de projection du film comme peut le faire le conformisme lorsqu’il se heurte à la production d’un esprit libre : « Le film a été commandé à l'origine par la République Française, lors de la présidence socialiste de François Mitterrand, soucieuse de célébrer la Révolution Française. Le Président et ses ministres ne s'attendaient pas à ce que Wajda considère cette phase de la Révolution Française, la Terreur, comme foncièrement abjecte et sinistre. Lors de la projection privée faite avant la sortie du film, Jack Lang, alors ministre de la Culture, et d'autres ministres sont sortis de la salle de projection avant la fin de la séance, furieux que l'on caricature ainsi une facette essentielle de l'histoire. »
(**) Inévitable avec PhG : le “déchaînement de la Matière”, certes... La Révolution en est un des composants formateurs et le Système en est la réalisation opérationnelle. Cette rencontre n’est pas d’une simple coïncidence.
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