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1129Il apparaît désormais évident que l’on peut dire avec la prudence d’usage devant le chaos qu’“il semble bien” que l’attaque lancée contre Trump pour une procédure de destitution prend un tour très sérieux. D’une façon générale, cette dynamique se développe dans une atmosphère chaotique générale, qui affecte aussi bien l’administration et les alliés de Trump qui dénoncent cette tentative, que le Congrès avec les ennemis de Trump qui travaillent dans le sens d’une procédure de destitution.
C’est bien cela, d’abord et essentiellement cette atmosphère chaotique, ce chaos de communication, qui constituent le facteur le plus remarquable à Washington D.C. actuellement. Ce n’est pas nouveau, dira-t-on, et c’est bien le fait qui met en évidence l’exceptionnalité de la situation. Il n’y a aucun indice, aucun signe qui puisse laisser prévoir un apaisement, ce qui conduit au constat que le désordre général peut être considéré avec de plus en plus de certitude comme structurel dans la capitale des USA. La machinerie du pouvoir (que ce soit à la Maison-Blanche, au Congrès, etc.) en est profondément perturbée, et chaque jour davantage affaiblie.
La crise du pouvoir de l’américanisme, qui est la pointe la plus acérée de la crise générale des USA jusqu’alors rampante et qui s’est révélée à ciel ouvert depuis désormais près de deux ans (l’annonce de la candidature de Trump pourrait en être le démarrage symbolique), cette crise-là ne donne aucun signe d’essoufflement. C’en est au point où l’on peut parler désormais d’une situation crisique structurelle à Washington D.C. et l’on ne voit guère ce qui pourrait conduire à un apaisement, cette absence et ce vide conduisant alors à une déconstruction de cette structure.
Il apparaît désormais évident, là aussi, que c’est impérativement dans ce climat général qu’il faut placer la question d’une éventuelle procédure de destitution : à la fois conséquence de ce climat structurel, à la fois cause de l’aggravation de ce climat, etc., tout est étroitement mêlé, transformé, transmuté et intégré dans l’énorme situation crisique structurelle... Il s’agit certes d’une énorme structure crisique à Washington D.C., comme si une nouvelle architectonique événementielle s’était constituée pour présenter une nouvelle forme catastrophique du centre du pouvoir de l’américanisme.
(On notera que cette “nouvelle forme”, dans le chaos et les infamies réciproques, dans les affrontements et la guérilla permanente, ne peut être qu’une forme in-forme. On ne peut être surpris d’un tel constat, à l’ère de la déconstruction accélérée et dans tous les sens, touchant même les structures du Système, cela rappelant l’extrême de la logique des déconstructeurs, comme l'impliquait Jacques Derrida convenant que, dans « une époque de l’être en déconstruction », « l’on ne peut échapper à cette fatalité qui frappe même le terme de déconstruction qui doit, à son tour, être déconstruit » [Mattei, L’homme dévasté].)
Cette structure crisique se nourrit notamment et gloutonnement, bien entendu, du fait paradoxal mais développé sans la moindre hésitation ni prudence que la principale attaque contre Trump se fait en s’appuyant sur un énorme dossier pour l’instant complètement vide... (La référence du Watergate est dans tous les esprits alors que les actions entreprises contre Nixon vers une destitution, – que Nixon court-circuita en démissionnant, – ne furent entamées qu'après que de très nombreux indices, sinon des preuves de sa culpabilité eussent été mis à jour.) Un commentateur comme Robert Parry, qui est pourtant loin, vraiment très loin d’être un ami de Trump et qui émet sur lui des jugements très sévères, observe avec une certaine stupéfaction le développement de cette tentative de mise en accusation jusqu’à la destitution qui est poursuivie avec une alacrité sans pareille avant que la moindre preuve du délit ait été mise à jour :
« L’affaire du Russiagate a pris un tour étrange avec cette position de ceux qui réclament la destitution du président Trump en arguant que cette décision devrait précéder la conduite à bien de l’enquête en cours pour voir exactement ce qu’il y a et s’il y a quelque chose contre lui, – alors que l’un des objectifs de ces enquêtes exige que le gouvernement mette, lui, toutes ses cartes sur la table. [...] Quelque incompétent et inepte que soit Donald Trump, il a été élu, – et personne ne devrait sous-estimer combien il serait dangereux pour les gens de Washington et l’establishment d’annuler ce choix électoral par un procédé élaboré en secret. »
Car il s’agit en effet tout d’abord du Russiagate, cet énorme montage effectué à partir de juillet 2016 à propos des fuites de WikiLeaks sur l’extrême corruption du parti démocrate dans la corruption de sa propre campagne, et effectué justement pour écarter toute attention possible sur cette corruption interne. La mise à pied brutale du directeur du FBI Comey est venue s’ajouter à l’affaire du Russiagate et constitue en soi, selon les mêmes adversaires acharnés de Trump, un motif pour une procédure de destitution. L’interprétation de cette “décision inepte” de Trump (selon Perry, partageant une opinion répandue) est qu’il s’agit d’une tentative d’étouffer (cover-up) le cas du Russiagate, avec l’idée que “le remède est pire que le mal” ou, selon l’adage en cours à Washington, “the cover-up is worse than the crime”.
En d’autres mots, l’affaire est très sérieuse, peut-être pire que le Watergate, mais surtout beaucoup plus complexe et improbable dans son issue que le Watergate parce que l’accusation contre Trump affirme de façon si curieuse qu’on en reste rêveur, que la culpabilité du candidat-Trump (avant l'élection) est si évidente comme le serait un article de foi qu’elle n’a nul besoin d’être prouvée, et qu’il n’est nullement nécessaire que des “preuves” de cette culpabilité soient rendues publiques, y compris et surtout avant le verdict, la condamnation et l’exécution. Mais l’affaire est très sérieuse aussi du côté de l’opposition, démocrates, progressistes-sociétaux, divers éléments du Deep State, etc., parce qu’il s’agit là aussi d’une démarche faite par des gens qui sont eux-mêmes impliqués dans diverses affaires hautement contestables, y compris des montages divers pour camoufler leurs propres actes répréhensibles
Les personnes raisonnables, – il en reste quelques-unes, – avertissent qu’un tel comportement comporte des risques graves. Parmi ces “personnes raisonnables”, Parry auquel nous revenons. Décidément peu amène pour Trump, Parry n’en reste pas moins assez mesuré pour insister sur sa démarche consistantà apprécier combien l’attaque qui réclame une destitution sans preuves, une condamnation sans jugement, une inversion du concept juridique en un “présumé coupable avant d’avoir prouvé son innocence”, comporte de risques, si elle était menée à son terme, de graves troubles dans le public :
« Alors que le professeur Tribe et d’autres partisans de la destitution de Trump ne se soucient en aucune façon que la moindre preuve concernent le Russiagate soit jamais rendue publique, ils devraient reconnaître que, – pour le meilleur ou pour le pire, – près de 63 millions d’Américains ont voté pour Trump et que, – selon le processus électoral US, – il a gagné les élections (bien que Clinton ait reçu plus de 3 millions de votes populaires de plus sur le total national).
» Durant ces derniers jours, j’ai beaucoup voyagé dans “le pays de Trump” de la Virginie Occidentale, la Pennsylvanie et l’Ohio, et beaucoup parlé avec de nombre de gens qui ont voté pour Trump. Nombre d’entre eux ont précisé qu’ils avaient voté plus contre Clinton et “les élites” que par enthousiasme pour Trump. Certains d’entre eux critiquent Trump pour ses excès égocentriques. Mais ils veulent qu’on lui donne loyalement une chance de pouvoir gouverner. Il est difficile de savoir à quel point ces gens seraient furieux si leurs jugements étaient ignorés par ces mêmes “élites” qui les ont enfermés dans ce choix impossible entre Clinton contre Trump... »
Il y a enfin un autre “parti” : ceux qui sont d’une tendance plutôt favorable à Trump, et surtout adversaire des démocrates et d’Hillary Clinton, mais qui critiquent Trump pour l’épouvantable désordre qu’il laisserait se développer dans son gouvernement, et surtout pour sa décision de chasser le directeur du FBI. Dans ce cas, c’est la forme même de la décision qui est critiquée, plus que sa justification de fond car il y a beaucoup de ces commentateurs qui jugent que Comey méritait son sort pour avoir interféré dans la campagne électorale comme il l’a fait. On lira dans ce sens un texte de Publius Tacitus, collaborateur du colonel Lang sur son site Sic Semper Tyrannis, qui affirme que le président, dans tous les cas, et pour quelque raison que ce soit mais qui viendrait évidemment de son incompétence dans l’exercice de sa charge, que Trump ne terminera pas son mandat.
Là aussi, il importe de mettre en évidence combien une telle issue, notamment compte tenu du caractère de Trump, cette marionnette incontrôlable, porte d’aggravation considérable dans la situation washingtonienne, de germe de “crise dans la crise” du pouvoir de l’américanisme et de Washington D.C., ou plutôt d’un nouveau paroxysme de la crise du pouvoir et de Washington D.C. nous amenant encore plus près d’une rupture dramatique, voire suscitant cette rupture jusqu’à un déferlement crisique qui frapperait les USA eux-mêmes jusqu’à la décomposition et à la destruction.
Voici le texte de Publius Tacitus du 15 mai 2017, en notant par ailleurs le grand nombre de commentaires, pour la plupart en désaccord avec cette idée que Trump ne terminera pas son mandat. Là aussi, chez les commentateurs et commentateurs des commentateurs, règne le désordre...
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I have a bet with an old friend and mentor. Both of us believe that Donald Trump will not serve his full four year term. We differ, however, on how long he will survive. My friend thinks he will have been impeached by he House by Labor Day. While I don't dismiss that as an possibility, I'm betting he will get to 2018 but become so toxic by then that Republicans will abandon him in droves. The winner of this bet buys the other dinner at s fine restaurant in Washington, DC.
The agitprop designed to destroy Trump is alive and well and more Republicans appear to be signing on with anti-Trump memes pushed by the Democrats. But this is not a one-sided affair in terms of the effort to take Trump down. Donald Trump himself is busy shooting his own foot off with his uncontrollable mouth.
I think a good number of voters chose Trump over Hillary in the hopes that he was actually a businessman who had the organizational skill and vision to get things done. Those voters are starting to turn on Trump. Instead of good organization the nation is being treated to a petulant display of boorish immaturity. What manager in their right mind fires the head of the FBI in such a cavalier, reckless fashion. Please understand--I believe that Comey needed to go. He needed to be fired. But there is a right way and a wrong way.
What did Trump do? He chose the wrong way and further damaged his image.
Instead of calling Comey in for a meeting and giving him a chance to resign, Trump opted to blindside him. In doing so Trump gave the Democrats ammunition for attacking him as someone who was trying to interfere with an on-going investigation. Trump compounded the chaos by issuing a veiled threat against Comey by raising the specter that Comey's previous conversations with the President had been recorded. That has piqued the interest of Congress and we now have a bipartisan request for such tapes (if they exist).
I personally am sick and tired of listening to the whining of people like Kelly Anne Conway, who was on Howard Kurtz's show today (Sunday) kvetching about the media's failure to focus on the trade deal with China or health care. Sorry Kelly Anne, but the media did not fire Comey and the media did not produce competing explanations about why Trump did what he did.
There is simply no excuse for this kind of impromptu decision making. Unfortunately, Trump has made a habit of this during the campaign. It did not prove fatal then. That is not likely to be the case going forward. Trump will not run for a second term. Trump will not finish his first term. The only question is when will he be forced out or call it quits. The only winners from this sad affair will be my friend and me--but we will share a great meal together.
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