De 10.000 à 10%, ou Wall Street dans sa bulle

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Il est vrai que c’est une fameuse idée – on n’ose dire une “riche idée”, tout de même – de mettre en vis-à-vis le chiffre de 10.000 que vient de dépasser le Dow Jones et le chiffre officiel de 10% qui est proche d’être le pourcentage du chômage (en réalité, autour de 20%) – tout cela, aux USA – qui ne s'en serait douté? Ce sont les deux réalités que met en évidence un compte-rendu du site WSWS.org, ce 16 octobre 2009.

«Wall Street’s breaking the Dow Jones’s 10,000 mark Wednesday was hailed as a further sign of the recession’s end, even as foreclosures rose to an all-time high and the official unemployment rate continued to edge toward 10 percent.»

…En effet, on oublie d’ajouter que le chiffre de saisie atteint un record dans le domaine de l’immobilier et que les bénéfices et divers bonus des banques sauvées pas Washington D.C. atteignent des sommets planétaires, complétant le contraste grotesque de l’image du “pays réel” par rapport à la “bulle” que constituent Wall Street et l’industrie financière. La rapport 10.000-10 est très symbolique pour indiquer le degré de stupédité qui caractérise aujourd’hui la situation US, en plus de l’habituelle litanie de la rapacité, de la corruption, etc. On ne peut autrement caractériser cette situation que par “stupidité” atteignant le degré de l’absolu, qui a dépassé le seul stade du jugement conjoncturel pour atteindre le niveau de l’archétype même. De cette façon, la réalité impliquée par de tels contrastes se confond avec la caricature la plus sommaire qu’on puisse faire du régime capitaliste. La situation aux USA est, aujourd’hui, la démonstration qu’on dirait presque par l’absurde, de l’absurdité du système.

WSWS.org encore, pour la “bulle”: «The New York Times called the Dow’s rise to 10,000 “a milestone of the stock market’s recovery from the depths of the financial crisis.” Leading the market rally Wednesday were third quarter figures released by one of the country’s biggest banks, JPMorgan Chase, which took in $3.6 billion in profits, and by the computer chip giant Intel, which reported $1.9 billion in net earnings, an 18 percent increase over the last quarter.»

WSWS.org toujours, pour le “pays réel”: «While Wall Street celebrated its supposed milestone, the growing crisis and misery engulfing ever wider layers of the population found stark expression in a record number of home foreclosures for the three-month period ending in September, with nearly a million homes receiving foreclosure letters during the third quarter.

»A total of 937,840 homes received foreclosure letters, including default notices as well as bank repossessions, according to RealtyTrac, a private firm that tracks foreclosure activity and markets foreclosed homes online. Of these, 238,000 homes were actually repossessed by lenders, a 21 percent increase over the previous quarter. Since the beginning of this year, 623,852 homes have been repossessed.

»In the worst-hit states, foreclosures have risen to epidemic proportions, with one in 23 housing units receiving notices in Nevada, and one in 53 in Arizona. Fully a quarter of a million homes faced foreclosure in California during the past quarter.»

@PAYANT Il ne devrait étonner personne d’apprendre que le climat à Wall Street, dans les circonstances décrites ici, est d’une complète sérénité, sans le moindre sentiment de culpabilité, ou d’une quelconque responsabilité dans quoi que ce soit de préoccupant. Une source financière européenne privée, qui vient d’effectuer une visite de plus d’une semaine à New York, à Wall Street, pour une visite de contacts et d’informations, nous a informé de ce climat. Effectivement, il n’y aucun sentiment d’aucune responsabilité dans un événement qui pourrait être critiquable ou préjudiciable en quoi que ce soit. «C’est tout juste s’ils se souviennent des événements du 15 septembre 2008 et après, d’ailleurs ils n’en parlent absolument pas. Pour eux, le fait que le Dow ait dépassé 10.000 suffit à résumer leur pensée. En fait, ils considèrent cette époque, actuellement, comme une sorte de triomphe, comme s’ils vous disaient: “Vous vous rendez compte, la formidable capacité avec laquelle nous avons réussi notre percée, notre façon de relever les choses…” Et ils y croient, sans aucun doute.»

Notre source observe que, lorsqu’on évoque la situation économique, et notamment la question du chômage, la réaction générale n’est ni de mépris, ni d’indifférence, mais bien de certitude : «Ils vous disent que, grâce à eux, grâce au Dow à 10.000, tout cela va très, très vite rentrer dans l’ordre, reprendre l’expansion… Et je la répète, j’appuie là-dessus: ils y croient absolument.» Cette fermeture complète de la perception des réalités fait que le terme de “bulle” pour Wall Street est parfaitement justifié, et une bulle particulièrement solide. Il n’est même pas fait d’allusion très précise aux aides colossales du trésor US, aux bénéfices colossaux, aux bonus, etc., aux contradictions monstrueuses que tout cela exprime; pas plus, aux pressions sur le gouvernement, au lobbying, aux liens directs entretenus par le secrétaire au trésor Gethner, marqué par des coups de téléphone presque quotidiens (rarement par portable, trop risqué) avec 5 ou 6 des principaux dirigeants des banques de Wall Street.

Quant à l’avenir du monde (c’est-à-dire, Wall Street), bien entendu rien n’a changé, en mieux – par rapport à avant le 15 septembre 2008. Wall Street ne craint rien, parce que le système est bon, que Wall Street est ce qu’il y a de mieux dans le système et ainsi de suite. «Finalement, dit notre source, on a l’impression, à les entendre, que l’effondrement du 15 Septembre 2008 est la preuve presque irréfutable de l’excellence, même, de la perfection du système. Rien ne les changera, ils sont verrouillés à double tour.»


Mis en ligne le 16 octobre 2009 à 22H29

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