Il y a 2 commentaires associés à cet article. Vous pouvez les consulter et réagir à votre tour.
617
15 août 2003 — Avec une extrême rapidité, dans la soirée du 14 août, le maire de New York, le gouverneur de New York, Washington et le président GW Bush annoncèrent qu’il ne s’agissait pas d’un acte de terrorisme. La Grande Panne de l’Amérique du Nord était due à un événement mystérieux, — un éclair touchant une centrale dans la région du Niagara, quelque chose dans l’Ohio, une erreur des Canadiens selon les Américains, une erreur des Américains selon les Canadiens. Dans la journée du 15, les diverses autorités ont du mal à rétablir une situation normale. La presse annonce que les avertissements n’avaient pas manqué, un ancien ministre de l’administration Clinton, Bill Richardson, se lamente : « We're a superpower with a Third World grid » (Les experts nous disent qu’il faudrait $56 milliards pour remettre le réseau électrique US au niveau de la technologie actuelle.)
GW a poursuivi sa tournée en Californie pour réunir des fonds pour sa campagne électorale. Le New York Times publiait sur son site un texte d’AP marqué d’un certain humour, et rapportant les conseils des Irakiens aux Américains, — puisqu’eux-mêmes, les Irakiens, sont habitués aux coupures d’électricité depuis la chute de Saddam. (« Some said demonstrations can be effective in persuading authorities to turn on the switch. “We held protests. After that we had fewer blackouts,” Ahmed Abdul Hussein said without even a hint of sarcasm. “I'd suggest Americans go out and demonstrate.” »)
Au milieu de cet étrange désordre de la Grande Panne de 2003, des remarques très critiques ont tout de suite fait leur apparition. On signale le texte de WSWS.org sur la Grande Panne, avec une critique axée sur le constat que le réseau américain est vétuste à cause, notamment, de la privatisation des réseaux. On connaît la musique lorsqu’il s’agit des USA, qui représentent l’archétype caricatural de la privatisation du monde. C’est effectivement une thèse qui a largement été diffusée.
A la lumière, si l’on ose dire, de cette Grande Panne, on pourrait considérer d’une manière différente le grand événement de ce début du siècle, celui qui a, paraît-il, tout changé dans notre vie, dans notre vision du monde, dans notre perception du monde. Ce qui rapproche la Grande Panne de la destruction des deux Grandes Tours, le 11 septembre 2001, c’est la relativité de l’événement par rapport à la philosophie du système et les effets sur ce qu’il “produit”, et, par conséquent, ce que ces événements nous disent de la réalité du système. Si le système n’était pas autant un faux-semblant qu’il apparaît être (la super puissance 2003 avec un réseau électrique des années 1950), l’attaque du 11 septembre aurait-elle eu l’importance émotionnelle et symbolique qu’elle a eue, déclenchant en cascade des événements considérables ? Si le système avait été plus solide qu’il n’est, moins prêt à tout sacrifier de sa solidité au profit du gain immédiat, les Grandes Tours n’auraient pas été si vulnérables, elles ne se seraient sans doute pas écroulées, l’événement n’aurait pas été la destruction de symboles fondamentaux entraînant une rage de vengeance puis une rage de domination hégémonique débouchant sur ce que l’on sait (l’Irak). Il aurait été au contraire la résistance des symboles et, probablement, avec un bien moindre retentissement, un effet psychologique beaucoup moins important ou différent et des événements eux-mêmes différents.
Dès l’attaque de septembre 2001, on avait commencé à spéculer sur cet aspect des choses (quelle aurait été l’importance de cette attaque et quels auraient été ses effets si les Grandes Tours n’avaient pas été construites selon les méthodes financières du capitalisme postmoderne). Pour appuyer et synthétiser notre propos, nous publions un court entrefilet du Sidney Morning Herald, le quotidien australien, en date du 17 septembre 2001.
Depuis, la question de la solidité des Tours a largement été explorée, et la confirmation a été apportée de leur très grande vulnérabilité à cause du mode de construction, notamment consécutif à des contraintes budgétaires imposées par les investisseurs. Question : si les Tours avaient eu la solidité de l’empire State Building, si l’on n’avait eu que six à huit étages détruits au lieu de l’effondrement des deux Grandes Tours, 300-400 morts au lieu des 3.000, quelle aurait été la réaction américaine ? (Pour rappel, l’attentat d’Oklahoma City, un immeuble détruit et 176 morts en 1995, n’avait provoqué aucune réaction.) Il faut également signaler que si ces spéculations sur la solidité des Tours ont effectivement existé, la publicité qui leur a été faite a été très faible et l’on s’est abstenu en général d’expliciter le lien avec l’événement politique, de poser cette question de l’importance de la réaction américaine en fonction des conditions et du retentissement de l’agression, de spéculer sur ce que ce fait nous dirait des méthodes du système, d’envisager la réalité des responsabilités (quelles responsabilités des architectes et des concepteurs des Grandes Tours dans la mort des milliers de victimes ?). Il y a là un sujet tabou.
Voici le texte du Saturday Morning Herald du 17 septembre 2001, par Geesche Jacobsen.
Towers collapsed “because of cheap, poor construction”
« New York's World Trade Centre towers collapsed because they were cheap and poorly constructed, the Sydney architect Mr Harry Seidler says.Other buildings, such as the Empire State Building, would have survived the impact, an Austrian newspaper, Kleine Zeitung, quotes him as saying.
» The construction of the World Trade Centre was so poor it would not have been approved in most other countries, Mr Seidler said.
» However, the New York Port Authority, which owned the site, was also responsible for granting the building approval, he said.
» “It was all a question of costs, of course”, he said. The Kleine Zeitung reported last week that Mr Seidler inspected the site shortly before the World Trade Centre was completed. “I was extremely surprised at the time that the construction was so delicate. It was the lightest I have ever seen.”
» Other concrete buildings would not have collapsed, he said. The World Trade Centre had been built as if it was made from cardboard. Its steel girders were only sprayed with asbestos and melted “like spaghetti” in the heat.
» The lift shafts and staircases were clad with plaster, which explained the white plaster on the faces of survivors. And the floors were made of metal plates with only a thin layer concrete, Mr Seidler said.
» The Empire State Building, a steel design, would have withstood the impact because it was clad with concrete, he said. Petronas Towers in Kuala Lumpur and South Tower in Chicago, two of the highest building the world, also would have survived, Mr Seidler said.
» “All of this would not have happened with concrete construction. Impossible.”... »
[Notre recommandation est que ce texte doit être lu avec la mention classique à l'esprit, — “Disclaimer: In accordance with 17 U.S.C. 107, this material is distributed without profit or payment to those who have expressed a prior interest in receiving this information for non-profit research and educational purposes only.”.]
Forum — Charger les commentaires