De la rage libératrice d’être Russe !

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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De la rage libératrice d’être Russe !

2 novembre 2024 (20H15) – Alexander Douguine en agace certainement un certain nombre, y compris parmi ceux qu’on pourrait croire être de son côté. J’ai décidé, pour mon compte, de regarder et d’écouter cet homme, non pour ce qu’il prétend nous dire, non même pour ce qu’il prétend être, mais plutôt pour un des représentants, que dis-je un des porte-paroles des  courants tumultueux, des cascades d’événements qui emportent aujourd’hui l’histoire lorsqu’elle se fait métahistoire. Il le dit d’ailleurs lui-même, quand il parle de « l'idéologie [qui] est en train de changer, – elle passe du libéralisme à la russéité » Ainsi, son patriotisme sublime et métaphysique n’est-il pas un caractère de Douguine, que Douguine voudrait nous imposer, mais voici plutôt de quoi il ne s’agit pas et de quoi il s’agit :

« Il ne s'agit pas d'une décision ponctuelle des autorités, mais de la logique du temps, d'un ultimatum fixé par l'histoire elle-même... »

Sans doute en étonnerais-je certains et en scandaliserais-je d’autres, moi qui n’ait aucun intérêt particulier, ni pour la philosophie comme logique, ni pour la métaphysique comme science, – mais quoi, pour moi Douguine a quelque chose de Nietzsche, – disons, un Nietzsche russe.

Note de PhG-Bis : « Et s’il vous plaît, nous laissons de  côté la question religieuse pour le propos parce qu’entre Nietzsche et Douguine les étincelles sont à la fête ! Je crois que PhG vous donnera un de ces jours prochains un Nietzsche qui est dans ce genre, un Nietzsche auquel nous ne comprenons rien, lui-PhG et moi, et qui enflamment pourtant nos âmes et nos caractère d’un élan foudroyant ! »

D’une certaine façon, sa voix énorme et furieuse, – je parle de Douguine, – est aussi d’une incroyable habileté ! Écoutez comment ce traditionnaliste furieux parvient à mettre dans la poche du patriote russe, toute la modernité dans le chef de la technologie nationalisée, que l’un et l’autre, – le traditionnaliste furieux et transnational et le patriote russe et bien russe, – ont pour mission sacrée de passer par le fil de l’épée :

« L'Opération Militaire Spéciale a radicalement changé le paysage idéologique de la Russie. L'ère des technocrates idéologiquement neutres est révolue, celle des patriotes idéologiquement motivés a commencé. [...]

» Pas un seul problème de la Russie contemporaine ne peut être considéré comme purement technique. Tous les problèmes, au contraire, ont une dimension idéologique. Ils sont apparus pour des raisons idéologiques et leur solution se trouve dans le domaine idéologique. »

Il est bien vrai, on sera j’espère d’accord avec moi, qu’il n’existe aujourd’hui, du moins dans les terres émergées dont je connais l’existence, aucune voix de cette ampleur pour célébrer la gloire du patriote, tout en cherchant avec fièvre à nous définir une formule nouvelle qui pourrait s’agréger encore mieux à ces temps incontestablement nouveaux. Cette voix est comme un tonnerre qui roule, une imprécation qu’on accepte après tout même si l’on n’est pas de la même église.

En fait, je trouve qu’il y a là une sorte de miracle qui nous renvoie à Nietzsche avec un clin d’œil : il s’agit (Douguine) d’un homme intensément religieux, mais qui ne gêne personne à cause de la question religieuse, qu’on écoute et qu’on entend même si l’on est d’une autre religion ou d’aucune religion du tout. Et j’irais jusqu’à dire la même chose pour la nation ! Que nous importe qu’il soit Russe et bien Russe, il parle de sa russéité comme chacun qui ressent une telle appartenance à une communauté nationale devrait parler de la sienne... C’est dire, écrire cela, combien je crois et souffre que mon pays soit aussi malade qu’on le voit...

Le plus remarquable chez ce Russe rendant gloire à sa russéité, c’est qu’à aucun moment je ne ressens ses envolées comme un appel à la russéité pour les autres. Ce qu’il nous donne, c’est une méthode dans ce combat titanesque où nous nous trouvons tous engagés, chacun avec son caractère et ses spécificités. A aucun moment, je ne me sens emprisonné ; à tous les instants, je me sens concerné.

Alors, comment terminer cette présentation du texte de Douguine, sinon par ce simple rappel d’un texte récent, à propos de ‘dedefensa.org’ :

« Je sais qu’il y a dans cette situation, par rapport à des engagements, des convictions, etc., bien des contradictions. L’époque est compliquée, vous dis-je... Mais je ne dirai qu’une chose pour ma défense, et pour le reste à Dieu vat ! ‘dedefensa.org’ est la maison d’accueil du logocrate, et donc de l’écrit comme fondement ; voyez la présentation de cette fonction quasi-divine, ce caractère qui va à l’essence des choses, voyez aussi comment il procède... »

PhG – Semper Phi

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L'impératif ? La puissance russe !

Le huitième congrès de Tsargrad, qui s'est tenu dans la cathédrale du Christ-Sauveur, a été d'une incroyable pertinence. Voici, en substance, ce qui s'y est dit.

Il est évident que nous vivons dans une société où l'idéologie est en train de changer - elle passe du libéralisme à la russéité. Et ce processus ne peut être arrêté. Il ne s'agit pas d'une décision ponctuelle des autorités, mais de la logique du temps, d'un ultimatum fixé par l'histoire elle-même.

L'Opération militaire spéciale a radicalement changé le paysage idéologique de la Russie. L'ère des technocrates idéologiquement neutres est révolue, celle des patriotes idéologiquement motivés a commencé.

Un nouveau type de fonctionnaire apparaît - qu'il soit gouverneur, ministre, dirigeant. Désormais, les représentants de l'État sont constamment confrontés à la mort, à la douleur, à l'horreur, à l'âme des gens. Ils ne peuvent se contenter d'instructions, de remplir des conditions formelles et de se corrompre tranquillement sur cette toile de fond. Ils sont impliqués dans l'histoire, et l'histoire exige de la subjectivité, un choix volontaire, une décision prise avec le cœur. Par conséquent, les personnes au pouvoir doivent faire un choix: soit elles sont du côté de la caste, soit du côté du peuple. Soit ils sont du côté de la guerre, ils y prennent une part active, soit leur cause demeure en marge (de l'histoire qui se fait). Être technocrate, c'est désormais choisir le camp de ma cause. Sinon, il faut changer sa vision du monde ou admettre ouvertement les opinions russes qui ont été formées auparavant et passer ouvertement du côté de la cause russe.

Là encore, chacun doit déterminer sa propre position. Il s'agit d'un tournant idéologique. Le libéralisme est complètement épuisé, même s'il existe encore par inertie. Mais aujourd'hui, la technocratie exécutive ne suffit plus. Face à la guerre, face aux ennemis intérieurs des cinquième et sixième colonnes, face aux migrations destructrices et à la démographie catastrophique, face aux valeurs traditionnelles et non traditionnelles, chacun doit faire un choix. Un choix clair et net. Non pas en chuchotant sotto voce, mais en parlant haut et fort. Et nous devrons répondre de ce choix et le mener jusqu'au bout. Peut-être jusqu'à notre propre fin, car nous sommes en guerre. Aujourd'hui, être russe ne signifie pas déposer une marque. Être russe, c'est rejoindre les rangs de la cause russe, c'est se réaliser en tant que nation, c'est tout sacrifier, – y compris sa vie, – pour le bien du pouvoir.

Le temps des compromis et des demi-mesures touche à sa fin. Le choix, qui est posé maintenant, aura une signification irréversible.

L'Évangile parle des ouvriers de la dernière heure. Ils se sont engagés plus tard que tous les autres, mais ils se sont engagés. Et on leur promet une part du Royaume des cieux. Mais après cette dernière heure, il sera vraiment trop tard.

C'est maintenant la dernière heure pour la cause russe. Il est temps d'apporter à la Patrie, à la Foi, au Pouvoir et au Peuple notre dernier serment.

Oui, depuis les années 80, la trahison est devenue une norme sociale, idéologique et psychologique. Chacun vivait pour soiet pour soi seul. Mais cette époque est révolue.

L'époque est foncièrement différente aujourd'hui. Elle n'est pas seulement illibérale, elle est incompatible avec la technocratie sans âme, sans épaisseur. C'est le temps de l'Idée qui est advenu. De l'idée russe (de l'idée ancrée dans notre réalité vivante). Il est enfin arrivé, ce temps de la décision ultime.

Pas un seul problème de la Russie contemporaine ne peut être considéré comme purement technique. Tous les problèmes, au contraire, ont une dimension idéologique. Ils sont apparus pour des raisons idéologiques et leur solution se trouve dans le domaine idéologique.

Pourquoi l'Opération militaire spéciale a-t-elle été déclenchée ? Parce que les libéraux et les Occidentaux de Russie ont pris la décision idéologique, en 1991, de faire s’effondrer l'Empire (l'URSS). Et nous serons en guerre tant que nous n'aurons pas inversé les résultats de cette trahison.

D'où viennent les migrations ? Du fait que l'idéologie libérale nie, même en théorie, les facteurs ethnique et culturel-religieux. Et le principe capitaliste d'optimisation du profit exige la main-d'œuvre la moins chère et socialement la moins protégée possible. Et c'est cela l'idéologie libérale.

D'où vient le déclin démographique ? Du principe de l'individualisme et de l'engorgement des villes. Et aussi de la destruction systémique des valeurs familiales et du démantèlement du patriarcat classique. Il s'agit d'attitudes idéologiques qui ne peuvent être éliminées par des moyens techniques.

D'où vient la corruption ? De l'égoïsme dogmatique et du cynisme obligatoire, massivement retransmis par la culture: ils conduisent inévitablement à l'érosion de la responsabilité envers la société et à l'opportunisme juridique.

Et puisqu'il en est ainsi, nous avons besoin d'un organe idéologique. Qu'il s'agisse d'un système de contrôle de l'exécution et de la mise en œuvre des décrets présidentiels 809 et 314 et du concept de sécurité nationale. Ou de quelque chose d'autre. Et naturellement, l'idéologie patriotique russe devrait être introduite en douceur dans la société et gérée par des patriotes russes.

Alexandre Douguine