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19003 septembre 2012 – L’article d’Ouverture libre de ce 1er septembre 2012, est consacré à la présentation, avec de larges extraits, d’un texte du politologue Alexandre Latsa sur la démographie russe. Avant d’aborder l’aspect statistique proprement dit, l’auteur expose en introduction cette remarque, clairement de caractère politique, idéologique, psychologique, peut-être plus (plus haut) encore…
«Le thème de la crise démographique russe est en train de passer de mode. Curieusement en effet on trouve beaucoup moins d’articles sur la crise démographique russe. Il y a encore un an ou deux pourtant, nombre d’experts prévoyaient un effondrement total de la population russe, le pays étant menacé par une crise démographique sans précédent. La Russie lisait-on, était en outre une société “trop fermée et conservatrice, pour accepter une réelle politique migratoire” et l’inertie des phénomènes démographiques était soit disant telle “qu’elle ne pourrait espérer renverser l’évolution”. Bien souvent, ces prévisions démographiques étaient totalement irrationnelles et émotionnelles, et basée sur des données ne prenant absolument pas en compte ni la structure sociologique de la population, ni les changements démographiques brutaux, eux-mêmes liés à de brutaux changements sociopolitiques.»
Ces remarques sont pertinentes et fondées, en ce qu’elles dénoncent implicitement, a contrario, une attitude systématiquement antirusse. Il s’agit d’une attitude d’une telle puissance, d’une telle constance, d’une telle intensité, qu’on peut considérer sans aucun doute qu’elle renvoie à une forme de pensée-réflexe préjugée qu’on peut qualifier de “russophobie”, qui est faite d’une considération hostile, réductrice, très souvent haineuse (le terme n’est pas trop fort), à l’encontre de la Russie et des Russes. Cette attitude, qui est effectivement souvent émotive derrière un vernis de rationalité scientifique (statistique, avec des considérations de sociologie et de politique), est particulièrement marquée, sinon inédite pour le cas qu’on va examiner, depuis la fin du communisme. Cette situation paraîtrait paradoxale d’un certain point de vue qui prendrait en compte la vérité historique, si l’on considère justement que les Russes n’ont pas “voulu” le communisme qui leur a été imposé sous la forme du marxisme-léninisme et du stalinisme par une contrainte policière et terroriste, ni n’ont voté librement pour lui. (Cela, au contraire des Allemands pour le national-socialisme dans l’époque considérée.)
Surtout, cette russophobie est, à notre sens, singulièrement spécifique depuis cette fin du communisme : c’est-à-dire qu’il y a une russophobie spécifique depuis 1991, une russophobie que l’on pourrait qualifier de “russophobie postmoderniste” ou, plus justement pour notre propos, de “russophobie-Système”. Nous allons confronter cet aspect, ces remarques, avec un passage du livre La désinformation vue de l’Est, de Vladimir Volkoff (voir notre article du 27 août 2012).
Dans son “dialogue” avec le sociologue russe (soviétique) Kara-Mourza, Volkoff aborde à une occasion (p.102-103) la question de la russophobie, sous l’angle de la désinformation mais tout de même allant au cœur du sujet. Il déniche dans l’œuvre de Kara-Mourza (La manipulation de la conscience, de Sergueï Kara-Mourza), dont il fait la colonne vertébrale de son livre, un passage où le sociologue russe résume ce qu’il juge être la russophobie. Parlant de la division de la société occidentale (la “bourgeoisie“, dit Kara-Mourza, qui est de formation marxiste) entre sociaux-démocrates (gauche “bourgeoise”) et conservateurs (droite “bourgeoise”), Kara-Mourza observe que, du temps de l’URSS, «les premiers aimaient les Russes comme constructeurs du socialisme et les autres les plaignaient comme victimes d’un régime totalitaire.[…] Aujourd’hui, la gauche déteste les Russes comme traîtres au communisme, tandis que la droite ne se sent plus obligée de plaindre les Russes libérés du communisme et voit en eux des quémandeurs, des nomenclaturistes déguisés ou des mafiosi.»
Volkoff juge l’analyse “lumineuse”, suffisante au moins en partie pour expliquer cette “orgie de russophobie”, notamment des media occidentaux, et particulièrement français. Volkoff estime effectivement que cette “classe médiatique” voit dans la fin de l’URSS la défaite de ce communisme qui fut sa référence révérée pendant des décennies, alors que lui, Volkoff, ressent cet évènement «comme la victoire de la liberté». (Toutes ces remarques datent de l'époque de 2005, au moment de la rédaction du livre, – le dernier de Volkoff, décédé en septembre 2005, – qui fut publié en 2007.)
Tout en rendant grâce aux deux auteurs cités pour avoir substantivé à nos yeux le problème de ce que nous nommons la russophobie-Système, nous restons quelque peu sur notre faim devant cette explication fondée sur la fin du communisme. Notre perception est que la référence du communisme (pour ou contre, peu importe) a complètement déserté, à peu près aussi vite que s’est évaporée l’URSS, le réflexe-réflexion courant et schématique, conforme aux consignes, de cette classe médiatique, ou de la communication (c’est-à-dire nos élites-Système et nos directions politiques des pays du bloc BAO, cœur du Système). Tout cela a été balayé, – dans le style “du passé, faisons table rase”, – pour être remplacé par la pensée-Système totalitaire, qui s’exprime affectivement et psychologiquement, sinon pathologiquement, par une dévotion quasiment extatique et une fascination sans la moindre limite ni réserve acceptables pour le libéralisme libre-échangiste extrémiste anglo-saxons, et tout ce qui l’accompagne (neocons, interventions humanitaires, etc.), sans plus imaginer qu’une alternative économique puisse lui être opposée (ce qui était, pour une bonne part, le communisme, avec sa fonction de doctrine économique). Malgré les particularismes mentionnés (“anglo-saxon” et le reste), nous sommes bien là dans le territoire exclusif, hermétique, absolument clos, du Système dans sa phase de déchaînement (“déchaînement de la Matière”) et son enchaînement convulsif surpuissance-autodestruction.
Il nous paraît évident que ce domaine triomphant a évacué le communisme, d’ailleurs avec juste raison sur ce point, comme accident mineur du passé, bien incapable d’entraver aujourd’hui, en quoi que ce soit, la marche également triomphante du Système, – selon la narrative-Système. A notre sens, le communisme n’est plus utilisé que pour des besoins de propagande pure, pour renforcer des arguments primaires, notamment antirusses ; l’idée de la résurgence du communisme fait sourire, sinon rire, aussi bien à la City qu’à Wall Street, et ne fonctionne que dans le collectif cérébral d’une catégorie de citoyens des USA allumés selon des références pas trop délicates à déchiffrer (“Obama, agent communiste”, etc.) ; ou bien, elle fonctionne, en période électorale, dans tel ou tel pays, comme par exemple la France qui offre dans son débat politique un exemple de bassesse qui devrait être, là sans aucun doute, une référence précieuse… (Cela ne signifie pas que nous tenons ou pas le communisme pour négligeable, tant selon ce qu’il fut que selon la façon dont il pourrait renaître. Là n’est pas le débat et nous ne prenons dans ce cas aucune position à cet égard. Nous parlons de la perception du Système, qui gouverne tout le reste, notamment le réflexe-réflexion de nos élites.)
Pour tout dire, la référence “fascisme-nazisme” est beaucoup plus largement utilisée, beaucoup plus féconde que celle du communisme, parce qu’elle permet d’animer la dialectique de l’Holocauste, publicitairement très efficace en plus de sa vérité historique tragique, et de qualifier les nouveaux “méchants du jour” (“islamo-fascisme”). On notera, dans ce sens, que l’attaque constante contre Poutine se fait à une écrasante majorité de l’argument au nom d’une “résurgence” du fascisme, – point d’histoire intéressant pour la Russie qui fut, et de loin, la principale puissance dans l’écrasement du fascisme, – que d’une résurgence du communisme.
Donc, nous écartons la référence du communisme présenté comme on l’a vue comme explication de notre russophobie… Alors, quoi ?
Quelques lignes après la citation rapportée plus haut, avec la réaction de Volkoff, Kara-Mourza est à nouveau cité. Il parle de la période eltsinienne d’imposition à la Russie d’un capitalisme déstructurant et prédateur d’une puissance inouïe : «Les experts occidentaux et leurs émules russiens sont stupéfaits par notre capacité à résister aux coups des vainqueurs de la Russie dans la guerre froide. Non seulement l’appauvrissement général n’a pas détruit la société, il n’a presque pas aigri les gens, ne les a pas dressés les uns contre les autres. Contrairement à ce qu’on attendait, la société ne s’est pas pulvérisée mais continue à vivre selon les lois non écrites et des normes culturelles étrangères à la loi du marché et aux normes individuelles.»
Volkoff abonde dans ce sens et rapporte lui-même son témoignage. Il était en Russie en 1992, «quand beaucoup de Russes, privés de revenus, n’avaient littéralement plus de quoi manger, et que les trottoirs étaient couverts d’hommes et de femmes affamés qui vendirent tout et n’importe quoi, leurs décorations, leurs samovars, leurs petits chiens ou quelques fleurs hivernales, cependant que les vitrines du magasin gastronomique Eliseev explosaient de saumons et d’esturgeons et que personne ne songeait à les piller». Pour exprimer, après plusieurs exemples de cette sorte, son sentiment de la cohésion de la société russe malgré son grand malheur, Volkoff cite Berdiaev : «Le peuple russe possède réellement la liberté de l’esprit qui n’est donnée qu’à ceux qui ne se laissent pas trop absorber par la soif du profit terrestre et du bien être des peuples d’occident. La Russie est seule à ne pas connaître le fardeau écrasant des préjugés bourgeois…»
Cette deuxième sorte de remarques, qui ne nous est pourtant pas présenté du tout comme la cause explicite de la russophobie mais simplement comme la capacité de résistance du peuple russe, nous paraît au contraire beaucoup plus appropriée pour nous suggérer une explication de la russophobie qui est une attitude évidente aujourd’hui. La chronologie est à cet égard extrêmement intéressante. “Notre russophobie”, – celle dont nous parlons, la russophobie-Système, – est, aujourd’hui, c’est-à-dire dans la séquence depuis 1991, d’un type très particulier. Elle affecte, disons un “‘esprit”, en vérité, et un esprit identifié d’un point de vue culturel, linguistique, esthétique, sociologique, voire même psychologique, – et, bien entendu, sans le moindre doute, identifié d’un point de vue absolument spirituel allant avec le psychologique, – c’est-à-dire, disons “l’esprit de l’âme russe”… Par conséquent, il s’agit bien d’une phobie de tout ce qui est russe en général, sans référence historique particulière sinon à la période décrite (l’attaque furieuse du capitalisme déstructurant contre la Russie, à partir de 1991, durant toute la période eltsinienne, c’est-à-dire les années 1990). Cette russophobie s’inscrit complètement, presque spécifiquement, dans le contexte colossal de la crise générale du Système qui a pris son envol à la fin de la guerre froide et qui tend désormais à s’inscrire dans l’Histoire comme une époque spécifique, avec ses spasmes successifs nés d’une même cause centrale : le déchaînement capitalistes des années 1990, l’attaque du 11 septembre 2001, la crise financière de septembre 2008, la chaîne crisique du printemps arabe de décembre 2010.
Les années 1990 furent donc particulièrement fécondes en attaques du capitalisme, selon la “doctrine de choc” du domaine popularisée par Naomi Klein. Aucun pays ne fut soumis à un aussi rude traitement que la Russie, avec une attaque spécifique organisée de façon consciente dès la chute achevée du régime (là, on peut parler d’un ersatz de “complot”, paradoxalement puisque s’étant déroulée à ciel ouvert et au su de tous) ; puis une attaque qu’on dirait “mécanique”, dans le grand enchaînement de crises financières successives des pays dits “émergents” de la fin des années 1990, courant de la Thaïlande à partir de juillet 1997 à l’Argentine en passant par la Russie. Avec ces évènements accumulés, on pourrait parler d’une seconde dévastation de la Russie après celle du communisme ; à la déstructuration amenée par le régime communiste et son effondrement, s’ajouta une poussée colossale de dissolution du fait de l’attaque capitaliste. Cette sorte d’évènements déclarés comme étant à finalité économique est en réalité conduite de façon à bouleverser la société jusqu’à la dissolution du modèle initial, et à modifier les psychologies pour les adapter aux nouvelles conditions économiques qu’on veut installer, jusqu’à engendrer une mécanique de contrainte, de fabrication d’une nouvelle psychologie collective, – l’homo-Systema, après l’échec de l’homo-communistus.
Il y a donc un enjeu psychologique fondamental qui, par son caractère collectif, touche aux régions collectives elles-mêmes fondamentales, pouvant aller jusqu’à l’enjeu de la spiritualité et des principes structurants qui vont avec. C’est à ce point que l’on doit revenir aux constats mentionnés plus hauts par nos auteurs (Kara-Mourza, Volkoff, Berdiaev), sur la résistance collective extraordinaire opposée par le Russe en général à l’attaque qu’il subissait. Cette résistance russe fut telle que la classe des “profiteurs” de cette invasion capitaliste, les “oligarques” bâtissant des fortunes sur le désordre ainsi installé, fut elle-même divisée, avec certains oligarques agissant dans un sens pro-russe, y compris dans le champ culturel, retournant la corruption et le désordre dont ils avaient profité et dont ils continuaient à profiter contre le courant général de désagrégation et de dissolution. Une fois l’action du régime national “collaborateur” d’Eltsine (pro-occidental, c’est-à-dire pro-Système) dissoute dans sa propre inefficacité et sa corruption dans un processus classique renvoyant à l’équation surpuissance-autodestruction, les structures de l’État bâties sur un socle historique et principiel nécessairement solide et qui avaient résisté à la tempête ont rétabli, avec Poutine, une politique générale naturellement recentrée sur les intérêts et les conceptions russes. En ce sens, Poutine (d’ailleurs choisi par Eltsine) a été l’instrument plus que le promoteur d’une réaction de résistance contre l’attaque furieuse du Système.
Le constat est donc que l’attaque du Système contre la Russie, malgré ses réussites tactiques dévastatrices, fut un échec stratégique, évident dès les premières années de la première présidence Poutine. C’est à ce moment que la véritable russophobie telle que nous la voyons se manifester quotidiennement a pris définitivement forme et s’est durablement déployée dans la communication-Système. Nous la nommons russophobie-Système parce qu’elle est directement et exclusivement inspirée par le Système, selon sa logique interne que rien ne peut détourner puisque le Système est une entité hermétique qui a ses propres règles étrangères au moindre amendement. Tous les arguments déployés autour de cette russophobie (arguments stratégiques contre la dangerosité de la Russie, références à la guerre froide, arguments humanitaires et démocratiques, arguments économiques, etc.), quels que soient leurs fondements, d’ailleurs souvent douteux sinon complètement invertis, n’ont strictement aucune finalité stratégique ; il ne s’agit que d’artifices tactiques pour parvenir à un seul but qui est la destruction par dissolution de la Russie. Aucun autre objectif que la dissolution autant géographique, politique que psychologique n’est concevable par le Système, qui perçoit à juste titre que la Russie, à cause de sa puissance et de sa structuration historique et principielle, constitue l’obstacle central à son expansion, – géographiquement par sa position entre Europe et Asie, et son poids, voire son influence, par rapport à l’Europe qui est un des composants du bloc BAO ; psychologiquement et spirituellement, par sa cohésion collective qui est, encore plus qu’une défense efficace, une éventuelle inspiration contre-offensive, de type antiSystème. Il ne peut s’agir que d’une lutte à mort car si le Système n’emporte pas tout, et particulièrement la Russie dans sa position et son importance si spécifiques, il n’emporte rien selon sa propre conception totalitaire, et sa logique d’autodestruction l’emporte sur sa logique de surpuissance.
Il s’agit bien là de notre définition de la cause de la russophobie actuelle : l’argument de communication de la nécessité de l’élimination complète, par déstructuration et dissolution, d’une entité qui s’avère inassimilable au Système. Cette russophobie se définit donc comme un moyen, essentiellement de communication, essentiellement par le dénigrement et la haine de tout ce qui est russe, dans une entreprise générale de destruction par déstructuration et dissolution. Ceux qui soutiennent sans restriction cette russophobie, sans en connaître nécessairement l’architecte (le Système), ont, dans la Grande Guerre qui constitue l’actuel affrontement caractérisant la crise du Système, une position objective de “collabos” luttant contre une poche de résistance particulièrement difficile à réduire. Ce rappel du vocabulaire de la Deuxième Guerre mondiale permet d’entrer dans la narrative des adversaires “antifascistes” de la Russie pour leur opposer une contre-narrative qui les met exactement dans leur situation de “pétainistes” du Système.
Deux facteurs et une situation générale qui peuvent s’avérer particulièrement dommageables aux projets du Système sont alors à considérer dans les péripéties opérationnelles de cet affrontement qui s’exprime essentiellement au niveau dialectique et psychologique par la russophobie :
• La contradiction entre d’une part la nécessité de détruire absolument selon les normes qu’on a vues la Russie “et tout ce qui est russe”, et d’autre part la puissance, notamment militaire et stratégique, de la Russie. C’est pour cette raison que la “guerre de communication” (l’“agression douce”) est le moyen privilégié. On a déjà vu les risques objectifs, y compris et particulièrement pour le Système que fait courir cette méthode (voir le 27 août 2012). Le problème russe du Système est que la direction politique russe a déjà montré (Géorgie en août 2008) que la Russie n’hésitait pas à se servir de ses forces armées au cas où elle s’estimerait menacée dans son intégrité. Un problème annexe, qui n’est pas sans intérêt, est la schizophrénie à laquelle sont forcés certains des membres des directions politiques des pays du bloc BAO qui conservent une certaine lucidité à côté de leur emploi dans le Système, et qui mènent à la fois une critique-Système conforme de la Russie, et à la fois une promotion de l’importance exceptionnelle d’une entente avec la Russie telle qu’elle est. (Cas de François Fillon, voir le 15 août 2012.)
• La dimension spirituelle, qui joue un rôle important avec la psychologie dans la résistance russe au Système, et qui devrait y tenir une place de plus en plus importante. Les facteurs qui l’affectent, comme notamment les attaques extérieures contre l’Église (Pussy Riot & Cie), qui font partie de l’offensive type-“agression douce”, devraient jouer un rôle dans ce domaine, qui n’est pas exempt de surprises tactiques. Nous sommes proches de penser que les attaques type-Pussy Riot auront finalement un effet mobilisateur sur la dimension spirituelle supplémentaire de la psychologie russe face à ces attaques. (Ce constat qui n’a rien à voir avec le goût que nous avons ou n’avons pas pour l’Église orthodoxe, et tout avec l’importance que nous accordons au facteur spiritualité/psyschologie.)
• Le cas de la russophobie-Système et des actions qui l’accompagnent est finalement très ambigu. D’une part, on peut apprécier qu’il s’agit d’une situation générale de la Russie qui est “en état de siège”, conduite à affronter de grandes difficultés pour se défendre devant une telle forme d’attaque dissolvante ; d’autre part, le Système est lui-même dans de grandes difficultés, avec ses bases (USA et Europe) de plus en plus ébranlées et fragiles, avec ses oppositions internes grandissantes, et le type de riposte (notamment spirituelles) que doivent entraîner ses attaques contre la Russie peut lui-même “inspirer” certaines résistances à l’intérieur du bloc BAO (cas hypothétique de la Pologne) et accélérer le cycle d’autodestruction du Système
…Ce qui nous ramène, pour notre conclusion, à notre thème central, qui est bien la définition de la russophobie, telle qu’elle existe aujourd’hui, extrêmement puissante, nous dirions même et nécessairement haineuse. Il s’agit bel et bien de l’expression presque intime du sentiment de haine du Système contre la Russie pour avoir réussi avec des moyens hors-Système comme la psychologie collective, les références principielles et spirituelles, etc., à résister à son attaque, comme la Russie l’a fait dans les années 1990. Pour le Système, la Russie est devenue la manifestation in vivo de ses limites, voire de son impuissance à réaliser son destin nécessairement universel de dissolution des structures et de destruction des principes, passant en économie par le système capitaliste extrême, en matière “civile” par les dislocations des structures culturelles, sociologiques, etc., et essentiellement en matière intellectuelle et spirituelle par la destruction de la psychologie. La russophobie est pratiquée dans le mode automatique par le monde de la communication-Système, élites et directions politiques, sans en savoir le but fondamental ; et en mode erratique, souvent inconscient, souvent selon des arguments contradictoires entre eux-mêmes, dans le public général soumis à la narrative du Système. Par ailleurs, la russophobie décrit un état d’affrontement qui ne pourra absolument pas être résolu par le moindre arrangement d’aucune sorte, qui est bien une lutte à mort, quelle que soit l’évolution politique ou stratégique qui peut avoir lieu de manière parcellaire, ici et là, entre telle ou telle entité, tel ou tel pays du bloc BAO avec la Russie, – évolution éventuellement positive, d’ailleurs, ce qui ne ferait que refléter les contradictions profondes et les faiblesses internes du Système qu’on a déjà mentionnées. Au-dessus de tout, on conclura en observant que cette “lutte à mort” est un facteur important dans la destinée du Système, de son évolution erratique vers une transformation définitive de sa dynamique de surpuissance en dynamique d’autodestruction.
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