De l’Allemagne

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De l’Allemagne

De l’Allemagne! parler de l’Allemagne! des Allemands! imiter les petits marquis des médias qui en ont plein la bouche? les « chefs d’entreprises » qui ne jurent que par elle comme ils le firent pendant les années trente où le « modèle allemand », sous la férule du funèbre moustachu de Braunau semblait l’universel vaccin contre l’autre modèle de l’autre moustachu d’outre Caucase, le délétère Djougachvili ? Temps perdu, futilité, pari anti-pascalien où tout est à perdre. Je m’y résous pourtant fasciné par ma visite au château du Kaiser du Saint Empire Romain Germanique à Nuremberg. Dans une salle trône la « dame de fer », armure ingénieuse qui s’ouvre par sa moitié comme un joli coffret dont les parois toutefois ne sont pas revêtues de velours et de brocarts mais de piques acérées. On l’ouvrait, on plaçait dedans l’homme dédié à la dame et on fermait. La mort était horrible, lente, sans doute fort douloureuse. Combien de cadavres dans le placard ont-ils eu les empereurs romains germaniques ? La guide n’a pas précisé. La première émotion passée et la visite hautement culturelle se poursuivant, je réalise peu à peu que la torture infligée par la dame de fer à l’européen d’aujourd’hui est moins physique que politique et plonge ses racines dans un lointain passé. Ce Burg, fut une des éphémères capitales du Heiliges Römisches Reich Deutscher Nation qui s’est donc voulut heilig (1) et l’est resté de nos jours plus que jamais puisqu’au lendemain de la défaite de 1945, il choisit la couleur jaune du Vatican pour remplacer le blanc de son ancien drapeau. Personne ne voulant plus d’un Reich, tous se rappelèrent que ce territoire était auparavant composé de « tribus » et qu’il ne serait pas si mauvais de les garder. On baptisa leurs domaines Länder et on eut une RFA. Ce qui s’appelle aujourd’hui Allemagne est le résultat de ce baptême. Dit autrement, l’Allemagne est un fantasme, la deutsche Nation une abstraction, l’Allemagne (avez-vous remarqué qu’on ne parle plus de RFA ?) n’est qu’un conglomérat d’ex-duchés, royaumes, principautés, Etats libres, qui ne fit provisoirement son union que par le fer et le sang. Son principe actuel est toujours la région, le régionalisme c'est-à-dire l’exact contraire d’une Nation. Quand par exception elle voulut se faire Nation l’Allemagne, cela se termina en guerre urbi et orbi. Ce « nationisme » devait être contraire à son Etre, son Dasein. Pays en principe des Alamans (Alamanus) -nom du peuple le plus voisin de la France d’antan, les Alains, qui n’existent plus guère qu’en Suisse précisément alémanique – il serait devenu les pays des deutschen. De savoir qu’Alaman est le nom générique appliqué par extension à tous les peuples de Germanie, ne nous avance pas plus car... les Germains, les germanus sont en latin des frères. Il y a par contre ein Deutsches Land vaguement über alles qui sert de Bund, de lien, aux frères. Là encore, le pays Deutsch est peuplé de Deutsch théoriques qui sont d’abord Teutons, Souabes, Bavarois, Thuringiens, Hessois, Franconiens, Frisons, etc… et qui sont loin d’être germains, c’est à dire frères. A peine cousins, jargonnant chacun en un patois dont il est fier. Il existe par contre des territoires que par commodité on continuera d’appeler allemands, des dialectes allemands, des espaces de culture et de langue allemandes bien connus. De Lübeck à Berne, de la Carinthie autrichienne aux iles Frisonnes, mais d’Allemagne point. Abstraction donc, créée par le prussien Bismarck et qui le restera à l’heure européenne vue la montante régionalisation de l’Europe voulue par la finance.

L’Allemand existe si on veut mais en temps que Albosh, « tête de boche ». Depuis la guerre de 1870 c’est le sobriquet amical que les populations, qui eurent le plaisir de goûter à ses mœurs, lui administrèrent. Le Albosh actuel est lourd, moralisateur, sans imagination autre que technique ou bureaucratique, et hélas de plus en plus vulgaire et agressif comme le sont les autres Européens exaspérés par… l’Europe ! Cette Europe que nos élites voudraient supranationale et qui n’est qu’un « agrégat inconstitué de peuples désunis ». Le boche aime son dialecte, sa bière locale. Sa fierté est de parler en borborygmes glottés ou chuintés pour ne pas se faire comprendre du voisin qui met son point d’honneur à faire de même. Si votre connaissance de la langue de Goethe est correcte, et que vexé de n’avoir rien compris, vous le faites répéter il répétera sans rien changer car l’amour de son patois fait qu’il ne saisit pas que vous ne saisissez pas. Je ne le fais donc jamais répéter, sauf les femmes qui s’expriment toujours mieux surtout quand elles sont jolies. Une beauté en appelle une autre. Ses journaux sont pleins de grossières publicités, de photos qui remplacent le poids des mots presque inexistants. Un journal boche pèse comme un gros livre, fait penser à une tapisserie sale et humide. A part le Monde Diplomatique traduit à Berlin (à l’extrême rigueur le Zeit) qui pratiquent tous deux la subtile langue de Goethe, le reste est du tabloïd pur, du papier noirci par des incultes pour des ignorants, les avatars des forêts saccagées au “Pays “des brumes” devenu pays “noir-vert” ou “rouge vert“ selon le consensus du moment. La tarte à la crème du nazisme comme régime spécifiquement allemand (il faudrait dire boche) n’est pas une tarte à la crème. Il faut voir le goût qu’ont ces gens pour faire la morale à autrui, se prendre donc pour des surhommes, et, inversement, l’accepter de l’autrui pour se prouver à eux mêmes qu’ils chérissent la discipline. Les Boches pratiquent l’oxymore moral avec talent, presque en jouissant, tant leur obscure clarté se voudrait nos étoiles. En terme médical c’est du « sado-masoboche ». En Bochland, un œil noir te regarde, des oreilles t’écoutent. La première réaction d’un citoyen fâché, agressé, c’est dire “je vais porter plainte contre toi”: ich werde dich anzeigen. La police est Dieu. Sur l’autoroute on vous double un peu vite avec gros coups de klaxon “à la” Porsche, (“à la” est expression favorite des boches, reprise du français à la carte comme Pumpernikel, pâtisserie immonde, est repris de la phrase de Napoléon disant un jour du pain allemand: C’est du pain pour Nikel, son cheval “painpournikel“), vous relevez le numéro, arrivés chez vous, vous portez plainte et le type reçoit chez lui une amende. Pareil sur la rue pour n’importe quelle broutille. Un trognon de pomme qui vous glisse des mains, une réprimande un peu irritée qui sort de votre bouche par mégarde à la suite d’un petit différent, et, si enfin, par énervement, vous esquissiez un geste rapide en vue d’une baffe citoyenne à la Astérix, vous auriez assurément votre Anzeige car il y aura toujours un homonculus qui vous aura vu et qui ira vous cafarder si le concerné omettait de le faire lui-même. A contrario, si vous perdez votre portefeuille, attention !... Un Bürger (citoyen) l'aura retrouvé, en général vide des sous, mais avec les papiers. Comme vous aviez déclaré le vol – puisque en Germanie tout ce qui n’est pas interdit est obligatoire –, il est sage de déclarer les retrouvailles. Vous téléphonez. – Allo, Herr Polizist, je l'ai retrouvé mon portefeuille! – Où? –J'explique. – Et vos sous, votre Geld ? – Disparu, cher policier! – Ach, venez donc porter plainte!... – Non !... – Comment non ?... – Ben oui, non! – Mais enfin monsieur, il le faut. Je lui explique que pour vingt euros je ne vais pas... – Mais si mein Herr, il le faut!... – Gut, Herr Polizist, Entschuldigung, mais je veux pas, ça ne m'intéresse pas. Il insiste. Je dois me raidir, user du droit européen de ne pas être coupable quand je suis innocent. Il finit par se lasser. Je sens sa colère au bout du fil. Va-t-il porter plainte contre un citoyen coupable de non dénonciation de criminel inconnu? En Bochlande on porte plainte pour tout. Plainte-Land, Klagenland, devrait s’appeler le pays, comme ailleurs Klagenfurt.

En dehors de ces activités kantiennes protestantes coincées où la morale a bon dos pour em…. son voisin, le Boche mange, mal-bouffe plutôt, son industrielle nourriture comme le pauvre Franzose ou le pauvre Rital, consomme comme eux. La Wirtschaft règne. Le souverain mot est selbstständig, indépendant, libre entrepreneur, c’est le nec plus ultra bocheux au pays de l’esclavage. En France, du selbstständig il y en a aussi bien sûr. Il travaillera 12 heures par jour pour gagner du fric et en sera fier, plastronnera, votera peut-être le Pen mais se coupera en quatre, prendra pas de vacances. En Bochie il met un écriteau à sa porte: Ouvert de : ... à : … et tous les alamans se précipitent aux heures pour faire leur devoir de foule-collective-qui-aime-son-Selbstständig, de sauver la société de l’anarchie. Pauvres esclaves à qui on a réussi à faire croire qu’ils étaient libres! Un indépendant, traduction de selbstständig, est un flic économique. Il dirige et oblige les autres. Un “anarchiste” comme moi (je suis au-delà de toute étiquette mais il faut bien se décrire a minima pour faciliter la lecture aux cartésiens), s’il arrive deux minutes après la fermeture, il fait une mise en scène pour qu’on lui ouvre et qu’on le serve avec le sourire. Il pense in petto que le capitalisme prédateur lui doit bien ça, lui le paresseux, le conservateur, lui le machiste souteneur de ces femmes qui, dans leur grosse majorité hélas soutiennent le capitalisme comme la corde ne soutient pas le pendu. Pour elles, il suffit que ça masse, qu’il y ait de la “démocratie”, beaucoup du demos montrant son cratos à Carrefour. Parfois on le sert l’anar, mais en faisant la gueule. Parfois pas. Devinez pourquoi? La police ! Oui, encore elle! elle pourrait vous coller une amende si vous, boulanger, vous vendiez un pain aux raisins à 18h 03. C’est du moins ce que me dit la vendeuse. Si le même anar achète à Düsseldorf un croissant gras fabriqué la nuit d’avant en Pologne avec 20% de produits chimiques ex-socialistes et qu’il demande deux sachets en papier au lieu d’un pour pas tâcher l’intérieur de sa serviette (preuve d’un raffinement dont l’alaman est incapable vu que lui, il préfèrera acheter 20cts un sac en plastic et trimballera son croissant dans une main et sa serviette dans l'autre), c’est tout juste si on le lui fait pas payer, il doit palabrer pour y avoir droit... En sortant de ce magasin géré par dégénérés interposés, s’il emprunte pas les clous malgré l’absence radicale de voiture à 200 mètres à la ronde il y aura toujours un esclave lobotomisé pour l’inviter – peu courtoisement – à le faire. A côté de ça, la publicité est aussi une Anzeige, une Werbeanzeige. Elle expose comme partout dans nos sociétés barbares, des fesses, des seins voire des testicules sur les fameux panneaux 3X4. Une récente trouvaille des Alamans tournait autour de “Eier“ avec l’excuse très poétique qu’Eier veut dire œuf et testicule. On voit un homme en slip à droite avec à gauche deux énormes œufs empaquetés dans ces petits cartons spéciaux protecteurs et tout le monde rit, à la bavaroise bien sûr. Un Français qui se respecte et ne connaît pas la langue, ne sait plus si c´est de la pub pour les banques de sperme, les œufs ou les slips. Voilà brièvement, très brièvement il est vrai, survolé le nid ou tous les Européens qui se respectent, c'est-à-dire qui admirent Alaman, devraient venir déposer leurs œufs. Au bord de ce nid, à Nuremberg, les jours passent et se ressemblent. Je découvre la région moyenne des Franks, la Mittelfranken, la Franconie-du-milieu. Un peu trop civilisée, trop humanisée, trop reconstruite après guerre et trop mal construite de toute façon avec du béton qui défigure les villages qui avaient du charme avec leur architecture à poutres apparentes. A ce “boche-moche“ s’ajoute le goût dépravé des Francons pour l’horreur-économique, je veux dire encore la Wirtschaft. Erwirtschaften (produire), est le MOT. Il coince dans la gorge française, mais sort facile de l’allemande. Les Boches ont erwirtsgeschaft des autoroutes partout et dessus, des voitures, sans arrêt... des camions, sans arrêt... Chemins de fer ? nix! On dirait qu’ils connaissent pas! Herr und Frau Bosch roulent en voiture, ne peuvent pas vivre sans voiture, sans se retrouver tous les jours, tous les soirs et les week-end dans d’interminables embouteillages sur leurs fameuses autoroutes qui sont aujourd’hui une vieillerie incapable d’absorber le flot de cette bêtise motorisée… Vive la Lozère, ses 300.000 habitants, ses vaches, ses ânes! la Bretagne, ses côtes d’Armor, ses dolmens, ses Celtes disparus! à bas la surpopulation, à bas la reproduction!... Trait disqualifiant définitivement les Alamans: n’ont pas su éviter la surpopulation… ça pullule, ça se monte dessus en permanence!…(2) Ensuite ils aiment trop le confort, peuple d’avachis... Ensuite encore, n’ont aucun goût pour les bonnes et belles choses. Ici on mange des saucisses hyper bas de gamme et des pizzas Hut pire qu’ailleurs. Quant à la culture on en jouit pas on la connaît. Dürer ? né ici il y a 542 ans, a seulement deux de ses tableaux au musée. Les autres sont à la capitale, cette sinistre ville provinciale qui a nom München, des Moines. Et c’est avec ça qu’on a fait le noyau européen !… Mariage du piquant et du lait, de la légère joie de vivre avec la balourdise polie. Bien que respectueux de l’homme, je me demande comment de Gaulle a eu cette idée du rapprochement franco-allemand, de l’Europe avec France-Allemagne pour noyau dur!… C’est avec l’Italie, la Belgique et l’Algérie qu’il aurait fallu faire ce noyau!… nos prévaricateurs formés par la mafia auraient été moins nuls ! Cahuzac serait président ! La seule chose qui rachète les Teutons c’est leurs femmes : comme les diplomates elles ne disent jamais non et contrairement à eux souvent oui. On se rattrape du Feldgrau. Les Boches préfèrent la bière aux femmes, ils l’écrivent même sur leur tee-shirts, j’ai vu ça un jour au bord d’un lac bavarois! Les infâmes!... Certes la femme n’est pas ce qu’elle prétend mais enfin quand même! Elle reste la fleur de l’existence, notre prairie amoureuse, notre repos de l’ex-guerrier. Ceci explique que malgré tous ses travers le Français reste valeur de référence, équivalent général pour tous les peuples, toutes les nations, tous les désirs, monnaie de réserve… Je dis cela d’autant plus sereinement que je les trouve quant à moi tout aussi insupportables avec leur grande gueule, leur raison raisonnante ces Français. Où aller alors? Ou fuir? C’est la question, la seule pertinente, dans un euro à l’agonie.

Depuis déjà un temps je cherche une île, moins marquée que Chypre natürlich, grande comme 1/3 de département avec 9 humains dessus, deux Japonaises de 1,55 m avec leurs petites mains habiles pour l’ikebana, 1 Française du Val de Loire à cause du Lys de la Vallée de ce cher Honoré, 2 Italiennes, une de San Giminiano, l’autre de Venise pour la grâce du parler et des gestes, 1 Espagnole de Grenade ou Cordoue pour la vigueur castillane de la Reconquista et dopée du sang arabe, 1 Suissesse pour le nettoyage et 2 esclaves mâles – non castrés et féministes – pour le service… 10 en tout, ennéade divine + moi, Robinson socialiste. Le tout dans une forêt mixte, chênes, hêtres, résineux, un fleuve frais et poissonneux, une cascade de quatre mètres pour jouir de l’eau qui tombe et se préserver des chaleurs de l’été, un volcan éteint genre Puy de Dôme, des oiseaux colorés et des orchidées partout. On l’appellerait Kusadasi, l’île aux oiseaux en turc. Cette communauté, d’un concept nouveau, préparerait le 22e siècle puisque le 21e est déjà fini. Climat méditerranéen, hivers ensoleillés, vent, langues incompréhensibles autant qu’il est possible, communication par gestes, ça suffirait pour mon humanité. Pour compenser cette nauséabonde littérature que je me suis infligée afin de ne pas oublier mon passage sur cette terre autrefois goethéenne, voici aussi pour racheter ces barbares, un beau poème d’Hölderlin (fou bien sûr selon le goût des Boches qui lui préfèrent Kant) – écrit au printemps 1801 dans ce qui était encore le Sacrum romanum Imperium Nationis germanicæ. Il s’appelle : Chanté au pied des Alpes.

«Être seul avec les puissances du ciel, et

»Passe la lumière, passe le torrent, passe le vent, et

»Le temps s’élance vers son terme – être là, de pied ferme,

»Je ne connais pas plus grand bonheur, je ne

»Souhaite rien de plus, tant que

»Tel le saule arraché à la rive,

»Le flot du temps ne m’emportera pas avec lui

»De force. Alors, blotti dans son sein,

»Je dormirai.»

Marc Gébelin

Notes

(1) “Sacré” en allemand.

(2) Ils se sont bien sûr calmés entre temps et ne revendiquent plus du Lebensraum comme autrefois. Aujourd’hui c’est le “Maschinenraum” qui compte. Occuper d’autres pays ? Vous n’y pensez pas, le “made in Deutschland” s’en charge grâce au dumping salarial et à la discipline teutonne qui fait accepter des “ein Eurojobs”, des Jobs à un euro de l’heure !... Vive le rouge Schröder et le noir Merkel ! Le jaune est orphelin depuis le départ de Benoit 16.