De l'eau dans son vin

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De l'eau dans son vin


8 août 2002 — Décidément, cette rubrique sur l'actualité tend à devenir la chronique des infinies et complexes préparations d'une guerre annoncée et dont nul ne sait précisément si elle aura lieu, bien qu'il soit d'ores et déjà décidé, paraît-il, qu'elle aura lieu. “Drôle de guerre”, plus que jamais.

Plus que jamais, certes : hier, le 7 août, toutes les nouvelles concernaient une aggravation de la résolution US de lancer la guerre, avec l'annonce que les militaires US avaient finalement accepté d'envisager une attaque avec des effectifs réduits, selon les instructions du pouvoir civil. Aujourd'hui, la tendance est plutôt au contraire. GW fait un discours qui n'est rien d'autre qu'une bonne rasade d'eau claire dans son vin. Comme l'écrit The Times « Bush softens rhetoric ».


« Mr Bush said that Saddam posed “real threats, and we owe it to our children to deal with these threats”. But he continued: “I promise you that I will be patient, and deliberate, that we will continue to consult with Congress, and of course we’ll consult with our friends and allies. We’ll discuss these threats in real terms.

» “I will explore all options and all tools at my disposal: diplomacy, international pressure, perhaps the military. But it’s important for my fellow citizens to know that as we see threats evolving we will deal with them. We must deal with them.” »


Il y a deux points tout à fait intéressants/assez amusants dans ces déclarations :

• Celui où GW nous dit : « We’ll discuss these threats in real terms. » Cette phrase indique bien combien la critique des intentions américaines porte sur la réalité de la situation envisagée. C'est un aspect général qui ne cesse de se répandre : le constat que les Américains vivent dans un monde à part, à eux, rien à voir avec la réalité, et que leur évaluation de la menace irakienne en est complètement imprégnée.

• Celui où ce seul mot, perhaps, doit nous arrêter («  I will explore all options and all tools at my disposal: diplomacy, international pressure, perhaps the military »). Mot étonnant pour une administration qui n'envisage jusqu'ici dans ses plans, dans ses objectifs, dans sa conception du monde, que le seul moyen militaire. Signe, là encore, de la force des pressions de tous les côtés (y compris, comme le mentionne The Times significativement, de la part du général Myers, président du JCS).

Quelle conclusion tirer ? Aucune. C'est une péripétie de plus dans une période folle. Demain ou après, nous aurons un autre tournant, dans l'autre sens. Les neo-cons veillent, et GW est à la fois patient (Dieu sait s'il le répète) et avec l'entêtement des simples. Cela dit, nous avons, au moins, la démonstration qu'à Washington, même chez les hyper-hawks de cette administration (Cheney aussi a fait lui aussi un discours plus conciliant, même tonalité que celui de GW), on est sensible aux pressions extérieures. Cela ne fait que compliquer le jeu et en rendre l'issue encore plus impénétrable.