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27 octobre 2002 — GW a encore essuyé une rebuffade aimable de son ami, le président mexicain Fox. Les deux hommes se rencontraient hier, 26 octobre, à Cambo San Lucas, au Mexique, au sommet économique du Pacifique. Lors de la rencontre, on devait parler des questions d'émigration (mexicaine) mais aussi de l'Irak (le Mexique est membre temporaire du Conseil de Sécurité, un des 10 pays sur les 15 qui siègent pour un mandat de 6 mois et ne disposent pas d'un droit de veto.)
Le Mexique a signalé depuis longtemps son opposition à une guerre en Irak. Ces derniers jours, les Américains commençaient à clamer qu'on ne devait plus douter du ralliement de Fox à la position américaine, sous la pression de GW Bush lors de leur rencontre du 26 octobre. Un article du Washington Post, le 24 octobre, signalait la chose en donnant quelques détails.
« For now, the administration believes it has firm support from Britain — a permanent member — as well as Bulgaria, Singapore, Norway and Colombia. John D. Negroponte, the U.S. ambassador, assured diplomats he is confident that Secretary of State Colin L. Powell and Bush will persuade Mexican President Vicente Fox at a Pacific economic meeting at Los Cabos, Mexico, this weekend to formally endorse the measure, diplomatic sources said. »
La rencontre du 26 octobre est un échec si l'on s'en rapporte à ces proclamations semi-officielles des Américains. Cette circonstance confirme un peu plus la position d'indépendance du Mexique par rapport aux États-Unis, position effectivement déjà manifestée à plusieurs occasions. Après la rencontre, le président Fox a fait sentir avec diplomatie que le Mexique ne soutenait pas la position américaine, évoquant son espoir qu'une « résolution forte » permettrait aux inspecteurs de revenir en Irak et de faire leur travail, — ce qui n'est pas précisément ce que veulent les Américains.
» “We did talk about world peace and Iraq,” Bush said during their news conference, noting that Mexico is a member of the U.N. Security Council. “We discussed how to keep the world peaceful, how to hold people to account, how to make sure the United Nations is effective.”
» Fox said he stressed his hopes the United Nations could resolve the impasse, but gave no indication he would yield to Bush's demand for a resolution with “consequences.” “We are listening and talking and we want to search for and do everything possible for a strong resolution, a resolution that will result in the prompt return of inspectors, that Iraq complies with the existing agreements with the United Nations,” Fox said. »
Cet épisode se place dans une situation générale qui montre pour l'instant l'incapacité des États-Unis de forcer à un soutien à sa résolution, malgré que ce texte représente déjà un certain nombre de concessions américaines par rapport aux exigences de la résistance anti-US qui s'est constituée autour de la France. Dans cette nouvelle coalition qui s'est formée au Conseil de Sécurité, le Mexique tient une place importante, comme on l'avait déjà signalé.
Fox avait développé une analyse de la position mexicaine dans une interview à l'agence Bloomberg publié le 25 octobre, avant sa rencontre avec le président américain.
« President Vicente Fox said he may oppose the U.S.-sponsored United Nations resolution seeking unrestricted arms inspections in Iraq. Fox said he shares the concerns of Russia and France over language in the text they say would allow the U.S. to automatically attack Iraq if it believes Saddam Hussein's government is hindering inspections. The U.S., seeking to build support, has expanded talks to include the UN Security Council's 10 elected members such as Mexico.
» “We are inclined and in a way sympathetic with the position of France,” Fox said in an interview before a meeting of Asia Pacific leaders on the west coast of Mexico. “We are still in the process of deciding.” »
A la lumière de ces diverses péripéties, les positions respectives de la France et du Mexique sont d'un très grand intérêt. On ne peut parler de “collusion”, d'alliance ou d'“axe” franco-mexicain. On peut par contre constater les faits ; il s'agit de deux pays puissants dans leurs “catégories” à la fois culturelle et géopolitique, qui se retrouvent très proches dans le jugement du comportement de la puissance dominante des relations internationales. Ces deux pays ont par ailleurs des positions originales et pleines de ressources qu'on connaît, et ils n'hésitent pas à les manifester.
Nous voyons confirmé ici le fait que la France et le Mexique sont, plus que d'autres puissances comme la Russie et la Chine aujourd'hui sans réelle ligne directrice, les deux pays qui, pour des causes différentes mais peut-être complémentaires, sont les mieux à même de peser contre la poussée américaine. Lorsque Fox parle de «
C'est un point important de l'actuelle bataille de l'ONU, cette similitude constatée entre les positions françaises et mexicaines. Ce n'est pas non plus un hasard, chacun de ces deux pays ayant, chacun à sa façon, la position la plus indépendante vis-à-vis des États-Unis de toute la communauté internationale. Enfin, on peut faire l'hypothèque que cette proximité pourrait être cultivée dans l'avenir, quelle que soit par ailleurs l'issue de la bataille onusienne.