De retour, BAE et son scandale

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BAE (pour British Aerospace) Le conglomérat géant britannique de la production d’armement, est à nouveau en lice pour une bataille contre le Serious Fraud Office (SFO), l’organisme public britannique chargé de réprimer notamment les actes de corruption. Le SFO avait laissé un délai jusqu’au 30 septembre à BAE pour une transaction, portant sur le paiement d’une amende de £500 millions par BAE, concernant des affaires de fraudes dans plusieurs affaires de ventes de systèmes, notamment en Afrique du Sud, en Roumanie, en Tchéquie et au Zimbabwe. BAE a refusé. Le SFO se tourne vers le ministère de la justice britannique pour obtenir l'autorisation d'ouvrir une instruction à charge contre BAE.

La grande différence, semble-t-il, avec le scandale épique de décembre 2006, qui portait sur les liens de BAE avec l’Arabie Saoudite au travers des énormes contrats Yamamah, c’est, selon le Times de ce 2 octobre 2009, la volonté de Gordon Brown de ne pas se porter à la défense de BAE, contrairement à ce que fit Tony Blair en décembre 2006.

«Gordon Brown is ready to leave Britain’s biggest defence manufacturer, BAE Systems, to the mercy of the courts over allegations that it paid millions of pounds in bribes to win contracts, The Times has learnt. Senior Downing Street sources said last night that he was adopting a “strictly hands-off approach” to the case. It is understood that a plea from BAE for the Prime Minister to intervene — as Tony Blair did three years ago in helping to halt a previous investigation — has already been “firmly rebuffed” by officials.

»Yesterday an ultimatum issued by the Serious Fraud Office (SFO) for the arms giant to accept an out-of-court settlement expired. Instead, the agency charged with stamping out corruption by British business vowed to pursue claims that BAE paid out millions of pounds for lucrative defence contracts in Tanzania, the Czech Republic, South Africa and Romania. […]

»The position of Baroness Scotland, the current Attorney-General, has been weakened after she was fined for hiring an illegal immigrant as a housekeeper. Mr Brown has had to resist intense pressure for her to be sacked. A spokesman, however, made it clear that any decision on prosecuting BAE would be hers alone to take. “She will assess whether there is sufficient evidence for a prosecution and whether it is in the public interest to do so,” he said. “It is a constitutional principle that when taking a decision on whether to consent to a prosecution the Attorney-General acts independently of government.”

»Downing Street is also making plain that no behind-the scenes help will be offered to BAE. “Gordon Brown is a different Prime Minister and even if we wanted to get involved, we don’t believe this case carries national security implications,” an aide said.

»In 2006, the Saudis — who had been deeply embarrassed at the prospect of the scandal embroiling members of its royal family — threatened to withdraw intelligence co-operation and cancel multibillion-pound contracts for military aircraft unless the SFO backed off. “Such considerations,” said a Whitehall source yesterday, “do not apply to countries like Tanzania.”»

Cette différence d’attitude entre Brown et Blair est bien le fait essentiel de l’affaire, vue du côté britannique et gouvernemental. Vue du côté américano-britannique et de BAE, un autre point est important: pourquoi BAE n’a-t-il pas accepté le compromis offert par le SFO de transiger avec le paiement d’une amende de £500 millions? Cela aurait permis d’éviter l’éventuelle exposition publique de l’éventuel (des éventuels) scandale(s), qui accompagne inévitablement toute affaire de ce genre, particulièrement dans le cas déjà célèbre de BAE. Une telle publicité vaut largement plus que les £500 millions, si on peut l’éviter. Les esprits simples, trop simples en l’occurrence, répondraient simplement que BAE ne se juge pas coupable.

Les esprits simples mais un peu informés estiment plutôt que BAE est engagé dans une bataille à mort, qu’il ne pouvait accepter un marché du SFO qui eût impliqué qu’il reconnaissait sa culpabilité parce qu’il est sous le regard attentif d’un surveillant particulièrement teigneux et qui n’attend qu’une occasion de le faire tomber sous une loi interdisant les contrats avec le département de la défense US si l’on s’est montré coupable de faits de corruption. Il s’agit du département de la justice US, qui mène depuis des années, depuis le début 2007 sans aucun doute, une lutte acharné sur ce terrain contre BAE. La chose est fondamentale pour BAE puisque le conglomérat n’est plus britannique que de nom, qu’il est plutôt américano-britannique, et même plus américaniste que britannique. BAE s’est tourné vers les USA depuis plusieurs années et est devenu un des contractants principaux du Pentagone, mais cela au prix d’une “américanisation” fondamentale.

Cette attitude de BAE dans l’affaire présente est effectivement présentée sous cette lumière par Carl Mortished, le commentateur du Times pour les questions des grandes compagnies commerciales dans le monde, ce 1er octobre 2009. Cette thèse implique que BAE va être obligé de se battre contre le SFO jusqu’au bout, pour éviter à tout prix une reconnaissance officielle de la moindre culpabilité. Cela implique éventuellement une énorme publicité de communication, particulièrement désagréables aux oreilles américanistes, en la circonstance fort vertueuses. La position est, pour BAE, fort délicate. Pour le Royaume-Uni et ses relations avec les USA, l'affaire, selon la dimension qu'elle prendra, peut également avoir des conséquences dans le domaines des armements et éventuellement dans le domaine politique.

«So much mud, so much opprobrium, so many newspaper articles and documentary films about venal Saudi princes and slush funds run from the office of a seedy travel agent. BAE must be mad, you might think, not to settle, pay the fine, turn the page. […]

»The reason why BAE is yet again hunkering down, denying, fighting, is to be found in a brief report that emerged yesterday during the rumpus over the threatened Serious Fraud Office prosecution. The contract is tiny, irrelevant — it is the client that is key. As far as BAE is concerned, the Pentagon is its most valued customer, its paymaster, its future.

»Britain is bust, the MoD budget is going nowhere except down and America still has the biggest defence programme in the world, worth $622 billion last year, almost ten times the UK's budget. BAE had its fingers on $8 billion of the Pentagon's cash mountain last year; the British arms dealer ranks sixth among US defence contractors, the only significant foreign firm, the only one trusted enough to get juicy, sensitive projects.

»It is not entirely bluster, when BAE threatens the British Government that unless it is treated better it might move its headquarters to the US. But a conviction for bribery could ruin everything for BAE because the US Department of Justice (DoJ) is on the warpath against cheating, bribing foreigners. There is a statute called the Foreign Corrupt Practices Act and the DoJ is extending its writ wider by the day…»


Mis en ligne le 2 octobre 2009 à 07H16