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1345D’un côté, il y a des gens “très rationnels” (selon Dagan et Gantz). Ils sont à Téhéran et ils dirigent l’Iran. De l’autre côté, il y a des gens dirigés par une vision messianique, donc pas vraiment “rationnels” du tout, sinon, même, affectés d’une psychologie gravement dérangée. Ils sont à Tel Aviv, selon Yuval Diskin, l’ancien chef du Shin Bet (contre-espionnage israélien) jusqu’à l’automne dernier. Ainsi atteignons-nous à la “vérité pathologique” du conflit actuellement réduit à l’invective de communication, entre Israéliens et Iraniens ; caricaturalement, on pourrait dire qu’il s’agit d’une sorte de “renversement des fous”...
Donc, deux fameux “négationnistes” de la menace iranienne ont déjà affirmé que la direction iranienne est “rationnelle”, ce qui exclut une intentionnalité folle d’attaquer Israël si l’Iran venait posséder la bombe. (C’est effectivement, cette folie d’une attaque type-Holocauste, le fondement de communication, basé au départ sur une traduction complètement faussaire d’un discours du président iranien, de l’idée remuée depuis des années, jusqu’à la nausée, d’une attaque de l’Iran.) Il s’agit de Meir Dagan (le 10 mars 2012) et du général Gantz (le 25 avril 2012). Le même Gantz parlait d’ailleurs de l’“hystérie” de la direction Netanyahou-Barak lorsqu’il s’agit de l’Iran, ce qui amorçait l’aspect le plus important de la critique de Diskin (cette intervention de Diskin, dans Haaretz, le 28 avril 2012).
Nous avions signalé in extremis, dans notre Notes d’analyse du même 28 avril 2012, l’intervention de Diskin qui fait grand bruit. Haaretz la rapportait dans ces termes : «Former Shin Bet chief Yuval Diskin expressed harsh criticism of Prime Minister Benjamin Netanyahu and Defense Minister Ehud Barak on Friday in a meeting with residents of the city of Kfar Sava, saying the pair is not worthy of leading the country.
»“My major problem is that I have no faith in the current leadership, which must lead us in an event on the scale of war with Iran or a regional war,” Diskin told the ‘Majdi Forum,’ a group of local residents that meets to discuss political issues. “I don't believe in either the prime minister or the defense minister. I don't believe in a leadership that makes decisions based on messianic feelings,” he added. Diskin deemed Barak and Netanyahu “two messianics – the one from Akirov or the Assuta project and the other from Gaza Street or Caesarea,” he said, referring to the two politicians' places of residence.
»“Believe me, I have observed them from up close... They are not people who I, on a personal level, trust to lead Israel to an event on that scale and carry it off. These are not people who I would want to have holding the wheel in such an event,” Diskin said. “They are misleading the public on the Iran issue. They tell the public that if Israel acts, Iran won't have a nuclear bomb. This is misleading. Actually, many experts say that an Israeli attack would accelerate the Iranian nuclear race,” said the former security chief.»
Pour la première fois, d’une façon directe, il y a une réaction immédiate de la direction israélienne, qui est plutôt plaintive et impuissante. Diskin est dénoncé personnellement, mais c’est le flot de critiques venues de personnalités éminentes de la direction “technique” de la sécurité nationale israélienne qui est implicitement visé. Enfin, la mise en cause de l’équilibre psychologique des dirigeants israéliens est durement ressentie. PressTV.com s’empresse de se faire l’écho de cette réaction aux propos de Diskin, ce 29 avril 2012.
«Zvi Hauser, the Israeli cabinet secretary, said on Sunday that Diskin's comments were destructive. “The Prime Minister works night and day to form an international front for the struggle against Iran. This struggle is Israel's main struggle today, and unfortunately there are those that with unfortunate statements, irresponsible statements, are breaking apart this front and weakening it, and that's a shame,” he said.»
Le même PressTV.com rapporte (le 29 avril 2012) la réaction du chef du parti d’opposition Kadima, l’ancien ministre de la défense Shaul Mofaz. Il s’agit d’un soutien complet à l’intervention de Diskin, ce qui ne peut surprendre si l’on a à l’esprit une récente (30 mars 2012) intervention du même Mofaz qui accusait la direction Netanyahou-Barak de dissimuler la crise intérieure profonde d’Israël par leurs projets d’attaque contre l’Iran :
«Speaking to Israel’s Army Radio on Saturday, the chairman of the Kadima party backed the remarks made by Yuval Diskin, former director of Shin Bet, Israel's domestic security service, about Israel’s Prime Minister Benjamin Netanyahu and Defense Minister Ehud Barak, saying, “To me, Diskin’s words are a warning sign to be taken seriously,” Ha’aretz reported. [...] [Mofaz] said that he agreed with Diskin’s assertion that the current regime was using the alleged Iranian threat to distract Israelis from other pressing issues, adding that “the threat that Israel will become a bi-national state is far more serious than the Iranian nuclear issue.”»
Comme nous l’observions (28 avril 2012), la “dissidence” des “négationnistes” de l’inéluctabilité de la menace iranienne est en train de prendre l’allure d’une crise interne majeure en Israël, d’une “guerre civile” au sein de la direction de sécurité nationale du pays. Il s’agit bien d’un élément concourant au renforcement de la nébuleuse des crises de la région en crise haute.
Les deux aspects essentiels de la crise sont désormais explicitement et spectaculairement réunis : d’une part, il y a indiscutablement la crise psychologique, sous forme de pathologie, dont on trouve partout les traces dans les directions du bloc BAO, et qui est particulièrement prononcée en Israël, chez les Netanyahou-Barak. D’autre part, en Israël mais aussi comme dans la plupart des pays du même bloc BAO, les hystéries messianiques de politique extérieure belliciste apparaissant objectivement (tout en y voyant plus un signe de pathologie que de machiavélisme) comme un écran de fumée de dissimulation et une “fuite en avant” à la fois, par rapport aux crises intérieures de tous ces pays. Ces crises intérieures sont elles-mêmes les échos nationaux de la grande crise d’effondrement du Système, et toutes ces directions psychologiquement dérangées sont totalement incapables, non seulement d’y faire face, mais seulement d’en admettre la vérité et le fondement. Cette négation-là est d’ailleurs à la fois l’un des traits majeurs de leur pathologie et un facteur sans cesse aggravant de cette pathologie.
Mis en ligne le 30 avril 2012 à 06H14