Un commentaire est associé à cet article. Vous pouvez le consulter et réagir à votre tour.
1164Un qui avait bien pesé la misère du puissant de ce monde c'est Juvénal. S’adressant à Hannibal, il écrit dans sa dixième satire :
« Va insensé, cours à travers les Alpes escarpées, pour finalement amuser des écoliers et devenir un sujet de déclamation. »
Or là est le problème : pourquoi ne célèbre-t-on que ceux qui font la guerre, les Hitler, Napoléon et Gengis Khan ?
Evoquons le cas de l’hyperpuissance dont Oliver Stone nous a rappelé qu’elle a livré comme deux-cents guerres au vingtième siècle ; et évoquons aussi le film Les hommes d’influence qui montre comment l’on doit créer des guerres de diversion pour amuser la galerie ou remonter dans les sondages.
Je l’ai déjà maintes fois cité et j’y reviens encore : le grand historien américain Ralph Raico a rappelé dans un petit livre le lien entre « les grandes guerres et les grands leaders ». Il ressort de ce livre que depuis Lincoln les présidents américains ne s’imposent ou ne deviennent des stars que grâce aux guerres. On eut ainsi la Guerre de Sécession (qui fut aussi une guerre d’invasion et d’extermination), McKinley et sa guerre d’Espagne, Wilson et sa première guerre mondiale qui brise les empires, crée le communisme et le fascisme en Europe. Après on a le dieu Roosevelt, sans oublier Truman et sa guerre froide qu’il crée pour se faire réélire en 1948. Il fallait inventer un danger d’attaque soviétique, expliqua Lucius Clay ; on créa l’OTAN. La suite en découle, la guerre perpétuelle pour une paix perpétuelle. Le stress est permanent et l’homme le plus puissant, qui est surtout l’homme le plus imbécile et le plus dangereux du monde, a besoin de sa guerre pour être réélu, pour augmenter le poids des dépenses publiques qui va avec (le beurre et les canons, financés par les impôts puis la dette) et pour fasciser le pays. L’exemple de Bush et de sa guerre contre le terrorisme qui aboutit à une guerre contre des pays arabes et nos libertés en est une bonne preuve.
La guerre qui se prépare pour détruire l’Europe et la Russie relève de la même liturgie.
Il prit conscience de son sens des valeurs au combat, est-il dit du barbare Conan tourné dans la bonne ville d’Almeria et dans la cité enchantée de Cuenca. Le président US aussi prend conscience de son sens des valeurs à la guerre. La presse aide : Alexis Brézet, journaliste au Figaro, le « croyait fou (Trump) » avant qu’il ne bombarde sans aucun respect du droit international et sans aucune preuve aussi la Syrie. Comme Wilson en 1916 et Roosevelt en 1940, Trump s’est fait élire en promettant la paix à ses électeurs et aux pacifistes. Comme Wilson et comme Roosevelt Trump a menti.
Il ne faut pas trop culpabiliser car nous aurions eu la guerre avec l’une comme avec l’autre. Hillary aussi n’était pas née de la dernière pluie de bombes et de météorites. Quant à savoir si nous aurions eu avec l’une – et pas avec l’autre – la guerre nucléaire qui nous pend au nez avec le messianisme dégénéré des américains, c’est une autre question.
Je laisse conclure Céline via le livre que je lui ai consacré :
« Je n'ai voulu qu'empêcher la guerre. Je ne recommencerai pas. Ils pourront la prochaine fois comme ils sont en train de s'y préparer, s'assassiner jusqu'au dernier homme. Je les assure d'avance de mon parfait silence. »
Car ce sont les pacifistes qui passent pour des salauds et pas les BHL. CQFD.
The costs of war – America’s pyrrhic victories, edited by John V. Denson
Great wars and great leaders, a libertarian rebuttal – Ralph Raico
Perpetual war of perpetual peace – edited by Harry Elmer Barnes
Wall Street, banks and American foreign policy – By Murray Rothbard
The untold story of United States (Oliver Stone)
Wag the dog (written by David Mamet)
Citation de Juvénal en latin : i, demens, et saeuas curre per Alpes ut pueris placeas et declamatio fias. (X, 166-167)
Nicolas Bonnal – Céline, le pacifiste enragé (Kindle, Amazon.fr)
Céline – Lettres de prison, 21 juin 1946.
Forum — Charger les commentaires