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6006• L’implacable logique de l’“art opératoire” de la guerre US a largement pénétré les esprits de nombre d’élites européennes, en commençant par les plus à l’Est (ici les Polonais). • Le fameux “Il faut détruire ce village pour sauver ce village” de la Guerre du Vietnam est d’une exceptionnalité attractivité et vaut à 1 000% pour la guerre en Ukraine. • A propos, WWIII (‘World War III’) correspond beaucoup mieux comme acronyme dynamique et bondissant pour caractériser le but ultime et constructif de la stratégie euro-américaniste.
Hier, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki était en visite à Berlin. Il s’agissait d’une cérémonie officielle (les 50 ans de carrière du politicien allemand Wolfgang Schauble) mais il fut évidemment question de l’Ukraine, puis encore de l’Ukraine, et enfin de l’Ukraine. Morawiecki a évidemment insisté pour que l’Allemagne livre à l’Ukraine des chas lourds, tout comme d’autres pays de l’Alliance devraient, selon les mêmes Polonais, livrer de ces mêmes matériels lourds. doivent livrer des matériels lourds. La Pologne et la Finlande, eux, ont promis à l’Ukraine la livraison de ces chars lourds (allemands) qu’ils ont acquis mais il se trouve que leur décision doit être invalidée par l’Allemagne... Et l’on renchérit sans surprise en observant et en comptabilisant l’extrême, inquiétante et étrange confusion marquant les différents discours des pays soutenant l’Ukraine avec comme seule logique l’hystérie dont les degrés d’intensité divergent.
S’il s’agit effectivement des 110 chars allemands de type ‘Leopard’ faisant effectivement partie de la Bundeswehr, on note ces précisions qui relativisent extraordinairement et étrangement l’urgence de la livraison ; en effet, pour l’essentiel de ce matériel, le délai de mise à niveau est de ... un an, – le temps d’en être à la WWIV :
« L'Allemagne dispose d'environ 110 Leopard qu'elle pourrait potentiellement remettre à l'Ukraine, – dont 88 sont les anciens Leopard 1 ; – mais les rendre aptes au service coûterait des centaines de millions d'euros et prendrait environ un an, a déclaré Armin Papperger, PDG de Rheinmetall, dans une interview ce week-end
.»
Mais au-delà de ces “détails” qui conditionnent tout de même et rendent extrêmement irrationnelle la pression d’urgence (un an pour l’essentiel !) des livraisons d’armes lourdes, – à moins d’entrer directement en guerre qui serait certainement la Troisième Mondiale, – il y a justement ce risque d’entrer en guerre, c’est-à-dire de déclencher la Troisième Guerre mondiale :
« “Aujourd'hui, les Ukrainiens se battent non seulement pour leur liberté, mais aussi pour défendre l'Europe”, a insisté M. Morawiecki. “J'appelle le gouvernement allemand à agir de manière décisive et à livrer tous les types d'armes à l'Ukraine”.
» “La défaite de l'Ukraine peut devenir un prélude à la troisième guerre mondiale, donc aujourd'hui il n'y a aucune raison de bloquer le soutien à Kiev et de reporter les choses indéfiniment”, a-t-il ajouté. »
La logique polonaise est tourbillonnante selon une spirale incontrôlable. D’abord, elle s’appuie sur l’urgence qui nous ferait penser que l’armée ukrainienne est au bord de l’effondrement et que l’armée russe se trouve en plus dans la capacité d’envahir un nombre indéterminé de pays européens, si même elle ne prépare déjà cette intervention.
« “... Le sang ukrainien versé” pour empêcher ce qui, selon lui [Morawiecki], pourrait être une attaque russe contre d'autres pays de l'UE. »
La version officielle, la narrative du simulacre, nous dit depuis onze mois que l’armée russe ne cesse de s’effondrer (il s’agit d’un effondrement du type long, long, très-long, alors que l’effondrement est en général un processus rapide et sans retour) ; tandis que l’armée ukrainienne, elle, vole de victoire en victoire sans nécessité de chars lourds allemands et autres. On voit combien le paysage change selon que l’on se place de ce point de vue ou de cet autre ; la plasticité du jugement tactique et de la stratégie est remarquable.
... Car si l’on en vient au fond du propos, que découvre-t-on ? Il faut livrer des chars lourds (allemands et autres, qu’importe, il nous faut “du lourd”) pour empêcher la Troisième Guerre mondiale puisque, voilà que les Russes l’emporteraient sans les chars allemands venus décisivement renforcer l’Ukraine. Se pourrait-il que les Russes veuillent déclencher la Troisième Guerre mondiale ?
Tandis que, de leur côté, ces mêmes Russes affirment que des livraisons d’armes lourdes enclencheraient justement une logique conduisant à la Troisième Guerre mondiale, car eux-mêmes seraient conduits à riposter à mesure et même au-delà puisqu’ils constateraient que des pays de l’OTAN seraient ainsi entrés en guerre contre eux (ces livraisons-là sont leur “ligne rouge” du moment)... Tout cela, n’oublions pas, malgré leur effondrement chronique qui revient régulièrement et s’exprime même par des victoires (Soledar est interprété par certains experts anglo-saxons comme une fausse victoire et une vraie “victoire à la Pyrrhus” permettant aux Ukrainiens de se regrouper et de contre-attaquer décisivement).
La logique polonaise revient à appliquer à l’Ukraine et à la Guerre Mondiale, générale et expéditive la fameuse doctrine US au Vietnam, lorsqu’il s’agissait de défendre un village contre l’intervention des Vietcongs : “détruire le village pour empêcher les Vietcongs de détruire le village” – façon de le protéger radicalement, en effet. Ici, “déclencher la WWIIII en renforçant les Ukrainiens (sinon en intervenant)” permet d’empêcher la WWIII qui interviendrait du fait de l’armée russe toujours en cours d’effondrement et consécutivement en déroute si l’on ne renforçait pas les Ukrainiens de façon massive jusqu’à ce qu’ils déclenchent la WWIII.
Le premier ministre polonais reste de marbre en énonçant cette logique (on a dit “logique” ?). L’entonnoir est de plus en plus le couvre-chef de ralliement de la classe politique de “l’Ouest collectif”, également bloc-BAO. Bien entendu, face à ceux qui se demandent comment une armée en cours d’effondrement chronique peut déclencher une WWIII, le Polonais répond qu’elle le fera parce qu’elle est aux abois et utilisera son arsenal nucléaire ; il ne nous explique pas, par contre, comment, si elle est en cours d’effondrement, elle menace d’envahir plusieurs pays de l’UE si l’Ukraine n’a pas ses 22 chars ‘Leopard 2’ tout de suite et ses 88 modèle-1 rajeunis d’ici un ans.
Tous ses délais ultra-rapides et très-très longs avec des effondrements qui n’empêchent pas des offensives partout, tout cela on l’avoue, enfièvre le commentaire... De quoi et avec qui parle-t-on en ignorant de quoi il s’agit ? Mieux dite et séduisante, voici une proposition : on ne parle pas, chacun se trouve dans sa folie, en bonne compagnie ert coiffé de son entonnoir... Car que veut-on que le commentateur commente ?!
Les plus grands décideurs et influenceurs des acteurs les plus importants de cette fresque transatlantique devraient se méfier, – ce qui est leur demande beaucoup, – d’abord de douter un peu d’eux-mêmes jusqu’à s’observer eux-mêmes d’un oeil critique, c’est dire ! Dans ce jeu de surenchère de fous, ou plutôt de “dingues” pour être courtois, la valse est conduite, non par les plus forts comme on le croit trop volontiers mais par les plus foldingues. La guerre dite de proxies est en fait d’abord influencée par les proxies eux-mêmes, – les zelenkistes, les Polonais, les Baltes. Les feuilles de route US étaient (à peu près, pas toujours) suivies dans les pays exotiques dont tout le monde, dans le monde civilisé et humaniste, se fiche bien, l’Irak, l’Afghanistan, le Yemen. Mais l’Ukraine, vraiment “au milieu du jeu de quilles”, c’est une toute autre dimension. Les Allemands se font sermonner par les Polonais qui, en plus, leur réclament, par un autre canal, un peu plus de 1 000 $milliards de compensations pour les dommages de la Deuxième Guerre Mondiale.
Aux USA, où les foldingues ont de solides relais (les neocons et autres), on en est à monter des hypothèses de complot contre Biden, via sa collection personnelle de documents ‘Top Secret’, pour envoyer quelques vaillantes unités de l’US Army directement en Ukraine pour régler l’affaire. Tout cela se connecte à Zelenski et aux Polonais qui lorgnent une partie de l’Ukraine. Quand on mélange les composants de cette salade centre-européenne pour voir ce qu’il en sortira, on en arrive vite à la conclusion que pour empêcher la Troisième Guerre mondiale (WWIII), le meilleur moyen est de soi-même déclencher la ‘World War III’ (Troisième Guerre Mondiale).
Qui pourrait mettre en cause une telle logique ? Certainement pas nous, ô misérables commentateurs.
Mis en ligne le &è janvier 2023 à 11H00
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