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5671• L’Iran dit avoir la capacité de disposer et d’identifier la “signature” électronique du F-35. • Autant pour l’ancien JSF, salué depuis sa naissance pour son invisibilité aux radars. • Article de Ilya Tsoukanov, de ‘SputnikNews’.
Nous ne tenterons pas de commenter ou de discuter les affirmations du général de brigade Amir Rastegari, directeur de l'Iran Electronics Industries (IEI), faites à plusieurs journaux locaux et reprises par ‘SputnikNews’. Nous les reprenons comme nous reprendrions des affirmations d’un dirigeant de Lockheed Martin à propos du F-35 (ex-JSF), en accordant sans doute, par expérience, un peu moins de crédit au second.
Pour nous les déclarations de Rastegari se situent dans un contexte de plusieurs années déjà, où il est apparu que l’Iran était devenu un très important découvreur et producteur de technologies militaires avancées, notamment dans le domaine électronique. Plusieurs épisodes l’ont montré sinon prouvé, à commencer par la “capture” d’un drone de surveillance stratégique US RQ-170 en décembre 2011. Cette opération a permis aux Iraniens de partir d’une base technologique opérationnelle solide pour développer leur expertise, notamment et d’abord en fabriquant une copie du RQ-170 (en plus d’une maquette en plastique pour la CIA). Depuis, divers épisodes, particulièrement ces dernière années, ont montré l’avancement de leur maîtrise technologique, surtout dans le domaine de l’électronique :
• La destruction d’un drone US ‘Global Hawk’ RQ-4C au terme d’une course épique pour choisir un objectif mesuré au paroxysme d’une crise extrêmement délicate avec les USA qui risquait de dégénérer en conflit ouvert. Cela se passait à l’été 2019 et les événements montrèrent l’aisance de l’Iran dans sa capacité de détruire un drone de très haute performance.
• Des tirs de missiles sol-sol sur des bases US en Irak en riposte à l’assassinat par les USA du général Soleimani, au début de janvier 2020. La précision et l’efficacité de ces tirs, ainsi que la maîtrise des Iraniens, conduisirent à une évaluation globale extrêmement élevée des capacités iraniennes.
• La maîtrise et les capacités des drones iraniens sont aujourd’hui largement connues, au point que l’argument selon lesquels les Russes se sont équipés de certaines catégories de drones iraniens pour leurs opération en Ukraine a été très largement répandu et accepté comme parfaitement fondé.
... Tout cela nous conduisant donc à accueillir les déclarations de Rastegari avec un intérêt certain et le plus sérieusement du monde. Il devient alors très intéressant de voir développer l’argument selon lequel les Iraniens ont la capacité d’identifier individuellement les appareils ennemis, par leur “signature” électronique, un peu comme les sous-mariniers aux oreilles exceptionnelles identifient par le biais de sonars les sous-marins étrangers par leurs “bruits” divers et complètement spécifiques pour chaque sous-marin, qu’ils émettent en navigation de plongée. Rastegari insiste sur le F-35, parce que cet l’avion est la super-vedette unijambiste qu’on sait dans le monde de l’aviation militaire, – cela pour la communication d’influence, – et aussi parce que cet avion est une usine à électroniques multiples et dans tous les sens.
La remarque de simple bon sens qui nous vient à l’esprit se décline en plusieurs constats et affirmations dont les bonimenteurs américanistes ne se privent pas depuis trois décennies (le programme JSF a été lancé, – bon anniversaire ! – en 1993) :
• Le F-35/JSF est un avion “invisible”, c’est-à-dire ‘stealth’ (‘furtif‘), c’est-à-dire indétectable au radar... C’est la base initiale de la narrative qui soutient le simulacre qu’est cet avion.
• Cette furtivité est notamment obtenue par des spécificités de forme, de matériaux et d’électronique. Ce dernier point (l’électronique contribuant à la furtivité de l’avion) est évidemment celui qui nous intéresse le plus.
• Ainsi l’avion “invisible” au radar le serait tellement peu que les Iraniens parviendraient à détailler ses émissions électroniques diverses permettant d’identifier spécifiquement chaque exemplaire de l’avion. (Ils ont bien entendu à l’esprit, d’abord les 35 F-35 dont dispose Israël depuis 2017-2018, et dont ce pays, – pourtant d’habitude si prompt à étrenner opérationnellement ses nouveaux systèmes, – fait un usage prudent, sinon discret, sinon quasiment furtif, – en un sens, du “pas vu, pas pris”, sauf si les Iraniens ont la “signature électronique” de la chose.)
• Il s’agit donc d’une déconstructuration de l’avion, dont la “suite” électronique constitue une masse considérable de mouvements de cette sorte. Déconstruire l’électronique du F-35, c’est quasiment déconstructurer l’avion lui-même.
On tirera de tout cela les conclusions que l’on veut, en allant tout de même au meilleur du bon sens et avec à l’esprit les incroyables péripéties et les catastrophiques maturations du terrible programme JSF, – sans doute la démonstration la plus globale, et globalisante, des limites catastrophiques du technologisme et de la surpuissance du système de l’américanisme. Les ayatollahs sont pleins de surprises.
L’article ci-dessous a donc été publié dans ‘SputnikNews’ le 27 avril 2023, et il est signé Ilya Tsoukanov.
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Accablée par des décennies de restrictions occidentales sur les importations d'armes dans le sillage de la révolution de 1979, la République islamique a créé un puissant secteur de défense interne, allant des radars et des systèmes de missiles aux satellites et à l'électronique de défense.
Les ingénieurs iraniens ont créé des technologies capables de détecter les “empreintes digitales” des équipements ennemis, notamment la signature radar identifiant les avions de chasse Lockheed Martin F-35, a révélé le général de brigade Amir Rastegari, chef de l'Iran Electronics Industries (IEI).
“Nous avons les empreintes digitales des équipements électroniques de l'ennemi. Tout comme les empreintes digitales sont propres aux êtres humains, c'est également le cas pour les systèmes électromagnétiques, et nous avons acquis la technologie [pour les détecter] depuis plusieurs années”, a déclaré le responsable lors d'une interview avec les médias locaux.
“Par exemple, si le radar d'un chasseur F-35 commence ses opérations et sa surveillance, il émet des ondes radar différentes de celles d'un autre F-35. Aujourd'hui, nous sommes capables de les reconnaître, c'est-à-dire de recevoir et d'analyser les signaux de télécommunication, radio et magnétiques et de trouver l'avion de guerre auquel ils appartiennent. Si le même avion de combat commence à opérer plus tard, nous le découvrirons immédiatement”, a expliqué M. Rastegari.
Cette capacité à surveiller “toutes les dimensions” des ondes électromagnétiques projetées par les avions ennemis permet à l'Iran de planifier ses opérations défensives en conséquence.
L'Iran a également acquis la capacité de bombarder d'ondes radio les radars et les systèmes de communication des avions ennemis afin de perturber leurs opérations, et a testé avec succès ses systèmes contre des adversaires réels, a ajouté M. Rastegari.
“Il y a quelque temps, un avion ennemi s'est approché de notre espace aérien et a commencé à émettre des ondes radar pour collecter des informations. Nous avons brouillé cet appareil, mais le pilote ennemi a pensé que son système fonctionnait mal et a appelé la base en disant ‘mes systèmes ont rencontré un problème, je vais revenir’. Nous avons des enregistrements de cet échange. Le lendemain, deux autres avions ennemis se sont approchés... Cette fois, nous les avons brouillés tous les deux ensemble”, a indiqué le responsable. “Dès que nous avons commencé, les deux avions se sont rendu compte que nos systèmes au sol les brouillaient, et ils ont donc signalé par radio à la base qu'un ‘brouilleur était en action ici et que nous ne pouvions plus opérer’. Cette capacité existe aujourd'hui dans nos forces armées. Nous pouvons perturber [l'ennemi] si nous voyons une menace à plusieurs centaines de kilomètres de distance”.
Rastegari, vétéran des escarmouches féroces entre les forces iraniennes et américaines opérant dans le golfe Persique pendant la guerre Iran-Irak, a rappelé qu'en tant que jeune officier à bord d'un navire de guerre iranien engagé face à la puissante 5e flotte américaine, il a dû observer “avec amertume” comment l'armée iranienne a été contrainte d’utiliser des canons de DCA datant de la Seconde Guerre mondiale pour engager les avions à réaction américains A-6 Intruder, permettant ainsi aux avions américains d'agir en toute impunité.
“Ce n'est plus le cas aujourd'hui”, a souligné le général Rastegari, évoquant les progrès spectaculaires de la technologie des radars et des missiles qui ont permis aux défenses iraniennes d'abattre en 2019 un drone espion furtif américain Global Hawk qui s'était introduit dans l'espace aérien iranien au-dessus du détroit d'Ormuz d’un seul tir.
Le responsable a qualifié l'ère actuelle de “sixième génération” de guerre, composée de guerres hybrides et axées sur les réseaux d'armes intelligentes, de systèmes d'armes sans pilote et d’intelligence artificielle. Pour conserver une longueur d’avance sur l'ennemi, les radars et les systèmes de guerre électronique iraniens doivent être capables de voir l'ennemi avant qu’il ne voie l’Iran, a-t-il souligné.
L'Iran est déjà engagé dans une “guerre électronique” contre ses adversaires, a fait remarquer M. Rastegari, les ennemis testant régulièrement les défenses de l'espace aérien du pays. Les forces de défense aérienne et frontalière de l'Iran sont également contraintes de mener une bataille constante contre les micro-drones, l'armée utilisant des outils de guerre électronique pour les abattre avant qu'ils n'atteignent leurs cibles.
Iran Electronic Industries (IEI) est une entreprise publique et la plus grande entreprise d’électronique de la République islamique. Ses produits ont fourni à la nation du Moyen-Orient une panoplie d'équipements nationaux allant des radars et de l’électro-optique aux systèmes de guerre électronique et aux télécommunications cryptées, en passant par les satellites, les sonars et les systèmes de guerre en réseau. Le secteur de l’électronique de défense a également partagé une partie de son savoir-faire avec l’économie civile, aidant l’Iran à résoudre les problèmes découlant des sanctions occidentales.