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4190On nous avait appris, notamment dans les religieuses références de notre presseSystème, que le complotisme est une tare plus infâme qu’on ne saurait dire, qui vous apparente aux serial-killerset aux pervers(pédophiles)-sexuels, et que le soi-disant (mépris) “État-profond”, malgré l’emploi qu’en fit par inadvertance notre-Président, est le produit le plus infâmant de cette “tare infâme”. Aux USA, où l’on nomme le DeepState et où le complotisme fleurit sur toutes les tombes des héros des guerres sans fin depuis 2001, l’infâme est encore plus infâme. C’est dire ce qu’on pense du DeepState, qui n’existe que dans les délires d’Alex Jones.
Sauf que...
Cela se passait il y a deux ou trois jours à la Schar School of Policy and Governmentde l’université George Mason, où l’on recevait notamment en conférence John Brennan, ancien directeur de la CIA jusqu’en janvier 2017, et John E. McLaughlin, n°2 de la CIA pour les cinq premières années du siècle, donc durant 9/11, l’invasions de l’Irak et ainsi de suite. Quelle ne fut pas alors la surprise des dieux et des censeurs d’entendre McLaughlin s’écrier « Dieu merci, il y a l’État profond ! » ; et de se féliciter de son existence bel et bien, hors de toutes ces fumisteries conspirationnistes qui voudraient vous convaincre que le DeepState n’existe pas. En effet, de la conférence l’on apprit le plus officiellement du monde :
1). que le DeepState existe ;
2). qu’il s’emploie activement à faire tomber l’actuel président de toutes les manières possibles ;
3). qu’il représente à la fois le patriotisme, la légalité et la légitimité, la vertu et la lumineuse intelligence de l’exceptionnalisme américaniste.
4). qu’il n’est donc plus nécessaire que la presseSystème s’emploie à affirmer que le DeepState est un délire de complotiste, elle se contente de ne rien dire des déclarations de McLaughlin et de Brennan dans le sens qu’on a vu (à peu près comme fit la presseSystème française lorsque le président Macron employa l’expression).
C’est Nebojsa Malic, de RT.com, qui nous rapporte la chose, le 1ernovembre 2019.
« En quelques mois à peine, l'establishment politique américain est passé de la dénégation furieuse de l'existence de l’“État profond” et de sa théorie conspirationniste, à son éloge comme le rempart de la République contre le président Donald Trump.
» “Dieu merci pour le Deep State”, a déclaré l'ancien directeur de la CIA John E. McLaughlin lors d'un événement cette semaine, décrivant les diplomates et les agents de renseignement qui ont témoigné devant l'enquête de destitution du Congrès comme “des personnes qui font leur devoir ou répondent à un appel plus élevé”.
» Faisant l'éloge de l'officier de renseignement “lanceurs d’alerte” dont la plainte au sujet de l'appel téléphonique de Trump a lancé l'enquête de destitution, M. McLaughlin a déclaré que la communauté du renseignement est “institutionnellement engagée à faire preuve d'objectivité et à dire la vérité”.
» On pourrait penser que cela pourrait être un peu excessif sinon prétentieux, venant de l'ancien directeur adjoint de la CIA à l'époque du fameux “fiasco des ADM irakiennes”, – et directeur intérimaire pendant un certain temps en 2004, – mais les commentaires de McLaughlin ont été applaudis par l’assistances de la Schar School of Policy and Government de George Mason University[où avait lieu la conférence].
» Il ne fut pas le seul à faire l'éloge de l'état profond. À ses côtés se trouvait John Brennan, le directeur de la CIA sous le président Barack Obama, dont la patte se trouve partout sur le dossier Steele et le montage dit-Russiagate, et qui reçoit maintenant un salaire très-confortable en tant qu’expert en accusation de Trump de trahison [pour les chaînes NBC et MSNBC].
» Brennan a fait valoir que la raison pour laquelle Trump “a une relation litigieuse avec les gens de DeepState... c'est parce que les gens du DeepState disent la vérité”. Il a félicité les agents non élus du renseignement et de la police de continuer à “faire leur travail quoi [que Trump]fasse ou dise”.
» Dans des circonstances normales, ces aveux seraient plutôt bouleversants. Ce n'est pas tous les jours que les anciens patrons de l'appareil du renseignement admettent en fait qu'ils se mêlent de la politique du pays, parce qu'ils estiment avoir une “loyauté plus élevée”, – pour reprendre les termes de l'ancien patron du FBI James Comey, un autre membre de cette joyeuse cabale, – que qu’ils doivent au chef de l’exécutif élu par le peuple américain.
» Pourtant, l’écho en a été, au mieux, furtif, avec un haussement d'épaules silencieux et l’implicite “Circulez, n’y a rien à voir”, de la part des principaux médias de la presseSystème. Ce n'est pas particulièrement surprenant, étant donné le rôle de ces médias dans le Russiagate. Il y a quelques semaines à peine, le New York Times a publié un article d'opinion faisant l'éloge du Deep State, dans le même esprit que Brennan et McLaughlin.
» Lorsque Trump et ses défenseurs ont parlé de l’État profond pendant l'hystérie Russiagate, ils ont été traités comme des fous, des paranoïaques et des illusionnistes. Aujourd'hui, on dit que l'État profond est réel, qu'il a toujours été réel et qu'il agit dans le meilleur intérêt de la République américaine, – et si vous n'y croyez pas, c'est vous qui êtes fou, paranoïaque et halluciné. Vous voyez la logique ?
» Quoi que l'on puisse penser de Trump, il est difficile de croire que ceux-là mêmes qui crient le plus fort au sujet de “notre démocratie” élèvent une bureaucratie non élue, des espions et des contre-espions comme arbitres de celle-ci. On a presque l'impression que les responsables de la théorie dela conspiration du Russiagate l'ont utilisée comme un écran de fumée pour leurs propres (méfaits) actes.
... Mais dire cela qui termine le texte de Malic (» On a presque [...] écran de fumée... »), c’est verser dans le complotisme, au contraire désormais de se référer au DeepState.Le renversement est un exemple d’inversion si extravagant que l’expression d’“inversion-bouffe” s’impose.
Le cas décrit ici est beaucoup plus significatif, il est même d’une autre nature de celui de Macron parlant sans élaborer de l’“État profond”, et c’est pourquoi l’on s’y attarde de cette façon critique et même sarcastique. Macron citait l’“État profond” pour dénoncer la résistance de cette chose à certaines décisions de l’autorité politique tandis que les deux disc-jokeysde la conférence de l’université George Mason, à Fairfax, en Virginie, et deux anciens dirigeants de la CIA en plus, font l’apologie du DeepState, CIA en tête, pour son action pour tenter de déstabiliser et de faire tomber le président des États-Unis. Inversion-bouffe, sans aucun doute, où tout le monde acclame cette affirmation de totale illégalité de la part de hauts-fonctionnaires, plaçant au-dessus de l’élu à la plus haute fonction du pays des organisations qui sont constitutionnellement sous son autorité, et exposant avantageusement l’activité de tentative d’un coup d’État contre le président.
D’autant plus inversion-bouffe que ces deux hauts fonctionnaires ont dirigé l’Agence au moment où elle accumulait erreurs sur sottises, et stupidités sur grossièretés, sans compter les crimes et dégâts collatéraux, au moment où elle engageait le pays dans des guerres illégales qui se soldent par des désastres, etc., et d’ailleurs dans cette période où la tentative de coup d’État contre Trump s’est jusqu’ici soldé par une accumulation d’échecs plus minables les uns que les autres ; et ces divers constats et échos au moment (suite-sans-fin,) où la presseSystème ne dit pas un mot de tout cela, et pas un mot non plus de cet aspect-là de l’illégalité stupéfiante de l’intervention des deux clowns, McLaughlin et Brennan. Par conséquent, non seulement l’inversion est inversion pure, mais en plus elle est inversion d’une stupidité qui semble sans limites ni bornes, ni même frontières malgré les migrations tant aimées. Nous sommes bien au royaume des bouffons, et nous sommes donc bien dans cette époque où l’accolement du mot “tragédie” et du mot “bouffe” est absolument justifié, sinon impérative.
On retrouve parfaitement tous les éléments caractérisant cette époque, notamment et particulièrement son satanisme (dont l’inversion est un caractère essentiel) exposé dans toute son imposture et son infamie, qui ne prend même pas la peine de se cacher en aucune façon, mais comme si c’était pour mieux montrer la complète stupidité autodestructrice à laquelle aboutit l’exercice exacerbé de sa surpuissance. La phrase de Guénon, que nous n’avons plus citée depuis pas mal de temps, depuis trop longtemps enfin, cette phrase est plus que jamais actuelle, en insistant sur le fait (c’est bien sûr l’évidence cela va sans dire, alors pourquoi ne pas le dire), – insistant sur ce fait que dans ce cas la signature dit tout, résume tout, expose tout en matière d’essence de la chose ainsi définie : « On dit même que le diable, quand il veut, est fort bon théologien ; il est vrai, pourtant, qu’il ne peut s'empêcher de laisser échapper toujours quelque sottise, qui est comme sa signature... »
L’étrange époque que nous vivons est celle de la sottise enfin autorisée à s’ébattre en toute liberté, sans contrainte ni limite, sans rappel à l’ordre ni consignes, sans “éléments de langage” ni PC de quoi que ce soit, en quelque sorte en toute nudité... Le petit garçon d’Andersen s’écriant “Mais la sottise est nue !”
Mis en ligne le 2 novembre 2019 à 11H22