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1185Dans un article de Russian Profile, une publication de commentaire dépendant de Novosti, l’auteur Graham Stack publie, le 13 juillet 2009, un article présentant un institut US nouvellement installé en Ukraine, l’AIU (American Institute in Ukraine, – qui dispose lui-même de son site). Cet institut se caractérise par un engagement extrêmement marqué, essentiellement contre l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN, et contre toute la logique politique qui l’accompagne. Pour faire court, il s’agit d’un engagement qu’on pourrait définir comme absolument anti-neocon et, plus généralement, opposé à l’un des thèmes centraux pour l’Europe de ce que nous nommons, d'après la proposition de Harlan K. Ullman, “la politique de l’idéologie et de l’instinct”.
L’AIU est présenté comme assez proche du Nixon Center (“aligné mais pas affilé”). A en juger par les interventions que ce site présente et favorise (à partir de conférences sur place ou sous la forme d’articles), notamment celles de Doug Bandow et de Ivan Eland, on pourrait identifier sa tendance politique comme assez proche de celle de la droite US anti-interventionniste, antiguerre, et assez proche notamment de la droite libertarienne. (Bandow et Eland font partie du Cato Institute, institut représentatif de la droite libertarienne US. Ils publient régulièrement sur Antiwar.com.) La logique politique qui sous-tend cette tendance est la recherche d’un allégement des dépenses du gouvernement, et d’un gouvernement réduit. Il est manifeste que la crise financière et économique offre des conditions très favorables à cette approche. Dans cette logique également, les tendances de cette sorte réclament un désengagement US de nombre de ses points d’appui stratégiques et militaires, et notamment d’Europe. Toujours selon cette logique, un activisme hostile à l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN a toute sa place.
Voici quelques observations sur l’AIU, avec des interventions de personnes impliquées.
«Following the Russian-U.S. reset, a new American policy institute has opened in Kiev to dissuade Ukraine from its bid to Join NATO. Its fellows argue that Ukrainian NATO membership would be bad for both the United States and Ukraine. But while their message is in tune with Ukrainian public opinion, they face an up-hill struggle convincing the foreign policy establishment in both countries.
»“Ukraine’s NATO membership is not in Ukraine’s interests. Nor is it in U.S. interests. All that it will create is a nuclear trip wire at the heart of Europe,” argued Anthony Salvia, director of the American Institute in Ukraine (AIU), a non-commercial organization founded this year in Kiev, funded by U.S. citizens. “In Ukraine, U.S. opinion is often represented as being monolithically in favor of Ukraine’s future membership of NATO,” he added. “We’re here in Kiev to show this is definitely not the case.”
»AIU is unique in being an American organization campaigning overseas against NATO expansion. “Other American organizations in Ukraine, many of which are funded by the U.S. government, actively promote Ukraine's entry into NATO at the earliest possible date, despite the fact the majority of Ukraine's population is opposed to NATO accession,” said Salvia, who served in Ronald Reagan’s White House.
»The AIU is aligned, but not affiliated, with the Nixon Center, headed by legendary former U.S. Secretary of State Henry Kissinger, and which publishes the influential journal “National Interest”. In March 2009, the Nixon Center released a review of Russian-U.S. relations arguing that Ukrainian or Georgian NATO membership “could decrease rather than increase Europe’s overall security.” The review called for U.S. policy makers to “work closely with U.S. allies to develop options other than NATO membership to demonstrate a commitment to [Ukrainian and Georgian] sovereignty.”
»“The U.S. should refrain from making promises to Ukraine it cannot honor, but which might embolden Ukraine to provoke a conflict. The Ukrainians should realize that the US will never fight Russia over Ukraine,” argued Doug Bandow, senior analyst at the conservative Cato institute, and a recent AIU guest speaker in Kiev. The August 2008 Georgian war looms in the minds of all those warning against extending NATO deep into the unstable former Soviet Union. “Ukraine must learn to rely on its own resources for securing its sovereignty, and not to trust to U.S. promises,” said Bandow.
»“Ukrainian NATO membership, by ruining relations with Russia, would make Ukraine less secure than it is, not more. And it would also harm U.S. security, by ruining the chances for cooperation with Russia over vital issues such as Afghanistan, North Korea and Iran, all issues that the new administration has said it will prioritize,” agreed Salvia.
»“There are other mechanisms available for strengthening Ukrainian security,” he added. “One is a new European security treaty, similar to that being proposed by Dmitry Medvedev. The other is for European Union membership. The Kremlin is basically open toward Ukraine’s future EU membership, especially if it is an alternative to Ukraine’s NATO membership”.»
L’AIU constate que la population ukrainienne, très largement hostile à l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN, est la principale cible de sa campagne d’information. Au contraire, l’establishment de sécurité nationale ukrainien est totalement replié sur une position anti-russe, et donc favorable à cette entrée dans l’OTAN. C’est un phénomène souvent renouvelé dans ces pays, notamment d’Europe de l’Est, où les directions politiques sont complètement acquises aux influences extérieures, occidentalistes et américanistes.
«“Foreign ministry officials are ideologically anti-Russian and nationalist to the extent that they may not always be able to objectively assess Ukraine’s real national interests,” said Biberman, who has interviewed many top foreign ministry officials. “They believe that Russia is inherently imperialistic and bent on regaining control over Ukraine as a step to rebuilding its empire, and NATO membership is the only way to stop this. Even for a new Ukrainian president, it will be very hard to change their perspective.”
»This means that for AIU, it is work with opinion makers in the media that matters most. “We don’t engage in lobbying, but work exclusively in the public field holding conferences, talks and round table discussions,” said Salvia. “What we are trying to tell Ukrainians is simply that you can be pro-America and pro-European without having to want to join NATO.”»
Il est remarquable, mais pas vraiment étonnant, que l’AIU ait été aussitôt la cible de diverses attaques. Les accusations sont diverses, parfois avec documents à l’appui, – accusations de lobbying, d’influence, de quelque chose qui est identifiée comme “absence d’indépendance”, etc. Par exemple, on peut trouver cette sorte d’informations édifiantes sur le site Ukrainamania en date du 2 juillet 2009
«You’d think that the only Washington spin doctor to promote Yanukovych and his anti-NATO/pro-Kremlin platform would be Paul Manafort. You shouldn’t. Meet the American Institute in Ukraine! In his recent article, Ukrayinska Pravda’s Serhiy Leshchenko exposes this pseudo-independent organization, whose talent did business with Yanukovych as early as in 2003.
»James George Jatras. The American (read: Appeasement) Institute in Ukraine (AIU) lists him as one of his associates, and so does Squire Sanders Public Advocacy, LLC. (Public advocacy...hmmm...sounds so much sweeter than lobbying, doesn’t it?)…»
…Et ainsi de suite, et fascinant en vérité. Il s’agit d’une description des manigances comme les néoconservateurs nous ont appris à fréquenter pendant huit pleines et bonnes années. Il est manifeste que, pour intervenir d’une manière efficace dans l’environnement politique tel qu’il s’est développé ces dernières années, notamment et principalement à l’initiative des néoconservateurs pour la méthode comme pour le fond, il faut effectivement appliquer ces méthodes d’intervention de communication, d’influence, de relations publiques, etc. La chose est hors du domaine du jugement moral puisque ce type de fonctionnement est aujourd’hui universel, et qu’il semble que ceux qui l’ont mis en place (où les néoconservateurs ont eux-mêmes une place considérable) ont toujours conditionné leur vertu à leur buts politiques bien plus qu’à ces méthodes. Par conséquent, pour juger de la vertu de la chose, jugeons des buts politiques mis en avant. Il est intéressant de voir qu’une institution US agissant en Ukraine plaide effectivement en faveur de l’abandon de l’idée de faire entrer l’Ukraine dans l’OTAN, en faveur de la prise en compte de la proposition Medvedev d’un nouvel arrangement de sécurité européen, recommande au public et au monde politique que les hommes politiques recommandant, dans ces pays de l’Europe de l’Est, l’entrée dans l’OTAN, soient tenus pour responsables de leurs engagements et tenus de s’en expliquer, notamment à propos des conséquences de la politique qu’ils recommandent.
Mis en ligne le 15 juillet 2009 à 06H41
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