Des appréciations américaines sur le futur départ de Tony Blair

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Les Américains commencent à penser au départ de Tony Blair de sa fonction de Premier ministre. Il s’agit effectivement d’un événement annoncé qui déchire d’ores et déjà le parti travailliste, avec Gordon Brown réclamant la succession.

Voici ci-dessous, d’après nos sources internes, les appréciations de deux universitaires américains sur la façon dont sera ressenti ce départ aux Etats-Unis. (On a déjà rencontré sur notre site l’un de ces deux universitaires, Charles Kupchan.)

« Un départ anticipé du Premier ministre britannique Tony Blair, fidèle allié de Washington, pourrait être un nouveau coup dur pour George W. Bush après la mise sur la touche de Silvio Berlusconi en Italie et José Maria Aznar en Espagne, selon des experts. Ces derniers soulignent que les ennuis actuels de M. Blair ne peuvent pas être attribués à son soutien sans faille à la guerre en Irak mais, estiment-ils, cela a indéniablement joué un rôle dans sa disgrâce. Un départ du Premier ministre britannique ''privera Bush de son principal allié en Europe et cela le gênera'', juge Charles Kupchan, un professeur de relations internationales à la Georgetown University de Washington. ''Blair pouvait argumenter en faveur de la guerre et défendre d'autres aspects de la politique américaine d'une façon que Bush ne pouvait pas se permettre pour des raisons de crédibilité'', ajoute Kupchan. Robin Niblett, directeur du programme européen du Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS), estime de son côté que le revers de Blair avait des similitudes avec le récent échec de Berlusconi et celui de José Maria Aznar en 2004. Dans tous les cas, cela montre une défiance de l'opinion envers des gouvernements qui ont soutenu la guerre en Irak, indique Niblett. ''Un grand nombre de ces dirigeants ont eu des moments difficiles et il est clair que leur relation avec Bush ne les a pas du tout aidés'', dit-il à l'AFP.

» Kupchan et Niblett soulignent également que les difficultés qu'ont rencontrées et rencontrent ces hommes politiques européens interviennent alors que les Etats-Unis essaient de renouer des relations fortes avec l'Europe et de former un front uni face à l'Iran. ''Il y a une cruelle ironie dans le calendrier. Au moment où les Etats-Unis ont redécouvert les mérites de l'Europe et la nécessité d'avoir un partenaire stratégique, des pays européens sont englués dans de graves crises politiques'', explique Kupchan, faisant notamment référence au scandale Clearstream en France, à l'issue incertaine des élections italiennes ou à la construction d'un gazoduc germano-russe en mer Baltique critiquée par la Pologne. ''Nous devons actuellement faire face à de nombreux défis: le prix du baril de pétrole, l'Iran (et son programme nucléaire controversé), les difficultés pour arriver à stabiliser l'Irak. Et, dans le même temps, les gouvernements européens sont confrontés à des difficultés au jour le jour'', note M. Kupchan. ''Il est difficile de se souvenir d'une période dans l'Histoire récente ou tous les gouvernements occidentaux, y compris aux Etats-Unis, se sont retrouvés dans une position aussi faible'', dit-il. Niblett souligne que les difficultés actuelles en Europe risquent de perturber les relations transatlantiques à un moment où Bush tente de travailler avec l'Europe sur des questions mondiales. »


Mis en ligne le 11 mai 2006 à 10H51