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830Les milices armées, blanches, furieuses, conservatrices, etc., poussent aux USA “comme des champignons”, selon Mark Potok, du Southern Poverty Law Center qui suit le développement des mouvements extrémistes. (Dans RAW Story, du 16 novembre 2009.)
«In a re-run of the phenomenon seen when President Bill Clinton took office, gun-rights advocates, libertarians, survivalists and others are forming militias as a symbol of their resistance to what they see as an administration that threatens to restrict their right to bear arms and expand government control over the lives of private citizens.
»“The truth is that these groups are popping up like mushrooms after a spring rain,” said Mark Potok of the Southern Poverty Law Center, a social-justice group that has been tracking the rise of militias over the past year. Potok's group put out a report earlier this year raising the alarm about the resurgence of armed militias. Since then, he told CNN, the group has counted about 100 new groups formed across the country. “There really is this terrible fear mixed with fury about the idea that President Obama is somehow leading a socialistic takeover of America,” Potok said.»
Le développement des milices n’est pas vraiment une surprise dans le climat actuel aux USA. Une législation réglementant ou interdisant la vente libre des armes étant impensable dans les circonstances actuelles, ce développement va se poursuivre. Il a évidemment à voir avec le climat économique, la polarisation de la vie politique aux USA et l’élection de Barak Obama, c’est-à-dire d’un Africain-Américain. Il y a donc une dimension raciste nouvelle par rapport aux milices qui proliférèrent dans les années 1990.
«In its report from August, the Southern Poverty Law Center pointed out that the most recent wave of militia groups differs slightly from the wave seen under President Clinton in one respect.
»“A key difference this time is that the federal government — the entity that almost the entire radical right views as its primary enemy — is headed by a black man,” the report states. “That, coupled with high levels of non-white immigration and a decline in the percentage of whites overall in America, has helped to racialize the Patriot movement, which in the past was not primarily motivated by race hate.”»
@PAYANT Surprise? Pas vraiment, le même Potok ayant annoncé, sinon déjà observé, le 20 novembre 2008, un peu plus de deux semaines après l’élection d’Obama saluée comme une immense victoire de l’antiracisme, la recrudescence du racisme aux USA. La chose est en cours sans que nous y prenions trop garde, simplement parce que nous avons pris l’habitude confortable de considérer nos appréciations institutionnelles, conformistes et théoriques, si pas virtualistes, dans tous les cas accordées à notre philosophie postmoderniste et multiculturelle, comme évidemment contraignantes pour la réalité, sinon impératives pour l’organisation de cette réalité. Le soi-disant “antiracisme” manifesté par l’élection de Barak Obama n’a représenté aucune réalité politique durable mais un événement symbolique et complètement momentané, tandis que la réaction à ce symbole au contraire s’est trouvée un thème politique de mobilisation évident et extrêmement “rassembleur”. En bref, ce que nous observions le 20 novembre 2008 en y voyant avec les constats de Potok une évolution inévitable, se vérifie pleinement.
La chose est sérieuse parce que, également à la différence de l’époque Clinton, elle s’accompagne d’une terrible “crise d’identité” de la majorité blanche US, les WASP et assimilés qui se perçoivent de plus en plus comme marginalisés et menacés par les “minorités”, avec la perspective de ne plus constituer la première des communautés US (dépassée par celle des Latinos) dans quelques décennies. Dans ce cas, le racisme n’est pas un simple épisode conjoncturel, mais l’expression, désagréable certes et bien entendu condamnable – nos censeurs vertueux et vigilants s’y emploieront sans nul doute –, d’une réaction structurelle extrêmement profonde et capable de bouleverser très rapidement la situation intérieure des USA, jusqu’à des menaces d’éclatement ou de fractionnement. Bien entendu, cette réapparition massive des milices armées fait craindre que ce bouleversement intérieur possible puisse prendre une tournure violente.
D’une façon générale, on ne peut donc considérer cette nouvelle du retour des milices armées d’un point de vue exotique et marginal, ni même du seul point de vue courroucé de la croisade antiraciste courante, constante et vertueuse. Il s’agit d’un élément, important certes mais un élément seulement, d’une évolution générale vers le populisme d’une fraction importante de la population, cela appuyé sur la plus grave des crises possibles. Le “modèle” US, multiculturel et communautaire, est de plus en plus placé devant la perspective d’une crise déstructurante – cette fois, le qualificatif employé également dans un sens politique et géographique – déstructurante pour la structure même des USA qui est en train de perdre à très grande vitesse les facteurs qui tenaient ce pays plus ou moins bien uni et centralisé depuis 1865. Si l’on place cette crise identitaire du multiculturalisme et du communautarisme dans le cadre de l’hostilité partout présente à l'encontre de l’establishment US, le centre washingtonien, on comprend que tous les facteurs d’une crise très grave sont rassemblés. Bien entendu, ces constats doivent être rapprochés du F&C de ce même 17 novembre 2009.
Mis en ligne le 17 novembre 2009 à 07H40
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