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5866• Alors que les applaudissements extatiques saluant Zelenski résonnent encore, un coup d’œil sur le paysage désolé des capacités d’armement, – disposition et production, – aux USA comme dans les autres pays du Camp du Bien. • On ne cesse de rester stupéfaitdevant ces pays qui sont lancés dans une politique de provocation contre un (des) pays tout de même mieux équipés que l’Irak et l’Afghanistan sans avoir pris ses dispositions au niveau de leurs capacités, au cas où les choses tourneraient mal. • Mais lorsque l’on est du Camp du Bien, tout va bien...
Les observateurs américanistes attentifs ont remarqué un changement sémantique important dans le discours de Poutine lors de sa conférence de presse de mercredi : l’“Opération Militaire Spéciale” est est devenue une “guerre”. Tous les officiels russes ont fait de même : c’est une consigne et même, plus encore, c’est une modification radicale de l’état d’esprit.
« Poutine est connu pour choisir ses mots très, très soigneusement. Mais pour la première fois en public, le président russe a qualifié le conflit en Ukraine de “guerre” plutôt que d’‘opération militaire spéciale”.
» Un lapsus, ou un changement intentionnel de rhétorique ? »
@NadaaBashir, CNN, sur Tweeter.
L’évolution sémantique révolutionnaire a été rapidement mise en évidence (aux USA) et considérée avec la plus grande gravité. C’est le cas de ‘ZeroHedge.com’. Le titre est accompagné du commentaire principal que « C'est peut-être le plus grand signe jusqu'à présent, en plus de 10 mois de combats, que le conflit en Ukraine pourrait durer des années... » A notre avis, cela va sans doute beaucoup plus loin (moins dans la chronologie que dans l’ampleur de l’événement limité ici à l’Ukraine).
« Le président russe Vladimir Poutine a qualifié son “opération militaire spéciale” en Ukraine de "guerre" pour la première fois depuis qu'il a lancé une invasion à grande échelle chez le voisin russe il y a près de 10 mois.
» C'est peut-être le plus grand signe jusqu'à présent, en plus de 10 mois de combats, que le conflit en Ukraine pourrait durer des années...Poutine a déclaré lors d'une conférence de presse télévisée jeudi : “Notre objectif n'est pas de faire évoluer la tournure de cette opération militaire, mais, au contraire, de mettre fin à cette guerre”, ajoutant que “C'est ce à quoi nous nous efforçons’. Ces propos ont été tenus alors que le Kremlin réagit encore au discours prononcé mercredi par M. Zelenski, dans lequel il a pressé les législateurs américains d'autoriser des chars, des avions de guerre et des missiles à plus longue portée, tout en évoquant une future "victoire".
» Le président russe, ainsi que tous ses hauts responsables, y compris les experts des médias d'État, ont jusqu'à présent fait preuve d'une grande prudence dans l'utilisation de la terminologie officielle d'“opération militaire spéciale” pour décrire l'invasion de l'Ukraine qui a débuté le 24 février. »
Dans ce contexte, alors que la visite de Zelenski était censé exalter la dynamique guerrière elle conduit plutôt, et à l’inverse, certaines voix autorisées au Pentagone et des sources venant du même, – premier concerné en cas de conflit, – à rendre publics des comptes particulièrement inquiétants quant à la capacité des USA de faire face à l’aggravation de la situation. Pour le Pentagone, l’événement de la semaine s’est bien plus passé à Moscou, avec le formidable renforcement militaire russe en marche, qu’au Congrès sous les hourrahs des parlementaires à destination de Zelenski.
Un long article du RT.com reprend diverses informations, aux USA et dans les pays de l’OTAN, qui vont toutes dans la même direction d’un état déplorable de faiblesse des capacités militaires des pays du “Collective West”.
« Les combats en Ukraine ont “exposé les failles de la planification stratégique américaine” et “révélé des lacunes importantes” dans la base industrielle militaire des États-Unis et de l'OTAN, a rapporté vendredi le Washington Post. Alors que les forces de Kiev consomment plus de munitions que l'Occident ne peut en produire, le Pentagone cherche à faire face en les entraînant à se battre davantage comme des Américains.
» “Les stocks de nombreuses armes et munitions clés sont presque épuisés, et les délais d'attente pour une nouvelle production de missiles s'étendent sur des mois et, dans certains cas, des années”, note le Washington Post, dans le cadre d'un récit sur la façon dont les États-Unis ont acheminé quelque 20 milliards de dollars d'aide militaire à Kiev rien que cette année. Sur cette somme, seuls 6 milliards de dollars ont été consacrés à de nouveaux contrats d'armement, le reste provenant des stocks du Pentagone.
» Le complexe militaro-industriel américain peut fabriquer environ 14 000 munitions pour les obusiers de 155 mm, a indiqué le Post en citant la secrétaire d'État américaine à l'armée Christine Wormuth, alors que les forces ukrainiennes en utilisent environ 6 000 par jour lors des combats intenses.
» Le complexe militaro-industriel américain est “en assez mauvais état en ce moment”, a déclaré au Post Seth Jones, du centre d'études stratégiques et internationales (CSIS) basé à Washington. “Nous sommes vraiment bas... et nous ne nous battons même pas”, a déclaré Jones, ajoutant que dans les scénarios où les États-Unis affrontent la Chine ou la Russie dans un conflit conventionnel, “nous ne dépassons pas quatre ou cinq jours dans un jeu de guerre avant d'être à court de missiles de précision.” »
La fidélité vassalisée et aveugle des alliés européens étant ce que l’on sait, ces pays ont suivi la route de Washington pour l’armement, d’ailleurs sans s’en douter. En effet, ils ne doutaient pas une seconde de la puissance des USA et n’imaginaient pas que les arsenaux et la base industrielle militaire US fussent dans un état à peu près similaire aux leurs. Tout ce joli monde a vécu et vit dans le même simulacre où le suprémacisme morale et civilisationnelle évidente du “bloc-BAO” sert d’armes absolue devant laquelle le reste du monde ne peut que s’incliner. Il semble que les Russes, en attendant les autres, ne soient pas informés de la chose.
« Les alliés de Washington en Europe sont dans une situation similaire, a rapporté le Wall Street Journal jeudi. Selon Michal Strnad, propriétaire d'un conglomérat tchèque de munitions, l'Ukraine consomme 40 000 cartouches par mois, alors que tous les membres européens de l'OTAN réunis peuvent en produire 300 000 par an.
» “La capacité de production européenne est nettement insuffisante”, a déclaré M. Strnad, ajoutant qu'il faudrait jusqu'à 15 ans pour réapprovisionner les stocks au rythme de production actuel, si le conflit prenait fin demain.
» Moscou a averti à plusieurs reprises les États-Unis et ses alliés que les livraisons d'armes de plus en plus modernes et à longue portée pourraient conduire à une confrontation directe entre la Russie et l'OTAN, et a accusé l'Occident de prolonger le conflit et de causer des morts civiles en Ukraine. »
Ici et là, on propose des “solutions” avec des petits bouts de ficelle et des initiatives du type-Pieds-Nickelés pour tenter de redonner un peu de couleur au paysage désolant de la puissance occidentale réduite aux exclamations moralisatrices et aux mensonges et narrative diverses des simulacres mis en place ces dernières années. De temps en temps vient se glisser une directive européenne qui bloque une de ces initiatives tendant à donner un peu plus de cartouches au biffin standard de la coalition du Camp du Bien.
« Alors que les responsables occidentaux réclament depuis des mois une accélération de la production, une récente législation européenne a bloqué de nombreux investissements dans la fabrication d'armes en la désignant comme “non durable”, selon le Journal [WSJ]. L'Allemagne est en train de financer une usine en Roumanie qui pourrait produire des munitions de calibre OTAN et soviétique pour l'Ukraine.
» Le Pentagone tente de résoudre le problème en formant les troupes ukrainiennes à “se battre davantage comme des Américains” et à utiliser des tactiques différentes, selon le Post.
» “Je pense que si nous pouvons former des formations plus importantes, – compagnies, bataillons, – sur la façon d'employer les feux, de créer des conditions de manœuvre, puis d'être capable de manœuvrer comme vous avez vu [l'armée américaine] manœuvrer sur le champ de bataille, alors je pense que nous sommes dans un endroit différent. Alors vous n'avez pas besoin d'un million de cartouches" d'artillerie, a déclaré un haut responsable américain - qui ne souhaite pas être nommé”. »
On comprend la discrétion du “haut responsable”. Inciter les Ukrainiens à se battre comme les Américains qui ne se battent pas, ou qui prennent des déculottées régulières quand ils se battent à 5 contre 1, cela n’a pas l’apparence d’une panacée. Mais il faut bien répondre quelque chose au journaliste qui consulte sa source... Pour l’instant, nous n’en sommes pas au conflit du plus haut niveau opposant les deux superpuissances bien qu’on ne voit pas ce qui puisse empêcher cette issue du fait des situations respectives ; alors, on continue à faire de la communication pleine de recettes astucieuses selon la bonne vieille recette des incantations .
Le plus remarquable, c’est que rien n’ait été encore tenté, depuis plusieurs années que plane la possibilité d’un tel effort, dans le sens du grands programmes de réarmement (par exemple, comme font les Russes en quelques mois). La dégénérescence total du monde occidental et notamment des USA, dans le domaine de l’initiative coordonnée pour réaliser un but collectif essentiel éclate dans toute sa catastrophique impuissance...
(En deux années, 1941-42, la structure adéquate était mise en place aux USA pour la Guerre Mondiale, à partir d’un tissu industriel jusqu’alors absolument étranger à l’armement...Mais le tissu industriel en tant que tel, existait, lui, au contraire d’aujourd’hui, et Ford pouvait passer de la fabrication d’automobiles à la fabrication massives de bombardiers B-24 ‘Liberator’ en moins d’un an [au sommet de la production, en 1944, Ford fabriquait un B-24 toute les heures]. C’était le progrès.)
Mis en ligne le 24 décembre 2022 à 11H00