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343022 janvier 2024 (16H55) – « We no longer own the news », dit-elle, désolée, et la phrase est plus “signifiante” en anglais qu’en français, – d’où l’absence de traduction que je m’autorise à ce point. Elle, c’est Emma Tucker, éditrice en cheffe (bonne orthografffe féminisstissime ?) du ‘Wall Street Journal’. (WSJ).
Note de PhG-bis : « Exclamation nucléaire de PhG ! “Son nom, ne serait-ce pas, par hasard, Emma Tucker-Carlson ?! Allez, ne venez plus me dire qu’il n’y a pas toute une compagnie de dieux, là-haut sur l’Olympe, au travail pour mettre en évidence, par symbole, jeux de mots et autres matoiseries, l’immensité cosmique-extraordinaire de la connerie par inadvertance et zillions de zilliards des ‘Maîtres-du-Monde’. Lorsqu’on est à Davos et au Forum des Initiés [c’est le cas] et qu’on dit une pareille chose, ma chère Emma, on fait changer son nom !” »
En effet, cette phrase désolée d’Emma renvoie, symboliquement et opérationnellement, notamment au colossal succès de Tucker Carson entré en dissidence et qui amasse une fantastique audience sur tweeterX et TCN (‘Tucker Carlson News’, sachez-le une bonne fois pour toutes). On a donc là une approche très symbolique, quoiqu’appuyée sur des rapports quantitatifs, de l’importante nouvelle que constitue la déclaration de Emma, du WSJ.
Encore plus symbolique, – la traduction de cette phrase. De façon très scolaire et cartésienne, nous traduisions quelque chose comme « Nous ne sommes désormais plus propriétaires des nouvelles » (ou des “informations”, si l’on veut). C’était vraiment beaucoup trop modestes, beaucoup trop franchouillard, beaucoup trop d’un bon sens rationnel. La traduction automatique Google nous a donnés, d’une façon absolument américaniste, ce bijou qui renvoie aussi bien à l’exceptionnalisme américaniste qu’aux ambitions des neocons, dont nous plaçons la déclaration fameuse faite en 2002, et si souvent répétée, en-dessous de la traduction-Google.
« Nous ne sommes plus propriétaires des faits... »
« Nous sommes un empire maintenant et quand nous agissons nous créons notre propre réalité. Et alors que vous étudierez cette réalité, – judicieusement, si vous voulez, – nous agirons de nouveau, créant d’autres nouvelles réalités, que vous pourrez à nouveau étudier, et c’est ainsi que continuerons les choses. Nous sommes [les créateurs] de l’histoire... Et vous, vous tous, il ne vous restera qu’à étudier ce que nous avons [créé]. »
On constate donc que la réunion du ‘World Economic Forum’, qui se déroule dans cette station enneigée de Davos sur les pentes de la ‘Montagne magique’ où Thomas Mann a situé son roman, n’est nullement inutile. L’aveu ainsi entendu est en effet une colossale déclaration de faillite, un dépôt de bilan qui va bouleverser le monde et son Système aux abois. La franchise d’Emma, du WSJ, devrait lui valoir une place chez les Justes et les Vertueux, voire un poste de direction à TweeterX, sur un des réseaux de Tucker lui-même.
Voici comment le site ‘modernity.news’, de l’ironique et spirituel Steve Watson, rapporte l’événement qui n’a pas fait la première page/manchette des grands formats du domaine :
« Lors d’un débat sur le thème ‘Défendre la vérité’, la rédactrice en chef du ‘Wall Street Journal’ a admis devant les élites de Davos que les médias traditionnels [PresseSystème] ne “sont plus propriétaires des faits” et que les gens sont beaucoup plus susceptibles de remettre en question ce qu’ils rapportent comme étant la vérité.
» Emma Tucker a déclaré devant le public lors du Forum économique mondial : “Je pense qu'il y a un défi très spécifique pour les titres traditionnelles, comme le ‘New York Times’ et le ‘Wall Street Journal’. »
» Elle a poursuivi :“Si vous revenez à il n’y a pas si longtemps, comme je l’ai dit, l’information nous appartenait. Nous étions les gardiens et nous étions également pleinement propriétaires des faits”... “Si telle chose était écrite dans le ‘Wall Street Journal’ ou dans le ‘New York Times’, alors c'était un fait. De nos jours, les gens peuvent se tourner vers toutes sortes de sources différentes pour obtenir des informations et ils peuvent se posent de questions critiques à propos de ce que nous disons”. »
A côté de grand évènement que constitue l’aveu d’Emma Tucker, qui est symboliquement comme une sorte de chute du Mur de Berlin dans le système de la communication, les petites mains de cette Union Européenne qui semble vouée à produire des matrones conformistes absolument insupportables du fait de la laideur bourgeoise et de la médiocrité servile de leurs discours, – ces petites mains-là, ces cousettes de la délat’, ont fait leur travail de cafardes et de balances au sein de la foule bling-bling des zilliardaires de Davos chaperonnés par leurs ‘escort girls’ à $10 000 la journée.
« Au cours de la même discussion, Věra Jourová, vice-présidente de la Commission européenne, s'est plainte de la montée de la “désinformation” comme “menace pour la sécurité”, notant que “cela fait partie de la doctrine militaire russe de déclencher une guerre de l'information, et nous nous y trouvons engagés désormais”.
» “La désinformation est un outil très puissant”, a poursuivi Jourová ; “dans l'UE, nous nous concentrons sur l'amélioration du système permettant aux citoyens d'obtenir des informations exactes. Nous ne parlons pas d’opinions. Nous ne corrigeons pas les opinions ou le langage de qui que ce soit. Il s’agit de faits”.
» Jourová a passé son temps à Davos à rencontrer les dirigeants de sociétés comme YouTube et Meta pour s’assurer qu'ils “respectent les règles”, tandis que la patronne Ursula von der Leyen a appelé à un contrôle mondialiste global sur le flux. de toutes les informations à l’ère numérique. »
On est stupéfait du déferlement de banalités évidemment mensongères, – sinon elles étoufferaient, le mensonge étant le véritable nom pour l’oxygène dans leur catégorie cérébro-pulmonaire ; et ainsi commence-t-on à comprendre combien l’une des principales causes de l’événement formidable annoncé par la dame Emma du WSJ est évidemment l’ennui sans fond qui caractérise leur démarche. C’est un des caractères les plus accentués des dames-patronnesses de la direction de l’UE : on dirait que cette situation les rend accablantes et irrespirables, “inbaisables” dirait Coluche, pires qu’une bourgeoise des romans de Balzac. Le mensonge, les simulacres, les narrative, dans le domaine où nous sommes, pour les ambitions poursuivies, par rapport aux références choisies, appliquées sur la culture qu’on leur voit, sont littéralement chiantes et criantes à mourir.
Voilà la situation d’aujourd’hui et elle nous explique qu’ils ne sont plus « propriétaires des faits ». Pourtant, nous revenons de loin. Cette bataille a commencé, selon mon souvenir et tenant compte qu’une bataille est réellement elle-même lorsque les acteurs en prennent conscience, commencement symbolique et opérationnel, en mars 1999 à l’OTAN. Je veux dire que c’est en mars 1999 qu’a commencé à se dresser une résistance, qui se trouvait alors sans majuscule ni même conscience d’elle-même, face à une formidable organisation de déstructuration de la réalité, et de sa reconstruction en une narrative relayée par une immensité de réseaux, d’acteurs, de porte-paroles, de spine doctors, de Tony Blair et son docteur personnel Alastair Campbell, et ainsi de suite. On retrouve tout cela dans les textes témoignant que nous avons vécu nous-mêmes cette transformation, et qu’on retrouve, précieusement conservés comme des talismans témoins des premiers actes d’une révolution de résistance : ce fut en effet pendant cette guerre du Kosovo que surgirent sur internet les premiers sites ‘dissidents”, nous apportant une information complètement différente de ce qu’ânonnaient les troupes d’Alastair Campbell...
Note de PhG-Bis : « Là-dessus, PhG peut être intarissable, en se référant aux nombreux textes qui abordent continuellement ce problème. Prenons ceux des 10 juillet 1999 : « Notre ‘Samizdat’ globalisé » ; 10 septembre 1999 : « La première guerre virtualiste » ; 31 mai 2004 : « Notre ‘Samizdat’ globalisé’ (suite) » ; ajoutons-y celui du 11 décembre 2017 déjà référencé (« Valsez, mensonges »). Si vous le voulez, vous pouvez même lire un roman qui rapporte pour partie l’atmosphère et les péripéties des journalistes sur le front d’Evere, le quartier-général de l’OTAN, durant la période, – dans le bouquin du capitaine, un des plus importants et massifs ‘worst-sellers’ de la période : « Frédéric Nietzsche au Kosovo », – sans autre commentaire de PhG... »
Ainsi, pendant près d’un quart de siècle, nous nous sommes battus pour prendre possession des faits, pour torpiller leurs narrative, tourner leurs simulacres ! Je crois que l’Ukraine est le tournant final, la bataille suprême. Les autorités du Système, qui entendaient avoir notre peau autant que celles des Russes, commirent l’erreur suprême. D’une façon générale, il est vrai qu’on en était arrivé à cette formule étonnante, qu’un auditeur commentateur du dernier livre de Jacques Baud l’explique très bien, en quelques mots qui sont dits avec mesure et sans qu’il soit vraiment fait état de l’énormité du constat, sous-entendant qu’une construction de propagande, un pur simulacre, une vaste offensive de communication décrivant une réalité qui n’existe pas, finirait par s’imposer comme le véritable affrontement “sur le terrain”, chacun ayant été ramené à des dimensions du simulacre :
« Du côté des Occidentaux, on a fait une ‘guerre de l’information ; on a oublié que la propagande est faite pour soutenir la guerre sur le terrain, et l’on a cru que la guerre sur le terrain se déroulerait selon ce qu’indiquerait la propagande... »
Toute la presseSystème a suivi cette méthode magnifique, où la supériorité de l’Occident, du New York ‘Times’ à ‘Die Welt’, du ‘Monde’ au ‘Financial Times’, était une pure évidence qui n’avait nul besoin d’être démontrée. “Nous étions propriétaires des faits” disaient-ils tous le 24 février 2022, comme le dit Emma du WSJ jusqu’à ce qu’il se soit avéré que les faits étaient des faux et rien d’autre, – des faux-faits comme l’on parle de faux-frais, honte épouvantable ! C’est alors que se termina cette bataille d’un quasi-quart de siècle : la risible ‘dissidence’, le ‘Samizdat’ microscopique du temps du Kosovo a fini par terrasser l’indestructible géant que paraissait être la presseSystème dans ce domaine fondamental qu’est la confiance de la personne, – lecteur, auditeur et spectateur, – qui reçoit la communication de la réalité, et qui en juge désormais selon une appréciation critique.
Il y a deux semaines, Glenn Greenwald nous faisait connaître les derniers résultats d’une enquête ‘Statista’ portant sur la confiance éprouvée dans les deux types de médias qui s’affrontent, enquête effectuée régulièrement depuis 1998 auprès du même type de ‘panel’, – ce qui rejoint notre 1999... Voyez l’impressionnant renversement des tendances de la “confiance totale” et comprenez la tristesse amère de Emma Tucker-WSJ :
« • Confiance totale dans les médias de la presseSystème :
58% en 1998, 41% en 2009, 32% en 2024 ;» • Confiance totale dans les médias alternatifs [antiSystème, dissidents, ‘Samizdat’] :
18% en 1998, 19% en 2009, 39% en 2024. »
La situation d’aujourd’hui en est arrivé à un point où s’est installée une confusion typique de cette époque, où l’on trouve des affrontements parfois plus féroce entre des tendances différentes des médias alternatifs, qu’entre les médias alternatifs et la presseSystème. Il ne fait aucun doute que les médias alternatifs sont aujourd’hui beaucoup moins unis contre la presseSystème et les machinations anglo-saxonnes qu’ile ne l’étaient, par exemple, en 2003 lors de l’invasion de l’Irak ; mais la presseSystème a perdu tant de crédit que cette division de l’adversaire avec ses querelles intestines ne lui profitent en rien puisqu’elle reste attachée avec un zèle extrême à sa courbe d’effondrement de la confiance. C’est comme si elle était sur le bas-côté de la route, vous comprenez, marginalisée, ignorée, presque méprisée et comme transparente...
Ainsi est-il bien que Davos soit le lieu central de ‘La Montagne magique’. Ils passeront d’autant plus aisément, nos ‘Maîtres du Monde’, du ‘World Economic Forum’ au sanatorium Berghof à tendance nettement psychiatrique. Vous comprenez qu’ainsi se passent des choses hautement étranges, à Davos et alentour, comme dans le reste du monde fou, agité de grondements telluriques épouvantables.