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1719Effectivement j’ai jusqu'à maintenant cantonné mes arguments à un niveau purement psychologique mais plus pour respecter le thème du site qui me paraissait centré sur une critique socio politique du système occidental que par formatage de la pensée, même si formatage je subis, évidemment. Alors, avec plaisir, élargissons le débat.
La Providence n’est effectivement pas une cause première plus stupide que le « hasard et la nécessite », et inversement d’ailleurs.
Il me semble que la vie peut très bien trouver sa cause première dans une providence qui nous pousse dans une grande direction, a l’intérieur de laquelle hasard et nécessité ont aussi leur rôle moteur. Tant qu’à élargir le débat, intégrons les deux sans rejeter ni l’une ni l’autre.
Car si la Providence amène cette crise du système, comme elle a amenée les révolutions du XVIIIème, alors il y a de fortes chances qu’elle puisse être aussi la cause première d’un courant métahistorique aussi puissant que la modernité. Elle serait donc a la fois la cause première du « mal » et remède a ce mal. Pourquoi pas puisque la providence est, du point de vue humain, celle qui incarne les expériences terrestres, heureuses ou malheureuses, que l’âme doit vivre durant son séjour dans la matière.
Mais la providence n’est pas tout, ou en tous cas mon esprit se refuse à un total déterminisme. Il me parait évident, comme a la majorité de mes contemporains (serait ce la aussi un formatage du Système ?), que s’il y a providence elle ne nie pas plus le hasard et la nécessité que le libre arbitre. Elargissons donc encore le débat.
Le libre arbitre est, selon ma vision des choses, un “cadeau empoisonné” de Dieu à l’homme car il peut être la source de son bonheur comme de son malheur. De son bonheur lorsque providence et libre arbitre s’unissent dans le cœur de l’homme. De son malheur s’ils se nient et se combattent l’un et l’autre.
Car de mon coté je peine à discerner un quelconque Diable ou essence maléfique, qu’ils soient dans la matière ou dans le Système. Ce que je vois, par contre, c’est un manque de conscience. Au cours de mes quelques années d’observation de la vie humaine, où j’ai, comme bien d’autres, cherché la cause première du mal, et bien, une fois abaissé le filtre du jugement émotionnel, je me suis aperçu que derrière ce que je qualifiais de mal, de méchant ou de mauvais on pouvait trouver une cause commune : l’ignorance. Mais cette ignorance touchant même ceux qui ont des connaissances, j’ai creusé encore un peu et j’ai trouvé derrière cette ignorance, un faible niveau de conscience.
Donc pour moi le mal ne se trouve ni dans la nature (ou cela ?), ni même en l’homme par essence, ni donc dans la modernité ; le mal est simplement le résultat d’un libre arbitre exercé sans conscience. Le bien le résultat d’une action décidée en pleine conscience de ses conséquences, non seulement matérielles, psychologiques mais aussi et surtout spirituelles. Comprenez moi bien, le mal n’est pas dans le manque de conscience, comment un caillou pourrait incarner le mal, il est dans la Providence qui marie dans un même esprit un libre arbitre fort et une conscience faible. Mais il est aussi l’épreuve nécessaire à l’émergence de cette conscience. Tel un bouddhiste (que je ne suis pas) je ne vois donc pas d’essence maléfique dans le monde, pas plus que d’essence bénéfique d’ailleurs, notions qui sont tellement relatives aux émotions humaines. Dieu et la Vie me paraissent bien au delà de cela, dans une infinie neutralité.
Ceci pour un individu. Mais depuis que je vous lis, je m’aperçois que cela s’applique aussi bien à un système social. Et, de mon coté, je ré insiste sur le terme social, pour bien différencier un système mécanique auquel ne s’applique pas les lois du vivant et un système social, donc vivant, qui, même s’ils répondent tous deux à la définition de Wikipedia, n’ont plus rien a voir lorsqu’on les observe de près, car l’un est inerte et l’autre vivant.
Un système social, donc, qu’il soit avec un petit ou un grand S, comme un être humain, n’incarne pas le mal par essence mais par manque de conscience. Manque de conscience de son rapport à la providence ou au Divin, de la responsabilité qu’implique son libre arbitre par rapport à son environnement, de sa place dans le système plus vaste qu’est la terre… Et, comme pour un individu, passer du mal au bien implique un développement de la conscience, conscience collective pour notre sujet de débat.
Et en cela, le manque de conscience, effectivement, le Système bat des records. C’est vrai que la Providence lui a laissé entre les mains une maitrise scientifique et technique, qui non seulement dépasse son niveau de conscience, mais l’aura même fait régresser par les effets d’un orgueil démesuré car le Système s’est cru l’inventeur de la science alors qu’il n’en fut que le dépositaire.
Mais, comme je le disais précédemment, la Providence n’est elle pas là pour provoquer des expériences que l’âme collective humaine se doit d’affronter afin soit de se laver de ses péchés, soit de s’intégrer dans la matière sociale et la “spiritualiser”, niveau de conscience par niveau de conscience (perso je penche pour la 2ème hypothèse, en attendant de connaitre d’autres opinions).
Pardonnons donc au Système ses erreurs humaines et participons au développement de la conscience collective en commençant par développer la notre, l’individuel, et celle de notre environnement proche. Le Système deviendra alors, par effet d’optique, non plus le Mal mais le méchant, voir même le benêt, que nous éviterons au passage afin que ses actions inconscientes nous heurtent le moins possible, en attendant son inéluctable déchéance psycho spirituelle.
Laurent Julliard
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