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4948Comme chacun sait, le complotisme est chose détestable, mais semble-t-il la plus répandue du monde dans cette si étrange époque. Alors, que faire lorsque le complotiste est la si gentille Système-proof Disney Cie, recommandée pour les enfants, notamment pour les protéger des vilains messieurs aux mœurs intrigantes, et que la personne ainsi protégée par le complot est le fameux “suicidé à l’insu de notre plein gré”, le sympathique philanthrope spécialisé dans l’aide à la tendre jeunesse, Jeffrey Epstein ? Que faire, oui, que faire ?
Garnement, réfractaire, rebelle, il ne te reste qu’à prendre ta plume comme l’on agite un sabre... Et c’est ce que j’ai fait, bien que la matière qui en stupéfie certainement certains qui ont du temps à perdre (pertes du temps à se laisser stupéfier par ça), – Epstein dans ses œuvres suivi de sa liquidation en prison, — soit si peu originale, si conforme (si conformiste) à ce qui ne cesse de se dire lorsqu’éclate une affaire de la sorte. Tous les noms qui valent volent de l’un à l’autre contestataire, aussitôt et prestement accusés de “complotisme” d’ainsi penser à mal, et que nous retrouverons bientôt (les noms qui violent) bel et bien alignés dans les placards des Disney-complotistes.
Passons aux faits & actes...
Il est question du Project Veritas, lancé en 2016 par James O’Keefe essentiellement pour dénoncer et mettre à nu les attaques lancées durant la campagne USA-2016 contre Trump (agent de Moscou, etc.) ; donc programme archi-conservateur, raciste, xénophobe, vraiment infréquentable et jouant le rôle d’une sorte de WikiLeaks US. Leur devise : « Whistleblowers welcome ». De temps en temps, Project Veritas sort un assez chouette pavé à jeter dans la fosse à purin. Ici, nous parlons du plus récent, qui fait des vagues, qui concerne la mise à jour des manœuvres et pressions exercées pendant trois ans sur et par le réseau ABC, – qui appartient à Disney, nous y sommes ; c’est-à-dire le complot élaboré pour ne pas passer l’enquête sur les activités débordantes du Epstein, enquête déjà bouclée il y a trois ans d’une de ses journalistes-vedettes Amy Robach.
R.T. com a écrit : « ABC et d'autres médias grand public ont refusé de diffuser les accusations contre le prédateur sexuel Jeffrey Epstein parce qu'un “réseau de personnes” comprenant leurs dirigeants était impliqué, a déclaré James O’Keefe du Projet Veritas à RT. [...]
» “Il est révélateur que ce lanceur d’alerte ait divulgué cette cassette à Project Veritas et non au Washington Post, au New York Times, à CBS ou à CNN, parce que ces médias veulent protéger les gens impliqués dans les activités de Jeffrey Epstein [et n’auraient donc pas passé ses révélations],” a-t-il ajouté.
» “Ils sont d’accord pour diffuser les allégations contre Brett Kavanaugh [nommé à la Cour Suprême par Trump], ou contre Trump, mais quand il s’agit de Bill Clinton et de certaines de ces personnes qui sont mentionnées par Amy dans cette bande enregistrée sur le vif, ils disent qu’il n’y a pas eu assez de recoupements des informations,” dit O'Keefe, rappelant que Robach avait spécifiquement mentionné que “nous avions [Bill] Clinton.” »
En outre, quelques précisions de ZeroHedge.com pour compléter le dossier : « ABC News a répondu à la vidéo de Veritas en déclarant qu'à l’époque [il y a trois ans], “tous nos reportages n'étaient pas conformes à nos normes de diffusion, mais nous n’avons jamais cessé d'enquêter sur cette histoire. Depuis, nous avons une équipe sur cette enquête et d'importantes ressources y sont consacrées. Ce travail a débouché sur un documentaire de deux heures et un podcast en six parties qui seront diffusés au cours de la nouvelle année.”
» Robach a ajouté dans une déclaration : “J'ai été prise dans un moment de frustration en privé” et “j’étais contrariée qu'une importante interview que j'avais menée avec Virginia Roberts [une des “esclaves sexuelles d’Epstein] n’ait pas été diffusée parce que nous n’avons pas pu obtenir de recoupements suffisants.” (Quoi qu’il en soit, le ‘Miami Herald’ a fait le travail, lui.)
» O'Keefe suggère qu’il s’agit d’une réponse dictée par un avocat du type “protégez votre cul et sauve qui peut”. »
Robach n’est pas très contente de s’être fait piéger, mais elle en veut surtout à la direction d’ABC qui l’a contrainte à couvrir l’immonde pédophile, souteneur universel d’une légion de gamines à peine pubères et livrées aux désirs d’immondes males blancs et suprémacistes. C’est dans tous les cas celui du Prince Edward Andrew, dont l’implication dans le bordel kafkaïen d’Epstein conduisit le Palais (Buckingham) à être le plus actif dans les pressions autour et sur ABC pour bloquer le reportage de Robach. (Décidément, les Windsor ne cessent de puer de plus en plus au fil du temps et à mesure qu’on les débarrasse de leurs oripeaux royaux jusqu’à n’être plus que nus.)
La contradiction dans cette affaire où progressistes-sociétaux et conservateurs pro-Trump se mélangent sans trop de soucis de cohérence a même conduit la pimpante AOC (l’ultragauchiste Alexandria Otavio-Cortez, du fameux Squad de la Chambre des Représentants) à relayer sur son compte tweet la torpille dénonciatrice du lanceur d’alerte O’Keefe, sous les applaudissements de conservateurs déchaînés ; cela, avant que quelque bonne âme “vigilante” et donc donneuse dans l’âme ne lui rappelle que le O’Keefe en question est quasiment un fasciste-raciste-blanchiste-suprémaciste de l’Altright, à droite de Trump, et la belle, AOC, de retirer donc, précipitamment et courageusement, son message-relais.
La progressiste-sociétale Robach, désormais libérée de l’interdiction des gentils GO de Disney du fait de l’intervention de Project Veritas, se paye tout de même un tweet que beaucoup de pro-Trump et d’antiSystème signeraient des deux mains : « “Est-ce que je pense qu'il [Epstein] a été tué ? Et comment, je le pense à 100%....Il a fabriqué sa vie entière et sa fortune sur le chantage exercé sur ses “invités”. Il y avait beaucoup d'hommes dans ses avions. Beaucoup d'hommes qui ont visité cette île. Beaucoup d'hommes puissants qui sont venus dans cet appartement.” – @abcnewsanchor @arobach#EpsteinCoverup. »
Quoi qu’il en soit, et justement parce qu’il en est jusqu’à l’étal en place publique, l’affaire Epstein est de retour sous la forme d’abord d’un hashtag “#Epsteindidntkillhimself” qui connaît depuis 18-24 heures un succès planétaire (« “#Epsteindidntkillhimself”enflamme la planète et le réveil global accélère », selon Alex Jones, source absolument fiable puisque complotiste à 200%, soutien de Project Veritas, lui-même soutien de AOC). Un aéroport (San Diego) annonce à tous ses passagers en transit qu’il a lancé une page tweet “Epstein Coverup” tandis que le frère de Jeffrey Epstein se souvient que le corps présentait des blessures inexplicables pour un suicide, chose déjà dite et redite le 30 octobre par un médecin-légiste fameux, et que diverses vidéos compilent sur Youtube les dernières nouvelles et les documents d’archives de la relance de l’affaire où tout le monde y passe, aussi bien les Clinton que Trump.
Ainsi y a-t-il comme une tentative de faire sortir cette affaire de la naphtaline-moraline où les dynamiques habituelles du Système d’étouffement automatique de cette sorte d’ordure puante, appuyées sur les forces d’inertie curieusement créées par le rythme stupéfiant des nouvelles (comme si la vitesse entraînait l’oubli de la chose instantanée dans l’immobilisme de la réflexion réduite au Rien), l’avaient rangée comme dans un passé qui n’eut jamais vraiment lieu. Et puis voilà, le passé resurgit, et avec lui les épouvantables entreprises de complotisme que le Système ne cesse de dénoncer, surtout depuis 9/11, archétype de la chose, monument commémoratif de la tactique favorite du Système qui est de classer dans le rubrique “complotisme” toute mise en cause de son simulacre de légitimité, de son autorité-bouffe... On verra où tout cela nous mènera, sinon en notant qu’entretemps, pour le temps présent, c’est un peu plus de désordre, un peu plus de sauve-qui-peut et du “c’est pas moi c’est l’autre”, un peu plus de cette division et de cette parcellisation dans le Système selon la fameuse formule du futur Général de Gaulle de La discorde chez l’ennemi.
Dans l’attente et pour l’immédiat, voici encore quelques réflexions entre amis, suscité par cet épisode d’où il ressort que personne, nulle part, chez eux sans aucun doute, n’est à l’abri, de moins en moins, d’un retour de bâton et d’un coup du sort.
• La farce du “complotisme” est vraiment devenue un énorme boomerang manié avec délice, et pas mal de courage sans nul doute, par les “lanceurs d’alerte” qui s’en payent des tranches... Et contre cela, ils, – les employés et zombieSystème, – sont désormais divisés, parce que le résultat de cette sorte de “complotisme en retour” frappe ceux des zombieSystème qui sont impliqués et épargne les autres, conduisant les seconds, par simple acte de prudence-PC et tactique de consolidation de son petit bastion personnel, à en remettre des tonnes sur l’infamie et l’ignominie des premiers... D’où du désordre, encore plus de désordre, toujours plus de désordre dans cette surpuissance colossale (le Système) qui fonctionne victorieusement lorsque tout son rangement intérieur des cohortes de zombieSystème marchent au pas cadencé de l’unification sans le moindre accroc, sans le moindre frissonnement dans les rangs, sans un seul cheveu qui dépasse et fasse désordre.
• Du coup, on ne distingue plus qui est vraiment anti-Trump, anti-Clinton, antiféministe, pseudo-raciste et pseudo-antiraciste, pseudo-multicuturaliste et anti-communautariste, pro-russe et anti-chinois, agent de Kiev et agent double, sioniste et antisémite, hyper-néocapitaliste et anti-Wall Street, etc. Des alliances de hasard se font et se défont sans qu’aucun des protagonistes ne comprenne pourquoi. Par conséquent et dans ce trouble profond, la seule chose que je vois qui me paraît intéressante, et qui poursuit en l’amplifiant sublimement ce qui précède, c’est le débouché de toutes ces agitations qui farandolent comme on danse Saint-Guy sur le désordre, le Grand Désordre, le pur désordre, qui est, dans la conjoncture actuelle, de l’antiSystème pur sucre. Il est vrai que voir AOC dans les bras d’un O’Keefe, ne serait-ce que pour une heure ou deux sous les applaudissements de Robach et le sourire contraint du CA de Disney Inc., est particulièrement, à la fois productif et roboratif.
Jeudi dernier, lors de l’émission-TV Daily Show, Hillary Clinton invitée avec sa fille Chelsea pour leur bouquin commun, s’est trouvée soudain devant une question inattendue du présentateur pourtant très amical, très progressiste-sociétal et très-PC, Trevor Noah : « Je dois vous poser une question qui me tourmente depuis un certain temps : comment avez-vous tué Jeffrey Epstein ? » Éclat de rire de l’ex-belle Première Dame, ce qui est sa réaction instinctive lorsqu’on lui parle d’un assassinat qui la concerne tout à fait directement ; et Noah de poursuivre, pour aussitôt montrer qu’il ne faisait que plaisanter pour mieux mettre en valeur la vertu et le courage d’opprimée et de martyrisée de son invitée :
« Vous semblez être derrière tout ce qui est néfaste, et pourtant vous n'utilisez pas [ce pouvoir] pour devenir présidente... [...] Qu’est-ce que cela vous fait d’être la croquemitaine de la droite et d’être l’objet de tant de théories conspirationnistes ? »
— Eh bien, c'est une surprise constante pour moi... parce que les choses qu'ils disent, – et maintenant, bien sûr, c'est pire que jamais avec internet et l’intervention en ligne, – sont tellement ridicules, au-delà de toute imagination que je pourrais avoir... »
C’était pure prémonition puisque tout est double langage, simulacre et inversion chez elle... Car enfin, comment cette diablesse de femme, décidément insubmersible avec son éclat de rire carnassier et plein de dents, avait-elle deviné qu’une conspiration de plus allait être mise à jour dans l’antre la plus convenable et sérieuse du legs du grand serviteur de la Vertu conspirationniste que fut Walt Disney ?
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