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639Le 28 mars, à Bruxelles, l'OCDE présentait une“radiographie” basée sur 150 indicateurs de ses trente pays membres (“Factbook 2006). Le principal auteur du rapport, Enrico Giovannini, statisticien en chef de l'OCDE, a précisé superbement qu’il ne s'agit pas d'aligner des chiffres gratuitement. « Il y a une corrélation entre la connaissance et la capacité des gens à accepter les réformes. Si vous ne pouvez pas aider les gens à comprendre les changements qui les affectent, il n'y a aucun moyen de forger un consensus sur les réformes. » Ces dernières remarques concernaient la situation française, avec le constat implicite qu’il n’y a pas eu de “mise en condition” suffisante des esprits pour accepter la réforme (le CPE). De même Lénine parlait-il du prolétariat, en septembre 1917, estimant qu’il n’avait pas encore sa “conscience de classe” pour lui suggérer qu’il était temps qu’il accepte le communisme. Après avoir pris le pouvoir en novembre 1917, le parti bolchevique le lui fit bien savoir et l’on “aida les gens à comprendre les changements qui les affectent” grâce à un réseau subtil allant de la Tchéka au Goulag.
Le rapport OCDE est plein d’allant pour ce qui concerne les effets de la globalisation et affiche son incompréhension devant ceux qui repoussent ces lendemains qui chantent (suivez leurs regards qui vont vers les rues de Paris). Sur les effets de cette globalisation, le rapport de l’OCDE a notamment ceci à dire, selon nos sources internes : « Un certain nombre de clichés sont démentis par les chiffres, comme le fait que la mondialisation se serait traduite par une aggravation des inégalités de revenu. Depuis les années 80, “la conclusion la plus prudente est qu'il y a eu peu ou pas de changement”, estime l'OCDE, qui relève toutefois une modeste réduction des inégalités en Australie, au Danemark et...en France. »
Là-dessus, l’ONU publie aujourd’hui ses propres chiffres et commentaires sur l’évolution de la situation éconmique en Asie et dans la région du Pacifique, où le processus de globalisation a été particulièrement puissant. Voici le compte-rendu de cette publication par nos sources internes (Economic and Social Survey of Asia and the Pacific 2006), — avec un contraste garanti:
« Le nombre des chômeurs en Asie-Pacifique a plus que doublé depuis 1992, ont indiqué jeudi les Nations unies, disant craindre une “croissance élevée aux dépens des créations d'emplois”. En Extrême-Orient, le nombre de sans-emploi est passé de quatre millions en 1992 à neuf millions en 2002. En Asie du Sud-Est et dans le Pacifique, il est passé de 5,5 millions à 14,6, précise l'Onu dans son Etude économique et sociale de l'Asie et du Pacifique pour l'année 2006. “Les craintes sont dorénavant largement répandues que la région obtient une croissance élevée de sa production aux dépens des créations d'emplois”, regrette l'Onu. De 1994 à 2004, le taux de chômage est passé de 2,5% à 3,6% en Extrême-Orient, de 4,1% à 6,4% en Asie du Sud-Est et de 4,0% à 4,8% en Asie du Sud. Le sous-emploi est encore plus répandu. La Commission économique et sociale de l'Onu pour l'Asie et le Pacifique (Unescap) cite deux raisons pour expliquer le phénomène: le fort taux de natalité et une plus faible offre d'emplois en raison des progrès technologiques et des privatisations dans le secteur public. Le centre souligne également le nombre très important de “travailleurs pauvres”, ceux qui gagnent moins de deux dollars par jour. En 2003, ils représentaient 88% des emplois en Asie du Sud, 59% en Asie du Sud-Est et 49% en Extrême-Orient. »
Mis en ligne le 30 mars 2006 à 13H13
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