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699La semaine dernière, j’ai esquissé la fin du jeu pour l’ancienne Ukraine et j’ai proposé ce que Trump doit faire pour que cela se produise, ce qui n’est pas grand-chose :
« Qu’est-ce que Trump doit faire, concrètement, pour que tout cela se produise ? Il n’a rien à faire ! Plus précisément, il n’a pas à envoyer plus d’argent ou d’armes au régime de Kiev et celui-ci se repliera comme une chaise pliante dans un sous-sol d’église. Mais il serait utile qu’il dise certaines choses, comme “Zelensky n’est pas le président, son mandat a expiré en mai dernier” et “Nous n’avons personne à qui parler à Kiev”. Ensuite, Trump pourrait se laver les mains de tout le gâchis ukrainien : “J’ai dit à Poutine, tu l’as cassé, tu le répares”. »
Trump a effectivement mis fin à toute aide américaine à Kiev, ce qui est louable. Mais au lieu de s’occuper du reste, Trump a fait irruption avec ce qui suit [22 janvier 2025] :
« Je ne cherche pas à causer des ennuis à la Russie. J’aime le peuple russe et j’ai toujours eu de très bonnes relatiins avec le président Poutine, – cela malgré les FUMISTERIES de la Gauche radicale sur la Russie. Nous ne devons jamais oublier que la Russie nous a aidés à gagner la Seconde Guerre mondiale , perdant 60 millions de morts. Tout cela étant dit, je vais faire à la Russie, dont l’économie s’effondre et au président Poutine une très grande FAVEUR. Réglez tout maintenant et ARRETEZ cette guerre ridicule qui ne peut Qu’ALLER DE PIRE EN PIRE. Si vous ne faites pzas cet “accord”, et très vite, je n’aurais d’autre choix que d’augmenter les taxes, les droits de douaneet lescsanctions sur tout ce que la Russie vend aux Ettats-Unis, et diversautres pays participant à ces transactions. Finissons-en avec cette guerre, qui n’aurait jamais commencé si j’avais été président. Nous pouvons le faire d’une façon aisée, ou bien d’une façon beauciup plus dure, – et la façon facile est toujours la meilleure. Il est temps de “CONCLURE UN MARCHE”. PAS UNE VIE DE PLUS NE DOIT ÊTRE PERDUE !!! »
En lisant cette courte missive, vous serez peut-être en mesure de la comprendre d’un point de vue occidental, mais il vous manquerait une appréciation du côté russe, car cela nécessite un contexte historique et culturel qui semble avoir été oublié en Occident.
Ces derniers jours ont été marqués par deux anniversaires : le 81e anniversaire de la levée du blocus nazi de Leningrad et le 80e anniversaire de la libération par l’Armée rouge du camp de concentration nazi d’Osventsim (alias Auschwitz), l’immense usine de mort qui a gazé des millions de personnes avant de brûler les cadavres. Une autre grande date anniversaire approche : le 80e anniversaire de la libération de Berlin par l’Armée rouge, qui sera célébré à Moscou le 9 mai en grande pompe et en présence de nombreux chefs d’État étrangers.
Le lieu de naissance inscrit dans mon passeport est « Leningrad » et je connais donc assez bien le blocus nazi de Leningrad. Il a duré 872 jours et a coûté la vie à 641 803 civils. Seuls 3 % d’entre eux sont morts des bombardements ; les autres sont morts de faim parce que les nazis avaient détruit les greniers et autres réserves de nourriture. La famille de ma mère a été évacuée vers la Sibérie avant le blocus, mais mon grand-père a reçu l’ordre de rester dans la ville et a été évacué plus tard, en camion sur la glace du lac Ladoga, après avoir reçu un fragment d’obus dans le poumon. La famille de mon père a également été évacuée vers Novossibirsk, où mon père travaillait de jour dans une usine d’avionique et allait à l’école le soir. Vladimir Poutine a perdu son frère aîné, qu’il n’avait jamais connu, mort pendant le blocus ; il dépose ici des fleurs dans la fosse commune où son frère est enterré.
L’anniversaire de la libération d’Osventsim (Auschwitz en allemand) a été commémoré d’une manière plus que bizarre, puisque les libérateurs n’ont pas été invités. Les Allemands et les Polonais (qui étaient également très impliqués dans l’extermination des Juifs) étaient présents, ainsi que de nombreux autres dignitaires des nations européennes qui étaient, à l’époque, des alliés des nazis. Mais les Russes, qui, encore une fois, sont ceux qui ont libéré Osventsim, n’ont pas été invités, ce qui est plutôt poignant. Le rassemblement était donc plus une réunion nazie qu’une commémoration de l’Holocauste. Au vu des récentes découvertes sanglantes de cadavres de civils torturés à mort dans les sous-sols d’immeubles du sud de la région de Koursk, envahie l’été dernier par les forces ukrainiennes et les mercenaires européens, le nazisme européen est loin d’être mort.
Soyez assurés que le souvenir de l’invasion nazie, qui a coûté la vie à 6 716 660 civils, est très présent dans l’esprit de la plupart des Russes. L’action militaire dans le Donbass et à Koursk leur montre que leur combat contre le nazisme n’est pas terminé : le mal ancien refait surface. Dans la longue mémoire historique de la Russie, il ne s’agit pas d’une nouveauté, mais d’un phénomène qui se produit périodiquement (tous les siècles environ depuis huit siècles et plus) depuis la première croisade du Nord en 1198. Mais cette dernière réincarnation de l’ancien mal a trouvé un nouveau protecteur de l’autre côté de l’océan, qui lui a fourni une grande quantité d’armes et des milliards de dollars : les États-Unis. Oui, la plupart des Américains n’ont aucune idée que leur argent et leurs armes ont été utilisés pour soutenir des nazis génocidaires, car on leur a raconté toutes sortes de mensonges risibles (ils « contiennent la Russie » ou « affaiblissent la Russie » ou « soutiennent la démocratie ukrainienne » ou d’autres absurdités de ce genre). Mais cela ne change rien à la nature de la tâche qui incombe aux Russes, à savoir, comme dans les siècles passés, vaincre le mal et rétablir le bien.
Après avoir planté le décor, nous pouvons maintenant aborder la dernière incursion du Donald dans le fiasco ukrainien. Le Donald est l’homme de la situation, car il s’est attaqué à la bureaucratie capitaliste qui s’est emparée des États-Unis et les a conduits bien au-delà du point de faillite nationale, sans que rien d’autre que l’inertie pure et simple ne les pousse encore en avant. Je lui souhaite bonne chance dans cette tâche indispensable. Mais je soupçonne qu’il se révélera être un personnage incongrument tragique – incongru parce qu’il n’a pas la profondeur nécessaire pour apprécier la tragédie.
Trump est sur le point d’entrer dans l’histoire comme un second Mikhaïl Gorbatchev – un extraverti narcissique et superficiel. La différence est que Gorbatchev était initialement soutenu par la majeure partie de la population, alors que Trump n’a au mieux que 50% de soutien public. La similitude est que Gorbatchev a fini par être universellement détesté et méprisé en quelques années, et j’imagine qu’il en sera de même pour Trump, bien que ce dernier ait beaucoup moins de temps que Gorbatchev pour parcourir cette distance. Tout comme pour Gorbatchev, le changement rapide du discours public, qui est passé des platitudes zombifiées à la bouffonnerie, a d’abord été perçu comme une bouffée d’air frais et comme faisant partie d’un processus de guérison. Très vite, alors que l’économie s’effondrait et que la politique basculait dans le séparatisme et l’extrémisme nationalistes, on s’est aperçu qu’il n’y avait rien d’autre derrière ses paroles que de la démagogie narcissique, et tout le monde a reculé de dégoût. J’espère sincèrement me tromper, mais je m’attends à ce que la même chose arrive à Trump d’ici les élections de mi-mandat de 2026, faisant de lui un cadavre politique à la fin de son mandat en janvier 2029, s’il survit aussi longtemps.
Le 28 Janvier 2025, Club Orlov – Traduction du ‘Sakerfrancophone’
Depuis quelques temps, des gens indélicats retraduisent “mal” en anglais nos propres traductions sans l’autorisation de l’auteur qui vit de ses publications. Dmitry Orlov nous faisait l’amitié depuis toutes ses années de nous laisser publier les traductions françaises de ses articles, même ceux payant pour les anglophones. Dans ces nouvelles conditions, en accord avec l’auteur, on vous propose la 1ere partie de l’article ici. Vous pouvez lire la suite en français derrière ce lien en vous abonnant au site Boosty de Dmitry Orlov.