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1383C’est le site Danger Room qui avait rendu publique la nouvelle qu’un virus avait “infecté” les ordinateurs de bord de conduite de drone type UCAV Raptor et Rapeer (le 7 octobre 2011). C’est encore et toujours Danger Room qui annonce, ce 11 octobre 2011, un aspect encore plus sensationnel de cette affaire. Il s’agit de la mise en évidence que le problème, détecté par le personnel servant ces engins à partir de la base de Creech, aux USA, n’a pas diffusé la nouvelle dans sa hiérarchie, notamment auprès des unités de “cyberguerre” du commandement dont dépend la base (la 24th Air Force).
“Les gens de la cyberguerre de la 24th Air Force ont appris la nouvelle dans Danger Room”, explique Danger Room dans son article ; «…the four-star general who oversees the Air Force’s networks was briefed on the infection this morning» (le 11 octobre 2011). L’article est encombré de longues explications, venues de diverses sources, expliquant le cloisonnement qui existe entre les réseaux des diverses unités, services, groupes de l’Air Force, ce qui fait de la rétention d’informations à l’intérieur de l’USAF un sport assez courant et commun.
«Officials at Creech Air Force Base in Nevada knew for two weeks about a virus infecting the drone “cockpits” there. But they kept the information about the infection to themselves — leaving the unit that’s supposed to serve as the Air Force’s cybersecurity specialists in the dark. The network defenders at the 24th Air Force learned of the virus by reading about it in Danger Room. […] It was not highlighted to us,” says a source involved with Air Force network operations. “When your article came out, it was like, ‘What is this?’” […]
» The four branches of the U.S. armed forces each has a dedicated unit that, in theory, is supposed to handle cyber defense for the entire service. The 24th Air Force, for example, “is the operational warfighting organization that establishes, operates, maintains and defends Air Force networks,” according to a military fact sheet. These units are then supposed to provide personnel and information to U.S. Cyber Command, which is supposed to oversee the military’s overall network defense.
»In practice, it’s not that simple. Unlike most big private enterprises, the 24th doesn’t have a centralized system for managing and monitoring its networks. There’s no place at the 24th’s San Antonio headquarters where someone could see all the digital traffic hurtling through the service’s pipes. In fact, most of the major commands within the Air Force don’t have formal agreements to carry the other’s network traffic. (The 24th Air Force did not immediately respond to requests to comment for this article.)
»“We’d never managed the entire Air Force network as a single enterprise,” Vince Ross, the program manager of the Air Force Electronic Systems Center’s Cyber Integration Division, said in March. “That meant there was no centralized management of the network, that systems and hardware weren’t standardized, and that top-level commanders didn’t have complete situational awareness.”
The plan is to one day integrate all that infrastructure into a single Air Force network. But for now, it’s largely cybersecurity by the honor system. Each base and each unit in the Air Force has its own geek squad. They only call for help if there’s a broader network problem, or if they’re truly stumped.»
…Et l’on pourrait supposer avec toutes les raisons du monde que ce qui est vrai pour l’USAF, l’est aussi pour la Navy et pour l’U.S. Army, et pour d’autres services encore, et ainsi de suite. Ce qui est suggéré avec insistance comme un embarras “technique” propre à l’USAF, du fait d’un manque de moyens et de temps pour effectivement intégrer les réseaux disparates fonctionnant au sein de l’USAF, est en réalité une dérive subversive de la situation conjuguée des bureaucraties et des réseaux à mesure que sont introduites, de plus en plus rapidement, de nouvelles technologiques et de nouvelles expansions des réseaux. La “robotisation” grandissante des actions extérieures transporte le cadre de l’intervention, du théâtre d’opérations aux services adéquats installés dans l’ensemble bureaucratique national, aux USA. Les réflexes de coopération inhérents à des armées en campagne, à cause des conditions réelles de combat, existent (ou existaient) même dans les forces US malgré la compartimentation et les antagonismes inter-services qui ont toujours été des caractéristiques spécifiques du cadre américaniste ; ces réflexes sont en train de disparaître avec le transfert de l’acte opérationnel du théâtre des opérations aux labyrinthes bureaucratiques existant au cœur de la société-Système postmoderniste. (Cette tendance est encore accentuée par le caractère des guerres actuelles, où existent à la fois une paranoïa du secret et une paranoïa de l’action indépendante, notamment au travers de l’emploi des diverses “forces spéciales” ou des forces et milices privées.)
Ainsi, ce qui est décrit comme un fait technique qui devrait être corrigé à mesure que la situation est identifiée et analysée, nous apparaît, à nous, comme un fait bureaucratique, technologique et psychologique en pleine expansion, à l’image des réseaux, et en constante aggravation. A cet égard, l’élément humain est de plus en plus intégré dans les réseaux et se comporte de plus en plus à l’image de ces faits objectivement non-humains qui caractérisent de plus en plus le Système, notamment pour ce qui concerne dans ce cas le fait-bureaucratique et le fait-technologique, chacun en tant que tel. Il s’agit d’un processus d’accroissement accéléré de l’incontrôlabilité du Système. Les seuls éléments échappant à ces processus sont des “révoltes” humaines individuelles, poussant l’un ou l’autre à divulguer une information accessible sur un réseau et pas sur les autres, et de plus en plus vers la presse non-Système, ou appréciée comme telle, – qui est la presse de l’Internet, appréciée comme non inféodée au Système (dans ce cas, le réseau qu’est l’Internet pour l’information joue le rôle inverse de dénonciateur de la situation des réseaux-Système, conformément à l’attitude de Janus du système de la communication). Un enseignement de plus de cette affaire est que l’information de l’Internet gagne encore plus en crédit, dépassant irrémédiablement l’information des pouvoirs officiels (y compris à l'intérieur de leurs propres systèmes) et l’information de la presse-Système. L’ensemble donne l’image d’une société-Système complètement bloquée, complètement en cours d’absorption et de dissolution par le fait de l'appétit carnivore et aveugle de ses propres démons.
Mis en ligne le 14 octobre 2011 à 16H42