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808Il est assez rare, non il est rarissime de voir le milieu politique washingtonien s’intéresser à un candidat français à la présidence trois ans avant l’élection, quand le candidat n’est pas lui-même président ni même candidat déclaré, quand il est de surcroît “socialiste” (guillemets, please). C’est le cas de DSK, par l’intermédiaire du… «small village of Pomerol near the Medieval town of St. Emilion where I am working for a few days. I am staying at the Chateau Pomeaux and highly recommend the wine from here (great years: 1998, 2000, 2005).»
Cette citation est une part importante du message de Steve Clemons, qui est “au travail” à St Emilion, disons pour un séminaire de circonstance, et goûte considérablement le Château Pomeaux du coin, années 1998 et la suite. Sans doute y copine-t-il avec DSK, calibré comme «one of Europe's premier political operators. Scandals and intrigue seem to add to his mystique, at least when it comes to French politics»; et l’on sait combien Clemons, avec son site The Washington Note, exerce une influence certaine à Washington. (L’on sait même qu’il a des accointances françaises.) Tout cela, pour en venir à cette nouvelle du 23 août 2009, où Clemons, s’appuyant sur le dernier sondage en vogue, nous annonce un duel DSK-Sarko pour 2012. (Sondage sur le candidat préféré des socialistes : 33% pour DSK, 14% pour Royal, 13% pour Delanoë, etc.)
«Strauss-Kahn now runs the International Monetary Fund for which G-20 nations are scrambling to expand resources. So whereas Strauss-Kahn, recently pilloried for a sex scandal involving a former staff member, came to a position that many people thought would be a dead end with the perceived decline of IMF relevance in a world glut (then) of capital.
»Since the global financial crisis, the IMF is back big time – and Strauss-Kahn is surfing the waves of renewed Bretton Woods importance. But he may just decide to leave DC while he's ahead and go back to France to challenge Sarkozy in the next presidential elections.»
Le constat est que DSK soigne sa publicité et ses réseaux, et qu’il pourrait effectivement mener campagne à partir de Washington D.C., s’affichant comme le personnage de dimension internationale que l’on sait. Du point de vue de la stature politico-morale ou moralo-politique, que dire de lui sinon qu’il est de type standard, du niveau courant, dans une époque où l’on a Sarko comme président et où l’on s’informe pour savoir si Cohn-Bendit ne voudrait pas le devenir. (Reconnaissons à Cohn-Bendit qu’il connaît ses limites – il dit “ma différence” – puisqu’à l’hypothèse d’être candidat à la présidence, c’est-à-dire d’être président of course, il répond: «[Si je suis candidat]c'est pour gagner l'élection et donc être président de la République et ça, no chance! […] Ce ne serait pas jouable, je n'aurai pas ma pêche habituelle, ma différence ça se verrait. Donc non, ça ne m'intéresse pas…»)
Dans un cadre de cette valeur et de si haute volée, il n’est plus très sérieux de s’occuper des personnalités et des caractères, qui sont effectivement au niveau de l’époque, et cela nous dit tout, effectivement. Ce sont les circonstances et les thèmes auxquels seraient forcés les candidats, et par conséquent les politiques au-delà, qui sont intéressants. En cas de bagarre Sarko-DSK, ce serait effectivement fort intéressant.
Nous aurions deux “candidats de Washington”, par la force des choses, des slogans et des analyses qui courent dans tous les tiroirs des rédactions parisiennes – par ailleurs, un Washington en déroute, ce qui corserait l’affaire. Chacun des deux ferait donc campagne pour prouver qu’il n’est surtout pas le “candidat de Washington”. Nous entendrions des choses intéressantes. DSK venant du FMI qui est un instrument de Washington-en-lambeaux, Sarko nous ayant promis la France libéralisée et américanisée avant de tourner casaque, le libéralisme et l’américanisation du monde seraient sur la sellette, tout cela dans l’atmosphère de crise générale qu’on imagine puisque, entre temps, nous aurions eu un ou deux 9/15 de plus (dito, la crise du 15 septembre 2008). Comme il faut plaire au bon peuple et que le bon peuple pense ce que l’on sait, nous aurions la campagne présidentielle la plus anti-libérale, la plus souverainiste, droite et gauche confondues, qu’on puisse imaginer.
Evidemment, pour que cela se fasse et qu’on puisse parler de “candidat(s) de Washington”, il faudrait que les USA existent encore en 2012, dans la forme qu’ils ont aujourd’hui, et que ni Obama ni Steve Clemons n’aient choisi l’exil à Château Pomaux. Cela ne sera pas facile, surtout si les vendanges sont bonnes.
Mis en ligne le 24 août 2009 à 06H00
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