Du bon usage de la guerre

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Du bon usage de la guerre

• Une évaluation de cette guerre, d’une façon scientifiquement (stratégiquement) très peu sérieuse. • Autour d’une question : pourquoi l’UE et Zelenski s’opposent-ils avec tant de hargne et de détermination à la recherche de la  paix ? • Tentatives des réponses qui nous conduisent sur des voies hybrides des psychologies évoluant avec cette guerre et sur des chemins de la cognition évoluant au gré du système de la communication qui est plus que jamais la puissance maîtresse des activités humaines tout au long de la chute de la modernité.

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Assez curieusement, ou peut-être d’une façon délibérée après tout, la question de savoir pourquoi les deux principaux alliés du forint antirusse font la guerre en Ukraine s’est posée au même moment par des voies complètement différentes mais qui ont retenu notre attention.

• Mercouris-Christoforou se sont attachés au cas de l’UE/UK, dans un duo au titre qu’il est inutile de traduire : «  Why the UK.UE fights Russia ».

• Le journaliste russe et donc hautement suspect, le 26 avril 2025 comme tous les jours, Mikhaïl Rostovski, chroniqueur du journal ‘Moskovsky Komsomolets’, interroge dans un texte repris par RT-français : « Pourquoi Zelenski craint-il autant la paix ? » (ce qui revient à dire : “pourquoi Zelenski se bat contre la Russie”, pour rapprocher son idée de la précédente).

La bataille UK/UE

A la première question concernant UK et l’UE, les deux complices s’ébattent d’abord dans des développements ironiques sans fin avant d’en venir à la véritable question. Bien entendu, Mercouris, qui est certainement le plus constamment stupéfait des deux à suivre depuis des mois et des années cette guerre improbable, se charge de l’expédier, un peu comme une charade ou une sorte d’anti-poème surréaliste :

« Je crois qu’on peut dire comme ceci :

» D’abord, ils [UK et UE] se sont battus pour battre la Russie ;

Ensuite, ils se sont battus pour défendre l’Ukraine ;

» Ensuite, ils se sont battus pour empêcher les Américains d’abandonner la guerre ;

» Enfin, ils se battent pour leur survie, parce qu’ils savent que s’il y a la paix, les divergences entre les pays de l’UE sur les conditions de cette paix sont telles que l’UE éclatera. »

Cela nous semble assez juste dans le climat de panique schizophrénique qui parcourt les couloirs des bunkers bruxellois, et qui plus est, correspondant bien à l’extrême débilité de toutes ces intelligences diplômées (nous parlons des dirigeants de la chose). On acceptera donc la réponse surréaliste de Mercouris avec reconnaissance.

La bataille Zelenski

Rostovski part donc du constat que Zelenski ne veut pas la paix. Il en trouve le signe irréfutable, par logique inversée, dans cette réponse que Zelenski donne très récemment au journaliste US Ben Shapiro l’interrogeant sur son désir de paix :

« Nous aimerions vraiment parvenir à la paix par la force. Il serait bon pour l’Ukraine que la force soit dirigée contre la Russie. »

Sur ce constat décisif qui implique que la paix viendra avec le défaite de la Russie, – donc la guerre continue, – Rostovski développe la conception qu’il a de la position de Zelenski, de l’évolution qu’il a connue, de sa situation actuelle, des perspectives qui sont les siennes et qui l’attendent. L’avenir de Zelenski selon Rostovski n’est pas tout rose, et c’est pour y échapper qu’il pédale comme un fou dans une semoule absolument invraisemblable, lançant des exigences fantasmagoriques et nous promettant que la victoire sur Moscou n’est pas si loin. L’appréciation de Rostovski est évidemment entièrement accordée à la perception générale que les Russes ont de la guerre, y compris le constat que ce sont les Ukrainiens poussés par l’OTAN qui l’ont voulue depuis 2014.

« Le nouveau tournant pour Zelenski a eu lieu peu après le début de l’opération militaire spéciale. Rétrospectivement, les dispositions de l’accord d’Istanbul étaient très favorables à Kiev. Mais Zelenski les a rejetées. Ainsi, en avril 2025, le dirigeant ukrainien se démène, essayant de retarder l’inévitable. Il est facile de comprendre pourquoi il agit ainsi. Cette attitude est motivée par la peur de devoir rendre des comptes, car tôt ou tard, on demandera à Zelenski à quoi tout cela a servi. Pourquoi les dirigeants de Kiev ont-ils fait périr tant de gens et détruit si gravement leur pays ? Serait-ce pour le “privilège” douteux de devoir aux États-Unis une dette littéralement impayable ?

» Une fois les combats terminés, Zelenski essaiera de préserver autant que possible les fondements de son régime répressif. Il pourrait même réussir pendant un certain temps. Mais cette période ne sera pas éternelle. En temps de paix, la stabilité politique de Zelenski deviendra beaucoup plus faible et vulnérable aux attaques de l’intérieur. Et lorsque le temps des changements en profondeur adviendra, Zelenski perdra le contrôle du pouvoir. Il sera alors accusé de tous les maux : le sort des dirigeants politiques qui perdent une guerre qu’ils ont eux-mêmes déclenchée est généralement peu enviable.

» C’est pourquoi Zelenski fait tout ce qu’il peut pour prolonger la guerre, pour la faire durer éternellement et pour continuer à rechercher une illusoire “paix en position de force”. Le dirigeant ukrainien se bat pour sa propre survie politique, voire physique. De son point de vue, dans cette lutte, la fin justifie les moyens. »

Une guerre cognitive hybride

Ainsi a-t-on les causes principales de la durée et du massacre de la guerre en Ukraine. On pourrait mentionner quelques agitations latérales dans le même sens, comme l’espérance de Macron de remonter dans les sondages et de sauver sa carrière en apparaissant comme le grand arrangeur et faiseur de paix dans cette affaire, ou bien alors, – selon la saison, – le grand liquidateur du plus monstrueux dictateur au monde de ces temps-ci. Mesure-t-on l’extraordinaire fatuité, la dérision, la distorsion des causes d’une tragédie vers le bouffe de quelques destins d’ambitieux imbéciles, – la transmutation générale et finale de cette guerre qui fut d’abord présentée comme l’entrée en Troisième Guerre mondiale.

Cette guerre devrait être définies par des caractères et des postures qui n’ont rien de guerrier, et tout à voir avec la psychologie et le système de la communication.

• Il s’agit d’une guerre d’une psychologie hybride, qui mélange totalement les causes en allant surtout au plus bas et disperse les conséquences dans un désordre chaotique complètement baroque. Une horrible et sanglante guerre-bouffe servie par une psychologie hybride :

« Être hybride, c'est posséder dans son corps deux aspects qui coexistent, parfois de manière contradictoire. »

• Une guerre décrite par les attitudes cognitives avec leurs perceptions, et leurs attirance presque addictive au mensonge avec l’ambition de la construction d’un simulacre : les Égyptiens construisaient des pyramides, nous construisons des simulacres. Prenez donc cette définition et conduisez-là à son extrême, c’est-à-dire en mettant tout le poids de la définition sur l’aspect communicationnel du “cognitif” :

« La guerre cognitive est un concept multifacette qui englobe une série de stratégies visant à influencer les perceptions, les comportements et les décisions des individus, des groupes et des sociétés dans un contexte de conflit immatériel. »

Nous aurons donc, si nous considérons la guerre d’Ukraine avec le regard du métahistorien et du métapolitologue de demain, une sorte d’accomplissement total de la transformation du monde par les affaires monstrueuses et caricaturales du système de la communication lorsqu’il est entre les mains de bandits, d’incultes et de lâches. La présence des seuls gens sérieux, – les Russes, – a fait que cette guerre ne s’est pas transformée dans la tuerie-US habituelle des civils (Irak, Libye, Syrie, Afghanistan) mais s’est d’abord concentrée sur l’affrontement entre les gens dont le métier ou la mission temporaire est de se battre les armes à la main et, souvent, de mourir. C’est le seul élément qui, ironie funèbre et tragique, sauve l’événement du bouffe de la tragédie-bouffe pour lui restituer ce que l’humanité recèle de souffrance et d’héroïsme dans la tragédie.

 

Mis en ligne le 28 avril 2025 à 10H45

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