Dystophie au Pays des Merveilles

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Dystophie au Pays des Merveilles

• Qui sait quoi et qui fait quoi lorsque Mister Z ‘goes to Washington’ ? On ne voit qu’une tempête tourbillonnante où les mensonges se ramassent à la pelle, et les souvenirs de Joe aussi. • L’Ukrainien-en-chef aura-t-il ou non ses armes ? Après tout, le Hamas, qui se ravitaille au marché noir ukrainien, les attend avec impatience. • Si vous vous appeliez Sophie et si vous alliez au Pays des Merveilles, on s’autoriserait de la licence du poète pour vous rebaptiser Dystophie. • En vérité, dites-nous s’il est vraiment nécessaire de prendre le genre humain au sérieux ?

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Pour une fois, le titre est bon, non ? Gardons-le en langue originale, ils vont si bien ensemble, alors que Zelenski a été de passage à Washington pour obtenir ses $milliards, qu’il a vu Joe faisant un nombre considérable de déclarations aussi bien sur l’Ukraine que sur Gaza, et sur son fils préféré Hunter, les sénateurs onctueux et pompeux comme à l’ordinaire mais sans beaucoup plus qu’un chèque en bois dans les poches, le ‘Speaker’ de la Chambre nouveau-venu et aussi glacial vis-à-vis de l’Ukraine qu’un iceberg en vue du ‘Titanic’... Zelenski a donc déployé ses armes habituelles.

« Is Zelensky Lying to Americans, or Is He Suffering From Biden-Esque Memory Loss? »

En fait, ce qu’il se passe est qu’on fait à Mister Z. un procès inique. Qu’on en juge, votre sentiment sera vite formé, et aussi le respect dû au professionnalisme de l’acteur principal. Les journalistes, eux, tourbillonnent papillonnent, se chuchotant les uns et les autres les dernières consignes venues du front israélo-palestinien puisqu’il s’avère qu’on mélange allègrement les deux.

« Le président ukrainien Volodymyr Zelenski semble avoir totalement oublié la perte de Bakhmut et d’autres colonies, lorsqu’il a affirmé à une chaîne de télévision américaine que l’armée russe n’avait pratiquement pas avancé d’un pouce en 2023.

» Après sa rencontre de mardi avec le président Joe Biden, Zelensky s'est entretenu avec le présentateur de Fox News, Bret Baier, pour discuter, entre autres, de l'aide de Washington à l'Ukraine et de la situation sur le champ de bataille.

» “Je pense que le plus important pour comprendre ce qui se passe est que la Russie n'a occupé aucun village, aucun village ukrainien au cours de cette année", a affirmé Zelensky.

» La déclaration du président ukrainien semble déroutante étant donné qu'en mai, la Russie a achevé la libération de la ville d'Artemovsk (également connue sous le nom de Bakhmut), dans la région du Donbass. De plus, en août, les troupes russes avancèrent en direction de Koupyansk. Fin novembre, l'armée russe a libéré le village d'Artemovskoye (Khromovo), dans la République populaire de Donetsk.

Etc... etc... Suivent diverses précisions assez mesquines de divers entreprises d’information sur des villes, des villages, des lignes de combat, des batailles, des autoroutes et des stades, et toutes ces sortes de chose qu’on trouve communément dans un conflit, dont on vous assure qu’elles ont été prises par les Russes peut-être. On ne voit là-dedans rien qui puisse démentir le propos de Zelenski, qui reste fermement sur la ligne Zelenski.

A tout hasard, le New York ‘Times’ écrit en allant dans le sens habituel d’un vent tourbillonnant entre l’interprétation du Pentagone et les calculettes des experts du NSC, dans une extraordinaire formule où il est dit qu’en tonnant “Marchons, marchons” tout en faisant du sur-place sur la scène, on donne l’impression d’avancer sans trop reculer... Et tout ça sans rétroviseur ! :

« L'Ukraine a réalisé des progrès modestes grâce à une avancée totale, tandis que la Russie semble “à l'aise avec le territoire qu'elle contrôle déjà” et n'a pas encore lancé d'offensive majeure... »

Et ‘SputnikNews’ de poursuivre :

« L’amnésie apparente de Zelenski pourrait s’expliquer par l’échec spectaculaire de la contre-offensive ukrainienne, qui est devenu criant et même hurlant après que le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, le général Valery Zaluzhny, ait dit à ‘The Economist’ qu’“il n'y aurait pas de percée profonde et belle”, a déclaré le général au journal en novembre.

» Serhiy Kryvonos, général à la retraite des forces armées ukrainiennes et ancien secrétaire adjoint du Conseil national de sécurité et de défense, a vivement critiqué Zelenski pour avoir induit les Ukrainiens en erreur quant à leurs chances de victoire sur le champ de bataille. “L'année dernière et au premier semestre de cette année, on nous a parlé de victoire, que les Russes étaient déjà épuisés, qu'ils n'avaient plus de missiles et que leur économie était en chute libre. Ont-ils dit cela ? Oui, ils l'ont dit … Mais tout cela s'est-il réellement produit ? Non ! ».

Le commentaire de cet article ‘SputnikNews’ nous dit qu’il lui semblerait bien que le président ukrainien se trouve pris entre le marteau et l’enclume, alors que ses mensonges commencent à le rattraper et à le hanter. C’est un peu vite dit, nous semble-t-il, parce que Zelenski n’est ni rattrapé ni hanté par ses mensonges mais plutôt soumis à torture et à vile question par des journalistes qui s’autorisent toutes les indiscrétions, et sur ses mensonges naturellement puisque le concept de mensonge est constitutif du simulacre que l’Occident-circonvolutif lui a imposé. Mister Z. donc très malheureux.

“Mensonges !”, “Mensonges !”, “Mensonges !”

Pendant que Mister Z. se débattait face aux insidieuses questions de la presse nationale américaniste dont on connaît la soif de vérité, son complice, mentor et amis, accessoirement 45ème (ou 46ème ? On enquête) président des Etats-Unis, se débattait face à des allégations d’une sorte assez proche. Elle concernait non pas le champ de bataille ukrainien où les Russes ne font qu’avancer en reculant, mais une autre sorte d’héroïsme, qui est la comptabilité des diverses habiletés opérationnelles tactiques du fils Hunter, né de Joe. Face à ces mêmes journalistes et à bout de patience le président a enfin sorti ses arguments décisifs qui devraient leur clouer le bec : “Mensonges !”, “Mensonges !”, “Mensonges !”

« Deuxièmement, des preuves sans équivoque s'accumulent pour montrer que les Biden sont l'une des familles politiques les plus corrompues de l'histoire présidentielle américaine. Hunter, la Leona Helmsley de notre époque, est aujourd'hui inculpé pour fraude fiscale massive, malgré ses efforts antérieurs, avec l'aide du gouvernement, pour faire courir le délai de prescription sur l'ensemble de ses crimes.

» Lorsqu'on l'interroge sur son escroquerie, Joe Biden nie avec colère ce qui est indéniable. Il ne peut que s'animer ces jours-ci, lorsqu'on lui demande de confronter ses dénégations sur la connaissance de Hunter avec une multitude de faits et de données qui prouvent le contraire. Alors, exaspéré, il s'écrie : "Mensonges !", "Mensonges !" et "Mensonges !". »

» Il existe désormais des preuves concluantes que Joe Biden lui-même a menti à plusieurs reprises lorsqu'il a juré qu'il ne savait rien de l'affaire d'escroquerie de son fils Hunter. Il a utilisé plusieurs pseudonymes pour communiquer directement avec les partenaires de son fils qui pratiquaient l'arnaque et le quid pro quo... »

Et alors, quelle importance, tout cela ? Pourquoi ainsi torturer ce pauvre ‘ol’white Joe’ après l’avoir placé là où il se trouve ? Il est beaucoup plus rassurant de savoir que Biden qui, il y a deux jours, soutenait à fond l’offensive si bien ciblée de ‘Tsahal’ contre les objectifs stratégiques de Gaza (hôpitaux, écoles, épiceries, terrains de tennis), a habilement décidé, devant des donateurs Arabo-Américains, de vigoureusement dénoncer ces pratiques israéliennes.

« Dans une volte-face soudaine, le président Biden, dans un discours prononcé mardi, a commencé à critiquer agressivement Israël et le gouvernement Netanyahu pour la première fois depuis les attaques terroristes du Hamas du 7 octobre.

» Qualifiant le Premier ministre israélien de “bon ami”, Biden a déclaré : “Je pense qu'il doit changer”, car le gouvernement israélien et la campagne militaire en cours qui a fait de nombreuses victimes “rendent la situation très difficile pour le monde”.

» “C’est le gouvernement le plus conservateur de l’histoire d’Israël”, a déclaré Biden, ajoutant que le gouvernement israélien ne veut pas d’une solution à deux État”.

Heureusement que Benjamin est “un bon ami”, sinon on aurait pu prendre une des remarques de Joe Biden pour une critiques. On ne va d’ailleurs pas s’inquiéter pour tout cela, puisque tout le monde a à l’esprit une toute récente ré-ré-ré-affirmation des convictions absolument sionistes du président Joe Biden. Il nous a même conté ses malheurs parce qu’il avait eu ce courage insensé d’ainsi afficher de telles et si belles convictions :

« Le président américain a également déclaré qu’il ressentait un lien “incontestable” avec la communauté juive. “J’ai rencontré des ennuis et des critiques lorsque j’ai dit il y a quelques années qu’il n’était pas nécessaire d’être juif pour être sioniste, et je suis sioniste”, a-t-il ajouté, s’adressant à un rassemblement de quelque 800 personnes. »

Par ailleurs, et contrairement aux bruits qui courent,  Biden a réussi à faire passer quelques dizaines de $millions, peut-être même venus de sa cassette personnelle, pour des livraisons d’armes à Israël : une façon, si l’on veut, d’encourager Israël à réduire, sinon cesser, ses attaques aériennes

“Je me sens sioniste”

On reconnaîtra que tout cela a du sens, puisque le ministre iranien des affaires étrangères nous a informés, sur base d’une coopération étroite de son pays avec le Hamas notamment, impliquant que l’on s’informe quotidiennement du sens des choses, que cette organisation pouvait obtenir tout ce qu’elle voulait en fait d’armements, – essentiellement Made In USA bien sûr, – à partir du marché noir et libre actuellement en fonctionnement en Ukraine zélenkiste, opérationnellement beaucoup plus efficacement que les brigades de l’armée. On comprend ainsi qu’il y a une sorte de cercle sans fin, comme tout cercle qui se respecte, entre les armes qu’on ne livre plus tellement à Kiev, celles qu’on livre à Israël, et celles qu’il est convenable de faire parvenir au Hamas pour que la lutte se poursuive...

« “Vous voyez, dans le passé, – je souhaite être absolument franc avec vous, – nous avions l'habitude d'apporter toutes sortes de soutien au Hezbollah, au Hamas et au Jihad islamique tout en tenant compte [à la fois] du droit international et des conditions d'affrontement avec l'occupant [ce qui implique Israël – TASS]”, a déclaré [le ministre iranien] Abdollahian lors du Forum de Doha, en répondant à une question sur le soutien de Téhéran à ces organisations.

» Il a poursuivi : “Si vous me demandez où ils peuvent se procurer des armes, alors l'un des marchés noirs où ils peuvent se les procurer c’est l'Ukraine”. Il a dit cela comme pour suggérer que Téhéran n’a pas besoin d’offrir autant de soutien aux groupes à ce stade, étant donné l’immense et continue prolifération des armes en Europe de l’Est.

» Abdollahian a continué en précisant qu’“ils les obtiennent très facilement, sans vraiment d’efforts, ils peuvent obtenir tout ce dont ils ont besoin en Ukraine”. »

Bien... Alors, à quoi rime tout ce souk, outre la démonstration pas vraiment nouvelle du caractère dérisoire de l’espèce humaine arrivé au point zéro du Trou-Noir où on la voit ? C’est là que nous nous tournons vers nos joyeux compères Christoforou-Mercouris qui ont consacré une de leurs chroniques à cette visite de Zelenski. Toute l’affaire était arrangée “sous couverture” (‘Much Ado About Nothing’), avec le voyage de Zelenski en Argentine pour inauguration du nouveau chouette président ami-de-Washington, cela permettant, innocemment l’air de rien, de remarquer “puisque vous passez par là, arrêtez-vous à Washington en revenant”... Surtout, ne pas faire penser que Mister Z. est à leur botte, surtout pas !

Changement de narrative

Il s’agissait, expliquent nos deux limiers, de faire comprendre à Mister Z. que c’est fini, les soldes sont terminées, il n’y a plus d’obus dans l’armurerie et qu’il faut maintenant négocier une sorte de ‘freeze’ avec l’immonde agresseur auquel, c’était promis-juré jamais l’on ne parlerait, car il s’agit de laisser les grands faire entre eux pour leur Grand Jeu du “Je vais élire un président” ; et, justement, à ce propos, il s’agit de se mettre quelque chose d’essentiel dans la cervelle reptilienne et autre pour que l’on se comprenne bien, une nouvelle narrative – on écoute, Mister Z. !

« Il y a eu il y a deux jours (le 10 décembre) dans le ‘Guardian’ un article très curieux et très intéressant, dont l’auteure, – Emma Ashwood, c’est la première fois que je la lisais, –  est clairement connectée avec les neocon, l’administration et tout le reste, tous ces milieux, et elle dit quelque chose que, je pense, l’on ne pourrait écrire dans un média américain. Elle écrit que nous devons changer de narrative à propos de l’Ukraine, parce que l’Ukraine est clairement en train de perdre la guerre...

» Donc, arrêtons de parler de victoire, arrêtons de parler de ‘regime change’, et commençons désormais à parler de l’Ukraine qui a réussi à se défendre avec succès contre l’agresseur impérialiste russe et, de cette façon, en changeant la narrative, il deviendra plus facile pour le président Joe Biden de remporter sa réélection... »

Et voilà comment se transmettent les consignes, on peut faire confiance à Christoforou-Mercouris pour le décryptage. Mercouris fait d’ailleurs remarquer en gloussant que c’est bien joli tout ça, mais que pour leur ‘freeze’ avec nouvelle narrative, tout ce petit monde peut toujours y croire. Les Russes n’en ont rien à fricoter et le règlement de la chose se fera à leurs conditions, qui comprendront des cessions de territoires importantes, et rien de moins. On n’en a jamais douté.

Mais l’essentiel, finalement, se trouve dans cet incroyable circus, cette bouffonnerie-bouffe de Washington durant la visite de Mister Z., dans un désordre au-delà de toute description. C’est-à-dire que nous n’avons nullement présenté une nouvelle étrape dans l’évolution d’ ‘Ukrisis’, mais plutôt un nouvel étage de la descente dans le trou-noir du chaos dont seuls les événement qui nous dirigent savent ce qui nous y attend.

 

Mis en ligne le 13 décembre 2023 à 19H20

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