Échos de ‘1984

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Échos de ‘1984

18 novembre 2024 (16H40) – Voici une intéressante synthèse des réactions de l’actrice, productrice et réalisatrice (TV, cinéma) Justine Bateman à l’élection de Trump. J’ignore et on ignore si elle a voté pour Trump (au contraire de son frère, l’acteur célèbre Jason Bateman, qui a publiquement annoncé qu’il avait voté pour Kamala).

Dans tous les cas, rien dans cette synthèse publiée par ‘Breitbart.News’ n’indique qu’elle l’a fait ou non, parce qu’il n’est aucunement question de ses choix politiques donc de son vote. J’ignore si cela est intentionnel ou pas, dans tous les cas d’après ce qu’elle dit ; certains lecteurs considèrent dans leurs commentaires qu’elle est pro-Trump parce que ce qu’elle rapporte fait implicitement penser bien entendu qu’elle considère son élection comme une bonne chose. Mais rien, je le répète, ne le dit explicitement, et l’on peut même penser que son appréciation se veut objective (comme l’on dit : “Dieu merci, la pluie a cessé”) même si elle est (objectivement) favorable à sa survenue.

Au reste, et pour bien situer combien l’impression rencontre le réel,  il faut ajouter que Bateman a refusé à diverses occasions de dire pour qui elle votait. Elle explique qu’elle considère que le choix des célébrités du ‘show-business’ n’a aucune valeur exemplaire et ne s’appuie sur aucune valeur politique ou morale. Elle juge que faire connaître leur choix revient à exercer une pression injustifiée sur le choix des électeurs.

On rapporte ici quelques passages de l’article cité, qui se réfère à une interview de Fox News Digital et à un article du New York ‘Post’.

« “Je me sens bien. Je me sens très bien, en fait”, a déclaré Bateman à Fox News Digital lors d’une interview

»  “J’ai l’impression qu’il y avait une sorte de nuage étouffant qui pesait sur nous… Les gens ordinaires qui avaient des questions sur les décisions qui étaient prises étaient subtilement ou manifestement réduits au silence. Et j’ai l’impression que cela a été brisé, que ce genre de répression a été en quelque sorte brisée.  [...]

» A Washington, la nuit du 5 novembre où elle suivait les résultats, “J’ai été surprise de ressentir, de ressentir physiquement, un soulagement dans mon corps. Je n’avais pas réalisé à quel point ces quatre dernières années avaient été inconfortables jusqu’à ce que je sente ce poids sur moi se diluer et disparaître”. »

Son observation spécifique revient à un jugement extrêmement précis et catastrophique sur la période qu’interrompt l’élection de Trump. Pour elle, cette période est très “anti-américaine” pour la liberté d’expression.

« “Pendant l’administration Biden et même avant, l’Amérique s’est complètement diluée en tant que nation autrefois construite sur le fondement même de la liberté d’expression pour tous sans conditions”.

» Le New York Post note qu’elle a mis en garde contre le concept de jugement populaire sur les réseaux sociaux qui a prospéré sous Biden et comment “toute question, toute opinion, tout goût ou dégoût – qu’il s’agisse de sujets brûlants comme Gaza, les athlètes transgenres dans le sport féminin ou toute forme de justice sociale – étaient soumis à une liste très limitée de ‘positions autorisées’ afin d’en évaluer l’acceptabilité”. »

On termine ces extraits par une impression général qu’elle a confiée au ‘Post’, qui se réfère au fameux livre d’Orwell :

« Mec, nous venons de vivre ‘1984’ ... Signaler la surveillance en dénonçant, se surveiller les uns les autres – allez donc ! Pourquoi ? Vous ne voulez pas vous apaiser ? Vous voulez toujours avoir l’impression de témoigner ? Vous voulez toujours avoir l’impression que quelqu’un enregistre des preuves qui seront présentées devant un tribunal ? Pourquoi voulez-vous vivre comme ça ? »

Un phénomène venu d’“ailleurs”

On comprend qu’il est extrêmement important que ces opinions et ces impressions soient faites sous la forme d’une complète l’objectivité, à partir du moment où celle qui les exprime ne nous dit pas si elle a voté Trump. (Et si elle l’a fait, mon hypothèse est qu’elle l’a fait essentiellement pour que Biden, Kamala et toute cette bande soient chassés du pouvoir.)

Il est également extrêmement important que les choses soient exprimées “presque physiquement” (« ressentir physiquement, un soulagement dans mon corps»), et dans ce cas aucune raison de mettre en doute les impressions rapportées. Il s’agit alors d’un phénomène hors de la raison politique, même si celle-ci s’en satisfait éventuellement pour sauver sa mise et sa réputation.

Dans les deux cas, on a des éléments sérieux et solides pour considérer que ce phénomène d’être projeté dans ‘1984’ est presque un phénomène physiquement réel, qui ne tient en rien à une opinion politique, dans tous les cas à un libre choix de ce point de vue. Tout se passe comme si une sorte de “possession” presque correspondante dans sa forme au phénomène religieux, avait été vécue par un pays entier.

Cela se passe dans une atmosphère surchauffée par la puissance écrasante du système de la communication dans sa forme du ‘Janus’, pour et contre à la fois ; et une atmosphère très étrange du fait de la situation des grands facteurs politiques : un président gâteux aux yeux de tous, une vice-présidente réduite à un éclat de rire permanent et une campagne présidentielle illégale du fait du “coup d’État” contre Biden, et  basée sur “la joie” imposée à tous ; des simulacres extraordinaires, – encore plus que mensonges, – concernant les événements du 6 janvier, l’état de santé de Biden, la guerre en Ukraine notamment.

De même, et inversement d’un point de vue politique, l’extraordinaire élection de Trump efface brutalement tous les monstrueux artifices de la période : on vous a projeté dans ‘1984’ avec une brutalité épouvantable, un événement comparable à une catharsis mais en sens inverse vous en fait brutalement sortir en vous purifiant au contact du réel. Pour cette raison, c’est vrai, je tends à considérer l’élection extraordinaire de Trump d’abord comme l’effet d’une volonté collective, consciemment ou inconsciemment voulue comme telle, – et plutôt “inconsciemment”, – de se sortir de ce cauchemar. Si l’on veut, le “cocktail Molotov humain” (Trump) parvenu à son terme.

De ce point de vue, il ne faut pas considérer l’élection de Trump dans la forme extraordinaire qu’on a vue comme seulement un acte politique (même si elle en est un, et peu ordinaire). Il s’agit d’abord et avant toute chose d’un phénomène collectif dépassant très largement la sphère politique pour s’inscrire dans “autre chose” qui échappe complètement aux calcul et aux machinations humaines et politiques habituelles.

Dans de telles conditions et revenant sur terre, on comprend que les sondages et les pitoyables analyses de nos petits “experts” assermentés se plantent allégrement, presque “dans la joie” façon-Kamala dira-t-on.