Échos d’un Fourth of July

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Échos d’un Fourth of July

9 (4) juillet 2012 – Certains jours, lorsque nous nous levons, aux matines sonnantes comme tous les jours, l’ampleur de la tâche suscite un instant d’accablement. (Chez certains, l’angoisse du jour est du petit matin, avant d’entamer la tâche. C’est toujours notre cas.) Ce matin-là, l’angoisse naquit aussitôt de découvrir, de manière palpable, à mesure presque directe, combien le terme “ampleur” avait tout son formidable poids pour définir notre tâche : tant de nouvelles, de commentaires, de chroniques, allant toutes dans le sens de notre catastrophe générale, jusqu’à vous donner le vertige. (L’Internet, dans certaines circonstances, vous donne, par la puissance même de son accès à l’information dans un volume colossal, ce sentiment d’angoisse avec le vertige qui peut aller avec, tant vous découvrez l’incroyable multitude des nouvelles, dans lesquelles il vous faudra distinguer ce qui est à prendre et ce qui est à laisser. Sa vertu de liberté et d’abondance d’information, brusquement vous accable. C’est un moment fugace mais c’est tout de même un moment qui pèse) A cette lumière sépulcrale, l’annonce triomphale de la découverte de la “God particle” par le CERN nous apparaissait plutôt comme une ironie sarcastiquement sublime, bien que l’humanité, celle qui croit en la science, dut paraît-il en être fier. (Themis Bowcock, dans le Guardian du 4 juillet 2012 : «The Higgs boson discovery is another giant leap for humankind – The Cern discovery of the Higgs particle is up there with putting man on the moon – something all humanity can be proud of…»)… Tout ça pour ça ? Leur “God particle” pour en arriver où nous en sommes aujourd’hui ? (Est-ce Dieu ou est-ce le Diable qui en rit déjà…? Enquête…)

Enfin, puisqu’il s’agissait pour l’essentiel des nouvelles du 4 juillet 2012, nous nous tournâmes vers la Grande République, celle qui continue à nourrir les illusions de certains par les promesses épuisées de son American Dream pulvérisée dans sa folie, celle qui continue à entretenir les frayeurs de quelques autres par les débris aveugles de sa puissance mécanique tournant folle. Le 4 juillet est la fête de la célébration de la Grande République et leur Veteran’s Day. C’est donc aussi la célébration du Système, des illusions du Système, de la critique du Système et de la résistance au Système, puisque la Grande République est le cœur et le moteur profonds du Système. Nous décidâmes de choisir ce qui nous paraissait le plus significatif, à partir de quelques noms connus, de quelques évènements évidents, avec cette intention retrouvée de repousser la masse d’informations que nous offre l’Internet pour effectuer le choix que nous dicte l’intuition haute. Ainsi écarte-t-on l’angoisse, en faisant le pari du “libre choix” dans l’information du monde, – qui est l’expression dans notre temps, le “libre choix de l’information”, de notre libre-arbitre ; cela, en s’appuyant sur ce qu’on possède de lumière intérieure de soi et d’expérience accumulée de la pratique d’une vie, étant l'ouverture à ce qu’on juge être la juste impulsion de l’intuition haute.

• Voici d’abord un long texte de Chris Hedges, sur Truthdig.org, le 2 juillet 2012, sous le titre «Time to Get Crazy». A partir de l’histoire symbolique de la vie et de la mort du grand chef indien (Native American) Crazy Horse, tué à coups de baïonnette le 5 septembre 1877, un panorama complet de cette production diabolique du “déchaînement de la Matière” qu’est le capitalisme lancé dans son propre déchaînement, déplaçant ses propres limites jusqu’à la marche vers l’entropisation. On comprend, dans la parabole, qu’il s’agit de la description du Système, dans sa corruption, sa tromperie, sa rapacité, sa haine du Principe, sa marche vers l’entropisation. C’était l’Amérique du Gilded Age (1865-1890), mais c’est bien sûr le monde et l’univers d’aujourd’hui, déchaîné dans le terme de son cycle de la surpuissance s’abîmant dans l’autodestruction.

• Sur le même site Truthdig.org, Amy Goodman publiait le 3 juillet 2012 un texte sur les catastrophes climatiques qui s’abattent actuellement sur l’Amérique, des immenses incendies du Colorado (que les pompiers eux-mêmes qualifient de “surréels”, comme s’ils parlaient du feu de l’enfer) jusqu’à l’ouragan Derecho qui a formé une étrange marche en ligne droite de l’Illinois en Virginie (23 morts et un million et demi de personnes privées d’électricité). La National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) écrit que le printemps de 2012 «marked the largest temperature departure from average of any season on record for the contiguous United States. […] These record temperatures in May, have been so dramatically different that they establish a new “neighborhood” apart from the historical year-to-date temperatures.» Si vous le voulez bien, nous laisserons de côté le “complot” des “partisans” du cas de l’intervention humaine dans le changement climatique pour nous en tenir à l’évocation de ce spectacle qui, dans la Grande République et ailleurs, marque la formidable déconnexion entre les conditions naturelles du monde telles qu’elles évoluent, pour quelque raison que ce soit, et les conditions chaotiques d’un Système qui semblerait ne pouvoir subsister, et accomplir son destin, que lorsqu’il aurait réduit les conditions du monde à la mesure de l’entropisation du monde qu’il veut nous imposer. Sans parler de complot, ce mot qui nous accable tous, consciemment ou inconsciemment, on dira que c’est aveuglement pur par soumission au Système de ne pas voir les liens d’anéantissement du monde qui lient le Système aux conditions générales du monde. “Déchaînement de la Matière”, certes, avec à l’origine notre ironie suprême, – dont il faudrait que nous soyons fiers, paraît-il, – de “la particule divine” animant l’énergie dont nous faisons aujourd’hui la puissance déchaînée qui consume le monde. Il est bon de savoir, au Jour de l’Effondrement, d’où est partie la chose.

• Quelques échos, également, de diverses manifestations pour ce 4 juillet, protestations diverses, où il apparaît que le mouvement Occupy, entre autres, se poursuit sous d’innombrables formes et d’innombrables façons. (Voir PressTV.com ce 4 juillet 2012, pour les manifestations du 4 juillet. Voir les sites Occupy pour diverses informations.) Le mouvement a acquis sa vitesse de croisière, il s’est installé dans la vie courante, et il a déjà produit un documentaire qui est un gros succès, sur le lancement du mouvement à l’automne dernier, – d’où son nom, American Autumn, – ce qui nous rappelle le film du vieux John Ford, sur l’extinction de la race Native American sous la poussée du Système, et son titre tragique de Cheyenne Autumn. Il faut même tenir pour significatif de “l’air du temps” qu’un site aussi exotique que WhatDoesItMean, qui est une fabrique d’informations extraordinaires pour entretenir notre imagination créative, s’oriente résolument, depuis quelques semaines, vers la diffusion descriptives d’“évènements” extraordinaires d’affrontements, de révoltes, voire de prémisses de la seconde “Guerre Civile” aux USA (voir le 11 juin 2012 et, – justement ! – le 4 juillet 2012). Manifestement, c’est bien cette sorte d’évènements que guette l’esprit…

• Nous avons même retrouvé ce que nous avions complètement raté et que nous avait rappelé une de nos lectrices-contributrices (voir le 5 juillet 2012), – la plus grande arnaque financière de l’histoire, venue sans surprise de la City londonienne, – «Indeed, the scandal effects an $800 trillion dollar market – 10 times the size of the real world economy» (voir le 5 juillet 2012). Et comme titrait (le 5 juillet 2012) le site Reddit.com, sans aucun doute : «The biggest financial scam in the history of the world has just been revealed and no one is paying attention…»

«…[N]o one is paying attention», – c’est juste mais ce n’est pas tout à fait vrai. Il apparaît très clairement que la description précise, le commentaire direct, l’appréciation, même furieuse, du fait, et cela autant de fois qu’il y en a dans le nombre astronomique d’évènements impliqués, sont en train de devenir impuissants à en rendre compte à leur exacte valeur, dans une tentative vaine de leur donner leur véritable signification. Les quelques références, les évènements rapidement décrits ci-dessus pour fêter “leur” Fourth of July (et Dieu sait s’il y en a d’autres, et Dieu sait s’il y en a eu depuis le 4 juillet), font immédiatement sentir qu’il s’agit d’un poids impossible à porter. La description directe et complète de la crise de notre univers, qui est aussi la crise de cette monstrueuse entité que nous nommons Système, est d’un tel poids qu’il faudrait un Atlas pour le supporter, plus encore que le porter. Contemplant cet amoncellement de choses formidables qui nous sont rendues désormais aisément accessibles, pour qui veut s’en donner la peine, et une peine qui n’est pas très grande sauf pour le temps qu’elle consume, on se trouve rapidement comme le sapiens de la caverne de Platon brusquement sorti de l’obscurité trompeuse où il a vécu et contemplant soudain le soleil, et aussitôt aveuglé dans une immense souffrance bien plus qu’éclairé par cet astre pourtant connu pour porter les vertus de la vérité. Même ceux qui sont habitués à enquêter tout au long de l’Internet sur les affaires du monde, même ceux-là ressentent cette terrible souffrance, – et d’ailleurs ceux-là plus que les autres encore, – l’angoisse du petit matin de travail…

Aussitôt convoquée, la raison nous dit que tout est perdu, – alors, à quoi bon tenter de comprendre, sinon de savoir ? Ou bien, elle rechigne, vous parle de dissimulation, de manoeuvres, de tromperies et de complots, et pour contrer ce qu’elle croit être une narrative fabrique sa propre narrative ; ou bien, elle nie tout, en bloc, et vous traite de “prophète de malheur”, et sifflote : “Tout va très bien, madame la marquise”.

…Mais la raison n’a pas toujours raison, et même fort peu ces derniers temps. Nous n’avons pas emmené le lecteur jusqu’ici pour lui dire tout net : “Circulez, il n’y a rien à voir”.

Poser la question, c’est y répondre

Si nous avons choisi “leur” Fourth of July et la Grande République pour lancer ce propos et, en vérité, l’élargir au-delà d’eux-mêmes, c’est parce qu’on y trouve tout résumé de notre immense tragédie à l’échelle d’un univers qui hurle de souffrance sous les coups d’un Système s’agitant furieusement comme une bête blessée à mort, – comme “la Bête” elle-même... Ainsi le décor est-il planté : nous parlons de leur Amérique mais nous parlons en vérité de notre monde as a whole, de notre civilisation (“contre-civilisation”), du Système, de notre catastrophe. Et ce que nous évoquons, finalement, ce n’est pas tant l’idée d’un spectacle impossible à décrire tant les faits de la catastrophe s’accumulent et seraient impossibles à rapporter ; ce que nous évoquons et même décrivons, c’est bien notre angoisse, celle du petit matin de travail comme celle qui ne nous quitte jamais tout à fait, parce qu’il s’agit davantage d’un spectacle impossible à supporter que d’“un spectacle impossible à décrire”. Nous vivons dans l’“insupportable” pour nous-mêmes plus que dans l’insupportabilité des choses et du monde, et c’est cela qu’il nous faut tout de même supporter…

Ces remarques signifient que nous plaçons la problématique que nous tentons d’exprimer dans un autre domaine que celui de l’information, de la communication, etc. ; dans un autre domaine que celui de la censure contre la liberté de l’information, puisqu’il est manifeste par ailleurs que tous les accès sont aujourd’hui possibles à toutes les informations nécessaires pour qui sait enquêter. Le domaine dans lequel nous nous plaçons, – et cela n’étonnera personne parmi les lecteurs réguliers de ce site, – est manifestement celui de la psychologie, et plus précisément dit, des effets sur la psychologie de ces torrents d’information décrivant l’état du monde ; c’est bien cela, plus la question “des effets sur la psychologie” de l’état du monde que de la perception que cette psychologie a de l’état du monde ; car la psychologie, elle, dans sa vertu de perception sans conscience sourcilleuse ou fatiguée, ne s’y trompe pas...

Cette question sur l’état du monde est dépassée, et le monde nous le montre chaque jour, comme on l’a vu ce Fourth of July. Il ne fait aucun doute pour nous que tous, nous sommes constamment agressés et accablés, au niveau de notre psychologie, d’une manière directe ou indirecte, par cette vérité de l’état du monde, quelle que soit la résistance que nous opposons à cette perception. Cette idée de la “résistance que nous opposons” se réfère au concept de “résistance” complètement subverti et inverti, complètement faussaire, par rapport à la véritable signification que nous donnons à ce concept (voir le 2 juillet 2012). Dans ce cas, la “résistance que nous opposons” est un fait de l’esprit, de la raison qui prend partie, qui est plus ou moins subvertie, qui échafaude des narrative auxquelles elle se soumet, tandis que la perception dont nous parlons est du domaine de la psychologie, c’est-à-dire selon un processus incontrôlable parce que non consciemment manipulable. Les évènements qui s’imposent à notre psychologie sont d’une telle force et exercent une telle pression que, dans cet affrontement entre la perception inconsciente de notre psychologie et la “résistance” d’une raison fondée sur l’utilisation de la falsification de cette perception, c’est la première qui s’impose absolument parce que le phénomène s’est déplacé prioritairement au niveau de la perception inconsciente contre laquelle l’esprit et la raison falsifiée ne peuvent rien.

Certes, dans notre chef, à nous dedefensa.org comme à nombre de domaines de l’Internet qui se constituent en antiSystème, ce fait est moins évident dans la mesure où notre raison est beaucoup plus proche de la perception de la psychologie et refuse d’une façon affirmée et offensive, comme l’acte vrai de la vraie résistance, l’utilisation des méthodes faussaires comme les narrative. L’expression employée plus haut de “la résistance que nous opposons” devrait évidemment s’exprimer, pour décrire justement la situation dans notre chef, comme “la résistance qu’ils opposent“. Ce n’est pas pour autant que nous ne percevons pas le phénomène ainsi décrit, notamment de plus en plus manifeste chez nombre de sujets qui se trouvent de plus en plus confrontés à cette pression de la perception contre leur adhésion “rationnelle-faussaire” aux narrative faussaires du Système. Grâce à notre position dans cette “vraie résistance”, nous ressentons et mesurons, comme nous l’avons vu précédemment, et bien entendu d’une façon aussi lucide que sont aveugles ceux “qui opposent une résistance” à la perception de leurs psychologies, le poids formidable que cette perception fait peser sur nos psychologies, donc sur nos esprits. L’“angoisse du petit matin” est en réalité un état second qui sous-tend désormais toute notre psychologie comme une véritable définition fondamentale de son fonctionnement ; et nous savons que si elle n’est pas perçue, à cause de tel ou tel artifice, chez ceux “qui opposent une résistance” à la perception de la vérité du monde, elle n’en est pas moins bien présente, derrière son maquillage de circonstance. Notre psychologie, aujourd’hui, à tous, est en soi l’angoisse pure. (On sait bien que, chez certains, essentiellement nos dirigeants, cette angoisse se traduire par une terrorisation de l’esprit, qui est la substantivation de l’agrément d’être emprisonné par cette angoisse sans en connaître le fondement, sans vouloir en connaître le fondement, et en exprimant des réactions hypomaniaques jusqu’à l’hystérie. [Qui ne songerait à la pétulante Hillary ?])

L’on comprend bien, relevant d’un tour d’horizon d’un Fourth of July, dans la quatrième année d’une “crise dans la crise” (branche un peu plus spectaculaire de la crise générale, qui a accéléré cette crise générale à partir de 2008) dont on nous jurait neuf mois plus tard qu’elle était résolue, l’inéluctabilité de la poursuite et de l’accélération, sans cesse, de tous ces chocs, de toutes ces fureurs agressives, de cette pression sans cesse en augmentation que produit la poursuite de la crise générale devenant crise haute. Alors, la perspective qui apparaît inéluctable est celle de quelque chose que nous nommerions une impasse psychologique devenant nécessairement une catastrophe psychologique. Nous voulons exprimer par ces expressions d’impasse psychologique devenant catastrophe psychologique une situation extrême de tension, jusqu’à la rupture. Il s’agit de la tension entre la psychologie, qui reçoit la charge formidable de tous ces faits “impossibles à décrire” (ces crises sans fin devenant super-crises enchevêtrées, ces évènements devenus catastrophiques et perçus comme tels, ces prévisions catastrophiques), et l’esprit qui ne peut plus absorber tout cela, qui accueille ces crises comme des choses devenus faits presque banalisés, – escroquerie sur un marché de $800.000 milliards, qui soulève à peine l’intérêt, – l’esprit qui ne peut pas ou ne veut pas, qui accepte l’idée de la crise générale mais est obligé d’en écarter certains aspects, qui refuse l’idée de la crise générale mais constate partout ses signes indubitables, etc. Cette tension, quelle qu’en soit la géométrie, entre la psychologie et l’esprit, est une chose terrible qui ne cesse de s’accroître et qui ne peut pas ne pas déboucher sur une rupture, – impasse psychologique devenant catastrophe psychologique

Bien entendu, parlant de psychologie, nous parlons de ce domaine autonome de la perception auquel nous accordons une importance considérable, et non de sa caricature pavlovienne, plus basse que la psychologie animale, dont on fait la tarte à la crème des variations de leur Dieu-marché, la “psychologie” réduit à la variation de la comptabilité des investisseurs et des traders. (Cette “psychologie”-là n’a jamais rien réglé et a toujours été à la remorque des évènements spasmodiques du Dieu-marché. Elle n’est rien, et même plus manipulatrice : quel rôle jouent aujourd’hui “les marchés” dans la crise ? Au contraire, ce sont eux qui sont manipulés, comme dans le cas de la stratégie iranienne qui est de faire monter le prix spéculatif du pétrole par des agitations et gesticulations diverses autour du détroit d’Ormouz, pour affaiblir les pays du bloc BAO, et décourager une attaque des USA dont la stratégie se résume pour l’essentiel à la tactique de réélection d’un président gardant un œil attentif sur le prix de l’essence à la pompe.)

L’état du monde est un chaos immense et sans frein, comme nous le voyions au petit matin de ce Fourth of July. Il s’y ajoute l’étrange circonstance que ceux qui nous avertissent des dangers de ce chaos et prétendent lutter contre lui, les dirigeants politiques des pays du bloc BAO, sont les premiers acteurs et créateurs, et pourvoyeurs de ce chaos. (Mais l’on comprend, lorsqu’on sait le fonctionnement du Système, que ce cas étrange est en réalité une circonstance non seulement logique, mais inéluctable.) La grande question spéculative générale qui vient d’abord à l’esprit concerne en général l’évolution évènementielle de ce chaos, et le moment, et de quelle façon, il se fixera définitivement en un immense événement de rupture (d’effondrement). Ce que nous envisageons et observons ici, nous, c’est que le chaos, le véritable chaos, se trouve en vérité dans notre psychologie, qu’il est devenu l’essence de nous-mêmes. Nous (“nous, les vrais résistants”), nous le savons déjà, qui intuitivement, qui obscurément, et depuis beau temps, avec notre “angoisse du petit matin”. Eux, les autres, “ceux ‘qui opposent une résistance’ à la perception de la vérité du monde”, ils vont l’apprendre, ils sont en train de l’apprendre.

Nous tenons qu’il est justifié d’avancer l’hypothèse que ce fait, – le chaos dans notre psychologie jusqu’à l’impasse psychologique devenant catastrophe psychologique, – serait plus important que le chaos évènementiel du monde, et qu’il mènerait à une rupture qui serait la source, l’élément déclencheur, le détonateur de l’effondrement… Observer cela, c’est poser la question qui vient inévitablement lorsqu’on observe que le chaos se trouve dans notre psychologie, et y répondre certes – “chaos créateur” ou pas ?… Et l’on sait alors que l’angoisse du petit matin n’est pas en vain.