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1281Le Japon va très mal et a subi de plein fouet les conséquences de la dévaluation du yuan. L’économie japonaise a connu une contraction de 0,4% pour le deuxième trimestre. L’action du gouvernement est énergique mais totalement inefficace, sinon même contre-productive par rapport à la crise, comme l’on continuerait à jeter, avec un entêtement étonnant, de l’huile sur le feu et encore plus de l’huile sur le feu. Toutes les actions de la plupart des gouvernements suivant la doxa-Système évidemment dominante vont dans ce sens, sont aussi absurdes, produisent les mêmes effets... Ainsi, plus les choses existantes dans l’organisation économique ne cessent de s’aggraver, plus l’on donne de l’argent aux banques, plus la bourse monte et suggère une situation en pleine amélioration, plus la situation de la fameuse et néanmoins persistante “économie réelle” se détériore, également à un rythme très rapide, par effet mimétique vers le côté destructeur. Ainsi se poursuit et s’amplifie cette situation qui revient, par la communication pour son extension, par la psychologique pour sa perception, à un extraordinaire effet de “camouflage” de la crise qui s’étend alors que “les indicateurs” boursiers, comme disent nos délicieux commentateurs-Système, sont vibrants d’enthousiasme ... Cela n’a aucun effet dans la vérité de la situation, l’immense village-Potemkine devenue village-global-Potemkine et effectivement immense, mais restant complètement Potemkine à cet égard. WSWS.org décrit bien le phénomène :
«Comme aux États-Unis et en Europe, où les banques centrales ont mené des programmes de relance financière similaires, l'injection par Abe de liquidités dans le système financier a eu l’effet de pousser à la hausse les prix des actions, a subventionné la spéculation financière et a augmenté la richesse des grandes sociétés, mais n’a pratiquement rien fait pour relancer l’économie réelle. La croissance du parasitisme financier a été reflétée dans la réponse du marché boursier japonais aux nouvelles économiques négatives. Dans ce qui est devenu une tendance mondiale, où les grands investisseurs réagissent aux signes de ralentissement continu de l’économie réelle en poussant les actions à des valeurs encore plus hautes dans l’attente de recevoir plus d’argent de la part des banquiers centraux, l’indice Nikkei a augmenté de 0,5 pour cent lundi.»
Ce texte de WSWS.org, publié le 19 août 2015 en version française (version anglaise originale le 18 août 2015) donne une appréciation générale de la situation qu’il définit comme “l’économie mondiale au bord de la dépression”. (Il en rajoute aujourd’hui, ce 19 août 2015, par un texte original en anglais où il compare la situation du capitalisme mondial à un “toboggan vers la catastrophe” ; comme l’on sait, sur un toboggan les enfants s’amusent follement mais n’en continuent pas moins de glisser, – c’est même cela qui est drôle, – et dans ce cas c’est vers la catastrophe...) Cela donne à peu près ceci, avec la conclusion du texte référencé :
«L’économie mondiale est plus étroitement interconnectée et complexe que jamais auparavant dans l’histoire. Mais sa division en États-nation rivaux, le cadre politique de base de la propriété privée capitaliste des moyens de production, rend toute résolution rationnelle et progressiste de la crise dans le cadre du capitalisme impossible.
Au lieu de cela, ce qui prédomine est une croissance ininterrompue du parasitisme et de la criminalité. Au cœur de la crise est une forte baisse de l’investissement productif. En avril dernier, le Fonds monétaire international a admis qu’il n’y avait pas de perspective pour un retour à des taux de croissance “normaux”, tels que ceux qui sont antérieurs à l’effondrement financier de 2008. Il a attribué cela avant tout à une baisse marquée de l’investissement productif dans les économies avancées d’Europe et d’Amérique du Nord.
»Les grandes sociétés américaines sont assises sur une montagne de liquidités de 1400 milliards de dollars. Mais les investissements d’infrastructure dans le premier trimestre aux États-Unis ont diminué de 2,8 pour cent. L’élite patronale et financière est en train d’affamer l’économie de l’investissement productif, et à la place est en train de se livrer à des manipulations financières et escroqueries qui augmentent sa richesse personnelle au détriment de la société. Le résultat est un chômage de masse, la baisse des salaires et la pauvreté croissante et la misère sociale pour la classe ouvrière.
»Fusions et acquisitions, qui génèrent des milliards pour les banques et les grands investisseurs tout en détruisant des emplois, sont à des niveaux records, non seulement aux États-Unis, mais à l’échelle internationale. C'est la même chose pour les rachats d’actions, dans lesquels les bénéfices des entreprises ne sont pas utilisés pour accroître la production ou mener des recherches et du développement, mais pour acheter les propres actions de la société pour faire grimper leur prix et augmenter les primes des dirigeants et les revenus des investisseurs.
»Depuis 2004, les entreprises américaines ont dépensé près de 7000 milliards de dollars pour acheter leurs propres actions. Selon le professeur William Lazonick de l’Université du Massachusetts, cela représente environ 54 pour cent de tous les bénéfices réalisés par les 500 sociétés de l’indice de Standard & Poor entre 2003 et 2012.»
A côté de ces articles de WSWS.org nous exposant combien nous sommes déjà enfoncés dans la crise, nous mentionnerons celui de The Economic Collapse du 18 août 2015 repris par ZeroHedge.com du même 18 août 2015, et développant l’idée que la crise est effectivement d’ores et déjà en cours, avec des tensions partout, et d’ores et déjà des krach boursiers survenus dans au moins 23 pays. L’idée développée ici est condensée dans les deux premières phrases (“Vous pouvez arrêter d’attendre la prochaine crise financière globale. La vérité est qu’elle a déjà commencé et qu’elle est en cours...”)
«You can stop waiting for a global financial crisis to happen. The truth is that one is happening right now. All over the world, stock markets are already crashing. Most of these stock market crashes are occurring in nations that are known as “emerging markets”. In recent years, developing countries in Asia, South America and Africa loaded up on lots of cheap loans that were denominated in U.S. dollars. But now that the U.S. dollar has been surging, those borrowers are finding that it takes much more of their own local currencies to service those loans. At the same time, prices are crashing [16] for many of the commodities that those countries export. The exact same kind of double whammy caused the Latin American debt crisis of the 1980s and the Asian financial crisis of the 1990s.
»As you read this article, almost every single stock market in the world is down significantly from a record high that was set either earlier this year or late in 2014. But even though stocks have been sliding in the western world, they haven’t completely collapsed just yet. In much of the developing world, it is a very different story. Emerging market currencies are crashing hard, recessions are starting, and equity prices are getting absolutely hammered. Posted below is a list that I put together of 23 nations around the world where stock market crashes are already happening...»
Ainsi se développe la crise, à la fois extrêmement puissante, à la fois extrêmement brouillée dans un immense brouillard de communication, par les mesures même qui sont prises depuis la précédente crise de 2008, laquelle n’apparaît alors que comme la phase précédente de la même crise ; ainsi sont créées et entretenues l’apparence de conditions factices de prospérité ou de promesses de prospérité, et de bonne marche de l’économie, et de promesses de plus en plus extravagantes et funambulesques par rapport à la situation qui exprime de plus en plus sa vérité. Le camouflage, l’habillage, la narrative sont d’une extraordinaire surpuissance et d’une résilience qui dépasse l’entendement, et activent d’autant la tendance à l’autodestruction par les soubresauts de plus en plus perceptibles de l’accélération de la destruction de l’économie réelle. Dans ce sens et si nous extrapolons ces constats à un paysage général, à l’évolution fondamentale des choses, au sens même de la marche de l’histoire-Système obligée de se hausser aux exigences de la métahistoire, nous retrouvons pleinement l’une des idées centrales de notre conception sur l’effondrement du Système telle que nous la présentons dans le Glossaire.dde du 12 janvier 2014 :
«Nous avons exposé jusqu’ici diverses circonstances, considérations, analyses, etc., qui nourrissent notre conviction du phénomène en cours de l’effondrement du Système. Nous parlons aussi bien des positions de principe et théoriques, des perspectives métahistoriques, etc., que des circonstances quotidiennes que nous fournit l’actualité du temps présent, et que nous analysons systématiquement d’un point de vue métahistorique et selon cette idée de l’effondrement du Système.
»Nous considérons en effet que les événements, observés sur le terme et dans la perspective que nous avons présentée, vont effectivement tous dans le sens de l’hypothèse de l’effondrement du Système, et de l’effondrement comme étant un processus en cours, et cela avec suffisamment de puissance et de vélocité pour rendre cette hypothèse non seulement plausible et digne de considération, mais proche d’être impérative. Il s’agit là de notre position exprimée, naturellement de notre point de vue et avec nos propres références, c’est-à-dire une position subjective si l’on veut. Cela ne nous semble nullement, ni un handicap, ni une faiblesse, ni un discrédit, et même au contraire ; nous nous trouvons dans une époque complètement déstructurée, où toute trace de référence objective a disparu (notamment dans le chef des autorités officielles et des élites, voir le 30 décembre 2013), où par conséquent un point de vue subjectif peut être soutenu hors de toute condamnation de disqualification pour parti-pris, “engagement”, etc. Il n’existe plus aucune autorité de référence qui puisse aujourd’hui prononcer une condamnation de disqualification d’une pensée ayant la prétention d’approcher une vérité pour “crime” de subjectivité, puisqu’une telle référence n’existe plus. Il existe donc la possibilité réelle, sinon inévitable d’un certain point de vue si l’on considère que la vérité objective existe hors de notre entendement et de nos capacités et que notre mission principale reste de nous en approcher, qu’une position de subjectivité structurée par une raison débarrassée de la subversion rencontre une vérité objective sous la forme de ce que nous désignons pour notre part comme une “vérité de situation”...»
Ainsi, nous considérons que les conditions actuelles, à l’inverse de celles qui prévalaient en 2007-2008, quand commençaient à se signaler les prémisses de la crise de l’automne 2008, ne constituent pas des prémisses, mais des étapes supplémentaires d’une crise effectivement déjà engagée et qui se poursuit naturellement en s’aggravant. La crise de 2008 (septembre 2008) n’a jamais été résolue et n’a cessé d’évoluer, sans cesser d’être une crise, jusqu’à aujourd’hui, en attendant la suite dans le même sens. De ce point de vue, on peut donc avancer que la crise est en cours depuis 2007-2008 dans sa phase aigüe, qu’elle s’est prolongée régulièrement depuis en étant camouflée en tant que crise, et n’a cessé de contribuer au processus d’effondrement du Système décrit par l’équation surpuissance-autodestruction qui est elle-même un moyen de camouflage de la crise.
D’autre part, et pour encore alimenter l’hypothèse qu’on se trouve bien dans la crise d’effondrement du Système en cours d’accomplissent, d’autres crises sectorielles, de domaines différents du domaine financier/économie, poursuivent elles-mêmes leur parcours dynamique et tiennent leur rôle dans l’aggravation de l’ensemble, elles aussi sans interruption. Elles aussi sont très souvent conduites et se poursuivent derrière une apparence d’accalmie, sinon de résolution. Ainsi en est-il de la crise iranienne, qui paraît résolue d’une certaine façon, sinon d’une façon certaine pour certains acteurs, et pourtant les conditions particulières aux USA font qu’avec sa résolution elle constitue un crise encore plus explosive avec des effets multiples dans divers autres domaines, crise du pouvoir à Washington, éventuellement crise à l’intérieur du bloc BAO, crise du dollar, éventuellement perspective d’une guerre, etc. Là encore, il existe un processus de “camouflage” de la crise, processus presque automatique, nous dirions sans intention de nuire, qui participe au processus qui conduit à se voir confirmée de ce côté également l’hypothèse que la Grande Crise d’effondrement du Système se poursuit sans que nous l’identifiions, sans que nous en ayons conscience, etc., – dans tous les cas, pour ceux qui obtempèrent à ce spectacle type-caverne de Platon que le Système nous donne à voir dans toutes les salles climatisées du complexe hollywoodien.
Néanmoins et d’une façon générale, à cause de la puissance du flux de la crise, notamment au niveau financier où sont amassées et empilées en plus grand nombre les constituants les plus explosifs pour l’équilibre des économies et des sociétés, il se pourrait qu’on approche d’un point où le camouflage ne camoufle plus grand’chose, et c’est bien là la préoccupation essentielle des dirigeants, – non pas que la crise évolue dans une dimension catastrophique mais qu’il semble qu’il n’existe plus rien qui permette de dissimuler ce fait que la crise évolue dans une dimension catastrophique. WSWS.org constate dans son texte d’aujourd’hui, avec deux données dont la confrontation rend un ton qui serait comique s’il n’y avait évidemment une tragédie à la mesure de l’univers, «l’impasse de l’économie et la perplexité des classes dirigeantes», – on est “perplexe” parce que la “voie sans issue” se révèle être, ô considérable surprise, une “impasse”, – parce qu’il pleut et, ô surprise, que cela mouille... C’est que, après les folies de ces sept dernières années réalisées par les autorités financières en faveur des banques, comme l’écrit le Wall Street Journal, «les USA manquent de munitions pour combattre la prochaine crise» ; du coup, Monsieur Stephen King, économiste en chef de la respectable et très engraissée ces dernières années HSBC, observe que «l’économie mondiale est comme un paquebot sans canots de sauvetage»... Il aurait pu aller plus loin et nous dire qu’elle est, l’économie mondiale, comme “le Titanic sans canots de sauvetage”, ce qui aurait le charme de nous offrir la perspective d’une catastrophe d’au-delà de la catastrophe classique dont le sort du Titanic est une image et un symbole universellement utilisés...
La question que nous devons nous poser à propos de cette situation ne concerne donc pas tant le fait de la crise, que celui de son camouflage, de la perception qu’on en a, etc., pour évoluer dans le même contexte de la Grande Crise d’effondrement du Système. Plus précisément, donc, la question n’est pas de savoir comment ils vont éviter la crise mais 1) comment et s’ils vont continuer à parvenir à la camoufler, et 2) comment et s’ils vont parvenir à camoufler non pas tant le fait de la poursuite de la crise que le fait que cette crise continuée et en aggravation constante est bien la Grande Crise d’effondrement du Système. Tous nos vœux les accompagnent.
Mis en ligne le 19 août 2015 à 17H36