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1006C’est dire, Le Figaro lui-même s’interroge gravement, comme s’il découvrait une perspective incroyable : «Une impression de désordre à Washington» (ce 2 octobre 2010). Voyons les choses plus sérieusement… WSWS.org consacre, également ce 2 octobre 2010, une analyse à la situation à la Maison-Blanche, avec le départ de Rahm Emanuel (secrétaire général de la Maison-Blanche, ou chef de cabinet du président), après celui de Lawrence Summers et d’autres, avant d’autres départs sans doute…
»Emanuel’s resignation, officially announced by Obama on Friday at a White House news conference, follows the resignations of Office of Management and Budget (OMB) head Peter Orszag on July 30, Council of Economic Advisors chair Christina Romer on September 3, and the announcement on September 21 that National Economic Council Director Lawrence Summers will step down at the end of the year.
»Emanuel will be replaced, for now on an interim basis, by Peter Rouse, currently a White House adviser in Obama’s inner circle.
»A wave of retirements in the top national security positions is also anticipated. According to Reuters, “White House national security adviser Jim Jones is expected to step down later this year. Defense Secretary Robert Gates, a holdover from the Bush administration, has signaled his intention to resign sometime in 2011, when Admiral Mike Mullen, the top US military officer, is also expected to retire.”
»While no doubt there are varying circumstances behind each resignation and presumptive resignation, taken together and given their timing on the eve of the off-year elections, the departures can only bespeak an administration in crisis and riddled with internal divisions.»
…Curieuse affaire, certes. Aucun de ces départs, effectif ou éventuellement à venir ne représente en soi une crise. On s’en va par accord partagé, parce qu’on a quelque chose d’autre à faire, en très bons termes avec le président souriant de toutes ses dents fort blanche et toujours d’un calme olympien. Où verrait-on une crise dans tout cela ? Ce qui conduit aussitôt à la restriction du type, – “tout de même, cela fait désordre”, ou bien encore, comme le découvre triomphalement notre presse-Pravda, en toute liberté et sans entraves, – “impression de désordre à Washington”, l’audace même dans le propos.
Effectivement, il n’y a pas de crise, selon les canons habituels du terme, mais c’est bien à l’image du système qui s’effondre et se dissout sans coup de tonnerre ni mouvements de rue et autres fariboles des temps passés. C’est cela qui devrait impressionner : cette correspondance de la dissolution de l’administration Obama, sans heurts particulier, avec la dissolution du système du pouvoir washingtonien as a whole, la dissolution du parti républicain avec infiltration générale de Tea Party, la dissolution du Pentagone gagné par la gangrène du JSF et de ce qu’il représente comme “méthodologie”, et ainsi de suite. L’effondrement du système se déroule comme un soufflé se dégonfle, et l’administration Obama semble faire de même. Que cette dissolution se fasse ainsi, sans heurts, à l’amiable, entre copains après une bonne sortie, alors que l’alarme et la mobilisation devraient sonner partout ; alors que l’économie est aux abois avec un chômage terrifiant, que le système financier est à la merci d’un nouveau crash, que le déficit des finances publiques jonglent avec les $trillions comme vous avec les pièces d’un euro, que l’infrastructure du pays est dans un état reconnu comme catastrophique au point que l’on parle d’une “tiermondisation” galopante, que la crise immobilière continue à mettre des dizaines de milliers de familles sur le pavé, que la fameuse “classe moyenne” US explose en silence sous les coups du système fou, que… Qu’importe l’énumération, importe surtout le constat d’une extraordinaire irresponsabilité, d’une lassitude terrifiante, d’une absence complète d’espérance de la direction politique, d'une sorte d'indifférence générale devant ce qui semble de plus en plus inéluctable.
Maintenant, nous attendons les élections du 2 novembre dont on nous annonce déjà que les résultats auront une importance assez moyenne, après qu’on se soit écharpé pour elles, puisque ce qui importe c’est la guerre qui va commencer immédiatement après. Et elle se conduira, cette guerre, comme une guérilla type-Afghanistan, comme une G4G, et non plus selon les règles en vigueur à Washington, puisqu’elle sera autant, sinon plus intestine que partisane (par exemple au sein du parti républicain, qu’on annonce comme brillant vainqueur des élections, encore plus avec l’administration Obama en décomposition, et qui va aussitôt être le champ d’une terrible bataille interne entre orthodoxes et tea partiers). Washington se défait comme on se détricote, au rythme de la longue “houle déferlante” de la crise générale.
Mis en ligne le 2 octobre 2010 à 12H39
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