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444018 octobre 2019 – Le quatrième débat des candidats démocrates à la désignation pour les présidentielles USA-2020 a vu l’installation dans l’emploi courant d’une expression intéressante dans le cadre de la nouvellement-nommée (par décret personnel), – “zomblangue” (*), d’une nouvelle expression que je trouve à l’instant délicieuse et significative. C’est la très-pétillante Caitline Johnstone qui, hier, note la chose. Il s’agit au départ de l’expression “talking points”, traduite en français par nos ardents “communicants” par l’expression délicate d’“éléments de langage”, adaptée aux nécessités de la Guerre pour la Vérité que mènent ces zombieSystème, – et cela donne “Kremlin talking points”, que vous traduirez aisément...
« Ce ne sont pas des théories de conspiration. Ce ne sont même pas des secrets. Ce sont des faits. Mais parce que ce sont des faits gênants, ils sont étiquetés “éléments de langage du Kremlin” par ceux dont le travail est de défendre le statu quo », nous explique Johnstone.
Le fait est qu’on retrouve l’expression “Kremlin talking points” dans des textes déjà anciens, et, par exemple, c’est déjà Johnstone qui notait cet emploi d’une manière détaillée le 2 mai 2018, à propos d’une remarque-tweetée évidemment infâme contre l’écologiste Jill Stein. Mais je parle ici, à son exemple dans son texte d’hier, de ce que je tendrais à considérer, du fait de la prolifération de l’expression dans les tweets, d’une institutionnalisation du procédé, une installation solennelle dans la zomblangue, un peu comme lorsque l’Académie Française décide d’approuver officiellement l’emploi d’un mot nouveau que la pratique impose.
Johnstone nous donne quelques éléments à cet égard, effectivement après le débat du 15 octobre où la chère Tulsi Gabbard a été laminée par la machinerie de la presseSystème malgré ses interventions courageuses et d’une fermeté incroyable, – tout ce qu’il faut pour ne pas réussir dans nos temps d’exception.
Quelques extraits du texte de Johnstone :
« In response to a statement during the Democratic primary debates by presidential candidate Andrew Yang that both Russia and the United States have engaged in election interference, liberal pundit Molly McKew tweeted, “I now retract any vaguely nice thing I ever said about Yang knowing technology things because he answered the question on Putin with moral equivalency and a Kremlin talking point.”[...]
» Hawaii Congresswoman Tulsi Gabbard was also branded with the accusation of voicing “Kremlin talking points” for remarks she made during last night’s debate. In her case those “talking points” consisted of the indisputable fact that the bloodshed in Syria can be blamed on US politicians from both parties, and the indisputable fact that the US has armed extremist militias in that nation with the goal of effecting regime change.
» “Literally a Kremlin talking point, but whatever,” tweeted #Resistance pundit Leah McElrath in response to Gabbard’s debate comments.
» “It is a fact that the Russian talking point for years has been that the United States arms al-Qaeda in Syria. Tulsi Gabbard just said it on national television,” tweeted journalist Scott Stedman.
» “How odd to listen to Tulsi Gabbard mouthing Syrian and Russian talking points on the Democratic debate stage…sorry but no one thinks US troops withdrawn by Trump were there as part of a ‘regime change war’ by the US,” tweeted Susan Glasser of CNN and ‘The New Yorker’. »
C’est intéressant, tout ça, outre l’aspect exotique de la connerie courante à très grande vitesse... Bien entendu, l’affaire est un accouchement direct du Russiagate, on s’en serait douté et il n’y a rien pour nous surprendre en quoi que ce soit. Mais il y a autre chose ; il y a cette remarque qu’il y a effectivement une sorte de langage de plus en plus marqué, défini, extrêmement précis, – bien entendu, il s’agit de la “zomblangue” déjà signalé (*). Eh bien, je ne trouve pas que ce soit un très bon signe pour les zombieSystème, mais tout au contraire un signe d’essoufflement.
(On reconnaît dans mon propos l’extrême pessimiste du sort du Système qui devient optimiste en ne cessant de traquer les signes d’effondrement de la chose. On ne se refait pas... Pour autant, chassez ces étiquettes que je ne saurais lire, – “pessimiste”, “optimiste”, – puisqu’une seule chose compte au-delà des humeurs du caractère : Delenda Est Systemum.)
Effectivement, lorsqu’une entreprise de subversion dont le modus operandi est l’apparence extrêmement marquée et fondamentale pour donner du naturel à la chose, de la non-organisation, de la non-institutionnalisation, se voit au contraire conduite à l’organisation et à l’institutionnalisation, c’est le signe d’un fonctionnement qui est en train de se vicier, de perdre sa nature même. Les différents agents, dits “défenseur du statu-quo” par Johnstone, sont conduits à des réflexes conditionnés d’imitation les uns les autres, dans le cadre parfaitement identifié (notamment par Johnstone) de la folie-bouffe humaine ; cela implique qu’ils ne disposent plus d’une sorte d’inspiration venue du facteur fondamental, cette création diabolique (au sens précis) inspirant d’en-dessous les individus sans laisser penser à une complicité et à une conformation.
Comprenez-moi bienb même si je semble mle répéter, il faut que cela ait l’air naturel, venu sans aide extérieure de leurs pensées individuelles. S’il y a une structuration, – et dans ce cas, ce que je nomme la zomblangue en est une, – et que cette structuration est mise à jour par certaines plumes accusatrices, c’est que cette subversion a tombé le masque et commence à apparaître pour ce qu’elle est. C’est le signe de sa mort annoncée.
« Mes chers frères, n'oubliez jamais, quand vous entendrez vanter le progrès des Lumières, que la plus belle des ruses du Diable est de vous persuader qu'il n'existe pas ! », écrivait fameusement Baudelaire. L’acte que nous pouvons détailler aujourd’hui de l’institutionnalisation de la subversion en une zomblangue qui mériterait une Académie, constitue la mise en échec de « la plus belle des ruses du Diable ».
Salut à Caitline Johnstone.
(*) C’est vrai, ça... A l’imitation de la “novlangue” de Orwell, je proposerais de réunir leur façon de parler, – avec leurs tangentes, leurs signes de reconnaissance, leurs points de couardise, de lâcheté, de faiblesse quasi-caoutchouteuse du caractère, de trouille absolument colossale ou d’hystérisation constante de la psychologie, – sous le néologisme très postmoderne de “zomblangue”. Sa composition est aisément compréhensible. Je reviendrais bien volontiers sur ce cas, un de ces jours d’inspiration.
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