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5066• Le dernier acte politique d’Elizabeth, la vieille et très-digne souveraine, a été de saluer Elizabeth (Truss), la nouvelle Première. • La vieille Reine s’en va, l’Apocalypse s’installe au 10, Downing Street. • Contributions : dde.org et Peter Stevens.
La reine est-elle morte à temps ? Son dernier acte symbolique et politique a été d’acter par une réception privée, discrètement solennelle et sans doute épuisée de la nouvelle Première, la mise en place d’un gouvernement dont le programme s’écrit en trois mots (ou peut-être plus mais arrêtons-nous au symbolisme du “3”, le nombre parfait) : “War, War, War !”. Il n’est pas assuré qu’Élisabeth II nous ait quittés sans une certaine angoisse pour notre avenir, – ce serait le meilleur hommage que l’on pourrait faire à sa lucidité d’au-delà de l’ombre de la mort.
Les trotskistes du site ‘WSWS.org’ ne sont jamais meilleur que lorsqu’ils s’attaquent à leur ennemi principal du-jour qu’est l’ultra-libéralisme, bien qu’ils s’en fassent souvent les complices en formant, à diverses occasions, des alliances objectives contre des dangers fantasmés, réduisant en poussière toutes leurs supposées bonnes intentions du jour d’avant. Quoi qu’il en soit, – et il “en est” beaucoup, – ne dédaignons pas notre approbation du menu “du-jour”.
Selon leur méthode, donc, les trotskistes de ‘WSWS.org’ détaillent et précisent au millimètre près. Dans notre cas, ils découpent au scalpel après l’avoir examiné au microscope le gouvernement de madame Truss, c’est-à-dire ses intentions qui sont de faire autant de guerres qu’il se peut à tous les ennemis de l’ultra-libéralisme et du globalisme de l’“anglosphère”, pêle-mêle des pauvres aux Russes. (C’est bien là qu’on pourrait prendre les trotskistes la main dans le sac : ennemis féroces de l’ultra-libéralisme mais au fond complices très actifs du globalisme qui est l’arme principale de l’ultra-libéralisme et qui se marrie très bien avec les vues de Léon Trotski.)
Un exemple parmi d’autres... Ne faut-il pas avoir la très-bonne conscience progressiste des trotskistes, ni craindre la censure des sociétaux-progressistes bourgeois parce qu’on se prétend se situer à leur gauche, pour écrire un tel passage ?
« Le journal le plus obsessionnel est le ‘Guardian’, nominalement libéral. Le quotidien a déclaré sous le titre “Diversité” : ‘C’est officiel: pour la première fois dans l’histoire, les quatre plus importantes fonctions de l’État britannique ne comportent pas d’homme blanc”.
» Le “cabinet de Truss excelle”, se réjouit-il, dans sa “représentation des minorités ethniques: près d’un quart des 30 postes annoncés ce soir sont des BAME [noirs, Asiatiques et minorités ethniques], alors que l’estimation nationale est de 13,7 pour cent”.
» Ce à quoi des millions de travailleurs répondront: “Et alors ?”
» La classe ouvrière n’a rien à faire du genre ou de l’origine ethnique des représentants du Parti conservateur, qui en est déjà à sa troisième femme première ministre et qui se prépare à intensifier sauvagement un assaut de 12 ans contre le niveau de vie des travailleurs. Pas plus, d’ailleurs, que le Parti conservateur lorsqu’il s’agit de rassembler les défenseurs les plus impitoyables des intérêts de classe de la bourgeoisie. »
Pour ce qui nous intéresse directement, nous dirions qu’il nous semble bien qu’avec BoJo, alors que nous croyions avoir tout vu en matière d’agressivité clownesque notamment en Ukraine, nous n’avions encore rien vu puisque voici Liz Truss. Tout y est : guerre intérieure, guerre extérieure, neocons-R2P, le défilé des calamités postmodernes au son de la grande culture qui vous permet de prendre la Baltique pour la Mer Noire, – quelle importance puisque naviguent les yachts des zilliardaires et qu’appontent furtivement les JSF sur le ‘HMS ‘Prince of Wales’ en train de faire des ronds dans l’eau grâce à la torsion gauchiste de l’arbre écologique de l’une de ses hélices ? Quelle importance ?
Truss et son gouvernement sont faits pour l’apocalypse. La dame qui ne craint pas de déclencher la guerre nucléaire totale, – ce qu’elle ne peut pas exactement puisque les armes nucléaires souveraines et britanniques sont en bonne partie sous contrôle américaniste, – saura se montrer plus américanistes que les Américains-américanistes. Elle sera la pyromane en cheffe autour de l’incendie ukrainien, et peut-être l’élément déclencheur de l’affrontement suprême. Elle sera également, par ces tensions diverses qu’elle va entretenir, en toute diversité, la Première qui soumettra le pays et surtout la royauté aux plus terribles épreuves qu’appelle son état actuel au milieu de la phase finale de la GrandeCrise.
C’est sans doute pour cette raison que la mort d’Élisabeth a pu être ressentie par certains comme le crépuscule d’une époque et d’une dynastie, jusqu’à sembler être celui d’une civilisation et du Système qui l’a maintenue en vie en la pervertissant irrémédiablement. On verra ce que nous en diront les États-Unis si, demain, Biden, qui est si à l’aise avec Truss, se retrouve avec un Congrès républicain et sous l’influence d’un Trump qui ferait bien son beurre pour 2024 en dénonçant les guerres de corruption du bon vieux Joe.
Voyons donc ce que nous en disent les trotskistes de ‘WSWS.org’, le 9 septembre 2022, sous le titre initial, et modifié ici pour des raisons techniques « Royaume-Uni: Truss constitue un cabinet de guerre de classe au pays et d’escalade de la guerre contre la Russie »
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La première action de la nouvelle première ministre britannique, Liz Truss, en entrant à Downing Street a été d’appeler le président américain Joe Biden et de réaffirmer le soutien de la Grande-Bretagne à la guerre par procuration de l’OTAN en Ukraine contre la Russie.
En réponse, Biden a tweeté: «J’ai hâte d’approfondir la relation spéciale entre nos pays et de travailler en étroite collaboration sur les défis mondiaux, dont la poursuite de l’appui à l’Ukraine qui se défend contre l’agression russe».
Un communiqué de presse de Downing Street a déclaré que Truss et Biden étaient déterminés à intensifier l’agression contre la Russie et la Chine, citant: «la poursuite de notre profonde alliance de défense à travers l’OTAN et [l’alliance militaire anti-chinoise] AUKUS. Les dirigeants ont renforcé leur engagement à renforcer la liberté mondiale, à s’attaquer aux risques posés par les autocraties et à faire en sorte que Poutine échoue en Ukraine».
C’est à cela que sert la promesse de Truss de verser 157 milliards de livres supplémentaires au ministère de la Défense dans les mois et années à venir.
Truss a passé le reste de la journée de mardi à constituer un cabinet, impliquant le retrait de toute personne associée à son opposant pour la direction du Parti conservateur, Rishi Sunak. Elle l’a fait malgré les inquiétudes du parti, qui estime que l’ancien chancelier et milliardaire dispose d’un soutien important au sein du parti parlementaire, Truss ne l’ayant battu qu’à 57 contre 43 pour cent lors du vote des membres du parti.
Toutefois, malgré ces réserves, les médias favorables aux conservateurs ont généralement soutenu la décision de Truss, le Times déclarant: «Compte tenu des défis auxquels elle est confrontée et du caractère risqué de son programme, il est peut-être compréhensible qu’elle ait choisi de s’entourer, au sein du cabinet, de personnes qui ont soutenu son programme pendant la campagne et sur lesquelles elle peut compter pour le défendre à l’avenir».
Ceux qui ont soutenu Truss sont les éléments les plus enragés d’un parti de droite enragé.
Les seules personnes restantes du cabinet de Boris Johnson sont le secrétaire à la Défense, Ben Wallace, et le ministre des Forces armées, James Heappey. Tous deux ont joué un rôle déterminant dans la poursuite de la guerre contre la Russie. On avait initialement considéré Wallace, un ancien capitaine du régiment des Scots Guards, comme le prétendant au remplacement de Johnson, mais il n’aurait pas accepté se faire dire par Washington que la stabilité du leadership était essentielle pour mener à bien la guerre de l’OTAN contre la Russie et les provocations militaires contre la Chine. Wallace a donc préféré déclarer son soutien à Truss.
Un autre belliciste de premier plan, Tom Tugenhadt, un lieutenant-colonel qui a servi en Afghanistan et en Irak et qui était auparavant président de la commission des affaires étrangères du Parlement, a été nommé ministre d’État à la Sécurité.
La plus proche alliée de Truss, Thérèse Coffey, est passée du poste de ministre du Travail et des Pensions à celui de vice-première ministre et de secrétaire à la Santé et aux Affaires sociales. À la mort de Margaret Thatcher en 2013, Coffey a tweeté: «Repose en paix Margaret Thatcher. Tu as transformé notre pays pour le mieux, en redonnant sa Grandeur à la Grande-Bretagne, et as aidé à ouvrir le rideau de fer.» À côté du nom de Coffey sur son profil Twitter se trouve le mot-clic #PutinMustFail (#PoutineDoitTomber).
L’ancien ministre des Affaires, Kwasi Kwarteng, a été promu chancelier de l’Échiquier. Après avoir fréquenté Eaton, Harvard et obtenu un diplôme à Cambridge, il a écrit pour le Daily Telegraph et travaillé comme analyste financier dans plusieurs banques, dont JP Morgan. Devenu député en 2010, au lendemain du krach financier mondial et alors que l’austérité détruisait la vie de millions de personnes, il a déclaré «que la création de richesse est l’élément le plus important pour nous sortir de cette récession».
James Cleverly, qui n’est entré au parlement qu’en 2015, se voit confier le poste de ministre des Affaires étrangères. C’est un faucon anti-Chine, qui insiste sur le fait que «nous devons effectivement examiner l’influence de la Chine, non seulement sur la scène mondiale, mais aussi ici au Royaume-Uni».
L’indication la plus claire du caractère du gouvernement de Truss est peut-être la nomination de Suella Braverman au poste de ministre de l’Intérieur, alors qu’elle occupait auparavant le poste de procureur général. Braverman est régulièrement décrite comme étant plus à droite que Priti Patel, qu’elle remplace. Le Guardian a rapporté l’évaluation d’un «allié» de Braverman qui a déclaré: «Elle sera Priti sous stéroïdes. Prenez garde.»
Braverman a la responsabilité de sortir la Grande-Bretagne de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH), après que des avocats de demandeurs d’asile l’aient utilisée pour stopper un vol d’expulsion vers le Rwanda sanctionné par la loi sur la nationalité et les frontières de Patel. Elle a écrit dans le magazine House du Parlement en juillet: «Quitter la CEDH est la seule solution qui résout le problème» et serait «entièrement conforme au droit international».
Jacob Rees-Mogg a été nommé secrétaire d’État aux Affaires, à l’Énergie et à la Stratégie industrielle. Financeur spéculatif multimillionnaire, il envisage une économie entièrement déréglementée et mûre pour le pillage.
Face à ce rassemblement de criminels politiques, les médias tentent de manière ridicule de donner une coloration progressiste à l’équipe de Truss, présentée comme le «cabinet le plus diversifié de tous les temps».
Le journal le plus obsessionnel est le Guardian, nominalement libéral. Le quotidien a déclaré sous le titre «Diversité»: «C’est officiel: pour la première fois dans l’histoire, les quatre plus importantes fonctions de l’État britannique ne comportent pas d’homme blanc».
Le «cabinet de Truss excelle», se réjouit-il, dans sa «représentation des minorités ethniques: près d’un quart des 30 postes annoncés ce soir sont des BAME [noirs, Asiatiques et minorités ethniques], alors que l’estimation nationale est de 13,7 pour cent».
Ce à quoi des millions de travailleurs répondront: «Et alors»?
La classe ouvrière n’a rien à faire du genre ou de l’origine ethnique des représentants du Parti conservateur, qui en est déjà à sa troisième femme première ministre et qui se prépare à intensifier sauvagement un assaut de 12 ans contre le niveau de vie des travailleurs. Pas plus, d’ailleurs, que le Parti conservateur lorsqu’il s’agit de rassembler les défenseurs les plus impitoyables des intérêts de classe de la bourgeoisie.
Le Socialist Workers Party a donc tenté une défense détournée de la politique identitaire sous le titre «Un cabinet diversifié de la réaction». Socialist Worker a affirmé que «Truss fera délibérément entrer des femmes et des Noirs dans son cabinet pour faire taire les critiques d’intolérance des conservateurs», comme si le parti avait déjà fait preuve d’une telle sensibilité à l’égard de telles accusations.
Cela est allé jusqu’à affirmer que «des candidats au Cabinet tels que Kwasi Kwarteng et Suella Braverman auront subi l’oppression au cours de leur vie et de leur carrière – cela s’infiltre dans toutes les fissures de la société».
Le Wall Street Journal, se faisant l’écho du point de vue d’une élite dirigeante américaine préoccupée, a souligné la situation fébrile au Royaume-Uni, où les tensions sociales et de classe atteignent des dimensions explosives, qui dicte le programme politique anti-ouvrier de Truss, Kwarteng, Braverman et compagnie.
Il a averti: «L’économie britannique, qui ralentit, est sur le point d’entrer en récession. L’inflation est à son taux le plus élevé depuis des décennies et les ménages font face à des factures d’énergie paralysantes en raison de la guerre en Ukraine…»
En outre, «Le pays est en passe d’enregistrer l’année prochaine la plus faible croissance économique et l’inflation la plus élevée du Groupe des sept pays riches, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques… Sans intervention majeure du gouvernement, la combinaison de la hausse des prix de l’énergie et de la faiblesse des salaires se traduira par une baisse d’environ 3.000 livres, soit environ 3.500 dollars par an, du revenu disponible moyen des ménages britanniques d’ici 2024: la plus forte baisse du niveau de vie depuis un siècle, selon la Resolution Foundation, un groupe de réflexion britannique».
Truss doit donc affronter et vaincre une opposition croissante de la classe ouvrière: «Elle devra faire face à la poursuite de ce qui a été un été long et chaud de mécontentement». «De nombreuses grèves» ont déjà éclaté, «dont le plus grand débrayage ferroviaire depuis 1989».
La classe ouvrière ne peut vaincre cet assaut qu’en s’opposant au Parti travailliste et à la bureaucratie syndicale qui tentent d’étouffer la lutte des classes face à l’offensive conjointe du gouvernement et du grand capital menée depuis Downing Street.
Le rôle soporifique des syndicats a été illustré par Mick Lynch, du syndicat Rail, Maritime and Transport Workers, chargé de diriger l’une des plus importantes grèves de Grande-Bretagne. Après avoir déclaré qu’il appellerait à une grève générale si Liz Truss, qui s’est engagée à adopter une série de lois antigrève dans les 30 jours, était élue, Lynch a déclaré: «Liz Truss devrait agir dans l’intérêt national et jouer un rôle positif pour aider à régler le conflit ferroviaire. Cela signifie investir dans l’infrastructure ferroviaire, libérer Network Rail et les compagnies ferroviaires afin que nous puissions parvenir à un accord négocié sur la sécurité de l’emploi, les salaires et les conditions de travail».