Embargo sur l’armement israélien pour la Turquie?

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D’un texte d’Israel Valley, qui se présente comme le site de la Chambre de Commerce France-Israël, le 22 avril 2010, de Maxime Perez, correspondant en Israël du site. Il annonce la possibilité de restrictions, voire d’un embargo des armes israéliennes vers la Turquie.

«Plusieurs sources concordantes rapportent cette semaine que l’Etat hébreu aurait dernièrement rejeté une demande officielle d’Ankara visant à obtenir la fourniture de systèmes de missiles avancés de fabrication israélienne.

»SIBAT, l’organisme en charge des exportations d’armes israéliennes, aurait ainsi formulé une fin de non-recevoir au gouvernement turc concernant l’acquisition de roquettes antichars “Spike” et de missiles “Barak-8”, conçus pour la marine. Israël refuserait également de livrer à la Turquie des blindés de type “Namer”, destinés au transport de troupes.

»Ce refus est interprété comme une réponse aux récentes tensions verbales survenues entre Jérusalem et Ankara, alimentées notamment par les déclarations hostiles du Premier ministre turc Recep Erdogan à l’encontre de l’Etat hébreu. Certains experts estiment même que l’attitude d’Israël présagerait d’un début d’embargo sur les armes.

»Des responsables du ministère israélien de la Défense admettent pour leur part que le niveau de coopération militaire avec la Turquie ne reviendra pas de sitôt à ce qu’il avait pu être au cours de la dernière décennie, allusion à l’alliance stratégique signée entre les deux pays en 1996. Désormais, chaque vente d’armes est étudiée au cas par cas par le SIBAT, l’establishment sécuritaire ayant de plus en plus de réticences à fournir du matériel de pointe aux forces armées turques.

»Malgré ce déclin apparent, l’industrie militaire israélienne (IMI) a achevé, le 7 avril, la modernisation de 170 tanks M60A1, en partenariat avec Aselsan, principal groupe turc d’armement. Après plusieurs années de rebondissements, l’IAI (Israel Aerospace Industries) livrait par ailleurs six drones “Heron” à Ankara pour un montant avoisinant les 200 millions de dollars.»

Notre commentaire

@PAYANT Si elle se confirme, cette nouvelle renforce les remarques faites précédemment, ce même 29 avril 2010. Cette attitude israélienne concernant les livraisons d’armement à la Turquie, envisageant selon les sources citées d’aller jusqu’à un embargo des armements israéliens vers la Turquie, entre effectivement dans le même schéma d’une politique complètement paranoïaque au regard des conditions générales existant vis-à-vis de la Turquie et dans l’environnement des fournisseurs possibles d’armements à la Turquie. En tout état de cause, même s’il y a eu une coopération stratégique importante entre Israël et la Turquie, Israël n’a évidemment jamais été le fournisseur principal, encore moins le fournisseur exclusif d’armement pour la Turquie, qui achète des armements américains, européens et, plus récemment et d’une façon semble-t-il importante et promise encore à se développer, des armements russes. (Ce dernier cas représentant le pendant militaire à une forte amélioration des relations et de la coopération politiques entre les deux pays, depuis la crise géorgienne en août 2008.)

Une déclaration de restriction allant jusqu’à l’embargo d’armements israéliens vers la Turquie représente plutôt un acte politique sans importantes conséquences matérielles, et, qui plus est, un acte politique assez gratuit. Il a en effet comme résultat d’accroître la tension entre les deux pays sans avantages concrets qu’on puisse distinguer pour Israël, et avec pour conséquence d’accroître encore un peu plus l’isolement d’Israël en portant un coup fatal aux liens stratégiques entre les deux pays. Il a également le désavantage de compromettre gravement, jusqu’à une rupture possible, les liens d’Israël avec les milieux turcs les moins défavorables à Israël, c’est-à-dire les milieux militaires turcs dont les rapports avec le pouvoir des islamistes modérés turcs sont demeurés, dans tous les cas jusqu’à ces derniers temps, assez ambigus. De ce point de vue, on comprend que ces éventuelles décisions israéliennes à l’encontre de la Turquie seraient bien difficiles à comprendre, sinon en se référant à l’aspect débridé et paranoïaque de la politique israélienne qui repousse toute coopération avec tout pays qui ne soutient pas aveuglément et sans restrictions sa politique, et qui entend “punir” de tels pays avec des décisions de cette sorte.

Les marchés militaires qui ont encore eu lieu récemment entre la Turquie et Israël, et qui sont également signalés dans ce texte, représenteraient alors la fin des derniers accords militaires en cours entre la Turquie et Israël, et l’on assisterait effectivement à l’achèvement de la rupture stratégique entre Israël et la Turquie. Le texte signale également qu’Israël n’utilisera plus l’espace aérien turc pour ses manœuvres aériennes et se reportera sur la Roumanie, avec laquelle Israël vient de signer un accord.


Mis ebn ligne le 29 avril 2010 à 16H58