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5851Ce texte avait été rédigé il y a deux ou trois ans quand un autre danger de guerre menaçait. Todd l’avait déjà commenté.
Vite la guerre (lisez Ralph Raico pour comprendre) pour remonter dans les sondages. Le clown Trump sait à quoi se raccrocher, avec la bénédiction des faux sites comme Infowars.com !
Reprise de la quadruple troisième guerre mondiale, avec la bénédiction des bureaucraties mondialistes, de la gauche sociétale et des humanistes néocons.
Ceci dit, il va être dur de flanquer une raclée à tout le monde en même temps. Syrie, Russie, Iran, Corée, Chine, Venezuela… L’empire du bien ne sait plus où donner de la fête !
Or le plus marrant, comme le rappelle Fred Reed ce matin dans Unz.com, c’est que l’empire ne fait plus peur à personne. La Corée se fout du Donald, l’Iran hausse les épaules, la Chine rebâtît sa route de la soie. C’est quoi ce cirque alors ?
Un qui avait tout dit en 2002 est Emmanuel Todd. Je le cite presque sans commenter :
« Nous assistons donc au développement d’un militarisme théâtral, comprenant trois éléments essentiels :
— Ne jamais résoudre définitivement un problème, pour justifier l’action militaire indéfinie de l’« unique superpuissance » à l’échelle planétaire.
— Se fixer sur des micro-puissances — Irak, Iran, Corée du Nord, Cuba, etc. La seule façon de rester politiquement au cœur du monde est d’« affronter » des acteurs mineurs, valorisant pour la puissance américaine, afin d’empêcher, ou du moins de retarder la prise de conscience des puissances majeures appelées à partager avec les États-Unis le contrôle de la planète : l’Europe, le Japon et la Russie à moyen terme, la Chine à plus long terme.
— Développer des armes nouvelles supposées mettre les Etats-Unis « loin devant », dans une course aux armements qui ne doit jamais cesser. »
Todd aime cette métaphore théâtrale, et il la file durant tout son livre. L’empire des transformers développe un cirque planétaire sous les acclamations de tous les Slate.fr, lemonde.fr et liberation.fr de cette belle planète de gauche, de droit et de démocratie :
« Il y a une logique cachée dans le comportement apparent d’ivrogne de la diplomatie américaine. L’Amérique réelle est trop faible pour affronter autre chose que des nains militaires. En provoquant tous les acteurs secondaires, elle affirme du moins son rôle mondial. Sa dépendance économique au monde implique en effet une présence universelle d’un genre ou d’un autre. L’insuffisance de ses ressources réelles conduit à une hystérisation théâtrale des conflits secondaires. »
Le pompier pyromane agite et fait des bulles :
« Un nouveau théâtre s’est récemment ouvert à l’activité de pompier pyromane des États-Unis : le conflit entre l’Inde et le Pakistan. Largement responsables de la déstabilisation en cours du Pakistan et de la virulence locale de l’islamisme, les États-Unis ne s’en présentent pas moins comme médiateur indispensable. »
Quinze ans près, plus personne ne veut de ce cirque US, sauf les médias sous contrôle et lus par les robots et les bobos qui surnagent.
Sur l’Afghanistan, Todd écrit :
« La guerre d’Afghanistan qui a résulté de l’attentat du 11 septembre a confirmé l’option. Une fois de plus, les dirigeants américains se sont engouffrés dans un conflit qu’ils n’avaient pas prévu, mais qui confortait leur technique centrale que l’on peut nommer le micro-militarisme théâtral : démontrer la nécessité de l’Amérique dans le monde en écrasant lentement des adversaires insignifiants. Dans le cas de l’Afghanistan, la démonstration n’a été qu’imparfaite. »
On parodiera un titre célèbre de l’âge d’or hollywoodien : il n’y a pas de show business comme le business de la guerre.
“There no show business like war-business! »
A propos de l’OTAN et de ses gesticulations en pays balte, un colonel français, le colonel Lion je crois, a parlé d’opérations de « communication ». On verra. Mais malgré Libération et le NYT, l’Allemagne je crois préfèrera le gaz russe au nucléaire russe.
Emmanuel Todd montrait comme les nord-coréens ou les iraniens son absence de peur face à l’abrutissement impérial :
« Le gros de l’activité militaire américaine se concentre désormais sur le monde musulman, au nom de la « lutte contre le terrorisme », dernière formalisation officielle du « micro-militarisme théâtral ». Trois facteurs permettent d’expliquer la fixation de l’Amérique sur cette religion qui est aussi de fait une région. Chacun de ces facteurs renvoie à l’une des déficiences — idéologique, économique, militaire — de l’Amérique en termes de ressources impériales. »
Le délirium transsexuel et féministe de l’empire est ainsi souligné par Emmanuel Todd :
« Ce conflit culturel a pris depuis le 11 septembre un côté bouffon et à nouveau théâtral, du genre comédie de boulevard mondialisée. D’un côté, l’Amérique, pays des femmes castratrices, dont le précédent président avait dû passer devant une commission pour prouver qu’il n’avait pas couché avec une stagiaire ; de l’autre, Ben Laden, un terroriste polygame avec ses innombrables demi-frères et demi-sœurs. Nous sommes ici dans la caricature d’un monde qui disparaît. Le monde musulman n’a pas besoin des conseils de l’Amérique pour évoluer sur le plan des mœurs. »
Sautons quelques références et concluons sévèrement :
« Le cauchemar caché derrière le rêve de Brzezinski est en cours de réalisation : l’Eurasie cherche son équilibre sans les États-Unis. »
C’est la fin de McKinder et du rêve impérial anglo-saxon de contrôler l’île-monde à coups de trique.
Je terminerai avec Plaute, qui dans son Miles Gloriosus, avait écorné l’image du militaire fanfaron (Remacle.org) :
« Soignez mon bouclier; que son éclat soit plus resplendissant que les rayons du soleil dans un ciel pur. Il faut qu’au jour de la bataille, les ennemis, dans le feu de la mêlée, aient la vue éblouie par ses feux. Et toi, mon épée, console-toi, ne te lamente pas tant, ne laisse point abattre ton courage, s’il y a trop longtemps que je te porte oisive à mon côté, tandis que tu frémis d’impatience de faire un hachis d’ennemis. »