Il y a 10 commentaires associés à cet article. Vous pouvez les consulter et réagir à votre tour.
1534Qui ne connaît Rupert Murdoch, ce grand magnat de la presse, l’homme qui tient des continents et nos destinées dans ses mains, le bienfaiteur de diverses humanités sans l'avis éclairé duquel Tony Blair ne pouvait imaginer de prendre quelque décision importante que ce soit. Gros groupe de presse, le père Murdoch; et avisé, grande pensée politique et le cœur sur la main, il soutint effectivement (et soutient encore) le groupe des neocons qui nous offrit l’inspiration et l’élan de la fiesta des années GW Bush.
Rupert Murdoch constate que la presse officielle, type-Pravda est en chute libre. Par contre, il n’est pas mécontent des résultats du Wall Street Journal, qui lui appartient, naturellement, et qui a organisé sa vente d'abonnements “en ligne” qui marche fort bien. Par conséquent, il envisage de faire d’Internet son nouveau terrain de chasse et annonce que les jours de la presse-papier sont comptés. Tout cela se trouve dans le Guardian du 7 mai 2009.
«Encouraged by booming online subscription revenues at the Wall Street Journal, the billionaire media mogul last night said that papers were going through an “epochal” debate over whether to charge. “That it is possible to charge for content on the web is obvious from the Wall Street Journal's experience,” he said.
»Asked whether he envisaged fees at his British papers such as the Times, the Sunday Times, the Sun and the News of the World, he replied: “We're absolutely looking at that.” Taking questions on a conference call with reporters and analysts, he said that moves could begin “within the next 12 months‚” adding: “The current days of the internet will soon be over.”»
La dernière phrase de cette citation est ambiguë, ou sibylline c’est selon: «The current days of the internet will soon be over.» Paul Joseph Watson, de Prison Planet.com, du 7 mai 2009, trouve également cette phrase ambiguë («Billionaire media mogul Rupert Murdoch gave a strange response when asked about plans for mainstream news websites to charge for content, declaring, “The current days of the internet will soon be over.”»). Puis il envisage le pire et dit craindre une attaque des grands groupes type Murdoch contre Internet tel que nous le connaissons et en faisons grand usage…
»The jig is up for the corporate media. If they continue to allow free access to their content they will go out of business because there’s not enough advertising revenue coming in, whereas if they charge for content they will lose a huge chunk of their audience and their influence in shaping the news agenda will wane completely.
»This is the price the corporate media has paid for lying, spinning and obfuscating on behalf of the virulently corrupt power elite and expecting the population to eat it up without question.
»The corporate media monopoly has terminal cancer and they are losing their power, which is why they are aggressively supporting moves to phase out the old Internet altogether and replace it with “Internet 2,” a highly regulated and controlled electronic Berlin wall, where alternative voices will be silenced and giant corporate propaganda organs will dominate once again.
»This what Murdoch is really getting at when he assures us that, “The Internet will soon be over” and it’s down to us to stop that agenda from being realized.»
On s’abstiendra ici d’épiloguer à propos de cette phrase de Murdoch, autant que des spéculations de Paul Joseph Watson, pourtant tout aussi perplexe que nous mais nous donnant tout de même son avis («…to phase out the old Internet altogether and replace it with “Internet 2,” a highly regulated and controlled electronic Berlin wall, where alternative voices will be silenced and giant corporate propaganda organs will dominate once again.»).
Le fait essentiel qui nous apparaît est certainement qu’Internet se rapproche de plus en plus d’être un enjeu central du système de la communication et de l’information, voire l’enjeu central. L’extrême pourriture à laquelle est parvenu le système traditionnel des médias conformistes acquis au système est sans aucun doute un facteur important dans cette évolution. Cette situation a accéléré l’expansion du crédit intellectuel d’Internet, autant qu’elle a été accélérée elle-même par ce crédit, dans un mouvement classique de vases communicants. La décrépitude du système médiatique officiel reflète autant, et même plus à notre sens, l’extrême décrépitude idéologique et l’enfermement conformiste de ceux qui s’intitulent encore “journalistes” dans ce système et ne font que répercuter les thèses du système, qu’une évolution économique défavorable. Le mépris, la rancune et l’indifférence du public aujourd’hui pour ce système officiel ne cessent de grandir. Les attaques, en forte augmentation et de plus en plus violentes, des “journalistes” du système contre Internet en tant que source d’information mesurent les difficultés du système officiel.
Une attaque des puissances économiques de ce système en cours d’effondrement vers Internet, de toutes les façons possibles, est une réaction logique. L’attitude de Murdoch en témoigne. Savoir ce qu’il peut faire et ce qu’il fera, avec les autres de son acabit, n’est certes pas en notre pouvoir. Une certitude est qu’Internet va devenir de plus en plus un champ de bataille, où les choses sérieuses se passent, où il va importer de plus en plus d’être responsables. Il ne suffira plus de proclamer sa prise de parole pour être assuré de la conserver.
On nous permettra, à nous, d’assumer notre responsabilité ; c’est-à-dire, sans plaisir excessif, rappeler à nos lecteurs que nous avons besoin de leur soutien, qu’ils devraient se débarrasser des assurances trop faciles que nourrissent les certitudes utopiques qu’Internet a fait naître. Internet est un instrument exceptionnel, et, surtout, c’est l’archétype de ce phénomène que Chalmers Johnson nomme “blowback” puisqu’il fut conçu au départ comme un instrument du système lui-même. (Blowback est ce terme employé par la CIA, et utilisé par Chalmers Johnson dans son livre Blowback: The Costs and Consequences of American Empire,— pour caractériser les conséquences négatives inattendues des actions impérialistes et expansionnistes de l’américanisme.)
Internet est devenu ce qu’il est par un enchaînement de circonstances que personne n’avait prévu. La même chose (absence de prévision) vaut pour l’avenir, et la seule chose raisonnable à proposer comme réflexion est qu’un tel instrument se protège, et ceux qui en usent à l’avantage de l’exercice de leur liberté ont une responsabilité à cet égard. Internet n’est plus un phénomène hors des sentiers battus, qui a échappé en partie au système et que le système tolère sans rien faire de sérieux. Murdoch rôde aux alentours, l’affaire devient sérieuse.
Mis en ligne le 11 mai 2009 à 06H11
Forum — Charger les commentaires