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527817 juin 2020 – Nous l’avons déjà dit à plusieurs reprises et le répétons en guise d’introduction, avant de revenir plus loin sur le thème d’une autre façon, nous estimons bien entendu que, dans la crise globale qui secoue cette année 2020 entre Covid19 et ses suites économiques-catastrophiques, et ce que nous nommons la Grande-Emeute2020, la place des USA et leur évolution sont le centre de tout et la matrice de l’événement global de la Grande Crise. C’est-à-dire que cette crise Grande-Emeute2020 n’affecte pas les USA dans la même mesure qu’elle affecte les autres ; elle affecte “le centre de tout et la matrice” de tout ce qui opérationnalise le Système dans l’époque actuelle, y compris les facteurs les moins quantifiables et les plus insaisissables comme la culture, la psychologie, le symbolisme, – et même ce que nous nommerions le “mythologisme”, voire le “simulacrisme” (“idéologies” de fabrique des mythes et des simulacres). Si les USA “sautent”, d’une façon ou de l’autre, avec Trump ou contre Trump qu’importe, c’est tout le Système qui saute...
Par conséquent, une étape (plutôt qu’un tournant) notable dans la situation de désordre des USA est importante à décrire et à comprendre pour mieux l’interpréter. C’est le cas de l’EO que vient de signer Trump, hier à la Maison-Blanche, sous les applaudissements nourris d’un important groupes de hauts-fonctionnaires, d’élus et de notables concernés.
Le président Trump a édicté un Executive Order (EO) recommandant aux États et aux villes de la Fédération (des USA) certaines mesures pour modifier le comportement de la police. Cette initiative va dans le sens désiré unanimement d’une réduction des violences policières mais n’aura, comme l’écrit Nebojsa Malic, aucun effet positif pour la politique de “retour à l’ordre et à la loi” que prétend suivre le président. Bien entendu, on comprend pourquoi puisqu’il s’agit d’une évidence que nous répétons depuis que ces événements ont éclaté : ni les violences policières ni le racisme ne sont les causes des mouvements en cours aux USA, mais tout juste des prétextes légitimant ces violences pour un autre but, c’est-à-dire des outils manipulateurs.
Au contraire, l’initiative de Trump, qui est un cas classique d’une erreur du type “trop peu trop tard” d’une direction ayant perdu tout contact, – si elle n’en eut jamais, – avec la véritable situation au cœur d’une crise de cette sorte, va exacerber cette situation dans un sens favorable aux plus radicaux qui suivent des ambitions du type révolutionnaire radical classique et s’imaginent faire de la stratégie alors qu’eux-mêmes évoluent au seul niveau tactique, manipulés par les événements.
Ainsi Malic résume-t-il la situation aux USA :
« Le décret du président Donald Trump sur la police fait avancer beaucoup de choses dans la bonne direction. Pour autant, cela n’a pas moindre importance sur la situation générale, car le (mauvais) comportement de la police n’est que le prétexte de la crise actuelle, et nullement sa cause.
» Mardi, Trump a présenté des lignes directrices fédérales destinées à limiter drastiquement l’utilisation de la technique “de l’étranglement”, à donner à la police plus d’armes non-létales pour réduire l’utilisation des armes à feu, à augmenter le nombre de travailleurs sociaux, et en conditionnant l’aide fédérale à des certifications de la part des États et des villes en matière de politiques de désescalade et de bon usage de la force.
» Dans des circonstances ordinaires, toutes ces mesures seraient les bienvenues pour réduire les brutalités policières et améliorer la sécurité des agents et du public. Mais ce ne sont pas des circonstances ordinaires.
» La réforme de la police a peut-être été l'une des demandes des manifestants qui ont rempli les rues de Minneapolis il y a trois semaines pour dénoncer la mort de George Floyd. Depuis lors, les protestations se sont transformées en émeutes, d'abord à Minneapolis et dans la ville voisine de St. Paul, puis partout aux États-Unis, y compris à Washington. Et ce, même après que les quatre officiers impliqués dans la mort de Floyd aient été licenciés et inculpés, – puis que leurs charges aient été aggravées par le procureur général de l'État, sous la pression des manifestants.
» Pendant ce temps, ces demandes ont augmenté de façon exponentielle. Réformer la police ne suffisait plus, oh non ; le Police Department devait disparaître complètement, et “débudgétiser la police” est devenu une demande nationale de Black Lives Matter et de leurs collecteurs de fonds du Parti démocrate. Mais il y a encore bien plus : des noms doivent être changés, des statues brisées ou défigurées, les personnes exprimant un zèle insuffisant pour la Cause en rapide évolution (et encore moins osant s’y opposer) doivent être licenciées et les salles de rédaction purgées. Il est question de réparations de l’esclavage aux USA et un groupe de “manifestants pacifiques” a même pris des armes et déclaré une “Zone Autonome” dans le centre-ville de Seattle, à Washington.
» Pendant tout ce temps, Trump a tweeté avec emphase à propos de “la loi et l’ordre”, mais les responsables locaux des villes touchées, – presque entièrement démocrates, – ont rejeté son offre de faire appel à la Garde nationale pour réprimer les émeutes, l’ont dénoncé comme un tyran, puis se sont retournés et ont exigé de l’argent fédéral pour réparer les dommages causés par la violence qu’ils ont laissé se développer. Des chefs de la police et des maires ont été filmés en train de se mettre à genoux et de ramper devant les “manifestants pacifiques” avant d’être chassés dans l’humiliation.
» Face à ces manifestations de faiblesse, amplifiées par la couverture médiatique, il est naturel pour les militants d’intensifier leurs revendications. Pendant ce temps, les partisans de Trump sont de plus en plus désillusionnés par la déconnexion croissante entre ses tweets au ton martial et l’absence de toute action concrète pour mettre un terme à ce qui semble être le règne du désordre et de la mafia... »
Il est vrai que Trump a beaucoup clamé et fait très peu. Il y a eu l’épisode de Washington, avec la confusion à propos du déploiement de forces militaires (82èmedivision aéroportée), près ou autour de la ville. Là-dessus ont aussitôt enchaîné ses menaces d’intervention de l’armée à Seattle, pour disperser la “Zone d’Autonomie” (CHAZ, puis CHOP), laquelle est toujours là, et de plus en plus “autonome”. L’armée n’est pas intervenue bien que, dans une lettre commune à la Commission des forces armées de la Chambre, le ministre et le chef d’état-major des forces armées, Esper et Milley, ait mentionné une possibilité d’intervention des forces à Seattle si le président l’estimait nécessaire. Le président ne l’a pas estimé nécessaire.
Dans un article pour le même RT.com, le journaliste Nicholas Sheppard (Politico, The Federalist, The Daily Beast, Huffington Post, auteur du livre ‘Broken Play’) estime que Trump, qui avait réussi le remarquable exploit (jamais accompli par aucun président républicain) de réunir 23% de soutien dans la communauté Africaine-Américaine en février de cette année, est en passe de perdre ce précieux apport électoral. Sheppard estime que l’attitude de Trump durant cette Grande-Emeute2020 est le principal argument qu’on peut avancer pour cette prévision qui se traduit dans les chiffres, – de 23% à 12%...
« Aujourd'hui, miné par Covid-19 et la détérioration des relations entre les races à la suite de l’assassinat de George Floyd, le soutien fragile mais tangible que le président avait recueilli auprès des électeurs noirs s'est considérablement effacé, chutant de près de la moitié pour atteindre seulement 12 %.
» Si la manière dont le président a traité le coronavirus peut être un facteur contributif, la mort de Floyd a été un événement dramatique et décisif, et extrêmement conséquent, tant sur le plan culturel qu’électoral. Étant donné les faibles marges probables, c’est particulièrement vrai dans de nombreux États très disputés, avec peu d’électeurs indépendants à rallier et donc la nécessité pour les deux partis de consolider leur base.
» La réouverture des rancœurs culturelles, la rhétorique antagoniste du président Trump sur Floyd et le retour du soutien des Noirs au sein du groupe démocrate ont remodelé le paysage politique. »
Cette situation pré-électorale est devenue extrêmement différente pour Trump, qui paraissait il y a quelques mois comme le grand favori pour novembre prochain. Évidemment, Covid19 et la Grande-Emeute2020 sont des événements propres à modifier profondément les événements électoraux, et encore plus avec l’évolution de la seconde crise tandis que la première n’est pas terminée et peut repartir dans une “seconde vague”.
Mais il est vrai que c’est la crise de protestation et de troubles depuis le 25 mai qui domine l’essentiel des analyses et des actes politiques. Le comportement de Trump n’a pas été particulièrement habile, – d’ailleurs sans que tout soit nécessairement de sa faute. Comme on l’a vu, la position si ambigüe du Pentagone ne permet pas à Trump d’être très à son aise lorsqu’il choisit l’option de “la loi et l’ordre”, avec menaces d’intervention à l’appui. D’autre part, peut-il prendre une position inverse ? Alastair Crooke résumais la position de Trump dans un texte du 6 juin, – et même si les choses vont très vite, les principaux éléments du dilemme du président US rassemblés ici existent toujours et se sont même renforcés...
« Ces derniers jours, Trump est devenu le Président de “la loi et l’ordre”, – un changement qu’il a explicitement lié à 1968, lorsque, après la mort de George Floyd du fait de la police de Minneapolis, Trump a tweeté : “ Quand les pillages commencent, les tirs commencent”. Ce sont les mots utilisés par le gouverneur George Wallace, le candidat du parti ségrégationniste à l’élection présidentielle de 1968. Les Républicains ont lancé leur “stratégie du Sud” pour gagner les démocrates blancs mécontents après la révolution des droits civils et les émeutes noires.
» Trump est déterminé à l’emporter – mais aujourd’hui, nous ne sommes pas en 1968. Un programme de maintien de l’ordre peut-il fonctionner ? La démographie américaine dans le Sud a changé et il n’est pas certain que les électeurs libéraux urbains des États-Unis souscrivent à une plate-forme de maintien de l’ordre, qui rappelle implicitement leurs aux Blancs.
» Dans un sens, le Président Trump se retrouve pris entre marteau et enclume. Si les protestations ne sont pas étouffées et “la normalité courante [non] rétablie” (selon les termes de Esper), Trump pourrait perdre les derniers conservateurs partisans de “la loi et l’ordre”. Si, au contraire, il perdait le contrôle de la situation et réagissant de façon excessive avec l’armée, il pourrait avoir sa propre “Place Tiananmen” que [le milliardaire chinois anti-PCC] Jimmy Lai avait prédit avec délice dans le cas de Hong Kong, isolant alors la Chine contre le monde : “Hong Kong serait finie, mais … la Chine aussi”.
» Dans notre cas, on dirait que “Trump pourrait être fini, mais… les États-Unis aussi”.
C’est bien entendu à cette dernière phrase de conclusion de Crooke que nous allons nous attacher, pour examiner le cas, désormais plus envisageable sinon probable pour certains, d’une défaite de Trump dans les conditions présentes. Ces conditions, et notamment les troubles de la Grande-Emeute2020, ne pourraient faire que s’amplifier parce que c’est de l’intérêt, à côté de la quasi-paralysie des républicains, de certains des principaux acteurs, – notamment les activistes d’extrême-gauche et les Noirs, – mais aussi les démocrates qui ont leur version à eux du “Je suis pris entre marteau et enclume”...
Comme le laisse deviner notre conclusion de la partie précédente, nous allons nous attacher à l’hypothèse d’une victoire démocrate, puisque c’est cette possibilité qui est aujourd’hui considérée avec sérieux. C’est aussi et surtout une possibilité qui conduira nécessairement à un changement...
Certains commentateurs, et nombre de démocrates bien entendu, jugent qu’une victoire démocrate apporterait un tel changement qu’on verrait le calme se rétablir et les fonctions du pouvoir reprendre leur cours normal dans une Amérique régénérée. Nous ne donnons pas de nom ici sinon celui de Trump, c’est-à-dire aucun nom démocrate ; car l’état d’esprit est tel chez certains de ces commentateurs parmi ces “certains commentateurs” à pronostiquer un “lendemain qui chante”, que la seule chose qui compte, le seul fait qui importe n’est pas de savoir quel démocrate sera élu, et comment, et dans quel sens, etc., – mais ceci : Trump sera battu, éliminé, envoyé dans le Trou Noir de l’Enfer, et le soleil brillera à nouveau.
Cette idée implique bien entendu son antinomie entièrement basée sur une personne (si Trump est réélu, le désordre continuera, sinon empirera jusqu’à la catastrophe, – ce qui est probablement le cas mais n’est pas [n’est plus] dû à Trump au point de désordre que nous avons atteint, où le désordre se nourrit de lui-même, devenu l’événement maître du Temps) ; cela, cette absence d’importance des personnages, parce qu’il s’agit d’abord d’une situation, d’un événement qui est aujourd’hui d’une puissance si considérable qu’il peut s’identifier au Temps lui-même (« Le Temps n’est plus le temps courant, il est devenu événement pur qui fabrique son propre temps ... »).
Dans ce cadre, les acteurs sont complètement contraints par le rôle qui leur est assigné dans la situation de l’événement. Aucune improvisation n’est tolérée, d’ailleurs le résultat serait effroyablement pire que le suivi rigoureux du script. Notre perspective, qui ne devrait pas être pris comme une prospective qu’elle n’est pas puisqu’elle n’a aucune certitude scientifique et de sûreté, s’attache alors au climat, aux tendances, aux mécanismes collectifs, à l’affectivisme régnant et aux simulacres que tout le monde est obligé de suivre et d’accepter dans un grand élan de déterminisme-narrativiste.
Dans ce cadre et dans ce cas, si les démocrates l’emportent, fussent-ils un Biden flanqué par exemple, surprise considérable, d’un Saint-Barack Obama déguisé en VP, ils seront soumis dès l’instant de l’apothéose à des pressions encore plus considérables que celles qui s’exercent et s’exerceraient sur Trump et sur les républicains. Ils subiront encore plus fortement les caractères singuliers des us & coutumes de la Grande République en état révolutionnaire, passant par l’existence d’une puissance considérable (celle du POTUS/président au sommet) soumis à des pouvoirs complémentaires et antagonistes d’une extraordinaire capacité de nuisance, réduisant sa propre puissance à mesure, et encore plus dans la samba marxiste-gramciste-racisée. Plus encore, bien plus encore quand cette puissance est votre amie !
On parle donc ici de cette foule d’associations et groupes plus ou moins clandestins, plus ou moins parasites, plus ou moins affectivistes, plus ou moins proclamatoires, plus ou moins corrompus, plus ou moins manipulés, – les BLM, les Antifas, ceux de l’Open Society (marque Soros déposée), les LGTBQ [VWX], les CHOP et autres “Autonomous Zone” ou “Occupied Protest”. Tous seront à l’assaut, réclamant, proclamant, occupant, renchérissant et radicalisant. La presseSystème se fera un plaisir de professionnel bien huilé de la délation élégante de Park Avenue de tresser des couronnes d’épines christiques à tous ces jeunes gens révolutionnaires. Qui suit la rigueur intuitive de l’événement les voit et les entend d’ici, haut et fort, en pleine extase de rapine des pouvoirs puisque leurs hommes et leurs femmes sont au pouvoir.
Cela peut aller loin ! Jusqu’où, après tout ? Jusqu’à ce que les démocrates au pouvoir ordonnent à l’armée d’intervenir dans telle et telle cité ? Et que fera le Pentagone ? Emprisonner le nouveau président ou l’hospitaliser vu son état, ou bien monnayer sa mission (“Augmentez le budget du Pentagone de 25% et nous intervenons dans une ville”) ?
Enfin... Croit-on être, rien que cela, dans une structure si superbe et sublime qu’elle se déforme pour absorber les cahots, pour aussitôt se reformer, plus puissante et organisée qu’auparavant ? Non, la souplesse n’est pas son fort, non plus que l’ordre intelligent. N’a-t-on pas remarqué que la Grande République est devenue un énorme Barnum, et croit-on alors qu’il suffirait d’un clown en moins, fût-ce le président Trump lui-même, pour que les rangs se reforment et qu’on ne voit plus qu’une seule tête ? Encore n’a-t-on pas envisagé le pire, qui est tout proche de nous dans l’hypothèse qu’on évoque de la victoire démocrate.
Franklin Delano Roosevelt fut élu le premier mardi de novembre 1932, battant le président sortant Hoover. Le programme de FDR était présenté comme une rupture radicale par rapport à la politique de Hoover, alors qu’on se trouvait au bord du gouffre du fond de l’abysse de la Grande Dépression. FDR élu, il lui fallait attendre le début mars 1933 pour prendre ses fonctions, pendant que son prédécesseur continuait à assumer les pleins pouvoirs du président. Bien entendu, Hoover continua sa politique, FDR se gardant bien d’intervenir, par ailleurs occupé à éviter les balles puisqu’une tentative d’assassinat eut lieu contre lui en janvier 1933. Quand FDR prit le pouvoir, l’Amérique s’était complètement effondrée par rapport à novembre 1932, au bord de la désagrégation, de la fin d’une civilisation. (*) La première mesure que prit le nouveau président, quatre heures après son inauguration et après être passé par l’église pour prier pour le salut de la Grande République avec ses ministres, fut d’ordonner la fermeture de toutes les banques du pays.
C’est cette épisode qui poussa le pouvoir américaniste à modifier aussitôt dans la Constitution sacrée et intouchable à part les innombrables amendements, le délai du transfert du pouvoir, le raccourcissant de mars à janvier de l’année suivant l’élection. Cela laisse tout de même deux mois pendant lesquels le pouvoir est dans les mains d’un homme, – pour le cas qui nous occupe, – qui a été désavoué par l’électorat. Quand nous sommes hors-crise, c’est-à-dire “hors-sol” pour les salons, dans le consensus bipartisan qui est l’essence même de ce regime, aucun problème qui peut faire tâche sur l’élégant costume ne se pose ; on reste polis, on se tape dans le dos, on s’embrasse malgré Covid19, on se sourit et ainsi de suite. Mais quand le pouvoir se transmet dans l’antagonisme (FDR-Hoover), et même dans l’antagonisme surchargé d’une haine hystérique et terrible jusqu’à l’explosion nucléaire de la psychologie (Trump et son remplaçant démocrate dans le cas exploré) ?
Cela laisse à pense de quoi serait fait l’interrègne dans de telles conditions. La perspective est vertigineuse, la prospective impossible à faire parce que la science se méfie des vertiges. On aurait tendance à envisager, en référence à l’extraordinaire lâcheté-couarde assaisonnée de grossière démagogie montrée par les différents pouvoirs démocrates confrontés aux protestations-émeutes dans la plupart des cas graves, une lâcheté-couarde assaisonnée de grossière démagogie venue du même fournisseur. Le résultat serait une implantation considérable des mouvements extrémistes, directement ou par le biais des pouvoirs locaux et régionaux qu’ils tiendraient par le chantage au Politiquement-Correct (PC) qui semble l’arme de déstructuration massive de notre époque toute entière investie par la communication.
(Et encore, dans une telle perspective, n’envisage-t-on pas ce qui pourrait se passer du côté de Trump, – trop insaisissable et sans doute soucieux de sauver ses $milliards, – et surtout de ceux qui ont suivi Trump pour mieux se sentir trahi et cocu par leur POTUS-cocktail-Molotov.)
Et alors, et ensuite ? Les démocrates auraient accouché d’un Kerenski qui ferait le lit de la Révolution ? Nous referaient-ils le coup d’octobre 17, version postmoderne et pleine de surprises hollywoodiennes de l’AmericanDream ? Cela est loin d’être assuré, car nous cherchons en vain un Lénine, fût-il un Lénine-noir, à l’heure où plus aucun dirigeant africain-américain, désormais habitué à la bonne vieille corruption des “privilegied Whites people”, n’arrive à la cheville d’un Malcolm X ou d’un Docteur King. Mais pour nous, l’important dans cette perspective qui n’est pas une prospective, c’est qu’elle va, elle aussi certes comme les autres hypothèses envisagées, dans le sens de l’accélération constante de la GCES. Comme écrit également Alastair dans son texte cité, mais lui à propos des perspectives monétaires et financières aux USA (ce destin fatal est pour tous les domaines) : « C’est-à-dire que la Révolution peut venir de l’intérieur, – et pas nécessairement de l’étranger. »
Pour le reste, il faut garder toute sa confiance, toute sa “foi”. Il faut relire ce livre de circonstance et d’une sublime acuité de notre grand Joseph de Maistre, – ses ‘Considérations sur la France’, qui nous donnent en 1796 des appréciations sur la Révolution Française qui n’ont pas pris une ride... Tout ce qu’il dit pourrait s’adapter à ce qui est en route aux USA, lui qui savait les connivences entre l’Histoire et la providence. Quelques mots du comte Joseph pour clore la réflexion du jour sur ce qui est “le centre de tout et la matrice” de tout ce qui s’opérationnalise à partir de la Grande Crise d’Effondrement du Système.
• Sur l’événement métahistorique que fut la Révolution Française, comme l’est notre GCES aujourd’hui, concentrée sur l’Amérique : « Mais la révolution française, et tout ce qui se passe en Europe dans ce moment, est tout aussi merveilleux que la fructification instantanée d'un arbre au mois de janvier ; cependant les hommes, au lieu d'admirer, regardent ailleurs ou déraisonnent. »
• Sur les révolutionnaires maintenant, ceux qui croient faire l’évènement (ils sont si nombreux dans notre époque de communication) et qui sont les “idiots utiles”, les figurants plus ou moins habiles, d’un événement qui les dépasse et qui les dévorera gloutonnement, mais sans y prendre garde, quand leur heure sera venue : « On a remarqué, avec grande raison, que la révolution française mène les hommes plus que les hommes ne la mènent. Cette observation est de la plus grande justesse...[...] Les scélérats mêmes qui paraissent conduire la révolution, n'y entrent que comme de simples instruments ; et dès qu'ils ont la prétention de la dominer, ils tombent ignoblement. »
(*) Voir dans ‘Le soleil noir de la Beat Generation’, un long passage (Chapitre 2) consacré à la Grande Dépression... Ceci, pour donner le ton et la couleur de l’époque évoquée dans le passage qui prend cette note pour référence : « En septembre 1933, le Français André Maurois, retour d’un séjour là-bas, rapportait ces remarques dans ses ‘Chantiers américains’ : “Si vous aviez fait le voyage vers la fin de l’hiver (1932-33), vous auriez trouvé un peuple complètement désespéré. Pendant quelques semaines, l’Amérique a cru que la fin d'un système, d'une civilisation, était tout proche.” »