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626L’article de Jonathan Freedland dans le Guardian de ce matin est peut-être très exemplaire des blocages du jugement des Européens sur la situation américaine. Il est d’autant plus exemplaire qu’il vient d’un commentateur britannique qui, d’habitude, n’a pas froid aux yeux lorsqu’il s’agit de juger l’Amérique.
Effectivement, Freedland n’a pas froid aux yeux lorsqu’il détaille l’état de l’Amérique. Par ailleurs, si la chose était audacieuse il y a trois ans elle est commune aujourd’hui : tout le monde commence à comprendre ou à envisager, même si avec réticence et à contrecoeur, que l’Amérique n’est qu’une “hyperpuissance” de carton-pâte, qu’elle est caractérisée par des faiblesses et des travers d’un poids considérable, qui l’emporte de plus en plus.
Ce qui nous importe désormais, c’est la conclusion à en tirer. De ce point de vue, Freedland est bien court. Comparant la déstabilisation actuelle à celle des années 1970 (Viêt-nam, Watergate, Carter), il rappelle la tendance habituelle des Etats-Unis à se replier lorsqu’ils connaissent de tels troubles (isolationnisme) pour en repousser aussitôt la possibilité. Ne peut-il envisager rien d’autre ? Curieusement, il aurait pu le faire, avec une autre analogie historique qu’il avance en comparant, pour l’évolution politique plus que pour l’économie, cette période avec celle qui conduit à la Grande Dépression américaine. Cette fois, la conséquence fut bien plus la possibilité réelle de l’effondrement des Etats-Unis qu’un choix de politique (isolationnisme ou pas). Aujourd’hui, l’enjeu véritable est exactement celui-là.
Ci-dessous, les trois paragraphes de conclusion de Freedland.
« That belief had already taken a few blows. The vulnerability exposed on 9/11 was one. The struggle in Iraq — where America has become a Gulliver, tied down — was another. But now the giant has been hit again, its weak spot exposed. When corpses float in the streets for five days, the indispensable nation looks like a society that cannot take care of its own. When Sri Lanka offers to send emergency aid, the humiliation is complete.
» That could lead to a shift in priorities, a sense that too many energies were diverted to Iraq and Afghanistan and away from the home front. It could even see the US retreating from the world and hunkering down.
» But don't count on it. At the end of the 1970s, American confidence was also shaken — by defeat in Vietnam, by the serial failure (and worse) of government institutions. What followed, after the interval of the Carter presidency, was a period of gung-ho bullishness that became the Reagan era. It may look battered — but only a fool would count America out. »
Mis en ligne le 5 septembre 2005 à 08H15