Encore une semaine métahistorique...

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Encore une semaine métahistorique...

24 octobre 2024 (13H55) – Il se pourrait que l’un ou l’autre, passant en revue nos récents articles, se disent “Oh, rien sur ceci, rien sur cela, rien sur...”, – et ainsi défileraient les principaux événements métahistoriques et subcrises de la GrandeCrise. Certes, je n’ignore rien de tout cela, mais que puis-je en dire, précisément, chaque jour, qui ne soit répétition de l’évidence, inéluctable répétition...

Retenez ce mot d’inéluctable, – inéluctabilité. C’est la marque du temps. Tout est annoncé, tout se déroule sous nos yeux, les plus formidables changements que nous avons déjà commentés jusqu’à plus soif sans vraiment y croire une seule seconde pour du vrai-réel, et rien ne se passe qui ne puisse ralentir cette inéluctabilité de leur manufacture. Nous l’avions prévu sans y croire, simplement parce que la logique métahistorique nous imposait cette conviction incroyable, mais c’est encore plus formidable quand cela se produit et nous restons bouche bée, plume en l’air, conduit simplement à une inéluctable répétition de ce qui est déjà écrit. Même la Bible et Nostradamus se taisent, effarés de constater que les événements, confirment, dépassent et emportent leurs prophéties les plus formidables.

Nous subissons aujourd’hui une formidable leçon d’humilité. Mais qui sommes-nous donc pour ainsi prévoir l’inéluctable en n’y croyant rien, et se retrouvant à terre, interdits, parce que le ciel nous est tombé sur la tête comme nous l’avions prévu en traitant avec dérision et mépris ces prévisions qui nous étaient extorquées, sans doute entre deux verres remplis jusqu’à l’indécence ?

Ainsi qui dira un mot ou l’autre qui ne contienne pas un soupir d’admiration, voire d’envie pour certains, devant la réunion des BRICS à Kazan, conduite par la baguette de l’irrésistible Vladimir Vladimirovitch. Aussi le commentateur (Larry S. Johnson) qui met en ligne un article où il écrit « Poutine re-structurant le monde sous nos yeux », s’attaque habilement à la seule démarche qu’il peut comprendre et expliquer, qui est la réaction de dénégation, de diffamation, de description mensongère de l’Occident-abusif et de ses légions de bonimenteurs incrédules et à la plume trempée dans le fiel du dénigrement :

« Il est fascinant d’observer le déni, en Occident, de l’importance de cette réunion de 36 nations, avec la participation de 20 chefs d’État, et du défi qu’elle représente pour l’ordre international fondé sur des règles dominé par les États-Unis. »

Pour le reste qui fait notre quotidien, que dire qui n’ait été dit ? Tout se passe comme prévu dans ce colossal projet d’organiser “sous nos yeux” un monde nouveau, concurrent affiché de la structure actuelle qui est puante d’être vermoulue, corrompue, sans capacité de réaction constructive, noyée dans son arrogance et ses innombrables croisements de mensonges et d’injustices. Et ils disent “BRICS !” comme l’on dit “banco !” ; et la banque saute parce que leur dollar disponible à l’infini est imprimé sur du mauvais papier de toilette (politesse oblige, je n’en dirai pas plus)...

Que dirais-je encore des deux subcrises en cours, au Moyen-Orient d’un Israël prétendant en appeler au Ciel sans nécessité d’un intermédiaire, et dans l’Ukraine d’un Zelenski affichant l’intransigeance d’un Hitler de fer-blanc ? Mercouris, John Mearsheimer et Glenn Diesen s’attaquent pour la nième fois à la question que tout le monde se pose : où en sont ces deux aventures sanglantes ? Et Mercouris de nous dire, à la demande de Mearsheimer pour nous tous, et une fois de plus et chaque confirmé par la tournure des événements :

« Je crois que nous sommes tous d’accord, n’est-ce pas ? Ils sont sur la voie de la défaite... »

Comment avons-nous pu anticiper autre chose que cette évidence ? Certes, à Bruxelles (à Evere plutôt), au Pentagone, dans les salons-rédactions parisiens, on était sûr du contraire et de notre “Juste Cause”, et nous dénoncions leur aveuglement tout en reconnaissant in peto, cette crainte à peine dissimulée, qu’ils avaient peut-être bien les moyens de ranger les choses à leur façon. Mais non, rien du tout, ils se sont pris eux-mêmes les pieds dans leur simulacre, comme ils font lorsqu’ils contemplent les BRICS, dans un état de complète sidération. Aussi est-il stupéfiant, confondant, mirobolant, etc., de constater combien les dieux se passent de notre expertise pour nous donner ce que l’évidence nous promettait.

Quel commentaire ajouter à cela devant de tels événements, si complètement impensables dans l’autre monde, celui qui a précédé celui où nous sommes depuis 2015-2020 ? Littéralement, nous ne pouvons rien dire qui vaille, laissant faire sans pouvoir rien en dire l’inexorabilité de ces événements sans aucun sens parce qu’ils sont, – comme nous l’annonçons nous-mêmes mais sans jamais y croire vraiment et tout à fait, parce qu’effrayés de notre  audace de cette pensée hors des normes de la Raison-vigilante, – parce qu’ils sont métahistoriques !

Et encore, direz-vous pour ceux qui ont l’endurance de la lecture, ne dit-il rien, l’auteur, de la situation dans “notre-Amérique” bien-aimée, ce modèle qui nous semblait taillée pour tenir mille ans, domestiquant les siècles des siècles, offrant une parade somptueuses sur Broadway au Messie qui succomberait évidemment aux offres dollarisées de  services selon les scripts d’Hollywood, à Hollywood même. Effectivement je n’en dis mot car n’importe quel mot, ou assemblage de mots, ou ‘word’s salad’ selon l’aguichante habitude de notre-Kamala, paraît et paraissent totalement impuissants à rendre compte de la puissance inimaginable de l’événement en cours, aussi formidable que celui qui nous fit voir « mille soleils » à Hiroshima.

Je veux dire, “sous nos yeux” là aussi, s’effondre avec une certaine indolence et un bavardage incessant à propos des consignes des Founding Fathers, cette énorme ambition qui devait secouer le monde jusqu’en ses tréfonds et transformer l’homme à l’image d’un Dieu qui aurait enfin compris vers qui Il doit se tourner pour accomplir sa besogne.

E pur si muove, – je veux dire, la métahistoire.