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21 juin 2002 — Nous attirons l'attention de nos lecteurs sur ce texte paru hier 20 juin, dans le Washington Post. Il nous paraît significatif de l'accroissement de la tension aux USA. Notre impression est moins causée par l'événement qu'il décrit, bien que celui-ci ne soit pas négligeable, que par le fait même de la publication dans le Washington Post. A l'image des grandes publications libérales US dont on tente d'entretenir la tradition, ce quotidien a réduit ses propres traditions libérales à peu de chose depuis le 11 septembre, en alignant sa politique éditoriale sur les instructions du gouvernement, de façon à peine indirecte et à peine voilée. Une instruction du département de la Justice publiée le 19 juin, qui motive ce commentaire du 20, paraît avoir atteint un niveau juridique difficilement acceptable, même par un Washington Post revue post-9/11.
L'édito commence comme ceci : « ''A court's inquiry should come to an end once the military has shown ... that it has determined that the detainee is an enemy combatant. ... [T]he court may not second-guess the military's enemy-combatant determination.''
» These words were not written by some petty dictator whose kangaroo courts rubber-stamp his every whim and whose whims may include locking up citizens he regards as enemies. They were filed yesterday by the U.S. Department of Justice before the 4th Circuit Court of Appeals in Richmond in the case of Yaser Esam Hamdi. Mr. Hamdi is probably an American citizen, captured in Afghanistan and currently held without charge at a military base in Norfolk. He is not a sympathetic character, but that should not obscure the extraordinary power President Bush is claiming for himself in Mr. Hamdi's case: the right to detain without trial American citizens forever with no meaningful judicial review. »
Le reste de l'éditorial du Post est dans le même esprit. Il indique combien les commentateurs américains, des segments de plus en plus larges de l'establishment médiatique, des Américains en nombre grandissant se trouvent confrontés à une situation d'un malaise grandissant. Comment continuer à soutenir une administration dont les traits les plus apparents ont été ces dernières semaines la faiblesse, l'incompétence et, en nombre de cas, la couardise caractérisée, ce comportement général poussant à des mesures de plus en plus discriminatoires, de plus en plus anti-démocratiques ? A notre sens, en effet, ce n'est pas un coup de force rampant qu'effectue l'administration GW. La plupart du temps, la politique de cette administration est le fruit de décisions hâtives entraînant des mesures arbitraires improvisées en hâte devant des circonstances qui semblent échapper au pouvoir fédéral.
L'édito du Post est une bonne indication de l'évolution de la situation aux USA, de l'évolution d'un état d'esprit encore dissimulé mais qui ne cesse de se renforcer. Cette évolution accompagne bien entendu l'évolution même de la situation aux USA. Notre appréciation plus générale n'est pas qu'on se dirige vers un État-policier ou quelque chose de cette sorte, mais qu'on se dirige vers un désordre grandissant, entre des mesures arbitraires et policières, l'impuissance politique d'une administration incapable de contrôler la situation, le malaise et la méfiance grandissants de la population. La confrontation de ces courants, — notamment la méfiance grandissante et le soupçon, d'ailleurs fondé, envers le gouvernement et la faiblesse de ce gouvernement prenant des mesures arbitraires — est une combinaison efficace pour des effets brutaux, des prolongements imprévisibles, une mise en péril des structures américaines.
L'édito se termine ainsi : « If this is correct, any American could be locked up indefinitely, without a lawyer, on the president's say-so. You don't have to believe that Mr. Hamdi is innocent to see grave peril in this. The Constitution's checks and balances don't contemplate blind trust in the wisdom or good faith of the president. And the courts must not acquiesce in Mr. Bush's claim that they are powerless to ensure the lawfulness of presidential behavior. »
• Note au 22 juin : comme complément, on peut lire une excellent texte dans le Guardian du 22 juin sur la situation des libertés civiques aux USA.