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7182Qui se souvient de l’“affaire Dutroux” qui, en 1996, avait failli faire littéralement exploser le royaume de Belgique ? Moi, je m’en souviens épisodiquement, sinon fortement par instant, cette sensation effectivement de la potentialité de l’explosion, de la possibilité de tout... Jeffrey Epstein est-il le “Dutroux-globalisé”, est-il au XXIème siècle commençant ce que Dutroux fut au XXème finissant ?
Rien à faire, depuis presque cinq-six jours, je n’arrive pas à me faire une religion sur la façon d’aborder cette affaire, et autant de difficultés par conséquent à prendre la plume pour aller au-delà de ce qui lui vient trop facilement dans l’encrier et qu’on retrouve un peu partout dans le système de la communication... Juste quelques paragraphes le 9 juillet 2019, on s’en rappelle, quelques images d’atmosphère :
Effectivement, atmosphère... « Le roi des “complotistes”, Alex Jones, se fait un délice sur Infowars.com de ressortir ses archives, lui qui a suivi Epstein depuis des années et en a fait, durant la campagne présidentielle de 2015-2016, un des arguments de son accusation concernant la dépravation satanique des élites progressistes et démocrates. La chose avait fait partie effectivement de la fiesta des rumeurs de USA-2016, notamment autour de Hillary Clinton et de ses supposées tendances sataniques, comme cela état rapporté le 6 novembre 2016 :
» “Drôle d’atmosphère, agrémentée de détails déplorables (The Deplorable, selon Hillary) sur les déplacements de Bill (une vingtaine) et même d’Hillary (six) vers une sorte de Sex Island (Orgy Island ou Sex Slaves Island, selon d’autres sources) fournie en mineures de bas âge et tenue par un pédophile notoire et confirmé puisque déjà condamné pour ce délit, Jeffrey Epstein ; la petite île faisant partie semble-t-il, – cela ne s’invente pas quoique restant à confirmer, – des Virgin Islands, ou Îles Vierges...” »
Il est vrai que cette affaire semble à la fois si sordide, si monstrueuse, si incroyable, si “globalisée”, si complètement “fait-divers” et si complètement “ultime décadence du simulacre de l’Empire” ; je l’avoue, je ne sais comment la prendre ; j’hésite, j’envisage une orientation, puis une autre, sans rien décider sinon décider qu’il va bien falloir me décider. S’il s’agit d’une “affaire Dutroux globalisée”, il s’agit aussi d’une “affaire Dutroux-bouffe”, et il s’agit encore d’une affaire qui pèse mille fois le poids de l’“affaire Dutroux”, de la différence qu’il y a entre la Belgique et les USA, de la différence qu’il y a entre ces années 1990 et notre si “étrange époque”.
Imaginez Dutroux, ce minable, ce petit voyou dans sa maison à deux-balles, détenant de pauvres petites gosses innocentes et saisies, terrorisées et martyrisées jusqu’à une mort effroyable dans une cellule puante de sa cave ; comparez avec Epstein, son île personnelle, son Boeing 727 personnel baptisé Lolita Express (tiens il l’a vendu la veille de son arrestation, cette “pièce à conviction n°1”), ses maisons luxueuses, les billets de $100 qu’il glissait “avec une grande générosité” aux filles après entourloupettage et usage, histoire de noyer le poisson. Mais oui c’est la même démarche, mais non c’est une autre dimension ; avec Epstein, une fois de plus, nous sommes passés de l’autre côté du miroir.
Tout est à la fois mystérieux et évident chez Epstein, insaisissable et écrit dans le marbre comme s’il s’agissait d’une annonce au néon sur Broadway. Cet homme n’est pas un petit voyou grandi, un paria, un parasite, un rejeton de la société des nantis dont il sert les instincts les plus vils. Il est dans cette société ; il en fait partie, il en est la substance même, il en est même sa gloire ; comme une lumière faussaire, il attire à lui tout ce qui brille faussement et que la moindre lumière extérieure à soi fascine. Nul ne sait précisément d’où lui vient sa fortune et s’il y a fortune en propre. Comme le père de son ex-compagne Ghislaine Maxwell devenue une amie très chère et très proche, et également sa mère-maquerelle et rabatteuse en chef(fe), peut-être est-il un espion double, sinon triple. (On parla beaucoup, s’il m’en souvient, du milliardaire Robert Maxwell mort mystérieusement d’une étrange noyade, tombé nu dans la mer une nuit alors qu’il se trouvait en croisière sur son yacht fastueux, comme d’un “agent double”, ou même d’un “agent triple”.)
Bien entendu, le carnet d’adresse d’Epstein est également fastueux, où l’on trouve, comme une obsession, un peu comme les Dupont-Dupond, le nom des Clinton-Clinton, et puis ceux de princes royaux, de milliardaires, de fortunes du monde hyperprogressiste-sociétal de Hollywood... Comme on trouve, dans un autre registre, cette rocambolesque l’histoire de sa première inculpation/condamnation de 2008 pour les charges habituelles tournant autour de la prostitution, valant pour des dizaines d’années (45) en prison qu’il méritait se transformant en quelques mois passés, pour le logement, à l’hôtel de police de Palm Beach County en Floride, tandis qu’il était “libre” 12 heures par jour pour continuer à travailler dans sa luxueuse maison du coin. Le procureur qui avait “‘négocié” cet incroyable arrangement, Acosta, était ministre du transport de Trump jusqu’à vendredi dernier, jour où il a donné sa démission. C’est Philip Geraldi qui a développé l’explication donnée par Acosta à l’équipe Trump de son attitude vis-à-vis d’Epstein : on avait fait savoir au procureur Acosta qu’Epstein était intouchable, parce qu’agent de renseignement ; Giraldi croit fermement qu’il s’agit du Mossad, mais la CIA et le FSB russe sont également cités.
Quel intérêt pour un SR, ce type ? Tous les moyens de chantage possible contre tant de personnalités. D’ailleurs et en attendant, parce que nous sommes dans une société de consommation de la communication, les révélations volent et tombent déjà chaque jour, et le cirque ne fait que commencer. Un commentateur dit que Trump, qui a connu Epstein mais qui, – une fois n’est pas coutume, – serait plutôt dans la case “assez peu compromis”, – entend pousser l’affaire jusqu’où cela est possible, parce qu’il sait qu’elle implique un lot important des milliardaires-progressistes-démocrates de Wall Street, de Hollywood, de “D.C.-la-folle” autour des terrifiants Clinton. “There will be blood” est-il ainsi inscrit sur le mur.
Mais enfin, ce qui me frappe tout en ne me donnant aucune envie d’écrire là-dessus précisément et dans le détail, et expliquant d’ailleurs cette volonté de restriction par l’évidence du constat, c’est l’observation de cette évidence justement que cette affaire correspond si bien à la pente des Derniers Temps, au tourbillon crisique, à la couleur et à l’atmosphère de cette “étrange époque” que nous vivons. Il ne manquait plus que cela pour que la globalisation soit achevée pour ce qu’elle est, et nous l’avons, – la globalisation structurée, au plus haut niveau, avec tous les moyens d’une mise en scène hollywoodienne et pornographique à la fois. A côté de cela, Satyricon fait pâle figure et Eyes Wide Shut figure de hors d’œuvre.
Epstein nous révèle dans toute sa lumière la dernière face de la Grande Crise de l’Effondrement du Système : la dépravation des mœurs et des psychologies, un classique de la décadence des grands empires, mais avec une touche de paroxysme et des capacités à nulle autre pareilles ; je veux dire, “un classique” mais revu-moderniste, moulé et authentifié dans le style moderniste de l’effondrement, organisé avec méthode et brio, et l’aide des technologies les plus luxueuses et grâce à la mobilité et à la souplesse des $millions ; et aussi comme un pendant sardonique et méprisant pour les multiples hystéries et croisades paroxystiques des féministes et autres vertueux radicaux sortis de la modernité pour créer l’être nouveau et montrer que “la femme est l’avenir de l’homme”, – en attendant, avec Epstein, elle déguste...
Tout cela dit et admis, avec les diverses choses qui vont avec, je reviens à ceci que cet homme est un mystère. Son visage lui-même est mystérieux, plutôt classique et presque austère, et le rôle de gourou lui irait bien. Les sites spécialisés se sont précipités sur cet aspect des choses qu’ils affectionnent et autour desquelles ils bâtissent des narrative souvent très surprenantes, mais cette fois en donnant toutes les références présentes renforçant notablement leurs affirmations. C’est le cas de notre site déjà-vu et bien-connu WhatDoesItMeans, par exemple le 13 juillet 2019 (mon conseil étant qu’il est à consulter avec les réserves d’usage):
« Un nouveau rapport étonnant du ministère des Affaires étrangères (MoFA) circulant aujourd'hui au Kremlin présentant l'ordre du jour des pourparlers stratégiques,de stabilité entre le vice-ministre des Affaires étrangères Sergey Ryabkov et le secrétaire d'État adjoint américain John Sullivan, qui se tiendront les 17 et 18 juillet à Genève en Suisse, cite comme l'un de ses principaux sujets de discussion une demande de licence d'exportation présentée par le Federal Bureau of Investigation (FBI) pour l'utilisation de Logis-Geotech, la technologie la plus avancée de l'industrie de la défense russe pour le développement et la fabrication de matériel géophysique (radar souterrain). Le numéro de référence du FBI pour cette demande est “19 CRIM 490”, – qui est le document du 8 juillet 2019 signifiant l’arrestation du prédateur pédophile Jeffrey Epstein, – avec pour seul objet que le FBI utiliserait cette technologie russe hautement secrète pour ce qui semblerait être un examen radar souterrain de l'étrange structure en forme de temple découverte sur l’île privée d’Epstein dans les Caraïbes, dont les portes massives sont verrouillées de l'extérieur,et non de l'intérieur. »
Le même site reprend et élargit le thème le lendemain 14 juillet 2019, parlant de rien moins que de “l’Empire Pédophile du parti démocrate” (« FBI Blacks Out New York City During Raid On Clinton Office As Democrat Party Child Sex Empire Crumbles »). L’on y retrouve nombre de rumeurs qui avaient couru durant la campagne présidentielle USA-2016, et divers personnages de première dimension et officiellement de la meilleure compagnie du monde (voir le 6 novembre 2016). Je ne peux que constater combien le cas Epstein, encore plus que l’“affaire Epstein” qui reste à développer, et qui se développera, s’insère parfaitement dans un schéma où la politique la plus vicieuse et la plus agressive interfère considérablement avec des sortes d’organisation pornographique matinée d’ésotérisme de circonstance et de rencontre, – notamment à Hollywood, où veillent des fortunes sociétales-progressistes, également versées dans cette sorte d’activité :
« [Le développement du Complexe Militaro Industriel] fut marqué, outre ses aspects matériels, industriels, financiers et politiques, par des dimensions nettement idéologiques, mystiques, voire ésotériques. [...] D’autre part, il y a les accointances de cette entreprise avec le milieu général de Los Angeles, que ce soit le cinéma, que ce soit, surtout, certaines tendances spiritualistes et ésotériques qui trouveraient leur relais dans l’Église de Scientologie de 1952 (très populaire dans le cinéma US, comme on le voit aujourd’hui avec l’affiliation scientologique d’acteurs tels que Tom Cruise et John Travolta). »
Ces diverses remarques, qui ne sont pas toutes d’actualité mais définissent un puissant courant irrationnel dans l’américanisme, sinon constitutif pour une part non négligeable de l’américanisme, débouchant autant sur des croyances exotiques et diverses que sur des pratiques allant jusqu’au satanisme et à la pornographie satanique, montrent combien le cas Epstein, multiplié dans l’actualité du système de la communication par l’“affaire Epstein”, s’inscrit parfaitement dans la situation générale de la crise où se trouvent plongés les USA. Le “fait-divers”, le “Dutroux globalisé” qu’on offrait au départ comme références simplistes ont donc complètement dépassé ces domaines...
Je ne peux m’empêcher de répéter qu’avec Epstein, nous sommes passés, dans un domaine que l’on croirait réservé aux plus bas instincts et à la perversité la plus avérée, de l’autre côté du miroir. L’“affaire Epstein” a complètement sa place dans la Grande Crise d’Effondrement du Système ; si certains y voient la répétition à une échelle industrielle, technologique et d’une organisation sans faille de pratiques souvent rencontrées dans l’histoire des mœurs dépravés, j’y vois en plus, moi, le signe d’une décadence assumée, volontaire, arrogante sinon provocatrice, et accélératrice de l’effondrement.
On pourrait alors adapter ces paroles fameuses, ce qui donnerait aussi bien ceci, qu’Epstein pourrait dire à la place de Karl Rove (*) : “Nous sommes un empire en décadence surpuissante maintenant et quand nous agissons nous créons notre propre effondrement. [...] Nous sommes [les créateurs] de l’effondrement... Et vous, vous tous, il ne vous restera qu’à étudier ce que nous avons [créé].”
Note
(*) Karl Rove parlant à Ron Suskind à l’été 2002 : « Nous sommes un empire maintenant et quand nous agissons nous créons notre propre réalité. Et alors que vous étudierez cette réalité, – judicieusement, si vous voulez, – nous agirons de nouveau, créant d’autres nouvelles réalités, que vous pourrez à nouveau étudier, et c’est ainsi que continuerons les choses. Nous sommes [les créateurs] de l’histoire... Et vous, vous tous, il ne vous restera qu’à étudier ce que nous avons [créé]. »
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