Epstein et sa French Connection

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Epstein et sa French Connection

On devrait connaître Wayne Madsen : féroce dissident de gauche, férocement antiTrump, mais de la catégorie antiSystème. A côté de cela, un journaliste indirectement “de terrain”, mélangeant l’engagement politique avec des enquêtes serrées et complexe sur des scandales où le fait-divers le plus inextricable, où le “complot” d’apparence le plus improbable ont nécessairement une dimension politique la plus explosive possible. Par conséquent, Madsen est étiqueté par certain comme “théoricien de la conspiration”, selon un Wikipédia mi-figue mi-raisin qui lui est consacré, et à partir de sources d’accusation elles-mêmes hautement suspectes d’engagement et d’influence orientées neocon, comme le Daily Beast... Mais l’on sait aussi bien ce qu’il faut penser, pour une bonne et importante partie, de la théorie des “théoriciens de la conspiration” selon la presseSystème en lisant le texte d’Orlov de ce jour, 7 août 2019.

Cette mise en jambe était destinée à préparer à un commentaire du dernier article de Madsen dans Strategic-Culture.org, un des meilleurs sites dissidents actuels, dont lui-même Madsen est devenu l’organisateur (le site date de 2005) en même temps que l’un des contributeurs les plus prolifiques (553 articles). Ayant eu une première partie de vie dans les milieux des renseignement militaires (US Navy, NSA), Madsen sait l’importance des sources dont il dispose en quantité assez impressionnante, notamment à partir de cette carrière dans le renseignement. Aussi n’aborde-t-il souvent certains sujet qui éclatent dans l’actualité et sont aussitôt exploités par la plupart des organes d’information, qu’avec un certain retard pour réunir le plus d’éléments possibles, et une certaine distance pour confronter ces éléments.

C’est le cas pour cet article du 6 août 2019, sur Strategic-Culture.org bien entendu, « Politique & Pédophilie : un mélange maléfique », qui concerne bien entendu l’affaire Epstein. Depuis le 7 juillet (date de l’arrestation d’Epstein), Madsen s’est abstenu d’en faire le commentaire alors que l’affaire était universellement traitée, de la presseSystème et particulièrement le New York Times aux “complotistes” (ce qui est peut-être faire un distinguo en forme de pléonasme). Tout cela nous engage à considérer l’article de Madsen comme une pièce sérieuse et nullement comme un réflexe compulsif de “complotiste”, d’autant qu’il est farci de très nombreuses références, détails précis, précisions très spécifiques et particulièrement crédibles, à partir de faits d’ores et déjà largement diffusés.

Madsen aborde le cas Epstein du point de vue international, après l’avoir défini par ses relations les plus fameuses et aussi les plus internationales : Trump, Clinton, les Maxwell père et fille, le Prince Edward, duc de York et frère du Prince Charles, l’ancien Premier ministre israélien Ehud Barak. A partir de là, de très nombreux épisodes et précisions inédites sont citées, appuyés sur la thèse déjà connue et documentée (sans avoir été prouvée, bien entendu) qu’Epstein travaillait et était largement financé par le Mossad, pour réunir des éléments de chantage contre des personnalités à partir de ses activités de pédophilie et de souteneur d’une organisation  pédophile internationale.

Il y a un élément singulièrement intéressant dans son texte, pour l’amorce d’une connexion qu'établit Madsen, qui est la French Connection, du film fameux du début des années 1970, tout autant que le détail événementiel jusqu’ici peu exploité de la date du procès, – cela nécessitant qu’Epstein reste en vie dans sa prison d’ici là, échappe au suicide ou aux mauvaises fréquentations... On trouve ces choses sur la fin du texte, dont voici les quelques derniers paragraphes, avec des indications donnent un exemple du travail de Madsen.

« Le ‘Miami Herald’ et ses journalistes et rédacteurs en chef qui ont découvert et publié nombre de détails sur l'affaire Epstein ont été menacés. Il en va de même pour les politiciens qui ont dénoncé les catalyseurs politiques d'Epstein en Floride. Parmi les personnes menacées se trouve la sénatrice Lauren Book, de l'État de Floride. En raison de sa poursuite acharnée des pédophiles dans le gouvernement de l'État de Pennsylvanie, le procureur général Kathleen Kane a été inculpée sous de fausses accusations, forcée de démissionner de ses fonctions et condamnée à la prison. L’ancien ministre de la Santé de l'île de Jersey, Stuart Syvret, a été qualifié par les médias de “conspirationniste” pour son enquête sur les abus sexuels d'enfants à l'orphelinat de Haute de Garenne sur l'île. Dans une interview accordée en 2007 à un magazine français, le président français Nicolas Sarkozy a choqué la France en déclarant qu'il était “enclin à penser que des gens naissent pédophiles, et que c'est aussi un problème que nous ne savons pas comment gérer”. Il y a aussi le fait étrange que l'actuel président français, Emmanuel Macron, a commencé, à l'âge de 15 ans, une relation avec son instituteur, qui est aujourd'hui son épouse et Première Dame de France. Bien qu’Epstein ait été arrêté dans un aéroport du New Jersey après son retour de Paris en avion privé, les autorités françaises ont été lentes à ouvrir une enquête sur les activités d’Epstein en France.
» C’est le camouflage de son activité pédophile passée qui avait conduit en prison l'ancien président (républicain) de la Chambre des Représentants des États-Unis, Dennis Hastert, lequel avait été en tant que Speakerde cette assembléele deuxième dans l’ordre de la succession à la présidence des États-Unis.
» Le procès fédéral d’Epstein doit commencer durant l’été 2020, en plein milieu de la campagne présidentielle américaine. Les preuves produites, dont on dit qu’elles comptent plus d’un million de pages, ne manqueront pas d’influer sur le résultat de l’élection. La relation étroite que Trump a entretenue une seule fois avec Epstein pourrait être la raison pour laquelle tant de membres républicains de la Chambre des Représentants ont décidé de ne pas se représenter. Ce qui devait être une déroute des Républicains [au Congrès] en 2020 pourrait être un tsunami si le procès Epstein produisait les informations explosives attendues sur les habitants milliardaires de l'île de Palm Beach en Floride, où se trouvent Epstein, Trump et d'autres méga-riches qui animent et secouent la chronique. »

Ainsi confirmons-nous ce qui nous paraît remarquable dans le commentaire de Madsen, qui est la mise en évidence de  l’aspect international des activités de Epstein, présente d’ailleurs dans l’acte d’accusation : « L’inculpation par le procureur du district sud de New York (SDNY) du riche investisseur Jeffrey Epstein, accusé de trafic sexuel international et d'une conspiration plus large pour commettre de telles activités, a provoqué des ondes de choc dans les milieux politiques, économiques et sociaux des États-Unis et d'autres pays», écrit Madsen, qui précise qu’« Epstein utilisait un faux passeport autrichien pour voyager en France, en Espagne (y compris dans les îles Canaries), en Arabie Saoudite et au Royaume-Uni ». (Cette remarque suit la précision, dans la littérature de Madsen, que le Mossad est réputé pour sa virtuosité dans la fabrication de faux passeports.)

La caractéristique de l’affaire Epstein, qui semble devoir impliquer tant de personnalités avec un acte d’accusation comptant autour d’un million de pages, est qu’elle éclate dans une période très particulière aux USA, où la polarisation, la haine entre les groupes politiques concurrents atteignent des allures de guerre civile. Il est donc extrêmement difficile d’effectuer un regroupement général, disons du Système, pour faire taire un homme qui semble pouvoir faire des dégâts considérables dans les rangs des élitesSystème internationales. Certains, à tous les niveaux, à des postes opérationnels ou à des postes de décision, considèrent de leur intérêt de faire parler Epstein en public, au cours d’un procès qui leur permettrait d’utiliser les innombrables méandres du système juridique US pour pousser leur avantage. Certains, — et Madsen lui-même le suggère, – peuvent juger et jugent en fait que les révélations d’Epstein pourraient impliquer Trump alors que la campagne présidentielle USA-2020 serait en plein développement sinon dans sa phase finale.

La réalité est que le désordre est aujourd’hui si grand aux USA, qu’il ouvre pour cette affaire une perspective imprévisible. Le désordre se manifeste dans les affrontements idéologiques, dans les méthodes employées par Trump, dans la présence déstabilisante de l’affectivisme affectant l’antitrumpisme (et par conséquence indirecte, les partisans de Trump), également tout cela dans les rangs de ceux qu’on nomme les “super-riches” qui sont dans des camps idéologiques opposés et se trouvent dans la classe directement impliquée dans l’affaire Epstein. Cette situation fait qu’il ne semble guère y avoir de moyen sûr (regroupement impossible pour l’intérêt général) pour le Système pour empêcher à coup sûr que cette affaire se transmue dans des conditions imprévisibles en un énorme scandale sinon une “crise”, et une crise dépassant évidemment les USA si l’on en juge par les relations actives d’Epstein. C’est dans ce sens que les allusions de Madsen à des prolongements en France sont également intéressantes, – puisque la France, suggère Madsen, semble avoir été, avec les trois autres pays cités et un faux-passeport autrichien, un terrain d’élection pour l’activisme d’Epstein. 

En ces divers caractères, en ce sens de ce qui semble la quasi-impossibilité de faire taire Epstein par un regroupement des oligarchies possédantes qui suivent les prescriptions maléfiques de la pédophilie plus encore comme signe d’une décadence d’effondrement que comme perversion courante du genre humain, l’affaire Epstein, pouvant devenir “crise Epstein”, pourrait bien se signaler comme un cas sans précédent. Si c’est bien ce cas-là, les astres seront présents au rendez-vous pour gravement interférerdans des événements déjà prévus comme déstabilisants.

 

Mis en ligne le 7 août 2019 à 13H55