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94581eraoût 2019 – On aurait pu croire qu’on le qualifierait de serial-raper, à l’image des serial-killer, parce qu’ainsi on aurait eu l’impression de rester, disons dans le même domaine, la même spécialisation, et qu’ainsi l’on aurait conservé une certaine cohérence même si c’est celle du Malin comme dirait tel moine qui aurait fait vœu de silence et de solitude, sans crainte de l’acédie, devant l’étrangeté de la turpitude du monde de notre “étrange époque”. Mais non, le fameux quotidien de référence a d’autres projets, d’autres révélations.
Le New York Times, qui ne craint pas les aspects les plus croustillants et lunatiques dans cette affaire pleine de simulacres, choisit, pour qualifier Epstein, le terme de serial-illusionist. (C'est assez classe, non ?) Cette idée conduit la longue analyse-NYT du 31 juillet 2019 où l’on est informé des projets d’Epstein, de transgénisme, de transexualisme, de transfécondationnisme, de transcongélationnisme (j’aurais pu écrire cryogénisation, mais c’est un peu trop simple pour lui, et pas assez pour moi) ; ce dernier domaine est détaillé pour nous confirmer qu’il s’agit essentiellement de la congélation de sa tête et de son pénis (transpénisme ? transérectionnisme ?) qu’il importait de conserver, selon les projets à long terme d’Epstein, pour cette démarche toute entière consacrée au culte du transhumanisme sous toutes ses formes possibles. (Des amis, nous précise le NYT, auraient précieusement recueilli ces confidences lors d’élégants dîners que donnait le serial-illusionist.)
(A ce point, une précision : tout ce bavardage, sarcastique j’en conviens, implique qu’on me pardonnera l’emploi de nombreux néologisme, pléonasmes et tautologies diverses. Face à un Epstein et à ce qu’il révèle, non pas tant ou “pas que” [oups] des mœurs mais des intellects spasmodiques de nos élites zombieSystème mœurs comprises, on se fait un peu serial-neologist, ou quelque chose du genre... Damned, on n’a pas froid aux yeux !)
De même, le même NYT parle, pour faire état de la très-grande fortune de notre héros, de pur illusionnisme (plus que “pure illusion”, il y a de la nuance dans l’air). Epstein le serial-illusionist, était par la force des choses un serial-lier, mais plutôt du genre trans-sciencefictionnisme et transscientisme. Quoiqu’on en pense, c’est chose gravement sérieuse, puisque venue du NYT.
Epstein voulait faire de son immense ranch du Nouveau-Mexique une sorte d’élevage de nombreux bébés issus de son pénis, en rassemblant des jeunes filles “attractives” par douzaine pour les ensemencer, un peu comme les projets de sauvegarde dans des aménagements souterrains d’une minorité des élitesSystème devant l’imminente attaque nucléaire qui liquidera le reste du genre humain, Deplorables en tête, dans le Dr. Strangelove de Kubrick. (Ou bien, penseront quelques excités du domaine, la référence se trouve-t-elle dans les programmes nazis du genre “haras humain”, pour la propagation jusqu’à l’Éternité de la pureté bosseuse du pénis d’Epstein.)
Eh bien, nous confie encore le NYT (présenté ici par ZeroHedge.com), tout cela et bien d’autres choses encore attiraient autour d’Epstein des constellations de sommités scientifiques où les “nobélisés” ne manquaient pas à l’appel ; ces précisions, j’en conviens, nous laissant à penser considérablement à propos de la très-haute science de la modernité, et du futur à-venir qu’elle nous façonne et nous concocte...
« Epstein, accusé en juillet de trafic sexuel de jeunes filles d'à peine 14 ans, était un menteur et un manipulateur prolifique selon le New York Times, qui note que l’“illusionniste en série” a menti sur l'identité de ses clients, la valeur nette de son incertaine fortune, ses prouesses financières et autres réalisations personnelles, – le tout dans un effort pour se hisser aux échelons supérieurs les plus huppés de la société.
» Comme le Times le note plus loin, même après sa condamnation en 2008 pour sollicitation de la prostitution d'une mineure, Epstein a réussi à s'intégrer dans la communauté scientifique [ou à intégrer la communauté scientifique à lui], attirant un “éventail étincelant de scientifiques de renom”.
» “[...I]l a réussi à utiliser ses relations et son charisme pour cultiver de précieuses relations avec des dirigeants d'entreprises et des dirigeants politiques. Des entretiens avec plus d'une douzaine de ses connaissances, ainsi que des documents publics, montrent qu'il a utilisé les mêmes tactiques pour s'insinuer dans une communauté scientifique d'élite, lui permettant ainsi de nourrir son intérêt et ses projets pour l’eugénisme et d’autres domaines extrêmes comme la cryogénie.
» “Il s'agit notamment du physicien lauréat du prix Nobel Murray Gell-Mann, qui a découvert le quark ; du physicien théoricien et auteur à succès Stephen Hawking ; du paléontologue et biologiste de l'évolution Stephen J. Gould ; d'Oliver Sacks, neurologue et auteur à succès ; de George M. Church, ingénieur moléculaire qui a travaillé pour identifier des gènes qui pourraient être modifiés pour créer des humains supérieurs ; et de Frank Wilczek, physicien théorique du MIT et co-lauréat Nobel de physique”. »
Je m’étonne de n’avoir pas été invité dans une de ces fiestas où l’on refaisait le monde d’après-demain... Mais bon.
... Ainsi ce qui serait une sorte de vraie tragédie (pédophilie ou approchant, réseau de prostitution de très-jeunes filles pour des gens de la direction de l’américanisme globalisée, etc.) se transformant vraiment en tragédie-bouffe grâce à l’extraordinaire déploiement d’hybris-bouffe du personnage célébrant son pénis, devant tant d’esprits élevés du Système, notamment scientifiques pour ce cas, qui ne semblent nullement se sentir étrangers ni se montrer insensibles à ces manifestations-bouffe pleines de “charme” et de “charisme” (qualités reconnues par ses relations à leur illustre hôte-pédophilantrope). Tout en tenant compte de la fameuse remarque bien à-propos pour le cas de Marx selon laquelle l’histoire se répète souvent mais sous forme de farce, mes références iraient, plutôt qu’au fameux Wild Eyes Shut de Kubrick, aux années 1930, à l’époque de l’explosion catastrophique de la Grande Dépression (surtout à partir de 1932-1933).
C’était un temps où les élites de la Big Money mélangées à celles de l’entertainment de ce Hollywood qui traversait une période de dépravation collective des mœurs autant que de radicalisme politique (progressiste, of course) versèrent dans le spiritisme, l’ésotérisme du New Age d’alors, les projets de manufacture de l’“homme nouveau” débarrassé des scories insupportables et puantes du populo crevant de faim, etc. On s’y retrouve notamment à l’occasion des diverses observations faites autour de la naissance du complexe militaro-industriel (CMI) à partir de 1935, qui se réalisait dans un climat qu’on retrouverait avec Epstein & Co, – par exemple comme l’indique cette citation d’un texte du 26 janvier 2003 :
« Ce que nous montre ce chapitre [du livre de Mike Davies] ‘City of Quartz’ [Los Angeles], c’est combien le CMI fut marqué [à son origine], outre ses aspects matériels, industriels, financiers et politiques, par des dimensions nettement idéologiques, mystiques, voire ésotériques. Les promoteurs de cette entreprise professaient une croyance en la puissance de la science et de la science appliquée (industrie et surtout technologie), qui était également caractérisée par une dimension suprémaciste (plus que raciste) : la notion de supériorité des “races nordiques”. D’autre part, il y a les accointances de cette entreprise avec le milieu général de Los Angeles, que ce soit le cinéma, que ce soit, surtout, certaines tendances spiritualistes et ésotériques qui trouveraient [plus tard] leur relais dans l’Église de Scientologie de 1952 (très populaire dans le cinéma US, comme on le voit aujourd’hui avec l’affiliation scientologique d’acteurs tels que Tom Cruise et John Travolta).»
Ainsi s’ajoute, à la correspondance des mœurs, une correspondance d’époque : la Grande Dépression comme référence-miroir aux entrelacements ésotérico-sexuels, sur fond de radicalisme politique et spiritualité richissime,qui baigne l’affaire Epstein & Co dans une atmosphère assez confortable de la Fin des Temps qu’est notre “étrange époque”. Il est vrai que le parallèle entre la Grande Dépression et la situation actuelle, notamment à partir de la crise de 2008, puis en parallèle avec la désintégration des USA telle que certains la ressentent de plus en plus vivement, ce parallèle ne cesse de nous solliciter.
Là-dessus, on comprend combien l’idée du serial-illusionist convient parfaitement, comme caractéristique fondamentale d’une époque qui a cela en plus de la Grande Dépression, du moins dans l’affirmation publique, d’avoir pulvérisé la réalité, de s’affirmer comme le temps de la post-vérité, de fleurir superbement en un grandiose simulacre comme un feu d’artifice de la Fin des Temps. On ne pouvait trouver mieux pour représenter les ablutions de notre “étrange époque” que l’agile et habile serial-illusionist.
Bref, veillez bien à nous conserver intact ce serial-illusionist, dans sa prison de tous les dangers, qu’on puisse entendre de sa bouche la description colorée et très sexy de la Crise Finale de l’Effondrement du Système... Epstein, homme-simulacre, personnage-clef de notre temps de la Fin des Temps