Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
867Puisque nous sommes dans la tragédie-bouffe, restons-y avec Erdogan, la caricature et le chantage. (Il faut noter qu’Erdogan est l’un des fondateurs-inspirateurs de l’expression, puisque c’est à son propos que nous employâmes pour la première fois l’expression “tragédie-bouffe” [ou tragédie-bouffes, selon l’humeur], en octobre 2012.) Depuis quelques semaines, Erdogan se déchaîne pour une/des affaire(s) de caricaturiste dont il est la cible. C’est en Allemagne cette fois, pas au Danemark, et il n’est pas question du Prophète mais peut-être bien de l’Antéchrist. (Et alors, nous inventerions aussitôt une nouvelle catégorie qui marierait parfaitement le courant eschatologique et le courant de bouffonnerie qui caractérisent le temps, qui serait celle de l’“Antéchrist-bouffes”.)
Erdogan veut qu’on interdise des caricatures de lui et contre lui, en Allemagne comme on en a faites quelques-unes, qu’on poursuive les dessinateurs ou les comiques coupables de ce quasi-déicide dans l’esprit de la chose, et que l’un de ces comiques-sur-scène, particulièrement, mérite amplement la prison. Il y a une loi pour cette sorte d’écart en Allemagne et Merkel a aussitôt épousé la cause d’Erdogan, jugeant que le coupable (l’acteur-sur-scène Jan Böhmermann) méritait bien le maximum (5 ans de prison), et elle-même le titre de chancelière-bouffes. La loi, qui punit l’insulte publique contre des chefs d’État ou de gouvernement (un an si l’insulte est involontaire, 5 ans si elle est volontaire), n’a jamais été appliquée, et la demande de son application avait été rejetée pour GW Bush et Benoît XVI. Par contre, pour Erdogan, Merkel est, après les hésitations d’usage et la consultation de ses conseillers en communication, sans réserve favorable à la chose. Cela provoque une tempête dans son pays et au sein de son gouvernement, et la met une fois de plus en position délicate
Pour le cas qui nous occupe, la pauvrette (Merkel) est en effet tenue singulièrement par l’accord catastrophique entre l’UE et la Turquie, qu’elle a imposée à ses partenaires européens, et elle ne craint qu’une chose, qu’Erdogan ouvre à nouveau le “robinet des migrants”. (Ce qui supposerait qu’il l’avait fermé, enfin bref...) La “grande politique” de Merkel, qui passait par la mise au pas de quelques vassaux (Grèce & le reste) et l’affirmation de son autorité dictatoriale sur l’Europe, est réduite depuis bientôt une année à la gestion au jour le jour de la crise migratoire. On avait dit, avec l’affaire grecque, que Merkel n’était rien de moins qu’une nouvelle Bismarck ; mais alors, avec la crise migratoire, on se permettra de se montrer irrespectueux en espérant vaguement ne pas tomber sous le coup de leur loi et l’on parlera respectueusement d’une Bismarck-bouffes.
La même atmosphère baigne une autre intervention toute fraîche d’Erdogan, décidément infatigable dans ses fureurs antéchristiques, en Hollande cette fois, où l’Antéchrist-bouffes demanderait aux associations turques du pays de rassembler des preuves de caricatures, d’insultes, etc., sur lui et contre lui. Ces révélations du journal Volkrant faites avant-hier ont provoqué, là aussi, en Hollande, une tempête du même type qu’en Allemagne. Nommera-t-on cela tempête-bouffes ? Il faut dire que les méthodes d’Erdogan, sorte d’Ubu-dictateur maniant le chantage à ciel ouvert, y invitent ; au reste, le chantage est une pratique courante dans ces pays du Moyen-Orient qui sont les grands alliés du bloc-BAO, comme l’Arabie l’a montré au président Obama qui a acquiescé, esquissant un agenouillement. Il n’empêche, les nouvelles selon lesquelles Erdogan demanderait à la justice d’investiguer sur plus d’un million de cas où l’on pourrait trouver l’argument d’une insulte contre l’Antéchrist-soi-même nous paraissent considérablement outrées, même si elles ont été dites. Mais nous ne cessons d’être stupéfaits et pris de court par les avatars de cette prodigieuse époque.
D’autre part, mais sans quitter aucunement le sujet, il est vrai que dans “tragédie-bouffe”, il y a aussi le mot “tragédie”, et les affaires mêlant Erdogan au destin européen, qui portent sur la crise migratoire, ont également un aspect tragique. C’est de cette façon que le philosophe Slavoj Zizek, de tendance alternative, néo-marxiste, post-structuraliste, post-et anti-lacanien, et par conséquent perçu comme une des grandes voix de la gauche antiSystème, envisage la question de la crise migratoire. Il a donné une interview à RT, sur ce sujet précisément, où il développe certaines idées qui ne sont pas nécessairement en phase avec l’opinion de la gauche postmoderniste sur les migrants, tout en se référant à des valeurs assez conformistes du champ politique (les “valeurs” postmodernes, l’Europe « mais pas la “démocratie anonyme” de l’Europe de Bruxelles », etc.). Le philosophe parle donc essentiellement, dans cette interview, de problèmes culturels et sociaux mais surtout essentiellement politiques et concrets, et nullement de concepts philosophiques.
Son intervention développe essentiellement deux thèmes : l’attitude de l’Europe face à cette crise, et surtout les concepts, “valeurs” et complexes sinon obsessions, qui président indirectement à cette attitude d’une part ; la responsabilité, qui est rarement citée, de certains pays du Moyen-Orient dans cette crise, et précisément ceux qu’il (Zizek) présente comme formant un “nouvel axe du mal” (“a new evil axis”, avec l’expression curieusement empruntée à GW Bush et sa bande de l’année 2002). D’une façon assez caractéristique, qui tranche avec les opinions conventionnelles des élites-Système qui ne peuvent parler du “mal” sans aussitôt vomir le nom d’Assad-de-Syrie et Poutine-de-Russie en premiers ex-aequo, parfois complétés par l’Iran, Zizek nomme ce trio : Arabie-Israël-Turquie. Il s’attarde notamment sur le cas de la Turquie, dont on a vu plus haut les liens indiscutables avec la crise migratoire et l’Europe dans cette occurrence.
Sur la pseudo-politique européenne, Zizek a une position intéressante en qualifiant l’attitude générale des élites-Système européennes vis-à-vis des migrants, de “néocoloniale” et finalement, et paradoxalement, de “raciste”. Zizek dénonce donc indirectement le climat de “repentance” qui submerge la bienpensance-Système européenne, lorsqu’il développe ce thème, dans un sens qui est effectivement loin d’être sans intérêt. (Il est vrai qu’à force de regarder les autres, notamment ceux qui viennent des pays du Sud, avec commisération, comme des victimes innocentes, inconscientes, héritières des soi-disant souffrances de leurs ainés et donc incapables de se dégager d’un destin décrit et écrit par d’autres qu’eux, on n’est plus très loin de les considérer comme des irresponsables, de peu de valeur intellectuelle, pas loin d’être des sous-hommes en un sens...) « Je pense que la réduction de l’autre à l’état de victime aveugle et impotente, qui n’a aucune responsabilité dans ce qui lui arrive, est une autre version de ce que l’on nommait, à l’époque du colonialisme, “le fardeau de l’homme blanc”. Ceux qui prétendent être les plus ouverts aux migrants et aux réfugiés les traitent en réalité d’une façon ouvertement raciste et paternaliste. »
(“Le fardeau de l’homme blanc”, ou “The white man’s burden”, est une expression typique de la fin du XIXème siècle, qui fut notamment employée par Rudyard Kipling, et qui impliquait le “fardeau” de devoir éduquer, cultiver, civiliser des peuples manifestement et largement en-dessous de l’homme de “la civilisation de l’homme blanc”. La même pensée habitait un nombre important de gauches, – dont Kipling n’était évidemment pas, – notamment la gauche française [Léon Blum était coutumier de cette sorte de discours], celle-là qui avait soutenu la conquête de l’Algérie par colonisation et au nom de “nos valeurs” à une droite réticente ou indifférente, à un Napoléon III partisan d’un “royaume arabe” et à un corps militaire partisan de l’autonomie culturelle sinon politique des indigènes, dont Lyautey sera plus tard le plus prestigieux représentant. [A cet égard, la lecture des papiers de Ismaÿl Urbain, petit-fils d’esclave en Guyane, converti à l’islam, interprète en Algérie du général Bugeaud et du duc d’Aumale, saint-simonien devenu directeur des affaires algériennes au ministère de la guerre à Paris, – Ismaÿl Urbain, Royaume arabe ou Algérie franco-musulmane ? 1848-1870, – cette lecture est prodigieusement intéressante.])
Zizek est partisan d’une “militarisation” de la crise migratoire, une notion qui reste difficile à cerner, – sans parler de l’appliquer, si l’on considère les ressources tragiquement basses des Européens. Il s’agit, selon lui, de réguler et éventuellement de contenir le flux migratoire, de le contrôler, de l’organiser avec des moyens militaires, à partir des pays impliqués, notamment la Syrie et la Libye. Et tout cela doit être développé en prenant en considération la fondamentale question culturelle, c’est-à-dire en refusant que les migrants amènent avec eux leur propre culture d’un point de vue collectif. « Les réfugiés doivent être aidés, mais pas d’une façon chaotique. Si les choses continuent comme elles vont, dans cinq ans l’Europe ne sera plus l’Europe, non pas dans le sens d’une islamisation mais dans le sens de la prédominance d’une population anti-immigrant. »
Enfin, ses attaques contre les pays du Moyen-Orient, notamment le “nouvel axe du mal”, surtout avec la folie-Erdogan, sont extrêmement violentes : « Que dire de ces très riches pays, beaucoup plus riches que l’Europe, qui sont plus proches de la crise, comme l’Arabie, le Qatar, les Émirats ? Ce sont des pays sunnites. Nombre des réfugiés sont des musulmans sunnites... [...] La Turquie poursuit impitoyablement son programme. L’accord [de l’UE] avec la Turquie est totalement immoral. [L’UE] fait des compromis avec un pays qui est en partie responsable de la crise... »
Cet ensemble de nouvelles et de considérations, où l’évidence semble parfois ressembler à des révélations extraordinaires et complètement inattendues tandis que l’absurdité et la sottise constituent la feuille de route standard, nous rappellent simplement, directement et indirectement, l’état pathétique où se trouve aujourd’hui l’Europe. Zizek n’a pas à aller chercher loin, et il ne nous étonne pas vraiment lorsqu’il dit que « [l]e problème de l’Europe n’est pas un déficit de démocratie, mais l’absence d’une force politique qui sache ce qu’elle veut » ; il aurait tout aussi bien dire le contraire (“le problème de l’Europe n’est pas l’absence d’une force politique qui sache qu’elle veut mais un déficit de démocratie”) parce que tous ces symptômes existent finalement, et parce qu’ils renvoient à une même maladie centrale qui est celle du non-être, de la dissolution de l’identité à tous les échelons et d’un même mouvement. L’“Europe unie” ne pouvait être différente de « la “démocratie anonyme” de l’Europe de Bruxelles » ; cela peut-être compris dans cette mesure où, en rassemblant ses composants (les pays de l’UE), elle les a châtrés de leur identité et imposé à leurs directions un transfert de responsabilité qui s’est avérée être un transfert d’« absence d’une force politique qui [sait] ce qu’elle veut » vers une entité qui s’est aussitôt imprégnée de ce caractère, ou de cette absence de caractère.
L’Europe face à la crise migratoire est donc bien une Europe néo-coloniale, sinon raciste, par simple référence à ce qu’elle [l’Europe] se fait croire à elle-même qu’elle croit. Le “The white man’s burden”, aujourd’hui, par la faute de la forme du développement (technologisme et communication) auquel s’est soumise avec empressement notre contre-civilisation, est devenu de se faire croire à soi-même qu’on est encore assez fort pour porter un tel fardeau, et assez digne pour proclamer la légitimité de la responsabilité d’un tel fardeau. La façon dont nous traitons les réfugiés, en leur disant effectivement “venez, venez chez nous, vous pourrez profiter des fruits de notre bonheur, de nos valeurs et de notre civilisation”, outre d’être suprémaciste bien plus encore plus que raciste, est une façon de perpétuer l’illusion que l’Europe existe encore en tant que valeur référentielle irréfragable... (Ce que Zizek lui-même semble croire, après tout, lorsqu’il dit que « le fait que des millions [d’êtres] veulent aller en Europe prouve que les gens “croient” encore à l’Europe ». Nous savons pourtant qu’ils veulent aller en Europe parce qu’on leur a mis dans la tête et sur leurs I-pad, et sur les DVD qu’ils regardent, tout cela après les avoir bombardés [nous-mêmes aux commandes], qu’il faut vouloir aller en Europe ; et nous savons également que nombre d’entre eux finissent, après un séjour plus ou moins prolongé, à trouver qu’il leur serait plus profitable de rejoindre les hordes de Daesh.)
La vague migratoire vers l’Europe, dans les conditions où elle se fait, animée par des Antéchrist-bouffes à–la-Erdogan que nous entourons de toute notre civilité, n’est pas tant une menace mortelle contre l’Europe que le signe que l’Europe est aussi agonisante que les pays qu’elle bombarde ou fait bombarder. Bien entendu, il faut tenter de réguler et de contrôler cela, bien entendu il faut une « force politique qui sache ce qu’elle veut » ; mais il s’agit d’aménagements tactiques de survie, et ils ne changeraient pas, si jamais ils étaient par extraordinaire accomplis, le fait essentiel que tout cela se passe dans un paysage privé de toute conception stratégique du monde, et ainsi plongé dans le chaos. Considérant tous les éléments dont nous disposons, il n’est pas assuré que ce soit une mauvaise chose ; comme il n’est pas assuré non plus que ce soit une mauvaise chose qu’un philosophe comme Zizek, qui fait aussi partie, peut-être contre sa volonté, des ornements du Système pour se faire croire à sa propre diversité, dise de ces choses qui vont troubler les vacances studieuses d’un BHL où les débats enlevés d’“On n’est pas couché”. Pour le reste, le chaos s’occupe de nos affaires... Et cela n’est certainement pas écrit sur un ton sarcastique, dérisoire ou désespéré.
Le titre complet de l’interview de RT du 22 avril 2016 est «‘EU must militarize chaotic immigration, identify states behind Middle East crisis’ – Zizek to RT ».
______________________
Europe’s refugee policy is disastrous and chaotic, prominent philosopher Slavoj Zizek told RT, adding that the EU must control migrant flows and get to the root of the Middle East crisis by recognizing its key “components”: Turkey, Saudi Arabia, and Israel.
Zizek, who is known for frankly expressing his views on acute social subjects, is an author, a professor at the European Graduate School, a senior researcher at the University of Ljubljana’s Institute of Sociology, and the International Director of the Birkbeck Institute for the Humanities at the University of London’s Birkbeck College.
In an exclusive interview with RT, Zizek argued that one of the biggest problems with Europe’s immigration policy is that it is pursued from a neo-colonial perspective that focuses on so-called “white man’s burden” and “guilt.” However, he added that it would be wrong to blame Europe for all of the problems in the Middle East and to assume that refugees are blind victims who bear no responsibility in the crisis. “I think this reduction of the other to an impotent, blind victim, who doesn’t have any responsibility, is another version of what in colonialist times was called white man’s burden,” Zizek explained. “Those who pretend to be the most open to migrants or refugees really treat them in an openly racist, patronizing way.”
According to Zizek, Europe should “fundamentally” change its outlook and avoid the “trap of self-pitying.” “Isn’t the very fact that millions want to go to Europe prove that people still see something in Europe,” he noted, stressing that he supports the idea of a united Europe, but not the “anonymous Brussels European democracy.” “The problem with Europe is not democratic deficit, but a deficit of a political force that knows what it wants.”
Europeans need to “raise questions” and realize that Muslims are dealing with many internal problems, including radicalization by groups like Islamic State (IS, formerly ISIS/ISIL), as well as the sectarian Sunni-Shia divide.
Moreover, Zizek argued that external forces in the ongoing Middle Eastern conflicts must be taken into account. He pointed to what he branded as “a new axis of evil” in the region, claiming that its main “components” are Turkey, Israel, and Saudi Arabia. “We now know that Israel and Saudi Arabia openly collaborate on security issues, secret policy, military and so on. This new front is against mostly their Shia opponents. This is a crucial fact and is the source of the problems.”
Zizek blamed Europe for readily opening its borders to refugees at a time when rich Gulf Arab states are accepting “practically none.” “What about the very rich Arab countries, very much richer than Europe, which are closer to the crisis area, such as Saudi Arabia, Qatar, United Arab Emirates? These are Sunni countries. Most of the refugees are Sunni Muslims.”
Meanwhile, Turkey, which has been receiving refugees, is at the same time “ruthlessly” following its own agenda in the crisis, he said. Zizek believes that the recent controversial deal struck between the EU and Turkey, which will see Turkey take back all of the migrants who arrive in Greece in return for $6.8 billion worth of aid over the next three years, is a “most shameful agreement” for Europe.
“Turkey is ruthlessly pursuing its agenda. The agreement is totally unethical. [The EU] is making a compromise with a state which is in part responsible for the crisis.” Zizek said that while Turkey is allegedly “pretending to fight terror” in the region, in reality it is only cracking down on Kurds, who are “one of the few in northern Syria who are really fighting against Islamic State.”
Erdogan began to attack the Kurds out of fear that the last election wouldn’t go so well, Zizek argued: “He cooked up this new crisis with Kurds and the operation was very vicious. He hoped he would succeed in preventing the Kurdish party from entering the Parliament.” The philosopher painted a bleak future for Turkish democracy. “Kurds are victims of a more fundamental problem that concerns Turkish society. What kind of Turkey will emerge now? Two years ago there were big demonstrations in Istanbul. [The authorities] are projecting an external enemy their own inner antagonism.”
Lambasting the EU’s current efforts to tackle the migrant crisis, Zizek offered his own concept for dealing with the problem, which he called “militarization” – not that of the European space, but of the war-stricken emigration hotspots. He explained that, in his view, European states must establish a military basis to “organize airlifts and regulate immigration” in Syria and Libya. He called the current state of affairs “a political fiasco of Europe… a scandal,” adding that immigrants “just flow in a disorganized way.” “Refugees should be helped, but not in this chaotic way. If things continue as is, in five years, Europe will no longer be Europe, not in a sense of Islamization, but in a sense of the predominance of anti-immigrant populace.”
For now, EU policies are creating rifts between European neighbors. “These western European countries are playing dirty games. Germany’s Chancellor, Angela Merkel, did a big invitation, but then when there were too many refugees, [she] didn’t want to dirty [her] hands by saying ‘stop.’ Instead, small Balkan countries were left to do the dirty job and discreetly stop the flow of refugees,” the philosopher claimed.
The idea that different cultures can peacefully coexist together is a “dream,” Zizek argued. “When different cultures live in the same state, but have different ways of life, they also treat each there in different ways.” As examples, he pointed to situations in which Muslims extremists have attacked gays in the Netherlands, Denmark, and Germany. In addition, he said that in Germany over 2,000 Muslim girls escape from their families per year and then demand protection from the state, which puts additional burden on the government’s budget.
“Europe needs to be open to refugees, but we have to be clear they are in our culture. Certain ethical limits (for example women’s freedom of choice) are non-negotiable. We should be more assertive toward our values,” Zizek argued. “Europe means something noble – human rights, welfare state, social programs for the poor. All of this is embodied in enlightenment of the European legacy.”