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26903 janvier 2021 – On a donc parlé, dans ce journal il y a deux jours, d’eschatologie et d’‘eschatologisation de l’esprit’, et j’ai promis de revenir là-dessus. (« [U]n extrait à publier très prochainement dans ce même ‘Journal-dde.crisis’, un élément de la construction en cours du Tome-III de ‘La Grâce de l’Histoire’... ») Nous y sommes.
Je préciserai donc qu’en se référant à la définition la plus simple de l’eschatologie, l’‘eschatologisation de l’esprit’ est la capacité donnée à l’esprit (et telle capacité qu’on semble se donner soi-même à son esprit) de s’ouvrir au récit de la Fin des Temps. Arrivés où nous en sommes, dans cette époque-là, avec les événements qu’on connaît, c’est selon moi la seule façon d’aborder ces événements de cette séquence de l’histoire. (En quelque sorte, la seule pensée pseudo-‘rationnelle’ que l’on puisse avoir à propos des événements en cours est, – bienveillant paradoxe d'apparence, – leur irrationalité en ceci qu’ils échappent bienheureusement à l’empire de la raison-subvertie.)
Cela étant bien entendu et accepté comme cela doit être, il en résulte pour ce qui concerne notre situation que la transmutation immédiate de ces événements en métahistoire est possible, dès lors qu’on accepte d’entendre ce récit de la Fin des Temps. Nous n’avons alors plus aucune crainte d’envisager des voies de la pensée qui nous semblaient jusqu’alors impraticables et, d’une certaine façon, complètement trompeuses et monstrueuses à la fois, et qui plus est sous le doigt accusateur de la censure des nombreux postes de surveillance de la mlodernité. (Ce dernier point est un signe du Ciel.)
Je fais moi-même l’expérience de cette façon de penser, reconnaissant à l’esprit qui me semble comme une force détachée de moi, justement cette force qu’il manifeste. C’est la force dont parle Mitterrand avec son “je crois” (« Je crois aux forces de l’esprit »), dont je me demande pourquoi il n’en a pas fait un profit plus grand, dans le domaine de la métahistoire qu’il a effleurée à plus d’une reprise, dont il aurait pu en faire l’inspiratrice de la France.
Je ne pense pas, en vérité, qu’on puisse poursuivre, cherchant à conserver sa lucidité sans risquer la démence, dans cette séquence actuelle qui s'inscrit désormais dans l'ère majestueuse de la Fin des Temps si l’on ne se saisit pas de l’outil de l’eschatologisation. Le paradoxe dans tout cela est, je l’ai déjà dit et ne cesse de la répéter dans mon esprit, que l’objurgation qui doit s’entendre symboliquement du fameux “il faut raison garder”, suppose absolument d’écarter le venin de la « raisons suffisante » devenue raison-subvertie, pour emprunter les voies de l’eschatologie.
Dire cela, ce n’est donc certainement pas vous proposer de devenir ‘millénariste’ ou ‘collapsologue’, ou maître de ‘crisologie’ comme dedefensa.org prétend être plutôt pour se définir que pour s'absoudre, ou dans un autre registre devenir wokeniste du ‘Rien‘. A cet égard, vous êtes ce que vous êtes et il s’agit de classements humains, – humains, trop humains sans doute, – qui sont dans un autre rangement de référence que nos expéditions spirituelles, avec l’outil transcendant qu’est le maniement de l’eschatologie. Il s’agit plutôt de parvenir à se déplacer justement dans ces champs de la transcendance sans s’obscurcir ni se durcir trop fortement dans une sorte de statufaction, de génuflexion de l’esprit comme lors d’une ordination ou d’un adoubement.
Je sais bien qu’il y a une sorte d’initiation dans cette voie de l’eschatologisation mais je la perçois comme habile et fort simple, débarrassée des ors et des incantations inutiles. L’eschatologie, et son opérationnalité dans l’eschatologisation de l’esprit, ne sont certainement que des outils de l’esprit, et pourtant l’esprit conduit par eux ; doux mélange de libre décision d’engagement et d’approbation d’allégeance... Enfin, je me contenterai de briser là en disant : dans tous les cas, regardez donc, vous n’avez aucune autre possibilité d’entrer et de suivre, indemne et l’esprit libre, dans cette séquence de la Fin des Temps ; par contre, vous pourriez en être élevés comme vous ne le fûtes jamais, et alors vous seriez bien plus qu’“indemne et l’esprit libre”.
En effet, j’arrête là car vous me comprenez ; sinon, je crains que vous ne compreniez jamais ce que je veux vous faire entendre, et peut-être de ma faute, pourquoi pas, mais il n’existe de toutes les façons aucun contrat entre nous. Chacun prend sa voie, chacun tente son sort, chacun cherche son destin, pour découvrir qu’au bout il y a une communauté de toutes ces choses où nous nous retrouverons tous, certains sans mémoire de rien, d’autres songeant gravement à ce qu’il s’est gravé d’infini dans leurs mémoires.
Ces diverses considérations sont ce qu’elle sont dirais-je tautologiquement, mais elles ne sont nullement essentielles dans mon récit à moi, celui que je poursuis avec le Tome-III de ‘La Grâce’. Elles sont toutes implicitement évidentes, elles s’imposent sans débat et ainsi en est-il de l’eschatologisation de l’esprit.
Le passage que l’on trouve en extrait (Tome-III/2) rapporte une description des événements les plus récents, jusqu’à nous précisément, de façon à ce que l’eschatologisation de l’esprit prenne effectivement sa place là où elle est nécessaire, puisque décidément elle est nécessaire, parmi nous (« Il est donc nécessaire, inévitable de mettre la pensée à l’épreuve de l’événement. », dit Finkielkraut). Je ne vous dirai pas comment j’en suis arrivé, dans mon récit, à ce point de prendre en compte les événements d’un certain présent dans un récit qui se veut détaché du présent, parce qu’il faudrait alors consulter le récit en entier dans ce tome-III, – consulter ce qui en est déjà fait, deviner ce qui en reste à faire. De ce point de vue, je m’autorise toutes les libertés, et je me détacherai bien entendu de ce présent ou d’un autre dans la suite du récit, quand cela sera nécessaire.
« Il y a eu des avertissements, des événements qui ont déjà parlé, qui me permettent de décrire ainsi l’exceptionnalité de cette situation. L’incendie de Notre-Dame lors de la Semaine Sainte de 2019 en est un, bien entendu. Il précède d’un peu moins d’un an la survenue du virus Covid19, cette sorte d’événement d’un autre temps où les humeurs spirituelles étaient encore courantes ; cette survenue, comme le frôlement de la hache d’un bourreau cosmique, du pauvre cou décharné du pécheur, comme une représentation du rappel du péché originel.
» Une rumeur parcourt alors nos contrées, pleines de représentation considérable de cet événement, concrétisée par le premier acte dit du “confinement” résonnant dans nos pauvres âmes épuisées comme une sorte d’emprisonnement à double tour. Baptisés promptement de mots courants devenus assez étranges, ou disons inhabituels, qui font d’un adjectif verbal caractérisant un état, un nom désignant un être que l’on voudrait ontologiser (les “soignants”, les “sachants”), nos sorciers virevoltant sont intronisés comme l’on fait d’une sauvegarde discrètement magique de la civilisation, chaque catégorie de “sorciers” s’attelant à son seul domaine sans aucun lien ontologique avec le reste.
» Certes, les autorités en place ont ressenti le poids du phénomène de l’eschatologisation des êtres sans l’identifier et le contrôler, et ils ont lancé ces sorciers, qui eux-mêmes n’ont aucune conscience de la finalité de leur mission ni même qu’ils ont une mission digne de ce nom. L’on dira qu’ils “ont mission” de contenir cette pression terrible qui se développe comme un substitut de contrôle où l’action de pure gestion fait figure de “fin-en-soi”, sans autre explication. Chacun s’enferme dans la seule “mission” qui lui est assignée par la seule pression de la dynamique des événements
» La méthode que recouvre cette réaction sans finalité ni coordination spirituelle (technique, uniquement) gagnerait à être connue sous le nom grossier mais parfaitement descriptif de ‘saucissonnage’ ; l’on est poussé à y croire sans y rien comprendre parce que cette méthode est éprouvée, qu’elle est universelle dans les rapports politiques et sociaux, autant que dans les rapports individuels ; cela dans cette pauvre époque inconsciente de n’être qu’un avatar de la Fin des Temps, qui est en cours. On cloisonne les divers symptômes à traiter par une espèce de réflexe pavlovien en espérant vaguement que la chose, la crise, se résorbera d’elle-même. On pourrait croire, si l’on en était avisé, que l’on agit contre le phénomène de l’eschatologisation, instinctivement perçu comme catastrophique et infiniment dangereux pour le Système, et en vérité on ne fait que l’accélérer et le renforcer irrésistiblement ; car, agissant ainsi, on en perd la trace, on s’imagine qu’il n’existe plus, qu’on l’a vaincu grâce au savoir ‘saucissonné’ mais infiniment puissant dans son domaine d’activité de chacun des intervenants.
» Tout se passe comme si l’on mettait des œillères ; comme si nous transformions aussitôt le paysage ainsi tronçonné et réduit à une portion réduite de ce qu’est le monde, et proclamions par conséquent que nous dominons le monde. (Voir Toynbee en 1948, cité déjà dans notre Tome-II, de cette façon [où il faudrait, pour préciser mieux la vérité-de-situation historique, remplacer “occidental” par “anglo-saxon”], Toynbee parlant du « regard déformé d’un contemporain occidental dont “l’horizon historique s’est largement étendu, à la fois dans les deux dimensions de l’espace et du temps”, et dont la vision historique “s’est rapidement réduite au champ étroit de ce qu’un cheval voit entre ses œillères, ou de ce qu’un commandant de sous-marin aperçoit dans son périscope”... »)
» Maintenant, il s’agit d’élargir le spectre du constat, observer que la crise de l’épidémie se marie absolument, s’“ontologise” à nouveau, comme en une deuxième naissance (une deuxième ontologie). Elle se transforme en ‘crise du monde’ (nous disons également GCES, ou Grande Crise de l’Effondrement du Système), simplement par la perception brouillée qu’en ont les citoyens, d’une chose extrêmement importante, extrêmement incompréhensible, extrêmement puissante puisque jusqu’à être capable de secouer le monde, comme Archimède disant son fameux « Donnez-moi un levier et un point fixe, et je soulèverai le Monde » ; et brusquement l’on parle de tout cela, on polémique, les ‘saucissonneurs’ eux-mêmes se surprennent à nous dire que jamais il n’y en eut de pareil, de mémoire de saucissonneur, d’événement d’une telle ampleur que cette espèce de bouillie pour les chats dissimulant d’extraordinaires secrets, qu’est la pandémie désignée Covid19. C’est ainsi que se fait l’ontologisation des esprit, par le récit, par la perception, par la communication-sainte, sans conscience de rien de ceux qui la subissent, et qui pourtant l’implorent inconsciemment ; ainsi la définition même du mot, la plus sage et la plus impérative, est-elle rencontrée :
» “L’eschatologie (du grec ἔσχατος / eschatos, ‘dernier’, et λόγος / lógos, ‘parole’, ‘étude’) est le discours sur la fin du monde ou la fin des temps. »
» Pour autant, j’ignore si cette ontologisation est chose acquise, ou tentative en cours (toujours à l’heure où ces lignes sont écrites, le 28 décembre 2020). J’ignore en vérité la méthode d’opérationnalisation du processus : est-il brutalement imposé, ou bien s’insinue-t-il peu à peu, d’une manière subreptice et furtive ? Les esprits sont-ils eschatologisés de concert, ou selon des rythmes & processus différents ? J’ai tendance de plus en plus à penser que ces grands événements que nous imposent des forces extérieures à nous, et supérieures par l’au-dessus de nous, se font à des rythmes parfois notablement selon l’apparence de la lenteur et de la dissimulation, le plus souvent avec une manière de simulation qui nous égare ; c’est-à-dire que ces choses se font “sous nos yeux aveuglés” si l’on veut, car elles ne sont nullement éloignées et influent sur la quotidienneté de nos vies, et sur l’énervement absolument extraordinaire de nos psychologies, – ressenti collectivement dans des situations complètement improbables, et pour chacun dans sa psychologie individuelle.
» Pour le sujet traité, la situation serait donc de cette façon : le processus de l’eschatologisation est ouvert, en marche, et en cela l’année 2020 passant à l’année 2021 est un des grands actes de ce Moment ultime de l’histoire du monde que nous traversons présentement. La question propre du dessein et du but ultime de cette eschatologisation dans son caractère opérationnel est toute autre, et reste posée sans réponse. Le point important qui se dégage de ce développement concerne un autre aspect de la situation, qui est la discrétion des grands événements qui donnent sa forme à notre Grande Crise de l’Effondrement du Système, je veux dire par exemple de la façon que nous est venu Covid19, sur l’ombre impalpable du virus, alors que nous attendions et attendons encore, vainement je pense, des événements immédiatement compréhensibles et de notre manufacture du tonnerre du ciel et de la fureur tonitruante de son écho partout répercuté.
» Rien n’est fini, rien n’est fait, et tout est en train de se faire, sur des territoires infinis, interdits à nos pauvres perceptions, qui s’affutent en vain autour des chimères servant à colmater les déchirures comme autant de voies d'eau de nos simulacres qui se découvrent constitués en peaux de chagrin diverses. »
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