Est-ce le début de la curée ?

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Le Congrès des Etats-Unis se trouve aujourd’hui devant un dilemme, paradoxale conséquence de sa puissance nouvelle.

• Un réflexe “de classe” ou “de système”, qui est de ne pas trop affaiblir le Président pour défendre l’équilibre du système dont il est lui-même partie intégrante. C’est la thèse du Congrès “puissant-faible”, avec un formidable mandat populaire anti-Bush face à un président affaibli mais hésitant à s’en servir pour ne pas déséquilibrer le système.

• Un réflexe politicien classique, très exacerbé à Washington où celui qui dispose de la force n’a qu’une consigne à suivre : s’en servir au maximum pour ramasser le maximum d’avantages. Autrement dit, pour le cas présent : puisque le président est affaibli et le Congrès en pleine force, tapons-lui dessus pour renforcer le pouvoir du Congrès.

Il semble que, depuis mardi, un élément nouveau soit intervenu. La perception de l’affaiblissement du président a gagné beaucoup de terrain, d’autant plus que GW Bush s’est montré plutôt geignard en demandant l’aide du Congrès, — tout en ne faisant aucune concession sur l’Irak. Par conséquent, le raisonnement suivant pourrait s’imposer : puisqu’il n’y a plus rien à attendre d’un président sonné, KO, groggy, inutile de venir à son secours. Il est préférable de l’achever, de consolider et de renforcer le pouvoir du Congrès (et de tenter de sauver le système sans lui , ajouteront les vertueux). On trouve plus d’un portrait de ce président groggy.

La question qui se pose est donc de savoir si le premier acte du Congrès après le discours sur l’état de l’Union, — au niveau de la Commission des affaires étrangères du Sénat, — est le début d’une bataille incertaine (le Congrès continuant à hésiter sur son action) ou le premier coup de canon annonciateur d’un barrage d’artillerie destiné à écraser le président. La Commission présidée par Joe Biden a voté par 12 voix contre 9 en faveur d’une résolution non contraignante qui condamne le renforcement en Irak.

The Independent rapporte la chose, ce matin, — et l’on remarque le commentaire de Joe Biden, dont on se demande s’il n’est pas chargé d’une ironie cruelle :

«Ignoring President George Bush's State of the Union plea to give his new Iraq policy time to work, senior Democratic and Republican senators pressed ahead with a resolution flatly opposing his plan to send more than 20,000 extra troops to Baghdad, and setting up a clash between Congress and the executive branch.

»The resolution non-binding but of great symbolic importance was approved by the Senate Foreign Relations Committee yesterday by 12 votes to nine, before going to the full Senate next week. Senator Chuck Hagel, the sole Republican to join 11 Democrats in support of the measure, said: “We better be damn sure we know what we're doing, all of us, before we put 22,000 more Americans into that grinder.”

»The panel's chairman, Senator Joseph Biden, said the legislation was “not an attempt to embarrass the President” but an attempt to save him from making a “significant mistake”.»


Mis en ligne le 25 janvier 2007 à 08H05