…Et dans ce cas, risque d'effondrement du JSF, et du reste

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D’une façon assez inattendue par rapport au reste du texte qui sert de thème à notre Bloc Notes de ce même 6 février 2012 concernant “le JSF et la Chine”, les auteurs de l’article d’Aviation Week & Space Technology, du 3 février 2012, rajoutent, à la fin de cet article, un passage sans rapport direct avec l’action de cyberespionnage des Chinois. D’une façon assez inattendue, au bien d’une façon révélatrice c’est selon, ce passage concerne directement le sort du programme JSF, – c’est-à-dire ce qui menace l’entièreté du programme JSF, ceci venant après le développement sur le cyberespionnage chinois, – ce qui signifierait alors d’une façon implicite que cette action est vue elle-même, également, comme une menace contre “l’entièreté du programme JSF”…

Voici le passage qui est la conclusion de l’article…

«There is another view of what is affecting JSF and why. A former senior staffer for the U.S. Senate contends that the F-35 program’s problems reflect diminishing interest in manned aircraft whose performance is limited primarily by its aircrew.

»“I think the biggest issue facing the JSF is that there has been a profound shift in the military’s perception of the value of manned aircraft compared to unmanned aircraft,” he says. “I’ve had long conversations with a Marine Corps forward air controller who has just returned from Afghanistan. He pointed out that an F/A-18 can be kept on call for 15 minutes, but an unmanned Reaper is there for eight hours. The day of the fighter pilot is over. There has been a seismic shift in the military’s value judgment of manned and unmanned aircraft.”

»However, that is a disputed analysis. The JSF and its mission of penetrating integrated air defense systems will not be threatened by unmanned aircraft despite cost issues, says a retired aerospace official who has been involved with the F-35 throughout its life.»

Ce passage, en conclusion de l’article sur le cyberespionnage de la Chine, et sans rapport avec cette question, indique effectivement qu’il faut aussi placer cette question (le cyberespionnage chinois et ses dégâts) dans la perspective du sort ultime du JSF. Le sens de l’analyse sur l’action de la Chine est également que cette action a largement contribué à endommager gravement le programme JSF, à le mettre en danger… Dans ce cas, la conclusion, sur un tout autre sujet, rejoint le sens caché de l’analyse principale. Ce sens caché serait : dans l’état où il se trouve, le programme JSF vaut-il vraiment la peine d’être poursuivi ? Il est vrai que le “succès” à la fois militaire et politique des drones met en péril le programme JSF, d’une façon directe quoiqu’on ait jusqu’ici voulu éviter le sujet sous cette forme. Ce que fait le commentaire rapporté, c’est d’établir un lien de cause éventuelle à effet éventuel entre le succès des drones et la catastrophe éventuelle du JSF… Dans ce cadre, l’action chinoise s’éclaire dans toute son importance réelle, et l’analyse contenue dans l’article, du domaine technique passe au domaine de la politique industrielle et de la politique d’équipement des forces.

Si le succès des drones ajouté à des actions de “cyberdéstructuration” comme celle des Chinois parvient à compromettre décisivement le programme JSF, dans son état de dévastation chronique qui favorise évidemment une telle compromission, un effondrement de ce programme n’est pas du tout impossible. A un certain point de son développement chaotique et affreusement dispendieux, un gel du programme, qui préluderait à l’abandon ou serait un abandon déguisé, pourrait s’imposer. Cela pourrait apparaître comme une mesure nécessaire, sinon une mesure de renaissance puisque laissant libre la voie au développement des “drones” pour les futurs équipements aériens de combat. Mais une telle évolution recèle des risques gravissimes, que certains analystes commencent à considérer avec une anxiété non dissimulée (c’est le cas de Richard Aboulafia). Les conséquences, imprévues comme dans d’autres cas d’enchaînement des effondrements (voir l’industrie de la finance dans sa crise de 2008), pourraient être un processus d’effondrement de l’industrie d’armement US, tant celle-ci repose si complètement, aujourd’hui, sur le programme JSF. Le cas de JSF fait en effet peser, par les risques qu’il recèle, une menace, qui n’est pas nécessairement identifiée, de déstructuration de l’industrie de défense US, ouvrant la voie à son effondrement sous la forme d’une dissolution complète. L’énormité et la conglomération structurelle du programme JSF, couvrant quasiment toute l’industrie de défense US, a fait de cette dernière une masse artificiellement conglomérée elle-même, qui offre une vulnérabilité nouvelle, qui serait un enchaînement de l’effondrement et de la dissolution si une poussée déstructurante capitale (l’abandon du programme JSF) l’affectait. La véritable “menace dans cette menace” est que le Système, et ses divers opérateurs asservis, ne sont pas capables de distinguer cette sorte de possibilité catastrophique, tant sont grandes la foi en lui-même (le Système) et leur incapacité par conséquent à distinguer les éléments qualitatifs dissimulés d’un effondrement.


Mis en ligne le 6 février 2012 à 05H48