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1185…Est-ce pour autant que les USA renonceront à placer la quincaillerie américaniste en Inde, – cela dit en enchaînant sur le précédent Bloc Notes, de ce même 12 mai 2011 ? Un article de Trefor Moss, journaliste free-lance venu du groupe Jane’s et sans aucun doute avec de fortes connexions avec la partie américaniste, nous garantit du contraire, – dans Atimes.com du 11 mai 2011.
Moss reprend l’affaire MRCA vue du côté US et n’a pas d’appréciations assez sévère pour la façon dont les USA ont conduit cette partie. Il suggère que la démission de l’ambassadeur US en Inde, “pour raisons personnelles”, le jour même de l’annonce de l’expulsion des avions US de la compétition, est la conséquence du désappointement de ce diplomate devant la façon dont la campagne de lobbying a échoué à convaincre les Indiens. Il cite l’ineffable Richard Aboulafia, qui critique vertement la partie américaniste dans cette affaire…
«“I hope [the Americans] learn from this,” says aviation analyst Richard Aboulafia, vice president at the Teal Group. While maintaining that the Super Hornet was as strong technically as the other competitors, Aboulafia suggests that the Americans' complacency lost them the deal. “If the US had really reformed its processes and said to the Indians, ‘You're our partners, you're our equals,’ then the F-18 would have had a very strong chance. That's the approach the Europeans took – they came and said, ‘We need you’. I hope this is a rude awakening for them.”»
Mais Moss entend rester optimiste, dans tous les cas au nom de la partie américaniste dont il semble, confirmons-le, prendre les intérêts à cœur. Ainsi rappelle-t-il que des marchés militaires ont déjà été conclus entre l’Inde et les USA et annonce-t-il que de plus brillantes opportunités encore attendent les deux pays… Laquelle de ces plus brillantes opportunités est la plus brillante des plus brillantes ? Le JSF, naturellement. Suit un panégyrique du JSF, indispensable à l’Inde pour que cette puissance ait un avion de 5ème génération qui domine tous les autres, alors que, selon Moss, les perspectives de la coopération déjà en route entre la Russie et l’Inde sur le chasseur de 5ème génération T-50 sont “mixed at best”, – pourquoi, au nom de quoi, à quel propos, etc. ? Aucune précision là-dessus, – mais, après tout, cela n’interdit pas, ni de le dire, ni de le croire. Au contraire, comme chacun sait, le programme et le développement du JSF sont une merveille de précision… Cela nous vaut ce passage :
«But the biggest opportunity could be in encouraging India to buy Lockheed Martin's F-35 Lightning II, a fifth-generation fighter that would be a capability leap beyond any of the aircraft under consideration this time around. Such a deal would be fraught with difficulties - not least how to involve Indian industry (as offset rules demand) in the construction of an aircraft that is far beyond its current technical capability – but the US has perhaps a decade to figure out how to get around them. India will certainly require a fifth-generation fighter as China makes progress towards acquiring one, and its prospects of successfully developing a fifth-generation fighter with Russia are mixed at best. The US certainly has a big incentive to learn the lessons of its recent setback.
»After absorbing the initial disappointment, the US will put India's rebuff behind it and refocus on making the strategic relationship with India a cornerstone of its foreign policy in the Asian region. In this, it will find a willing partner, though India's assertiveness in rejecting the US aircraft will do it no harm as it strives to make that partnership an equal one.»
On admirera donc la ressource, comme l’on dit en langage aéronautique, qui signifie de redresser un avion en piqué et d’en reprendre le contrôle après un décrochage qui implique la perte de portance aérodynamique. On conclura également, d’une façon plus intéressante, que Lockheed Martin, dont Moss se fait involontairement, on vous l’assure, l’avocat, se tient en embuscade, prêt à relancer son projet de vendre le JSF à l’Inde malgré les diverses et sévères rebuffades indiennes. Comme dit Aboulafia, qui ne se doute pas de quoi il parle, les vendeurs américanistes ont encore beaucoup à apprendre.
Il n’empêche que l’affaire de la démission de l’ambassadeur US en Inde au moment de l’élimination des F-16 et F/A-18 est intéressante. Moss confirme qu’elle a un rapport avec la campagne de lobbying, et non pour la cause un peu trop à propos des “raisons personnelles”. Mais son interprétation est un peu courte, puisqu’il s’arrête au constat que cette campagne de lobbying mal conduite est la cause de la frustration et du départ de l'ambassadeur, sans autres précisions ; cela revient à mettre principalement Boeing en accusation, puisqu’il s’agit du fabriquant du Super Hornet qui fut le candidat officiel US, tandis que le F-16 faisait de la figuration. Cette campagne de lobbying a été fortement perturbée par les interférences de Lockheed Martin, qui entendait d’une part bloquer la vente du F/A-18 pour contrer Boeing qui cherche à concurrencer le JSF sur les marchés extérieurs, notamment les marchés tenus pour “captifs” par Lockheed Martin pour le JSF (le Danemark, par exemple) ; et, d’autre part, “préparer le terrain” pour le même JSF, ce qui implique que Lockheed Martin entend imposer son avion et incitera le gouvernement US à poursuivre, voire augmenter ses pressions sur l’Inde, y compris pour forcer à une révision du choix pour le marché MRCA. Il s’agit d’un schéma absolument fidèle au fonctionnement du Système, dont les USA sont dans ce cas les représentants privilégiés ; schéma impliquant que le Système n’a de pire ennemi que lui-même, ce qui est représenté ici par la lutte fratricide entre Boeing et Lockheed Martin, en plus des grossières et chroniques maladresses américanistes dans l’approche du client désigné, maladresses très visibles et dommageables en phase d’effondrement de la puissance américaniste.
Mis en ligne le 12 mai 2010 à 17H42