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355Peu après que nous ayons mis en ligne la nouvelle concernant la question du Pentagone par rapport à la future nouvelle administration (voir notre Bloc-Notes de ce jour), nous recevions le numéro du 19 mai de Aviation Week & Space Technology (AW&ST). L’éditorial (accès payant) qui y figure est très intéressant. L’hebdomadaire ne dissimule pas son inquiétude...
«Last week, The Washington Post and ABC News issued another of their monthly public opinion polls. The questions were standard and the results predictable for the most part, but one of them stood out. When people were asked whether things in the U.S. were “generally going in the right direction” or had “gotten pretty seriously off on the wrong track,” they broke 16% and 82%, respectively. This outlook is the most pessimistic since June 1992, and we at Aviation Week & Space Technology believe the country’s sour mood is a danger to the generally pro-defense consensus that has prevailed through George W. Bush’s two terms as President.»
AW&ST rappelle ce qu’il a répété à plusieurs reprises, notamment dans deux autres éditoriaux dont nous nous sommes faits l’écho le 14 janvier 2008. Il s'agit de l’échec complet de l’administration GW Bush de procéder à une réforme que tout le monde jugeait impérative, Rumsfeld plus que n’importe qui.
«The Bush administration took office promising to bring the U.S. military into the 21st century. Doctrine and equipage were to transform a lean, technology-rich force capable of fighting enemies small as well as great. In 2003, the Pentagon set out to transform acquisition as well.
»None of this happened...»
Moyennant quoi, AW&ST est extrêmement inquiet pour les perspectives qui attendent le Pentagone (et le consensus du public sur la défense). Il est inquiet parce que les dossiers spectaculaires comme les guerres extérieures vont tenir le devant de la scène, tandis que l’essentiel, c’est-à-dire les nouveaux systèmes d’armes et le processus d’acquisition, vont rester à l’arrière-plan. Il sera très difficile de plaider leur cause. Quels que soient les objectifs du président élu, – et on a vu déjà qu’ils seront très probablement très réformistes, – ce sera la position de l’opinion publique qui comptera.
«...The public knows little more than it is told at the time an issue moves onto the front burner, and therein lies the main problem.
»The public backed Ronald Reagan’s defense buildup nearly a generation ago, correcting what the President called a “decade of neglect.” This time, the public will be looking at a bloated budget that accounts for more than half the world’s military spending. Instead of a supposed Soviet military juggernaut, the public will see asymmetrical warfare and the possibility that China will be a long-term threat to the U.S. Depending on whether they believe China or Pentagon analysts, China’s new budget is 10-30% of the U.S.’s. And China is more of an economic power than a military power; through enormous economic growth, adept diplomacy and savvy business judgment, it has become a huge trading partner and holder of U.S. debt, a far cry from the Russian bear.
»The Pentagon blew opportunities this year to get its budget in order. It has less than six months before a new administration’s transition team starts a serious examination of national security. It had better be ready to respond to pointed questions about threats and military strategies, as well as acquisition performance that inspires confidence.»
Comme on le sait, et comme on le voit à nouveau dans ces extraits, AW&ST n’est pas du parti des “colombes”. L’hebdomadaire a une influence considérable et reflète les vues des milieux républicains qui veulent en général une défense forte; mais il y a aussi l’exigence constante d’une gestion contrôlée du Pentagone, de son système d’acquisition et des coûts des systèmes en général. On accordera donc une réelle importance à cet éditorial, comme significatif d’une opinion importante d’une partie importtante de l’establishment washingtonien. Le fait qu’il soit publié si tôt dans le cours de la campagne présidentielle indique la force de la pression qui s’exerce dans le sens d’une réforme importante. (Il est évidemment acquis qu’on reparlera de ce problème dans les mois à venir, au long de la partie ultime de la campagne.)
On voit confirmée l’idée qu’une politique de réforme radicale du Pentagone sera à l’ordre du jour à partir de janvier 2009, avec le Pentagone en position d’accusé. La nouvelle administration trouvera dans ce courant que reflète l’éditorial un soutien important, face à la puissante bureaucratie du département. La perspective d’une crise au sein du complexe militaro-industriel, en son coeur même, se confirme comme une hypothèse très probable, avec une bataille extrêmement violente autour des nouveaux systèmes d’armes, en plus de la question de la stratégie à suivre pour les USA après la présidence GW Bush.
Mis en ligne le 21 mai 2008 à 09H31